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adressa à l'eunuque. C'est une question que tous ceux m'accorder ici l'attention la plus particulière, car il ne qui lisent la Bible devraient s'adresser à eux-mêmes avec doit pas se tromper sur le sens véritable que j'ai en vue. le plus grand soin; car il est dit dans la parabole du Se- Je ne mets pas la raison de l'homme au-dessus de la rémeur: « Si celui qui entend la parole d'en-haut ne la vélation divine, mais je pense que cette révélation divine « comprend pas, alors vient l'esprit de ténèbres qui em- | s'adresse d'une manière claire et pratique à la raison « porte la semence mise au cœur de cet homme. » comme au cœur de l'homme, et que dès lors l'homme Les Juifs croyaient à l'autorité et à l'inspiration en est obligé, par devoir autant que par respect, à s'efforcer vertu desquelles parlait Moïse; ils avaient pour son nom de mettre en contact avec elle ses sentimens et sa raison. et son caractère beaucoup plus de vénération que la plus Je crois que la révélation nous a été donnée en exemple grande partie de ceux qui se disent Chrétiens n'en mon- du caractère divin, et par suite comme un moyen d'intrent pour le nom et le caractère du Sauveur; et cepen- fluence sur le caractère de l'homme; quand je vois une dant celui à qui toutes les pensées du cœur sont connues connexion distincte entre ce dernier objet et les doca dit : Les Juifs n'ont pas cru Moïse. « Car si vous aviez trines de la révélation, je sens que ces doctrines sont <cru Moïse, dit Jésus-Christ, vous me croiriez, puis- comprises par moi ainsi qu'elles doivent l'être, bien que « qu'il a écrit à mon sujet. Mais si vous ne croyez pas à je ne puisse me rendre compte entièrement des faits et « ses écrits, comment croiriez-vous à mes paroles? » des principes qui s'y trouvent exposés. Jésus-Christ ne veut pas dire ici que les Juifs n'ont pas cru que Dieu même parlat par la bouche de Moïse, il nie seulement qu'ils aient cru au vrai sens que leur présentait Moïse. Ils ne l'ont pas compris, et par conséquent ils n'ont pu le croire; ils ont cru à leur propre interpré-piation devenait nécessaire. Ce qui me frappe, c'est que tation de la loi, ils n'ont pas cru au sens, à l'intelligence réelle qu'il avait mise dans cette loi.

Je puis comprendre beaucoup de choses auxquelles je ne crois pas; mais je ne puis croire à une chose que je ne comprends pas, à moins que cette chose tombe directement sous mes sens au lieu de s'adresser à ma faculté intelligente. Un homme peut dire avec une grande propriété d'expressions : « Je comprends le système << cartésien des tourbillons, quoique je n'y croie pas. » Mais il lui serait absolument impossible d'y croire, s'il ne le comprenait pas. On peut croire à l'habileté de l'auteur d'un système sans comprendre ce système; mais croire au système lui-même, ne le comprenant pas, c'est évidemment une chose impossible.

Ainsi, en disant que je comprends la doctrine de la rédemption, je n'entends pas avancer du tout que je suis capable d'expliquer comment Dieu et l'homme se sont réunis en Jésus-Christ, ni même comment une ex

