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avec piété, afin que nous devenions un peuple qui lui soit agréable par les bonnes œuvres, et qu'au jour de sa gloire et de celle de son Père (dans le jugement dernier), séparés des réprouvés qu'il condamnera à un feu éternel,

nous puissions entendre de sa bouche ces paroles : « Venez les bien-aimés de mon père, possédez le royaume qu'il vous a préparé depuis le commencement du monde, pour y être éternellement. »

HENRI VIII.

Henri VIII, le trop célèbre roi d'Angleterre, naquit | le 28 juin 1491. Il montra dès son enfance un caractère impétueux et ardent. Cependant le cardinal Wolsey parvint à attiédir son fougueux élève, et son imagination se porta dès lors sur l'étude. Voici comment M. de Chateaubriand parle de Henri VIII dans l'Essai sur la littérature anglaise qu'il vient de publier :

Quant à l'eucharistie, il répond à l'objection contre l'eau que l'Église catholique mèle l'eau au vin dans le calice; c'est que du côté du Christ mourant, il sortit du sang et de l'eau: Quia aqua cùm sanguine de latere morientis effluxit. Il invite enfin, dans sa péroraison, tous les Chrétiens à se réunir contre Luther comme ils se réunissaient contre les Turcs, les Sarrasins et tous les infidèles.

« Le docteur Martin se fàcha et outragea le docteur

« On pourrait étudier dans les propres ouvrages de Henri VIII la métamorphose du style et des idées. Il y avait loin de l'Instruction du Chrétien (Institution | Henri.... Dans sa réplique, Henri s'excuse de n'avoir pas of a Christian man); de la Science du Chrétien (Eru- | dition of a Christian man), à l'Assertio septem sa- | cramentorum; traité, dit Hume, qui ne fait pas de tort à sa capacité (de Henri VIII): Which does, no discredit to his capacity. »

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répondu plus tôt; la lettre de Luther ne lui est pas arrivée directement; elle s'est égarée en chemin : il dit ensuite au nouvel apôtre que ses erreurs sont honteuses et ses hérésies insensées; que son érudition et ses raisonnemens, ni appuyés, ni soutenus, prouvent une impudence obstinée. « Si tu as une véritable repentance, ce n'est pas à mes pieds, Luther, qu'il faut te prosterner, mais aux pieds de Dieu.

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« Nous avons vu comment la colère de Luther fut provoquée par l'ouvrage de Henri VIII. On ne sait guères aujourd'hui que l'Assertio eut une multitude d'éditions publiée en 1521. On la trouve encore réimprimée qua« Le roi Henri criait encore à Luther: « Rendez au rante ans après, à Paris, en 1562. Elle est précédée «< cloître la chétive femme (Mulier cula) épouse adultère d'une dédicace de l'invincible Henri au pape Léon X. « du Christ, avec laquelle tà vis sous le nom d'époux Henri prie sa sainteté de l'excuser d'avoir, tout jeune « dans une très scélérate débauche et une double damqu'il est (lui Henri), au milieu de l'occupation des armes « nation. Passe le reste de tes jours dans les larmes et et des soins divers du trône, osé défendre la religion; « les gémissemens pour la foule de tes péchés; retourne mais il n'a pu voir attaquer les choses saintes, l'hérésie « à ton monastère: là, tu pourras rétracter tes erreurs, déborder de toutes parts sans en être indigné. Il envoie « et par le salut de ton âme, racheter les périls de ton son travail au vrai juge, afin qu'il le corrige s'il y trouve a corps. Là, gémissant sur tes hérésies pestilentielles, des erreurs. << sur tes erreurs dissolues, implore la miséricorde di« vine, non avec une confiance arrogante, un geste, un << verbe, un esprit publicain, mais avec une pénitence « absolue. Change-toi, amende-toi; jusque-là je serai « contristé, toi tu seras perdu, et par toi, malheureux, «< une multitude périra. »

« Le doux et bénin roi s'adresse ensuite aux lecteurs; il leur déclare que, sans éloquence et sans savoir, seulement excité par la fidélité et la piété envers sa mère, l'Église, épouse du Christ, il vient combattre pour elle; il leur demande si jamais une pareille peste (la doctrine luthérienne) s'est répandue parmi le troupeau du Seigneur; si jamais serpent eut un poison pareil à celui qui distille le livre de la Captivité de Babylone?

