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sion divine qui fait naître dans notre cœur une tendre émotion dont la nature et l'objet sont intelligibles, dont l'influence est toute-puissante. Le fait abstrait, qu'il existe une pluralité dans l'unité divine, ne s'adresse réellement ni à notre intelligence, ni à nos sentimens, ni à notre conscience. Mais l'obscurité du dogme se dissipe, du moins en ce qui concerne son but moral, quand il nous est annoncé en ces termes : « Dieu a tant aimé « le monde qu'il a donné son fils unique, afin que qui

grand objet qu'elles ont dans Bible, la régénération du | cœur de l'homme par la connaissance du caractère divin; elles apparaissent comme des propositions détachées qui n'établissent aucun principe et ne visent à aueun effet moral. Elles ne se rapportent pas à Dieu, d'un côté, comme à leur source, ni de l'autre côté à l'homme, comme à l'objet de leur importance morale. Elles semblent des anneaux séparés de la chaîne, et perdent ainsi toute l'évidence qui résulte de leur liaison et toute la dignité qu'elles tirent de la grandeur de leur but. Je n'examine « conque croirait en lui ne périt point, mais qu'il eût la point s'il convient ou non d'avoir des symboles ecclésias-« tiques, je ne parle que du danger de puiser ses impres-« sions religieuses uniquement à cette source 1.

vie éternelle, » ou en ces termes-ci : « Mais le consolateur, qui est le Saint-Esprit, que le Père enverra en << mon nom, vous enseignera toutes choses. >> Notre ignorance métaphysique de l'essence divine n'est sans doute pas diminuée par cette manière d'établir le sujet; mais notre ignorance morale du caractère divin est éclairée, et c'est là ce qui nous importe. Nous aimons ou nous

Je puis, en exemple et en explication de mon idée, citer la manière dont on établit ordinairement le dogme de la Trinité. H semble difficile de concevoir qu'on puisse lire le Nouveau-Testament avee attention et bonne foi, sans être convaincu que ce dogme est essentiel au sys-haïssons nos semblables; nous sommes attirés près d'eux tème du Christianisme et complet dans toute ses parties; mais il est plus aisé de comprendre comment un homme qui aurait puisé toutes ses connaissances religieuses dans la Bible, et dont l'esprit serait pleinement édifié sur le dogme de la Trinité, ne s'en trouverait pas moins surpris et dérouté, en lisant pour la première fois les termes dans lesquels cette doctrine est énoncée dans les confessions de foi des églises protestantes. Ces sommaires font de la doctrine une question, une chose à part qu'ils dépouillent de tous les accompagnemens que lui donnent les Écritures; elles ne portent plus que sur la nature de l'essence divine et sur le fait mystérieux de l'existence de trois personnes en une. Or, il est évident que ce fait pris en lui-même ne saurait tendre à développer mème au plus faible degré le caractère divin, et que, par conséquent, il ne peut faire aucune impression morale sur notre esprit.

ou nous nous sentons repoussés en raison de la connaissance que nous avons de leur caractère moral; et nous ne nous trouvons point arrêtés dans l'exercice de ces sentimens parce que la structure anatomique de leur corps nous est inconnue, ou parce que la chaîne mystérieuse qui lie le corps et l'âme a échappé à toutes les investigations. La connaissance communiquée par la révélation est une conaissance morale, elle nous a été donnée dans le dessein de produire un effet moral sur nos caractères; et la compréhension de l'essence divine aurait, autant qu'il nous est possible d'en juger, aussi peu d'influence sur ce résultat que l'intelligence de l'essence élémentaire dont la matière est composée.

Je donnerai encore un exemple de la manière dont la vérité céleste a été dénaturée en passant par les mains des hommes. La doctrine de l'expiation par Jésus-Christ, qui est la pierre angulaire du Christianisme, et à laquelle Dans la Bible, le dogme de la Trinité prend une forme tous les autres dogmes de la révélation sont subordontout-à-fait différente, il y sert à la manifestation du nés, a eu à combattre les fausses interprétations de caractère moral de Dieu. La doctrine de la justice et de l'esprit aussi bien que l'orgueil du cœur humain. Cet la miséricorde de Dieu, combinées dans l'œuvre de orgueil est naturel à l'homme, et la puissance de la vérité rédemption et de la surveillance continuelle qu'il exerce peut seule en triompher; mais, pour détruire les fausses sur les progrès de la vérité dans le monde en général interprétations, il suffirait de lire la Bible avec attenet dans le cœur de chaque homme en particulier, n'au- tion, parce qu'elles proviennent de ce qu'on a négligé rait pu, sans le dogme de la Trinité, nous être commu- de recourir au document authentique pour aller chercher niquée d'une manière aussi distincte et aussi vive. Mais des lumières dans les discours ou dans les systèmes la Bible n'en fait jamais mention que dans ses rapports d'hommes qui ont enté les subtilités métaphysiques de avec les vues morales de Dieu sur l'homme; il n'y est l'école sur le récit fidèle de la parole de Dieu. Pour enpas même enseigné comme objet séparé de croyance. Il tendre les faits de la révélation, nous devons embrasser y a donc une grande et importante différence entre les un système à notre propre usage; mais s'il entre dans ce deux méthodes. Dans la première, le dogme se présente système quelque idée subtile dont l'application soit inincomme un fait isolé, d'une nature étrange, inintelligible, telligible au sens commun ou sans influence sur notre et qui serait même propre à suggérer l'idée que le conduite, nous pouvons être assurés qu'il est faux. Un Christianisme a pris à tâche de faire croire les choses les système religieux, pour s'accorder avec le sens commun, plus improbables. Dans l'autre, il se montre uni d'une doit remplir deux conditions la première est la conmanière indissoluble à un acte de sainteté et de compas-nexion entre les doctrines et le caractère de Dieu qu'elles

