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KLAPROTH.

HISTORIENS ARABES.

L'histoire véritable des Arabes remonte à peine au cinquième siècle de notre ère; elle se rattache aux traditions de l'Ancien-Testament, et plus haut se perd dans l'incertain et le fabuleux. Antérieurement encore, elle présente des dynasties antediluviennes, et les fables les plus absurdes qui ont pris leur source dans les rêveries des Juifs et des cabalistes bien postérieurs. Ce n'est que depuis Mohammed que règne chez les historiens ara

M. Klaproth est un des savans de nos jours qui est le plus versé dans les langues, l'histoire et la littérature asiatiques. Le but principal de toutes ses études paraît avoir été l'éclaircissement de l'histoire et de la géogragraphie de l'intérieur de l'Asie. C'est dans ce but qu'il visita la Sibérie et le pays situé au sud du lac Baïcal, jusqu'aux frontières de la Chine; qu'il traversa ensuite les montagnes d'Altaï et celles du Caucase. M. Klaproth saisit l'occasion, pendant ses voyages, de connaître les divers peuples dont il traversa le territoire. Il recueillit des vocabulaires de tous leurs dialectes, et ces vocabu-bes une chronologie certaine, et les plus raisonnables laires lui fournirent les bases d'un classement méthodique des habitans de l'Asie, dans l'ordre de leurs races primitives. Le mémoire suivant que nous reproduisons, donnera une idée de ce classement.

EXAMEN ET CREDIBILITÉ DES HISTORIENS

ASIATIQUES.

d'entre eux rejettent la plupart des faits qui sont cités comme arrivés avant cette époque.

HISTORIENS PERSANS.

Au milieu du 7e siècle, les Arabes subjuguèrent la Perse et contraignirent ses habitans à embrasser l'islamisme. Le culte du feu fut anéanti par la flamme et le

glaive, et avec lui périrent presque tous les monumens L'histoire de la dernière dynastie des Perses, celle des historiques qui existaient avant cette triste époque. Sassanides, de l'an 227 à l'an 651 de Jésus-Christ, s'est

bien que la chronologie n'en soit par très sûre, et que seule conservée assez pure chez les écrivains du pays, les faits soient peu importans.

L'histoire des peuples anciens se divise naturellement en trois parties principales: 1° la mythologie, qui renferme une portion de vérité enveloppée d'un voile impénétrable de fables et d'allégories, ordinairement relatives à des périodes astronomiques calculées posté rieurement et transformées en dynasties et en héros; 2o l'histoire incertaine1, dans laquelle les faits sont L'histoire des dynasties parthes et des princes qui révrais, ou du moins ne sont point invraisemblables; il y gnèrent en Perse depuis la mort d'Alexandre, ou depuis est question de personnages réels, et leur vie est écrite, le 3e siècle avant Jésus-Christ, jusqu'au 3e après son ère, mais sans chronologie prouvée; 3° l'histoire véritable, dans laquelle les faits sont vrais, et la chronologie est consiste, chez les historiens mohammedans du pays, en une liste de rois très incomplète, qui n'est accompaprouvée d'une manière incontestable, ou peut l'être pargnée d'aucune chronologie; nous ne trouvons d'ailleurs des synchronismes. Cette histoire véritable ne commence que très tard chez la plupart des peuples de l'Asie; ce n'est ordinairement que lorsque l'écriture s'est répandue davantage, lorsque la caste des prêtres est tombée en décadence, et que la science s'est élevée comme une puissance hostile contre les gouvernans.

Chez les peuples mohammedans de l'Asie, c'est-àdire chez les Arabes, les Persans et les Turcs, la religion a détruit toute l'histoire ancienne, conformément au principe que ce qui n'est pas confirmé par le Koran, non-seulement n'est pas vrai, mais que c'est même une impiété

de le croire.

I Malgré l'incertitude de cette période de l'histoire, je suis loin de croire qu'il faut la rejeter entièrement; au contraire, je pense qu'on doit tâcher de la rendre plus certaine par des recherches ultérieures. Sa sécheresse même donne un témoignage favorable pour elle, comme on peut le voir dans ma Lettre à M. Grosier. Voir aussi les Mémoires relatifs à l'Asie, tome I, p. 414. (Note de M. Klaproth.)

sur cette période que de très maigres renseignemens chez les Grecs.