De là, entrant en matière, il dit un mot des indulgences et soutient la croyance du purgatoire. Il met Luther en opposition avec lui-même, et affirme qu'il falsific le Nouveau-Testament; il établit, par l'autorité des canons et par la tradition historique, le pouvoir universel de la papauté; il argumente en faveur des sept sacremens.

Voilà dans quels sentimens fut Henri VIII la plus belle moitié de sa vie, lorsque le pape Léon X lui décerna le titre de défenseur de la foi. Une nouvelle alliance qu'il voulut contracter contre les lois de l'Église, un fol amour, le rangèrent du parti de Luther et parmi ces hommes qu'il avait recommandé de fuir davantage que des Sarrasins et des Turcs. Par lui périt une multitude d'hommes, et il mourut, sans s'être amendé, le 28 janvier 1547.

HAUY.

Réné Just Haüy, minéralogiste, membre de l'Institut, | Haüy dut toute sa réputation. Ces deux excellens homchanoine honoraire de la cathédrale de Paris, naquit en mes, professeurs en même temps au collège du Cardinal1742, à Saint-Just en Picardie. Il fut d'abord professeur Lemoine, se lièrent d'amitié dès qu'ils se connurent. Lhod'humanités au collège du Cardinal-Lemoine. L'estime mond engagea son ami à le suivre dans ses promenades, dont il jouit auprès des savans, à l'époque fatale de la ré- et Haüy devint bientôt habile botaniste. C'est en cette volution, le sauva des fureurs de celle-ci. Il parvint à qualité qu'il devait d'abord être reçu à l'Académie des sauver aussi plusieurs de ses confrères par le crédit du sciences; mais ensuite, harcelé par les instances de célèbre chimiste Lavoisier. Daubenton, et devenu minéralogiste malgré lui, il fit

En 1783, il fut nommé membre de l'Académie desen minéralogie ces belles découvertes qui lui ont assigné, sciences, et accepta une chaire à l'école Normale, et un parmi les savans de l'Académie des sciences, un rang si siége à l'Institut en l'an III. Depuis cette époque, Haüy élevé. occupa la place de professeur de minéralogie au jardin des Plantes, ainsi qu'à la faculté des sciences de Paris.

Haüy fut incarcéré à Saint-Germain avec Lhomond, pour refus de serment à la constitution civile du clergé. L'Académie des sciences vint réclamer son illustre membre et obtint sa mise en liberté. Haüy en usa pour travailler à procurer celle de son ami, et il y réussit.

C'est Lhomond qui communiqua à Haüy son goût pour la botanique, et c'est à cette circonstance que le savant

L'abbé Haüy a été l'un des physiciens les plus distingués de la France. Ses ouvrages principaux sont : un Traité de Physique, un Essai d'une théorie sur la structure des cristaux, un Traité de Minéralogie, ouvrage classique en son genre et estimé dans toute l'Europe.

Ce savant et modeste ecclésiastique mourut à Paris le 1er juin 1822.

WIELAND.