le fait et le principe étant admis, il en résulte une démonstration éclatante de l'infinie miséricorde et de la sainteté également infinie de Dieu, et par conséquent le moyen naturel le plus puissant d'humilier, de purifier et en même temps d'élever le cœur humain. Si je ne discerne pas cette intention, ce sens moral dans la rédemption; si je n'y vois pas le caractère de la Divinité mis dans un nouveau jour, à l'effet de sanctifier le caractère de l'homme; si je ne découvre en elle que le simple fait de la réunion en une même personne de la nature divine et de la nature humaine, puis l'autre fait qui sacrifie cette personne au ressentiment d'une justice qu'elle n'a jamais offensée, alors je dirai sans doute : Ce livre est la parole de Dieu; j'ai de bonnes raisons de le croire, d'aDans ma manière d'argumenter, je ne désigne pas près d'autres circonstances; il m'a été donné pour mon sous le nom de compréhension la faculté de se rendre instruction, et conséquemment il doit renfermer un compte de tous les faits ou principes dont se compose sens utile et quelque importante vérité; mais ce sens l'ensemble d'un système, mais simplement la faculté quel est-il? je ne saurais le dire, je suis préparé à y croire de discerner la connexion qui existe entre les faits ou dès que je l'aurai compris. Sans mettre en question l'auprincipes établis et les conséquences qu'on en tire. Ainsi | torité du livre et des faits qu'il contient, je suis contraint je pourrais dire que je comprends le système de Des-d'avouer que j'ignore le sens réel qui s'y trouve; dès lors cartes, si je comprenais comment les tourbillons, d'après sa théorie, seraient capables de produire les effets qu'il leur attribue, bien que je fusse tout-à-fait hors d'état d'expliquer l'origine de ces tourbillons eux-mêmes. Mais, faute de comprendre la connexion dont il s'agit, je ne puis dire avec la moindre vérité que je crois au système de Descartes, quelque fortement disposé que je puisse être d'ailleurs à défendre son nom et même sa doctrine. Voilà ce que j'entends avancer, quand je parle de la compréhension des faits et des principes de la révélation. Je n'imagine pas qu'il faille les entendre d'une manière abstraite et en les séparant de leur objet ; je dis simplement que c'est leur connexion avec cet objet qu'il faut comprendre et aussi la connexion qui se trouve entre eux et les conséquences qu'on doit en déduire. Je parle enfin de la vérité morale et spirituelle qu'ils renferment et que nous avons à y découvrir. Je prie le lecteur de

ma présomption ne peut aller jusqu'à dire que je crois à ce sens ou à cette doctrine; car, si le sens n'y est point, que reste-t-il de la doctrine? C'est encore de cette manière que je comprends la doctrine de la Trinité, quoique je ne puisse m'expliquer le fait d'une distinction dans la divine nature. Je vois que ce fait, dès qu'il est établi, sert de fondement à la doctrine de la rédemption par le Christ et de la sanctification par l'Esprit ; et, de la sorte, sa connexion avec le plan de la manifestation morale de Dieu et de la régénération de l'homme me frappe d'une manière évidente. Mais si je n'aperçois pas cette connexion, je devrai, en admettant le fait, me considérer comme ignorant de la doctrine. Je pourrai professer ma foi dans la Trinité, mais cette foi ne sera que du respect pour l'autorité de Dieu, et ne se rapportera aucunement au sens ou à l'intention céleste; et si le sens constitue la doctrine (ce qui ne peut être mis en doute), je ne pourrai