L'histoire des souverains de la Perse, depuis Cyrus jusqu'à Darius, ou jusqu'à la conquête de cet empire par le héros macédonien, est entièrement défigurée chez les écrivains indigènes, et totalement dépourvue de chronologie. Ils font d'Alexandre un fils de Darius et de la fille de Philippe de Macédoine, qui, demandée et obtenue en mariage par le prince perse, devint enceinte, mais fut ensuite à cause de sa mauvaise haleine ceinte, mais fut ensuite à cause de sa mauvaise haleine ramenée à son père. Ils ne donnent que des récits fabuleux sur Cyrus. Avant ce personnage historique, ils mettent la dynastie des Pichdadiens, qui commence encore par Kaïoumarah, que les uns prennent pour Adam, les autres Noé, d'autres enfin pour un petit-fils de Sem.

Tel est l'état de l'histoire de Perse, telle qu'elle s'est conservée dans le pays même ; on ne peut la faire accorder, ni avec les récits des Grecs, ni avec les vestiges historiques très peu nombreux et très incertains qui se trou

vent dans les livres religieux des Parsis de l'Inde. Leur | Tchinghiz-khan; mais c'est avec tant d'incertitude, source à peu près unique, est le Chah-Naméh, grand que plusieurs d'entre eux mettent un intervalle de 400 poème mythologico-historique de Firdewsy, que cet ans, et d'autres un de 4,000 ans, entre Oghouz-khan auteur composa au commencement du 11e siècle de et Tchinghiz. notre ère, par l'ordre du sultan Mahmoud de Gazna, et pour lequel il prétend avoir puisé ses matériaux dans les monumens des adorateurs du feu et dans ceux des Grecs.

HISTORIENS TURCS.

Les peuples de la race turque qui ont embrassé la religion de Mohammed, et avec elle l'usage et le caractère arabes, ne possèdent rien d'historique avant cette époque. Les annales des divers dynasties qu'ils fondèrent en Perse, en Asie mineure et en Egypte, ont, en grande partie, été composées en arabe et en persan, par des hommes natifs de ce pays; la seule maison ottomane qui règne aujourd'hui à Constantinople possède des ouvrages historiques écrits dans sa langue maternelle.

D'autres font Oghouz contemporain de Kaïoumarath, premier et fabuleux roi de Perse, qui doit avoir été tantôt Noé, tantôt Adam. Il n'y a donc rien d'historique à tirer de ces matériaux informes; et AboulGhazi-Bahadour-khan, prince de Kharsim, qui, en 1663, fit en turc un extrait de l'ouvrage de KhodjaRachid, et le continua en abrégé, a considérablement augmenté cette confusion. Son ouvrage, dont nous avons deux mauvaises traductions, est cependant digne de foi, dans tout ce qui concerne les dynasties turcomoh'ammédanes.

Le petit nombre de tribus turques non moh'ammédanes qui ne sont pas sorties de l'intérieur de l'Asie, leur ancienne patrie, semblent avoir perdu, avec la culture des lettres, les traditions de leur origine; du moins rien de relatif à ce sujet ne nous est connu, et nous n'avons aucune espérance fondée de découvrir dans la suite rien de pareil.

HISTORIENS HINDOUS.

Gazan-khan,descendant de Tchinghiz-khan au 5o degré, qui régna en Perse à la fin du 13o et au commencement du 14° siècles, chargea son secrétaire intime Khodja-Rachid, de travailler à l'histoire de la nation mongole jusqu'à son temps, et de se servir, pour cette composition, de tous les anciens monumens mongols qui se trouvaient Chez les Hindous, la religion a détruit tout monudans les archives de l'État. On lui adjoignit plusieurs ment historique. Croyant que cette vie n'est qu'une vieillards qui connaissaient la langue mongole, presque période passagère de douleur et d'épreuve, ils regarentièrement oubliée en Perse à cette époque, et les tra- dent les événemens comme indignes d'être recueillis. ditions orales de leurs compatriotes. Aidé de ces secours, Abimés dans la contemplation des formules mystérieuKhodja-Rachid composa Djama'a- attavarikh, ou-ses, tous leurs efforts tendent à ramener leur esprit, vrage extrêmement précieux, que l'on peut regarder par un anéantissement total des facultés morales, dans comme la scule source à laquelle les écrivains moh'am-le sein de l'âme de l'univers dont il est émané. La pramédans postérieurs ont puisé tout ce qu'ils ont dit de l'histoire primitive des Mongols, des Turcs et des Chinois. Malheureusement, Khodja-Rachid n'a pas évité les défauts ordinaires de ses co-religionnaires, et a mêlé les vieilles traditions mongoles et turques à celles des Hébreux, admises par les moh'ammédans.