Zurich, où il séjourna deux ans, après lesquels il se rendit à Berne pour y diriger l'éducation de jeunes gens, et fut nommé deux ans après membre du conseil de Bi

Christophe-Martin Wieland, illustre littérateur alle-, autres compositions poétiques, et alla s'établir en 1752 à mand, l'ami de Goethe et de madame de Staël, naquit en 1733, à Holzheim, en Souabe, et est mort en 1813, le 20 janvier, à l'âge de soixante-dix-neuf ans.. Dès 1747, Wieland avait annoncé l'élévation et la fé-berach (en Souabe). Il se fixa dès-lors dans cette ville, condité de son génie par un grand nombre de poésies allemandes et latines, dont il livra ensuite la majeure partie aux flammes, quant il vint au célèbre collége de Klosterbergen, près de Magdebourg, terminer ses études. Il s'y attacha à l'étude de la philosophie ancienne et moderne, sans négliger celle de la poésie et de la critique. De retour auprès de ses parens, à l'âge de dix-sept ans, il se rendit l'année d'après à Tubingen pour y étudier la jurisprudence; mais sa vocation l'entraînant vers les belles-lettres et la philosophie, il se livra avec une ardeur extrême à la composition d'un poème qu'il fit imprimer en 1751, sous le titre de la Nature des choses, ou le Monde le plus parfait, en six chants. Ce poème, auquel il fit subir plus tard de grands changemens, peut être regardé comme une œuvre étonnante, l'auteur n'ayant alors que dix-huit ans. Wieland publia ensuite plusieurs

où ses fonctions administratives ne le détournèrent point de la carrière littéraire et philosophique. Il crut devoir accepter plus tard une chaire de professeur que lui fit proposer l'électeur de Mayence à l'université d'Erfurt, en 1769. De nouveaux et remarquables écrits littéraires et philosoohiques signalèrent encore le génie de l'auteur pendant son professorat dans cette ville, où il passa trois ans. Eu 1772, la duchesse-douairière de Saxe-Weimar, Amaltie, lui confia l'éducation de ses deux fils, et il n'en poursuivit pas moins avec une ardeur toujours croissante ses travaux littéraires.

Madame de Staël a fait de Wieland un brillant éloge dans son livre sur l'Allemagne. Ses œuvres, publiées en 1824-27 à Leipsik, forment 51 volumes in-8°. Il en existe une édition en 73 volumes.

FRAGMENT D'UN HYMNE SUR DIEU.

Dans ce silence religieux, quelle pensée t'élève, ô mon âme, et te saisit! Quels accens secrets (semblables aux premiers désirs qui s'élèvent dans le sein d'une inno- D'un vol plus rapide que la suite brillante d'un astre, cente beauté), quelle douce voix, vient m'appeler dans le et qu'un rayon du soleil ne saurait atteindre après des langage des esprits! Cet ange, qui souvent m'instruit en suites de siècles, je me vois transporté dans de nousonge, vient-il m'élever à la contemplation d'une scène velles scènes, où des révélations magnifiques se dévenouvelle? Ou serait-ce lui-même, le but de tout mes dé- loppent autour de moi. Mon imagination épuisée se sirs, le père des esprits, mon créateur, qui m'inviterait à repose, et ne peut voir sans frissonner ces espaces imlui! Je veux suivre cette voix, qui m'ordonne de le cher-mesurables qui s'ouvrent sans cesse les uns au-dessus cher; lui, qui n'a point de nom, que je ne connais que des autres. Toute l'étendue de l'éther, dans une perpar le sentiment encore, et dont ma pensée la plus hardie | spective immense, brille de mondes séraphiques. En parn'ose se faire une idée, mais vers lequel souvent mes sen-courir toutes les sphères serait l'ouvrage d'une éternité. timens sont entraînés avec transport, lorsque, dans une Trésors de la toute-puissance, c'est ainsi qu'on les contemplation tranquille, je m'occupe de mon propre nomme dans le ciel, en attendant que les merveilles de la mystérieuse éternité se dévoilent, et que de nouvelles scènes rayonnantes de la gloire de Dieu effacent le souvenir des premières.

| trop flatteur pour vous; il fait sans doute la gloire de quelques cieux plus sublimes.

être.