1 L'Eglise catholique marchant appuyée sur l'Ecriture et la révelation ne peut pas encourir ce reproche; elle seule présente dans son imposant ensemble le plan de la rédemption. (Note du traducteur.)

:

représentent; la seconde est la connexion entre ces doctrines et le caractère qu'elles sont destinées à imprimer à l'homme. Ainsi, quand nous examinons une doctrine religieuse, nous devons demander d'abord : Quelle idée donne-t-elle du caractère de Dieu relative

et elles nous ont été révélées pour notre régénération spirituelle.

La doctrine de l'expiation est le grand sujet du Chris

sant, comme se glorifiant, comme se manifestant pleinement dans cet acte. Les autres doctrines se rattachent toutes à celle-là comme à leur centre commun. C'est pour servir à servir à son développement que la distinction de trois personnes dans l'unité divine nous a été révélée. Elle est représentée comme le sujet éternel des louanges et des chants d'allégresse des bienheureux qui entourent le trône de Dieu. Elle est décrite, dans un langage approprié à nos facultés, comme ayant mis en œuvre toute l'énergie de la toute-puissance. En effet, quand nous considérons quel était ce grand sacrifice, nous ne saurions nous étonner que les hérauts inspirés de la révélation aient eux-mêmes manqué de force pour le proclamer. L'homme s'était éloigné de son Dieu et avait rompu son alliance. Son cœur avait choisi ce que Dieu abhorre et méprisé ce qu'il approuve; l'homme était devenu ennemi de Dieu, il avait violé sa loi, cette loi que la conscience reconnaissait pour sainte, pour juste, pour secourable; il avait légitimement encouru la peine portée contre le péché. L'homme avait donc été l'artisan de sa propre ruine, et la fidélité de Dieu à ses propres lois semblait engagée à rendre cette ruine irréparable.

ment aux pécheurs? Et en second lieu : Quelle influence la croyance de cette doctrine doit-elle exercer sur le caractère de l'homme? Quoique je sépare ces deux questions, les observations qui s'y rapportent ne peuvent | tianisme. Dieu nous y est représenté comme se réjouiscependant rester entièrement distinctes. La première nous conduit à considérer l'expiation (indépendamment de ses effets sur le cœur de l'homme) comme un acte nécessaire, découlant de certains principes de l'esprit divin dont il n'est que le développement. La seconde nous porte à considérer combien l'histoire de cette expiation, lorsqu'on l'admet avec une foi sincère, s'adapte merveilleusement au besoins moraux et aux facultés de l'esprit humain. Cette dernière considération comprend réellement la première, car ce n'est que par les impressions produites sur notre esprit par un être quelconque qu'il nous est possible de juger des qualités de cet être. Aussi les impressions qui résultent de l'expiation se rapportent-elles à son adaptation au cœur de l'homme. Il y a dans cette adaptation quelque chose de frappant et de miraculeux. Plus nous avançons, plus nous découvrons de motifs d'admiration et de gratitude; plus aussi nous sommes convaincus que la manière dont les doctrines chrétiennes sont appropriées à leurs fins ne ressemble en rien aux petites combinaisons précaires de la sagesse de ce monde. Le sceau du régulateur universel y est visiblement empreint, et partout on y retrouve les traces de cette même volonté puissante qui a si bien uni le soleil au système planétaire, et tellement fixé l'ordre des relations dans l'ensemble de la nature, que chaque atome y a ses limites qu'il ne peut franchir. Cependant, on doit se rappeler que l'accord entre les doctrines chrétiennes et les facultés morales de l'homme est seulement une preuve de la vérité de l'Evangile, et qu'il ne constitue pas l'Évangile mème. L'Évangile, c'est la proclamation de la miséricorde par le sacrifice de Jésus-Christ. Telle est la seule véritable source de sainteté, de paix et d'espérance; et si, au lieu de nous désaltérer à ses eaux sa- | lutaires, nous nous occupons à en suivre le cours et à admirer la fertilité des contrées qu'elles arrosent, nous pourrons sans doute éprouver du goût et de l'entraînement pour les beautés du Christianisme, mais il ne sera point la fontaine d'eau vive qui s'élance pour nous jusqu'à la félicité éternelle. Avant d'admettre la vérité d'une doctrine telle que celle de l'expiation, il convient de l'examiner dans toutes ses conséquences; mais, une fois admise, elle doit occuper le premier rang dans nos pensées; car c'est la contemplation de la doctrine elle-même, bien plus que l'idée de ses conséquences, qui agit efficacement sur notre âme. Quand nous sommes l'objet d'un acte de bonté, c'est cette bonté même qui excite notre reconnaissance, et non pas l'examen attentif de cette loi de notre esprit qui fait de la reconnaissance un résultat naturel de la bonté. Ceci est très important à retenir. Ce n'est point en réfléchissant sur le caractère chrétien, ni même sur l'aptitude qu'ont les doctrines de l'Évangile à développer ce caractère, que nous pouvons devenir Chré-« tiens; ce qu'il faut, c'est que nos cœurs soient touchés et pénétrés de ces doctrines mêmes. Elles sont une partie constituante du caractère et du gouvernement de Dieu,