« Les historiens de l'islamisme et le Pentateuque des enfans d'Israël, dit-il, nous apprennent que le prophète Noé, sur lequel soit le salut, divisa la terre du sud au nord en trois parties. Il donna la première à son fils Hham, qui fut le père des Soudans (les Nègres, les Éthiopiens); la seconde à Sem, père des Arabes et des Persans, et la troisième à Japhet, père des Turcs. Un des fils se dirigea vers l'Orient; les Mongols et les Turcs l'appellent également Japhet; mais ceux-ci lui donnent aussi le nom d'Abouldjeh - khan. Toutefois les savans ignorent si Abouldjeh-khan était un fils du prophète Noé (sur lequel soit le salut), ou bien était un fils de ses fils. Mais il était de sa race; ses descendans sont les Mongols, les peuples turcs et les habitans des steppes de l'Asie. »

tique rigoureuse de cérémonies et d'obligations minutieuses imposées par la religion, leur métaphysique obscure, leurs dogmes qui personnifient les innombrables qualités de la Divinité, semblent avoir épuisé toutes leurs facultés intellectuelles: de sorte que rien ne peut les tirer de leur impuissance mentale, ou les rendre accessibles à quelque chose qui concerne les événemens du genre humain. Voilà pourquoi les Anglais n'ont encore pu, malgré des tentatives réitérées, découvrir dans l'Inde un ancien ouvrage historique, composé dans la langue primitive du pays; cependant les dynasties moh'ammédanes qui ont régné dans cette contrée ont eu leurs historiens; mais leurs ouvrages sont la plupart écrits en persan et en hindoustani.

Les livres originaux des Hindous sont presque tous des explications innombrables et illisibles des lois révélées par Dieu lui-même, des interprétations des nystères de la grammaire de la langue sanscrite, et de leur mythologie qui s'étend à l'infini. La poésie, qui s'associe aisément à la religion, a au contraire fait chez eux des C'est sur ce seul passage de Khodja-Rachid, passage progrès remarquables; mais il faut qu'elle se contente incertain et dénué de toute preuve historique, que les d'être au service de la métaphysique. Quelques-uns de écrivains postérieurs ont fondé leur généalogie de la leurs poèmes épiques, tels que le Mahabarata et le nation turque; ils la font remonter au fabuleux Oghouz-| Raymayana, ont pour base un sujet historique, caché khan, qui, suivant ce qu'ils prétendent, a pénétré de sous un voile de prodiges et de fables, et avec une chro'intérieur de l'Asie en Égypte, et la conduisent jusqu'à | nologie si défectueuse, que les membres les plus doctes

de la société asiatique de Calcutta se sont trouvés dans l'impossibilité de les faire accorder avec les récits des Grecs, et de les conduire jusqu'au temps d'Alexandre. Ces ouvrages peuvent tout au plus donner lieu à des présomptions; cependant ils parlent évidemment de conquérans venus du Nord, qui ont graduellement repoussé vers le Sud les anciens habitans de la presqu'ile occidentale de l'Inde, probablement de race nègre, et qui enfin les ont expulsés et les ont forcés à se réfugier dans l'île de Ceylan. Ces conquérans sont des incarnations de la Divinité, qui descendent des monts Himalaïa, et qui subjuguent des géans, ainsi que des mauvais génies. Les tables astronomiques des Hindous, auxquelles ont avait attribué une antiquité prodigieuse, ont été construites dans le septième siècle de l'ère vulgaire, et ont été postérieurement reportées par des calculs à une époque antérieure.

Il y a pourtant des sources très pures, dans lesquelles on pourrait puiser l'histoire et la chronologie de l'Inde. Ce sont les innombrables inscriptions anciennes qui se trouvent dans toutes les provinces de l'Hindoustan. Elles sont en grande partie recueillies par feu le colonel Makensie, et les copies se trouvent entre les mains de la compagnie de l'Inde. La publication de ces trésors sera cent fois plus utile et plus désirable que celle de tous les Védas et Pouranas, dont quelques échantillons suffiront pour les juger.