Mas, où est sa demeure? Où trouver celui qui peut seul remplir les souhaits infinis de mon âme? La nature me conduira-t-elle à lui? La brillante aurore l'a-t-elle vu? Encore, tu ne te trouves pas ici, ô mon âme, l'objet Un rayon immortel d'un divin regard est-il resté im- de tes ardentes recherches! Tant de cieux surmontés ne primé sur son front couronné de roses? Non; ces débris servent qu'à enflammer de plus en plus mes désirs! mais, de la création, ce séjour de mortalité, n'est pas digne de sans doute, je tiens encore à l'extrémité des espaces lui. Ce sont ici les frontières du chaos où la voix du Créa- | créés. O toi, qui as créé tout ceci, ne me sera-t-il pas teur se perdit dans la matière brute; et si cette terre, permis d'atteindre jusqu'à ta hauteur! Je prenais les cieux s'éveillant dans les bras de l'aurore, peut plaire à des pour les magnifiques routes préparées aux esprits, et yeux formés de la poussière, elle ne peut point conten- les soleils pour des marches d'or qui conduiraient juster les regards de l'âme euflammée par les avant-goûts qu'auprès de son trône. Déjà j'ai vu passer des mondes des beautés immortelles. Prends ton essor, ô mon âme! innombrables, et mon âme impatiente a, sur les ailes et demande aux astres où est le siége de celui dont le rapides d'un séraphin, traversé des étendues immesusouffle règle leur mouvement. Déjà, loin au-dessus de la rables. Egaré par une espérance présomptueuse dans terre qui s'échappe à ma vue, le soleil déploie devant | des labyrinthes immenses, je cherche celui dont peutmoi ses portes de cristal. Arrêtez-vous ici, ma pensée; | être aucune créature n'ose approcher. considérons ces espaces qui s'ouvrent au-dessus de nous. Des cieux entourés d'autres cieux, et tous remplis des traces de ses pas et des chefs-d'œuvre de ses mains.

Ce divin spectacle me donne de nouvelles forces pour élever mon vol hardi dans la carrière des esprits immortels. Sans doute, tant de lumière ne peut être qu'un reflet immédiat de la gloire de Dieu. Je vous salue, sphères brillantes, qui entourez son sanctuaire, pour dérober aux mondes inférieurs la vue de son tròne éclatant, mais qui n'empêchez pas les esprits bienheureux de voir, au travers de ce voile léger, la face de Dieu, qui donne la vie. Et moi aussi, immortel comme eux, caché dans vos rayons, je pourrai de loin, avec des yeux immortels, la contempler et vivre. Fuyez, soleils, et vous mondes éthériens que votre attrait ne ralentisse point mon vol sublime! Pourtant votre vue a arrêté des anges. Tout chez vous est animé d'un nouveau degré de vie et pourvu de forces spirituelles, dont l'action réunie produit des merveilles célestes. Parés pour l'éternité, vous êtes peuplés par des esprits qui, pendant des vies plus longues que la durée des soleils, se nourrissent dans votre séjour de délices inexprimables. Mais vous n'êtes pas des ombres de la Divinité. Et ce titre est sans doute encore

Mais quels accords ravissans, intelligibles aux seuls esprits de ces firmamens sublimes se répandent dans l'éther! Une nouvelle espérance m'élève, m'inspire! Oh! puissé-je, harmonie céleste, te suivre jusqu'auprès de lui! O globes saints, qui, semblables à des dieux, marchez au milieu des cieux étonnés, dans quelle place, dites-moi, écoute-t-il vos concerts? des concerts dignes d'être écoutés par l'Etre-Suprême ? Charmé par vos ravissantes mélodies, je verrais ici passer des siècles comme de rapides instans. Mais un désir plus noble m'appelle à m'éveler jusqu'à celui que vous célébrez.