dire dans ce cas que je crois à la doctrine elle-même. Ne pensons pas que nous sommes appelés à croire à la Bible simplement pour donner une preuve de notre soumission en toutes choses à l'autorité de Dieu. Non; c'est afin que nous soyions influencés par les objets auxquels s'attache notre croyance. Quand l'apôtre veut donner aux gentils une raison de son amour pour l'Evangile, il ne se présente pas comme envoyé par le Roi des Rois; il ne fonde pas son importance sur l'autorité de celui qui a promulgué ce livre : c'est en grande partie sur son mérite intrinsèque et intelligible à tous qu'il le fait valoir, car il est la force de Dieu pour le salut à quiconque y croit. (Rom. I. 16.) » lci le mot salut signifie soulagement ou délivrance, non de la condamnation, mais de l'influence du péché. La raison qui porte l'apôtre à se glorifier de l'Évangile, c'est qu'il devient l'instrument efficace dont Dieu se servira pour soulager les maux spirituels du genre humain. Ainsi la haute importance de l'objet qui doit être accompli par la publication de l'Évangile est principalement ce qui l'environne de tant de lustre et de dignité. Mais l'apôtre n'en demeure pas là avec ses disciples de Rome. Il leur annonce comment l'objet doit être accompli. Il leur enseigne ce qui dans l'Évangile produira cet effet : « Car, dit-il (verset 17), ici « est révélé le mode divin de justification par la foi 1. » Après cela, il prend beaucoup de peine pour leur démontrer que la croyance en la divine merci possède, d'après la nature réelle de l'homme, cette influence de soulagement qu'il lui attribue. Ici je puis remarquer que le passage dans lequel le Messie est prédit sous la figure du Soleil de justice ou de la miséricorde qui absout offre une ressemblance frappante, quant au sens, avec la citation qui vient d'être faite de l'épître aux Romanis; l'apótre représente la justification ou la rémission des péchés comme le trait proéminant et caractéristique de l'Évangile, et à cela il attribue tout son pouvoir de soulagement, toute son influence salutaire. De cette manière aussi, l'œil du prophète est frappé de la sublimité et de la gloire du même système de justification. Il voit à une grande distance la manifestation nouvelle du caractère divin s'élever sur l'horizon de ce monde de ténèbres, uombreux et variés sous les puissans attributs d'un tel caractère; mais de même que le blanc est un résultat | unique de différens rayons combinés de la lumière naturelle, ainsi la céleste miséricorde est l'unique et brillant résultat de ce grand nombre de rayons de lumière spirituelle, et elle donne son nom saint et béni au soleil même d'où émanent tous ces rayons. C'est le Soleil de merci, le Soleil de pardon. Il s'est levé radieux sur le monde, et tous les hommes sont invités à marcher et à se réjouir dans sa lumière.

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CHAPITRE II.

De la nature de la foi en général et de la foi chrétienne en particulier.

Quelle différence y a-t-il entre la connaissance ou l'entendement et la foi? Notre entendement, notre compréhension d'une chose, signifie l'idée que nous nous en sommes faite ou l'impression qu'elle a produite sur notre esprit, et cela sans aucun rapport avec sa condition de chose réellement existante, ou bien de simple fiction créée par notre esprit. La foi est au contraire une persuasion distincte et nette que l'objet qui a produit l'impression existe en réalité dans la nature indépendamment de nos facultés d'intelligence et de perception. On voudra bien remarquer que par le mot impression je n'entends pas exprimer l'influence morale d'un objet sur l'esprit ou le caractère humain, signification qu'on lui donne quelquefois avec raison; mais que je désigne simplement l'idée que nous nous formons d'un objet, qu'il soit intellectuel ou non. Cette idée devient matière de foi, quand la persuasion de la réalité, indépendante de son objet, s'attache à elle dans notre esprit. Cette persuasion de réalité nous accompagne dans tous les genres de mode et de procédé par lesquels nous acquérons nos connaissances; il en est de même à l'égard des témoignages que nous fournissent les autres hommes. Quand un objet est offert à mes yeux, l'impression qu'il fait sur moi est accompagnée de la persuasion que l'objet cause de l'impression est retracé fidèlement par celle-ci; c'est donc une réalité indépendante de moi-même qui se présente à mon regard. Quand une proposition mathématique m'est démontrée, la persuasion qui accompagne l'intelligence que j'en acquiers est que les rapports de quantités existant dans la proposition sont fixes, inaltėrables et indépendans de ma manière d'en raisonner. Quand un ami se conduit à mon égard d'une façon généreuse et bienveillante dans les difficultés que j'éprouve, l'impression que ce fait produit en moi est accompagnée de la persuasion de la réalité de cette générosité et de cette bienveillante, comme qualités existant dans le cœur de mon ami, indépendamment de la pensée ou du sentiment que je puis avoir sur ce sujet. Enfin, quand j'apprends par une voie qui me semble authentique quelque événement agréable ou triste, c'est toujours avec une persuasion à la suite qu'il existe bien une cause réelle ou pour ma joie ou pour mon chagrin.