Ce que je viens de dire des lacunes de l'histoire chez les Hindous trouve son application chez tous les peuples qui ont embrassé une secte de la religion de l'Hindoustan, si son influence destructive de tous les monumens historiques n'a pas été modérée par la civilisation chinoise. Cependant les Tubétains ont des livres historiques qui semblent remonter jusqu'au commencement de l'ère chrétienne. Il paraît qu'à cette époque la religion de Bouddha fut apportée de l'Inde au Tubet, et, avec elle, la civilisation et l'écriture, sans lesquelles il ne peut pas exister d'histoire; car la chronologie se perd dans les chants et les traditions, lors même que les faits sont en quelque manière conservés. Mais les événemens arrivés dans un pays âpre et montagneux, borné au nord par des déserts sablonneux et pierreux, et des autres côtés, séparé du reste du monde par des chaînes de monts élevés et neigeux, et dont les habitans sortent rarement de leur patrie, ne seraient pas d'un grand intérêt pour l'histoire générale des hommes et de leur destinée, si des prêtres tubétains n'eussent pas porté, chez les habitans des steppes de l'Asie moderne, la religion de Bouddha, qui a fait de ces peuples grossiers et barbares des hommes sensibles et bons. C'est ainsi que le Tubet a, par le secours d'une branche épurée de la religion de l'Inde et par la doctrine de la bienveillance et de la douceur, tempéré le caractère des Mongols, dévastateurs du monde. Avant ce temps, le culte de Bouddha s'était répandu à Kachgar, à Kholan et dans d'autres pays de l'Asie intérieure; mais les invasions des hordes nomades qui venaient de l'Orient, et ensuite les progrès de l'islamisme, qui s'étendait chaque jour davantage, l'avaient fait disparaître de ces contrées.

HISTORIENS CHINOIS.

La Chine, environnée à l'orient et au sud par une mer orageuse, limitée au nord par d'immenses déserts, et bornée à l'ouest par des chaînes de montagnes couvertes de glaciers, semble, au premier coup d'œil, entièrement isolée du genre humain pour les événemens historiques; mais quelle surprise n'éprouve pas l'homme studieux, quand il découvre dans ce pays des sources inattendues, qui répandent un jour lumineux sur les événemens importans auxquels l'Europe est en grande partie redevable de sa forme politique et morale actuelle ! car les migrations des peuples, dans le moyen âge, ne peuvent être éclaircies suffisamment que par les livres historiques des Chinois. Dans le but de diminuer la croyance aux traditions mosaïques, les savans et les ignorans ont, jusqu'à présent, cherché à mettre à profit l'histoire des Chinois, comme celle du peuple le plus. ancien, sans savoir ce que cette histoire est réellement. Je pense done qu'il convient de traiter ce sujet avec quelque développement, en déclarant d'abord que je ne prononce que comme juge impartial, et que je sais très bien distinguer la religion de l'histoire.

Depuis la naissance de l'empire de la Chine, dont les premiers fondateurs composaient à peu près cent familles (car autrefois il n'y avait pas dans ce pays un plus grand nombre de noms de famille différens), l'art de l'écriture semble y avoir été en usage. Du moins il est parvenu jusqu'à nos jours des inscriptions du huitième siècle avant Jésus-Christ, sans parler du monument d'Yu, qui doit être beaucoup plus ancien, mais qui n'est peut-être que la copie d'une inscription existante antérieurement et ensuite effacée ou perdue. Dans un pays où l'écriture est ancienne, l'histoire, qui ne peut pas exister sans cet art, doit l'être aussi. Depuis les temps les plus reculés, les souverains de la Chine firent noter tout ce qui se passait de remarquable sous leur règne, ainsi que les discours qu'ils tenaient aux grands, ou ceux qui leur étaient adressés par leurs conseillers. On rassembla également les lois, les règles des rites religieux et des cérémonies de la cour, les anciens poèmes, etc. Ces recueils s'étaient tellement accrus au temps de Confucius, dans le sixième siècle avant Jésus-Christ, qu'il jugea nécessaire d'en faire un extrait, et, en même temps, de leur donner plus d'ensemble. Il composa ainsi une histoire de la Chine, depuis Yao, qui vivait, dit-on, deux mille cinq cent cinquante-sept ans avant JésusChrist, jusqu'à son temps, et la nomma Chou-king. II fit encore un choix des anciens chants, les rangea par ordre chronologique et les réunit dans un recueil qu'il appela Chi-king (livre de poésie). Il composa aussi un ouvrage, sur les cérémonies et les rites, nommé Li-ki, et un autre sur la musique qui fut intitulé Yo-king. Il enrichit d'un commentaire les lignes mystérieuses de Fou-Hy, ainsi que leurs anciennes explications, égaleobscures et absurdes, et nomma le tout Y-king ou livre des changemens. Confucius était né dans le pays de Lou, aujourd'hui la province de Chan-toung. On doit encore à ses travaux une maigre chronique des événemens de