Avec des forces redoublées, je pressai mon vol, et un spectacle étonnant se découvrit à ma vue. Au-dessus du dernier rang de ces globes harmonieux, j'atteignis le contour extrême, le moteur de l'univers, qui, comme une ceinture immense, embrasse les cieux et les mondes, transparent, radieux, formé d'un éther pur et condensé, au travers duquel les soleils qu'il entourc lancent leur lumière dans l'espace infiņi. Ici, je l'ai vu ; du haut de son trône éthérien, la nature dicte des lois aux êtres qui lui sont soumis. De sa gauche elle meut aisément tout ce cercle immense; et dans sa droite elle pèse l'équilibre des soleils et de leurs planètes. Belle

au-dessus de nos idées matérielles, elle porte sur son | entonnant sur leurs harpes les louanges de l'Etre infini, front immortel l'empreinte des traits divins. Son souffle fissent retentir les tranquilles plaines des cieux, déjà créateur allume les foyers des flambeaux celestes, et un ces contemplateurs de Dieu avaient vu des siècles sans de ses regards fait fleurir la surface de nos terres. Des nombre fuir comme des instans. Les yeux attachés sur légions d'anges innombrables attendent avec admiration ses regards paternels, ils vivent, ils jouissent en plein ses ordres pour les porter dans l'univers, pour conduire de ces éternités, que des esprits d'un ordre inférieur les hommes vertueux ou pour régler le cours majestueux n'emploient qu'à leur développement successif. Tandis des astres obéissans à la volonté du Dieu suprême; elle que mon âme ravie jouissait de la plus douce ivresse, attache ses regards sur l'univers soumis à son sceptre, un de ces êtres divins vint au-devant de moi, sous une et prête son oreille attentive aux concerts célestes des forme qui me permettait de le voir. Les traits dont il sphères harmonieuses. Long-temps fixé dans la contem- s'était couvert pour se rendre visible surpassaient les plation de ses attraits, je demeurerai immobile en sa attraits de la nature, et ses pas produisaient une harprésence. monie supérieure aux concerts des sphères célestes. Saisi d'admiration à son approche, je m'abandonnai tout entier à une adoration muette, lorsque m'adressant la parole pour me tirer de mon erreur :

<«< Ainsi que toi, je ne suis qu'une créature, me dit-il; je t'ai vu quitter la terre, et d'un vol impatient traverser les cieux. Vainement dans l'espace des mondes cherches-tu l'infini. Présent également en tout lieu, un monde n'est pas plus voisin de lui qu'un autre. Tu n'es pas digne encore d'élever sur lui tes regards. Toutes ces sphères et tous ces lieux ne sont que des ombres de ses pensées, des images destinées à nous initier par degrés aux mystères de l'éternité. Tout cet univers, immense à tes yeux, n'est pour nos regards, accoutumés à la vue du Créateur même, qu'un brillant nuage. Dans un pro

Mais enfin, revenu de mon ivresse, je ne suis pas venu, me dis-je à moi-même, pour m'arrêter dans les bornes de la création. Toi-même, ô merveilleuse nature! tu ne réponds pas à la grandeur de mon but, celui que je cherche pourrait d'un souffle léger t'anéantir, et souvent son tonnerre redoutable t'impose silence. Fais donc de nouveaux efforts, ô mon âme; excitée par le sentiment de ton origine, rien ne doit te satisfaire que la vue de la Divinité même. Et qu'est-ce qui peut arrêter les esprits? La distance d'où partirait la lumière de la plus brillante étoile, comptée mille fois, ne mesurerait pas l'étendue que je franchis, toujours conduit par la clarté de cette zone cristalline; mais enfin sa lumière mourante s'éteignit dans les ombres de la plus profonde nuit. Couvert des horreurs de la mort, un abîme impé-fond éloignement, tú le vois tourner sous tes pieds: renétrable se présentait devant moi. Je frémis au bord garde et cesse d'admirer la grandeur des mondes matédu précipice. Je revins de mon saisissement, en me di- riels. » sant à moi-même: « J'aurai donc enfin atteint au terme de ma longue carrière ! C'est ici, sans doute, qu'audessus du monde visible, Dieu a fixé son séjour. C'est ici cette nuit sainte, qui, comme un voile mystérieux, couvre le trône de l'Éternel; ose, ma pensée, te hasarder dans ces profondeurs, et ne crains point les dangers dont le prix sera la vue de l'Éternel. »