La foi est donc exactement un accessoire à ces facultés de l'esprit, par le moyen desquelles nous recevons l'impression des objets extérieurs, qu'ils soient matériels ou immatériels. On peut la comparer à un gardien veillant aux portes de notre esprit, et décidant de l'authencité de toutes les informations qui y pénètrent. Or, comme la foi est simplement un accessoire aux autres facultés, n'est-il pas évident que son existence et son usage doivent dépendre principalement de l'existence et de l'usage de la faculté à laquelle l'objet auquel il faut croire est adressé ? Un aveugle-né n'a jamais reçu d'impression de la lumière, et dès lors il ne saurait avoir au

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cune foi en ce qui concerne les impressions de ce genre. Il n'a pas la moindre idée de ce que peut être un corps coloré, et dès lors il ne croit point à un corps coloré. Sans doute, il ne refuse point de croire que certains corps posèdent une qualité dont la perception lui manque, mais quelle est cette qualité, il ne le sait point et conséquemment il lui est impossible d'y croire. La foi est notre persuasion que l'impression opérée sur l'esprit est produite par un objet réel. Mais quand aucune impression n'est faite, quelle occasion y a-t-il pour l'exercice de la foi? Si l'aveugle dont nous parlons s'est fait, comme on l'a dit d'un autre, cette idée de la couleur rouge qu'elle ressemble au son d'une trompette, l'impression est fausse et la croyance qui s'y attache est fausse également, c'est-à-dire est attachée à une impression fausse: car la foi doit toujours tirer son caractère de l'impression à laquelle elle est rattachée. Si l'impression est correcte, la foi est correcte aussi, de même elle est incorrecte quand l'impression est incorrecte elle

même.

Un homme totalement dépourvu de la faculté de discerner les rapports de nombre et de quantité ne pourrait pas comprendre comment deux et deux font quatre, dès lors il ne saurait y avoir dans son esprit la moindre impression correspondante à cette vérité, ni par conséquent aucune foi en elle. Il y a des personnes dont l'esprit est si peu exercé en matière de calcul, que, sans être naturellement incapables de recevoir les impressions de cette sorte, il serait absolument impossible de leur faire comprendre un procédé mathématique, quelque peu compliqué qu'il fût. Ces personnes peuvent bien croire, sur l'autorité des autres, à des vérités d'abstraction, mais elles ne croiront jamais au procédé par lequel elles sont démontrées, attendu qu'il n'existe dans leur esprit aucune impression qui soit en correspondance ou rapport avec će procédé.

Le même raisonnement s'applique tout aussi bien à la connaissance et à la persuasion, quant aux objets qui s'adressent aux facultés morales et à nos autres sensations internes. Nous pouvons avec les yeux et les oreilles devenir les témoins d'une action, et cependant n'en recevoir qu'une impression fausse; dès lors la croyance que nous y attachons est incorrecte aussi. Une action se compose d'autre chose que du son et du mouvement: elle renferme un sens moral. C'est de la joie, du chagrin, de la bienfaisance ou de l'égoïsme qu'elle représente, et ces qualités-là ne peuvent être discernées par les oreilles ou par les yeux. De même que nous avons des sens extérieurs pour recevoir les impressions qui nous viennent des propriétés extérieures des objets, de même nous avons des sens intimes pour recevoir les impressions de leurs qualités intimes, pour en percevoir et l'intention et l'esprit. Un sens ne peut accomplir la fonction d'un autre sens. Quelle que soit la force ou la bonté de l'œil, il ne nous donnera aucune idée des sons ou des odeurs. Ainsi, les sens extérieurs ne peuvent remplir la place des sens intimes: ils sont hors d'état de recevoir les impressions de vérité et de beauté intellectuelle ou morale. Pour que ces impressions nous parviennent, il faut que nos facul