sa patrie; ce livre est connu sous le nom de Tchhun- | dynastie Thsin cessa de régner. Elle fut remplacée par celle thsieou (le printemps et l'automne), et comprend la période de 723 à l'an 479 avant Jésus-Christ.

des Han, qui était aussi puissante, et dont les empereurs, après avoir combattu tous les petits princes qui cherchaient à se rendre indépendans, introduisirent une autre forme de gouvernement, qui avait pour base les anciens usages des trois premières dynasties, mais qui, conformément à l'exemple de Thsin, maintenait la souve

Le gouvernement des deux premières dynasties qui régnèrent en Chine de l'an 2205 à l'an 1122 avant JésusChrist était monarchique pur, et l'étendue actuelle de l'empire était soumise à la seule autorité de l'empereur. La conduite indigne du dernier prince de la seconde dy-raineté unique de l'empereur.

nastie souleva ses sujets contre lui. Wou-Wang, usur- Le laps des temps avait, après plusieurs générations, pateur heureux, le précipita du trône, et fonda la troi- fait tomber dans l'oubli l'ancien système féodal des sième dynastie, celle des Tcheou, qui subsista jusqu'au Tcheou; de sorte que les empereurs de la dynastie des milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ. Wou-Han purent ordonner la recherche des livres qui Wang changea l'ancienne forme du gouvernement; il avaient paru si dangereux aux Thsin. On fit donc dans détruisit la monarchie pure et lui substitua un système toute la Chine les perquisitions les plus soigneuses, et féodal, car il partagea le pays entre les généraux, et ne l'on fut assez heureux pour recouvrer des fragmens congarda pour sa famille qu'une partie proportionnellement sidérables des ouvrages de Confucius cités plus haut. peu considérable. Tant que ses successeurs furent assez Encore aujourd'hui, il est d'usage, en Chine, que les forts pour tenir en bride les petits rois presque indépen- hommes qui aspirent au titre de savant les apprennent dans, le gouvernement conserva une espèce d'unité; mais par cœur en tout ou en partie. Un vieillard, né sous les depuis le huitième siècle, la puissance impériale alla tou- Thsin, avait si bien retenu le Chou-king ou les anjours en déclinant, et fut minée peu à peu par une ving- ciennes annales de l'empire, qu'on les écrivit sous sa taines de petits princes. Ces princes se faisaient entre dictée; on les compléta à l'aide des différens manuscrits, eux une guerre continuelle. L'empire ressemblait alors et de ce travail résulta le Chou-king tel qu'on le posà ce que la France était du temps des ducs et des comtes sède aujourd'hui. On retrouva de même les autres ouqui, bien que vassaux du roi, étaient ses plus grands vrages, en totalité ou en partie, et jusqu'aux commenennemis. Mais les princes de la maison Thsi, qui avaient taires de quelques-uns. D'ailleurs l'histoire de la maison déjà soumis plusieurs de leurs voisins, renversèrent la de Thsin était restée intacte, de même que celle de la puissance de ces roitelets, et leur influence augmenta plupart des petits royaumes du temps des Tcheou. Tous graduellement jusqu'au moment où ils purent hasarder ces secours semblèrent suffisans pour rétablir l'ancienne de mettre un terme à la dynastie de Tcheou, et de pren- histoire de la Clíine. Afin d'atteindre plus sûrement ce dre le titre d'empereur, après avoir subjugué tous les but, l'empereur Wou-Ti, qui régnait alors, vers l'an autres petits royaumes et les principautés, et réuni lem- | 100 avant Jésus-Christ, annonça qu'il serait donné des répire sous leur sceptre Tous ces petits États avaient eu compenses à quiconque apporterait d'anciens manuscrits; leurs histoires et leurs chroniques particulières, dont ils furentsoigneusement examinés, et remis à un savant l'ensemble contenait des matériaux suffisans pour l'his- nommé Szu-ma-tan, qui devait les réduire en corps d'outoire de l'empire. vrage; mais il mourut avant d'avoir achevé son travail, et l'honneur de rétablir l'histoire de sa patrie resta à son fils Szu-ma-tshian.