Enflammé par la plus sublime espérance, j'osai m'abandonner à ces noirs abîmes, j'errai long-temps dans ces déserts ténébreux; et déjà le faible rayon d'espérance qui me guidait au milieu des ombres de la mort allait s'éteindre, quand de loin je vis s'ouvrir au-devant de moi une source brillante d'une douce clarté. Transporté de joie, je vois les saintes demeures ; l'empirée, le mode des esprits, se découvre, que dis-je? se révèle à ma pensée, inaccessible à des yeux mortels et même aux regards glorifiés d'un ange éthérien. H n'est point dans le langage des cieux un nom digne de ce monde spirituel; aucun rapport, aucune image dans toute la nature qui puisse le retracer. Habité par les dieux créés (ce nom seul approche de la dignité de leur essence), il brille des premiers rayons de la Divinité. Monde éternel, immortel, peuplé d'esprits purs, et nés pour jouir de la vue de l'Etre suprême: avant que ces soleils fussent allumés, et avant qué les anges qui président sur eux,

Je baissai mes regards; et, quel spectacle! je vis ce vaste univers, entouré de son voile cristallin, au travers duquel toutes ces sphères brillaient dans leur marche variée, tel que paraît aux habitans de la terre la lune argentée dans son plein lustre

« Ces sphères, poursuivit le génie immortel, quoique si petites, sont assez grandes et assez magnifiques pour occuper ton âme pendant une longue suite de siècles. Mais, comme elles ont eu leur origine, elles auront leur terme aussi. Cette pompeuse création, si digne en apparence de l'immortalité, s'évanouira dans le néant, et tous les esprits, devenus dignes d'approcher de Dieu, jouiront avec nous d'une égale félicité. Maintenant retourne sur sur tes pas, et si tu veux voir l'Éternel de plus près qu'il ne se découvre dans la création, il faut le chercher en toi-même. Ne prends pas les cieux pour tes guides; l'amour pourra mieux te conduire à lui, par le sentier de la sagesse. »

J'obéis... et les yeux baissés je me hâte à revenir du haut des régions révélées. Je vous revois, ô soleil, père des saisons, et vous, aurore, qui des nuages rafraîchissans versez la rosée; recevez-moi sous vos ailes, et que mes yeux, fatigués du spectacle céleste, se reposent dans votre douce clarté....

FITZ WILLIAM.

LETTRES A ATTICUS.

Lord Fitz William, qui est mort récemment, avait adressé à Louis XVIII des Lettres à Atticus, dont nous donnons le fragment suivant :

leurs yeux, aucun ministre ne peut leur accorder la permission d'approcher de la sainte table avant qu'ils n'aient purifié leurs cœurs par toutes les dispositions nécessaires à cet effet.