tés internes aient été elles-mêmes exercées. Si elles ne sont pas exercées du tout, aucune impression ne leur arrivera, et par conséquent aucune croyance; sont-elles faibles ou désordonnées, l'impression et la croyance se trouveront en elles en rapport avec cette situation. Il ne peut en être différemment. L'impression qui se fait sur notre esprit doit correspondre aux qualités ou conditions des choses qui s'adressent à notre être sensitif, pour que nous soyons capables de croire en ces qualités, ou de nous rendre compte de ces conditions. De quelle manière, par exemple, acquérons-nous l'idée du danger? C'est par l'impression de frayeur qui est produite dans notre esprit. Pouvons-nous acquérir cette idée par quelqu'autre moyen? Non; car la signification du mot danger emporte exclusivement l'idée de quelque chose qu'il nous faut craindre. Comment apprenons-nous à savoir ce que c'est que la vertu, le mérite, l'excellence? Par l'estime, l'admiration et l'amour que ces qualités excitent en nous. Quelle signification a le mot bonté pour l'homme dont le cœur est tout-à-fait mort à un sentiment de ce genre? Aucun. Eh bien! point d'impressions morales sur l'esprit, et point de croyance non plus dans les choses morales. C'est dans la mesure de l'impression que se trouve exactement celle de notre foi.

Pour rendre ceci plus sensible encore, supposons que deux hommes, différemment constitués au moral, voyagent en commun. L'un éprouve à l'idée de la mort le sentiment de crainte habituel, l'autre est entièrement dépourvu d'émotion semblable. Ils se trouvent placés dans une situation qui met leur vie en péril. Un étranger vient à passer, s'interpose entre eux et le danger, et sauve leurs jours, mais aux dépens des siens propres. Nos deux voyageurs avaient également l'usage de leurs yeux et de leurs oreilles, ils ont vu et entendu précisément les mêmes choses; quand ils racontent leur histoire, ils s'accordent parfaitement sur les détails les plus minutieux; cependant ils croient, quant à l'événement, deux choses fort différentes. L'un pense que le courage désintéressé et héroïque de l'étranger l'a sauvé d'un péril effrayant ; en conséquence, il se réjouit de son salut, autant que peut le permettre le chagrin que lui cause la perte de son bienfaiteur; il se trouve dans l'obligation de révérer à jamais sa mémoire, et de payer à sa famille ou à ses amis le tribut de reconnaissance qu'il lui doit si justement. L'autre voyageur ne comprend rien et par conséquent ne croit rien de tout cela; il n'a rien vu de redoutable dans la mort qui le menaçait, dès lors il ne voit aucune générosité dans l'homme qui l'en a sauvé en y succombant lui-même; il n'éprouve ni joie, ni chagrin, ni reconnaissance des divers incidens de cette rencontre. Ces deux hommes n'ont pas deux manières différentes de croire à la même chose; bien réellement ils croient à deux choses différentes. Examinez les deux impressions on peut les comparer aux marques que le même sceau va laisser sur deux substances différentes; l'une de ces 'substances, trop dure pour céder à la pression ou pour recevoir l'empreinte du relief qu'on y applique, n'offrira peut-être rien que la forme ovale extérieure du sceau, tandis que l'autre n'ayant que la consistance re

exemple au hasard: comparons l'idée ou croyance attachée à une rose mousseuse, par un aveugle, par un hommeprivé d'odorat et par un autre dans l'exercice complet de ses sens extérieurs. Evidemment voilà trois impressions produites sur ces trois esprits, c'est-à-dire troissortes de croyances, et cependant on ne donne à toutes trois que le même nom, celui de l'objet auquel elles se rapportent toutes.