Les Chinois comptent le temps d'après un cycle de soixante ans. La première année du premier cycle correspond à l'an 2637 avant Jésus-Christ, et la soixanteunième année du règne de Houang-ti. Szu-ma-thsian commença par ce prince son ouvrage intitulé Szu-ki, et le continua jusqu'à la dynastie des Han. Quoiqu'il pût mettre à profit tous les matériaux qui existaient de son temps, cependant l'histoire de la Chine, jusqu'au 9o siċcle avant Jésus-Christ, resta très incomplète et incohérente. Les documens auxquels il eut recours sont souvent très peu d'accord entre eux, et ce n'est que cent ans plus tard que la chronologie n'offre plus de disparate.

Chi-houang-ti, de la nouvelle dynastie des Thsin, un des plus grands et des plus habiles empereurs de la Chine, quoique son mérite y soit encore méconnu, régnait sur un teritoire presque aussi étendu que celui qu'elle a aujourd'hui; il eut sans cesse à lutter contre l'égoïsme des grands qui auraient vu volontiers l'empire morcelé de nouveau, et s'efforçaient sans relâche de rétablir le système féodal des Tcheou, en s'appuyant sur les anciens livres et sur l'histoire de l'empire. Excédé des représentations importunes et répétées qui contenaient des passages et des principes extraits de ces livres, il commanda de brûler tous les anciens ouvrages historiques et notamment le Chou-king et le Chi-king de Confucius: ses ordres furent exécutés avec la plus grande rigueur Mais, dans un pays où l'écriture est universellement répandue, il est presque impossible que toutes les C'est pourquoi je place le commencement de l'hiscopies des ouvrages généralement estimés soient détrui- toire incertaine de la Chine à la première année du tes, et qu'il n'en échappe pas quelques-unes, surtout à premier cycle, deux mille six cent trente-sept ans avant une époque où la matière sur laquelle on écrivait était Jésus-Christ, et l'histoire certaine à l'an 782 avant la très durable; car on gravait avec un stylet les lettres sur mème époque. Chaque dynastie qui a régné dans ce des tablettes de bambou, ou bien on les y traçait avec pays a fait continuer l'histoire depuis Szu-ma-thsian. du vernis foncé. Peu de temps après la mort de Chi-Il est d'usage que les annales anthentiques d'une dynashouang-ti, environ deux cents ans avant Jésus-Christ, la tie ne paraissent que sous celle qui lui succède, proba

HISTORIENS TOUNGOUSES ET MONGOLS.

L'Asie intérieure ou moyenne fut, dès l'antiquité

blement afin qu'elles soient plus impartiales. Leur collection se compose aujourd'hui de 22 ouvrages différens, qui contiennent, non-seulement l'histoire des empereurs et des princes, mais aussi la géographie, l'administra-la plus reculée, habitée par des peuples pasteurs et tion, la statistique, les lois, enfin la vie des hommes célèbres. Aucun peuple n'a rien à mettre en parallèle avec ce corps d'ouvrage qui forme 60 gros volumes, et va jusqu'au milieu du 17° siècle de notre ère, ou jusqu'à l'avénement de la dynastie actuelle au trône.

Indépendamment des documens que Szu-ma-thsian adopta comme authentiques, il s'était conservé des traditions et des récits relatifs aux souverains qui avaient régné avant Houang-ti, et auxquels les Chinois attribuent toutes les inventions utiles aux hommes encore grossiers, telles que l'agriculture, la médecine, l'éducation des vers à soie, l'écriture, etc..... Des écrivains plus modernes réunirent ces anciennes traditions, et cherchè rent, avec leur secours, à faire remonter l'histoire de la Chine jusqu'au-delà de trois mille ans avant Jésus-Christ. Mais cette haute antiquité ne parut pas encore suffisante à leurs orgueilleux successeurs ; et dans le premier siècle de notre ère, on se mit à forger une histoire mythologique, qui se divise en dix Ka ou périodes, dont la durée totale doit avoir été tantôt de 2,276,000, tantôt de 3,276,000 ans. Cette absurdité fut réduite en système dans le 9e siècle de notre ère, et mise en tête de l'histoire chinoise, sous le nom de Wai-ki; mais il suffit, pour prouver quelle valeur les Chinois eux-mêmes attachent à cette composition, de dire qu'ils l'appellent ce qui est hors de l'histoire, par conséquent ce qui n'est pas historique'.