<<< Toutes les nations ont leur religion et leurs lois; leur religion pour inculquer la vertu et la morale, et « Or, ces dispositions indispensables sont la contrition leurs lois pour punir les crimes. En cela, les États catho- et l'aveu précis et général de toutes les fautes qu'on a liques romains et tous les autres ont le mème but. Mais, commises, l'expiation de toutes les injustices qu'on a dans la seule religion catholique romaine, il existe des faites, l'entière restitution de tout bien illégalement lois d'une autorité bien plus impérieuse, et sur lesquelles, acquis, le pardon de toutes les injures qu'on a reçues, par aucun art, par aucun sophisme, on ne peut se faire la rupture de tous les liens criminels et scandaleux, le illusion; des lois calculées non-seulement pour inspirer renoncement à l'envie, à l'orgueil, à la haine, à l'avarice, l'amour de la vertu et de la morale, mais encore pour à l'ambition, à la dissimulation, à l'ingratitude, et à obliger à les suivre ; des lois qui ne se bornent pas à punir tout sentiment contraire à la charité. Il faut en même les crimes, mais encore qui les préviennent. Ces lois temps, dans ce tribunal, prendre devant Dieu l'engageconsistent dans l'obligation qu'elles imposent à tous les ment sacré d'éviter jusqu'aux fautes les plus légères, catholiques romains de communier au moins une fois et de remplir toutes les sublimes lois de l'Évangile avec l'an; dans leur vénération pour ce sacrement, et dans la plus grande exactitude. Quiconque, comme l'a dit l'indispensable et rigoureuse préparation pour le rece-l'apôtre, approcherait de la sainte table sans ces dispovoir; ou, en d'autres termes, dans leur croyance à la sitions, et ne discernant pas le corps de Jésus-Christ, présence réelle ; dans la confession, la pénitence, l'abso-recevrait sa propre condamnation. Telle est, telle a toulution et la communion.

«On peut dire que, dans les États catholiques romains, toute l'économie de l'ordre social tourne sur ce pivot. C'est à ce merveilleux établissement qu'ils doivent leur solidité, leur durée, leur sécurité et leur bonheur; et de là sort un principe incontestable, maxime précieuse, et dernier anneau de cette longue chaîne de raisonnemens que je viens d'établir, savoir qu'il est impossible de former un système de gouvernement quelconque qui puisse être permanent ou avantageux, à moins qu'il ne soit appuyé sur la religion catholique romaine. Tout autre système est illusoire.

jours été, depuis dix-huit siècles, la doctrine fondamentale et immuable de l'Église catholique romaine. Et si l'on ose dire que ses enfans sont méchans et pervers, malgré les liens dont elle les enchaîne et les devoirs qu'elle leur impose, que dirons-nous des hommes libres de ces salutaires entraves?...

« Quelle sécurité, quel gage ne sont pas aussi exigés de chaque individu pour l'accomplissement de ses devoirs sociaux; pour l'exercice de toutes les vertus, l'intégrité, la bienveillance, la charité, la miséricorde! Pourrait-on en trouver de semblables partout ailleurs? Ici la conscience est réglée devant le seul tribunal de Dieu, non par celui du monde. Ici le coupable est lui-même son accusateur, et non pas son juge; et tandis que le Chrétien d'une autre communion s'examine légèrement, prononce dans sa propre cause, et s'absout avec indulgence,

« Les préceptes que cette religion impose à ses enfans et les défenses qu'elle leur fait sont si peu connus des sectaires qui la combattent, qu'à peine en ont-ils une légère idée. Les uns par ignorance en détournent leurs regards, les autres par prévention les traitent avec déri-le Chrétien catholique est scrupuleusement examiné par sion. Afin donc d'instruire les ignorans et de détromper les prévenus, je leur répéterai que tous les catholiques romains sont obligés de communier au moins une fois par an, toujours cependant selon l'état de leur conscience; et j'ajouterai qu'avant de recevoir cet auguste sacrement, devant lequel les plus audacieux d'entre eux sont saisis d'effroi et de crainte, il faut que tous, sans distinction ni exception, confessent leurs péchés dans le tribunal de la pénitence; et que, dans ce tribunal si redoutable à

un autre, attend son arrêt du Ciel, et soupire après cette absolution consolante qui lui est accordée, refusée ou différée au nom du Très-Haut. Quel admirable moyen d'établir entre les hommes une mutuelle confiance, une parfaite harmonie dans l'exercice de leurs fonctions?...

« Pour prononcer sur toutes les questions d'une importance générale, il est nécssaire et juste de prendre pour base leurs effets généraux : c'est ce que j'ai fait. Mais telle est, hélas, la fragilité humaine, que tous les

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