Chaque objet se compose de parties et de qualités en certain nombre, mais toutes ces subdivisions sont résu

quise, et se mettant en contact avec toutes les parties du, il n'en existe pas deux qui soient semblables. Prenons um même objet, va recevoir et retenir sa parfaite image, donnant ainsi, par cette fidélité à reproduire les détails les plus exquis de l'empreinte, l'idée vraie de tout ce que l'esprit humain peut saisir par la pensée ou ressentir par la tendresse. L'esprit de l'un des voyageurs s'est mis en contact avec chaque partie de l'événement, et en conséquence a reçu l'impression dans sa totalité; l'autre était incapable de se mettre en contact avec l'ensemble des circonstances, dès lors il n'en a reçu qu'une impression très imparfaite et très partielle. Nous ne pouvons connaître les qualités des choses que par le moyen des sus-mées dans le nom donné à l'objet qui les rassemble, et ceptibilités correspondantes à ces choses qui existent dans notre esprit. Celui des deux voyageurs qui n'était point susceptible de crainte ne pouvait se faire l'idée ou avoir la compréhension du danger, par conséquent il n'a pu comprendre la générosité de l'étranger intervenu en sa faveur, ni recevoir de sa propre délivrance aucun sentiment de satisfaction. Il ne faut pas considérer les actions des hommes comme de simples enveloppes matérielles ou comme des squelettes privés de vie, elles ressemblent au contraire en cela à ceux qui les font; elles ont une intelligence et une vie intime, aussi bien qu'une forme extérieure, et c'est l'intelligence ou l'esprit qui constitue le caractère de l'action.

Naturellement alors nous ne pouvons comprendre ou croire une action morale, si nous ne pénétrons point dans l'esprit et le sens qu'elle renferme ; et pour nous pénétrer de cet esprit, nous n'avons qu'un moyen, c'est l'action intermédiaire des susceptibilités correspondantes qui existent dans notre propre intellect. En fait de choses morales, nous ne connaissons réellement que ce que nous sentons. Nous pouvons bien raisonner de sentimens dont nous n'avons jamais fait l'expérience et en raisonner même assez correctement, mais ce sera toujours de la même manière qu'un philosophe aveugle pourrait discourir au sujet des couleurs.

Je viens de supposer un cas extrême, où il y a destitution totale d'un genre particulier de susceptibilité; dans un cas pareil, le résultat ne peut être mis en doute. Mais il n'est pas moins clair que, alors même que la destitution est seulement partielle, il doit exister toujours une proportion relative entre le degré de susceptibilité que possède notre esprit, et la faculté de comprendre et de croire les faits qui s'adressent à ces susceptibilités spirituelles. Ainsi, nous voyons que l'impression produite sur notre esprit, n'importe par quel objet, résume et définit, quelle que soit cette impression elle-même, notre connaissance de cet objet et la foi que nous y attachons. Tachons de ne point nous laisser décevoir par les noms des choses. Beaucoup d'hommes peuvent recevoir des impressions du même objet et toutes ces impressions peuvent être différentes, cependant chacun de ces hommes donnera à sa propre impression le nom commun de l'objet qui l'aura produite. Un auditeur peu attentif, en écoutant leurs divers récits, pourra supposer que tous connaissent et croient la même chose; mais un questionneur judicieux et pressant finira par apprendre de leur propre bouche que, dans l'assemblage de ces impressions,

celui qui fait usage de ce nom collectif est supposé entendre toutes les parties différentes qui s'y rattachent. Ainsi, on parle d'une colonne de 100 pieds de hauteur comme si elle n'était qu'un seul objet indivisible, tandis qu'elle consiste en un nombre infini de parties et que l'existence de chacune de ees parties peut être un sujet distinct de connaissance et de crédibilité. Un homme aveugle qui la heurte en courant en a compris et en croit une dimension de quelques pieds carrés; mais il n'attache au reste de la hauteur aucune croyance, car de ce reste il n'a reçu aucune impression. Plus tard, il est informé des vraies dimensions de la colonne, et alors il croit à toute autre chose qu'à ce qu'il croyait auparavant, ou plutôt, et pour parler plus correctement, il croit à un nombre de ces choses qu'il ne pouvait croire auparavant, attendu que son esprit n'était point encore arrivé à se mettre en contact avec elles.