HISTORIENS JAPONAIS.

A l'est de la Chine est situé l'empire du Japon, habité par une race d'hommes différente, qui a été civilisée par les Chinois, mais qui, par là, n'a pas perdu son ancienne énergie, et qui, aujourd'hui, par la force du caractère et la finesse d'esprit, l'emporte sur ses instituteurs. L'histoire du Japon commence, avec le fondateur de la dynastie des Daïri, à l'année 660 avant JésusChrist, qui est la 58° du 33° cycle de 60 ans. Avant cette époque, les écrivains de cette nation donnent la liste des empereurs des trois premières dynasties chinoises et celle de Fou-hy et de ses successeurs, qui est plus ancienne. Ces faits historiques sont précédés d'une mythologie fabuleuse, aussi absurde que celle des Chinois. Elle se divise en deux dynasties, la première est celle des sept esprits célestes, dont la durée n'est pas fixée; la seconde, qui est celle des cinq esprits terrestres, doit avoir régné pendant 2,342,367 ans.

1 On voit aisément, qu'avec de semblables secours, il est impossible de fonder un nouveau système de chronologie, ou de s'en servir pour combattre celle des livres mosaïques, ainsi que celles des Babyloniens et d'autres peuples anciens, quoique l'on ne puisse pas mettre celles-ci d'accord entre elles.

chasseurs, qui faisaient de fréquentes incursions à l'est en Chine, à l'ouest en Perse. Le voisinage de ces deux empires a souvent répandu les bienfaits de la civilisation chez ces peuples, surtout lorsque, par leurs conquêtes, ils en arrachaient des provinces, ou bien les soumettaient entièrement; car presque toujours le conquérant grossier prend les mœurs et les lois des vaincus plus civilisés. Parmi les peuples de l'Asie moyenne, les Turcs, les Toungouses et les Mongols jouèrent le rôle le plus remarquable: tous trois ont établi des empires immenses, qui se sont écroulés d'eux-mêmes par leur trop grande étendue, et dont les fondateurs, repoussés dans les steppes de l'Asie, ont oublié avec une promptitude incroyable, en reprenant leur ancienne vie nomade, tout ce qu'ils avaient acquis de culture intellectuelle. Avant de devenir grands et puissans, ces peuples n'avaient ni écriture, ni traditions suivies ; et, après la ruine de leur monarchie, leur instruction s'est tellement perdue, qu'ils ont conservé à peine la partie la plus récente de leur histoire, quoique, durant leur période brillante, ils composassent les annales de leur empire, soit dans leur langue propre, soit en chinois, soit en persan, annales qui font aussi une partie intégrante de l'histoire de Chine et de Perse. Les Mandchoux, qui, en 1644, ont fondé une nouvelle dynastie en Chine, offrent un exemple de ce fait, car ils sont à peine en état de raconter des fables sur l'origine de leur nation avant le 16o siècle. Il en est de même de l'histoire des Mongols, qui, au milieu du 13° siècle, établirent un empire immense; leur histoire ne remonte pas à cent ans avant cette époque.

HISTORIENS ARMÉNIENS.

Entourée de montagnes, la nation arménienne conserva long-temps son indépendance en tout ou en partie; elle acquit de bonne heure une écriture particulière, et, par son moyen, de l'instruction. Les Arméniens lurent et traduisirent des livres grecs, chaldéens et persans, et devinrent ainsi les conservateurs d'une partie de l'ancienne histoire de l'Asie occidentale. Leurs annales remontent jusqu'à l'an 2107 avant Jésus-Christ, et se terminent à l'an 1080 de l'ère chrétienne, avec la nation arménieune elle-même, qui, depuis ce temps n'a plus formé un état particulier, mais a été en partie dispersée en Asie et en Europe, où elle s'occupe uniquement de commerce.

Malheureusement nous ne connaissons encore que très peu la littérature des Arméniens; mais il est probable que les couvens de leur patrie renferment beaucoup de manuscrits précieux, qui sont inconnus, et qui jetteraient un grand jour sur l'histoire de l'Asie antérieure. La Russie, qui confine aujourd'hui à l'Arménie et possède même quelques-unes des provinces qui appartenaient jadis à ce royaume, rendrait, par la recherche de ces monumens, un service mémorable à l'histoire; seule

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