C'est de la même manière que des actions composées d'une grande variété de parties ou circonstances sont communément traitées dans le discours d'unités indivisibles, quoique chaque motif puisse être un objet distinct de connaissance et de crédibilité, et par sa présence ou son défaut occasionner un changement essentiel dans l'impression générale. Le nom demeure le même, mais les idées se trouvent d'un genre très différent.

Maintenant appliquons ces observations, faites en général sur la foi, à la foi chrétienne en particulier. Les choses mises sous nos yeux dans l'Évangile, pour être l'objet de notre foi, forment une série de faits où le caractère de Dieu relativement à l'homme est exposé et mis en évidence. Afin de croire à ces choses, il faut donc que nous recevions sur nos sens intimes des impressions correspondantes à cette interprétation morale; autrement quoique nous puissions croire à la forme extérieure de ces choses, nous ne croirons pas et nous ne pourrons pas croire à leur sens véritable, lequel pourtant constitue toute leur valeur et toute leur importance comme révélation par rapport à nous. Si un fait nous est révélé comme un exemple du divin amour et que nous l'entendions sans y remarquer cette signification, le fait luimème est en réalité perdu pour nous. Je ne saurais dire que je crois en ce fait, puisque je n'ai reçu aucune impression correspondante à son intention et à sa valeur, ni dès lors porter à son égard aucun jugement de persuasion ou d'incrédulité.

La mort de Jésus-Christ, qui est comme le point central auquel viennent aboutir tous les faits contenus dans

bonheur, voilà la leçon de la croix. Là nous voyons se réaliser la glorieuse vision de Malachiel. Car là nous voyons briller la splendeur du caractère divin, du soleil spirituel, dont les rayons sont nombreux, mais dont la lumière combinée est l'amour.

Ces vérités constituent l'Evangile; elles doivent être comprises pour être crues, et senties pour être comprises. Un homme dépourvu de conscience et d'affections ne pourrait les comprendre, parce qu'il ne pourrait point les sentir; or, si ces facultés existent, mais ne sont point exercées, le résultat est à peu près le même.

T'Évangile, nous est représentée comme une expiation des péchés de ce monde, réclamée par une sainteté infinie et accordée par un amour également infini. « Il a, par la grâce de Dieu, souffert la mort pour chacun « des hommes. Lui seul a dépouillé le grand nombre de ses péchés. » Ceci est la marque du jugement que Dieu a porté sur le crime du genre humain. La punition infligée à celui qui le représentait sert de mesure aux mérites de ceux dont il venait remplir la place. C'était un acte de justice. « Jésus-Christ est mort sous la sen«tence rendue par le péché. » Ici est un appel à la conscience, au sentiment que nous avons du bien et du La croyance en l'Évangile embrasse donc, non-seule. mal, et nous ne pouvons comprendre cet appel que par ment les impressions correspondantes aux faits extérieurs les informations que notre conscience nous fournit. Ce qu'il contient, mais aussi les impressions corresponfut un acte de généreux amour, de sacrifice désintéressé dantes aux qualités morales et aux conditions qui sont de soi-même. «H y a là-dedans de l'amour, non parce attribuées dans ce livre à Dieu et à l'homme. Si l'Evanque nous avons aimé Dieu, mais parce qu'il nous agile nous a été donné pour que le caractère humain se « aimés lui-même et qu'il a envoyé son fils pour l'ex-conforme à l'image de Dieu telle qu'on l'y voit manipiation de nos péchés. » Ce n'est pas une simple des- festée, la perfection de notre caractère dépendra de cription ni le secours d'un dictionnaire qui peuvent nous celle de l'impression que nous aurons reçue de l'Évangile. expliquer tout ceci. Pour le comprendre, il faut que nos Et la perfection de cette impression dépendra de la maames se mettent en contact avec l'état de réprobation et nière dont nous nous serons mis en contact avec chaque de ruine dont l'expiation nous délivre, et en même partie de l'Évangile. Et nous ne pouvons arriver à ce temps avec la miséricorde qui a conçu ce plan d'expia- contact complet que lorsque les affections auxquelles il tion. Rien n'est plus aisé que de dire et de répéter des s'adresse sont réellement excitées en nous. mots sans intention aucune d'en nier la vérité; il n'est pas difficile non plus de s'imaginer toutes les circonstances extérieures de la scène qui s'est passée sur le calvaire, sans qu'à leur égard l'ombre même d'un doute vienne à s'élever dans notre esprit. Mais il faut employer les plus hautes facultés de l'âme, pour se former même une simple conception du sens de cette déclaration : « Dieu a tellement aimé les hommes, qu'il a donné son fils uni<< que pour que quiconque croirait en lui ne périt point, « mais qu'il possédât la vie éternelle. » A cela, le mo niteur moral qui est au-dedans de nous doit reconnaître la nature du péché et du châtiment qu'il mérite. Notre puissance d'affection doit ici redoubler d'efforts pour comprendre quelque chose de ce merveilleux amour, avec lequel il nous a tant aimés; notre imagination doit saisir une faible lueur, un aperçu de l'éternité, et il faut que notre discernement pèse les deux alternatives de la mort ou de la vie qui ne finira point. Ces principes sont les grands objets de la foi; c'est à cause d'eux que les faits ont été révélés, et sans eux les faits ne seraient plus que matière à simple étonnement.

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Mais si nous voyons dans ces faits leurs significations, si notre conviction les embrasse dans leur véritable nature, alors nous comprenons l'Évangile et nous y croyons. Notre-Seigneur, en priant pour ses disciples, dit : « La a vie éternelle est de savoir que toi seul est le vrai Dieu, et Jésus-Christ celui que tu as envoyé. » C'est-à-dire le secret de la vie éternelle, de la sanctification et du bonheur doit se trouver dans ces principes du caractère divin que l'œuvre du Christ a manifestés. L'amour sans bornes qui a livré l'Agneau au brûlant sacrifice, cette sainteté pure et redoutable qui a requis l'expiation, l'identité éternelle d'une séparation de Dieu et de la séparation du bonheur, d'un retour à Dieu et du retour au

CHAPITRE III.

Des empêchemens que rencontre la foi, et de la manière dont l'Evangile veut qu'elle soit mise en action.

Une conscience corrompue ne peut recevoir une impression correcte du devoir imposé par Dieu, et des affections désordonnées ne peuvent recevoir une impression correcte du divin amour. Tout esprit, par conséquent, qui se trouve en pareil état ne peut croire entièrement à l'Évangile. Voilà le grand obstacle à notre foi dans la vérité divine. Une fois cet obstacle écarté, les autres empêchemens ne tarderaient pas à s'évanouir.

Cette observation est également applicable à ceux qui ont vu de leurs propres yeux les événemens de la vie du Sauveur et à ceux qui depuis en ont entendu ou lu le récit. Ici je ne parle pas de l'évidence qui force à croire à l'Évangile, mais de cette croyance elle-même. Nous sommes trop accoutumés, dans notre façon inattentive de considérer les choses, à opposer l'un à l'autre la foi et le témoignage des yeux; nous n'examinons pas d'un côté ce qui est vu, et de l'autre ce qui doit être l'objet de la crédibilité. Nos yeux ne peuvent discerner une intention ou un sens, non plus qu'un principe moral, quoiqu'ils puissent voir l'action qui sert d'enveloppe à ce sens ou à ce principe. Les disciples et les compagnons de JésusChrist, quand ils étaient sur la terre, se trouvaient appelés à exercer leur foi, précisément comme nous le sommes aujourd'hui, et les mêmes obstacles qui se sont opposés à leur foi mettent empêchement maintenant à la nôtre. Leur foi était excitée par l'interprétation des événemens et des actions dont ils se trouvaient témoins. Cette interprétation consistait dans le développement du

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