Le but de l'expiation était de concilier la miséricorde envers une race déchue avec l'honneur et la sainteté du gouvernement de Dieu. Pour accomplir ce dessein généreux, le Verbe éternel qui était Dieu revêtit la nature de l'homme, et en qualité de frère aîné, de représentant, de champion de la famille coupable, il reconnut solennellement la justice de la sentence prononcée contre le péché, et se soumit au poids entier de la peine, à la place de ses frères adoptifs. Dès lors la justice de Dieu fut satisfaite. Sa loi était reconnue et glorifiée; la nature humaine du Sauveur lui donnait envers la race humaine les droits et les intérêts d'un frère, tandis que sa nature divine rendait son sacrifice valable, et donnait à la loi sous laquelle il se courbait lui-même une autorité plus glorieuse que celle qui aurait pu lui être acquise par le châtiment et l'extinction de l'univers entier. Les deux livres de la Bible où ce sujet est traité avec le plus de détail et de méthode, savoir les épîtres de saint Paul aux Romains et aux Hébreux, commencent par proclamer, de la manière la plus solennelle, et la parfaite divinité, et la parfaite humanité de Jésus-Christ. C'est sur cette base qu'est fondé le raisonnement qui démontre que la mort du Christ est d'une efficacité universelle, et qu'aucun autre sacrifice ne pouvait à la fois expier les péchés des hommes et concilier la justice divine avec sa miséricorde envers des coupables. Qu'un tel sujet de contemplation est admirable! qu'il est auguste, qu'il est lumineux ! « Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné « son fils unique, pour que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » Et ce même Dieu, afin de déclarer sa haine pour le péché, par la forme et la substance mêmes de son œuvre de miséricorde, envoie son fils pour acheter l'expiation par

tonnement et de mort qu'il s'était engagée à boire, et qui avait été préparée pour lui, précisément afin que le chef des pécheurs pût être le bienvenu à la fontaine de vie. Quelle est la somme de péchés qui pourra désormais exclure de la miséricorde? La seule pensée en est dégradante pour la dignité du sacrifice, injurieuse au saint amour qui l'a ordonné, et à la vérité pure qui en a proclamé la souveraine efficace. Pourrions-nous donc être surpris de l'extase qui remplissait l'âme de l'apôtre saint Paul, quand il contemplait ce glorieux sacrifice et qu'il y voyait le gage que ses nombreux péchés lui étaient pardonnés; que le cœur de son maître outragé s'ouvrait à lui, et que son sort dans l'éternité était lié à la glorieuse éternité de son Dieu ? « Qui accusera les élus de << Dieu ? Dieu est celui qui les justifie. Qui condamnera? « Le Christ est celui qui est mort, et qui, de plus, est « ressuscité, qui est assis maintenant à la droite de Dieu, « et qui lui-même intercède aussi pour nous. »

son sang. Tel est notre Dieu, tel est son caractère : | c'est le Dieu juste, et pourtant le Sauveur. Il y a dans cet acte une majesté et une tendresse, une sainteté, une grandeur morale, dont l'immensité confond et la pensée et le langage. Cependant nous pouvons en comprendre quelque chose, et par conséquent il nous a été révélé. Mais cet acte ne fait-il pas sentir, par le plus effrayant contraste, la différence qui existe entre l'esprit de Dieu et l'esprit de l'homme? Tandis que l'homme se fait un jeu du péché, Dieu descend de son trône de gloire, il se revêt de la fragilité d'une créature, et il meurt comme le représentant des pécheurs, pour que la sainteté de sa nature lui permette de prononcer le pardon du péché. C'est pour effacer cette différence que la bonne nouvelle a été prêchée, et celui qui croit à l'Évangile sera semblable à Dieu, parce qu'il y verra Dieu tel qu'il est. Dans cette merveilleuse transaction, la miséricorde et la vérité se réunissent, la justice et la paix se réconcilient. Elle a été conçue et exécutée pour que Dieu puisse être juste Mais, puisque l'efficace de l'expiation est ainsi univeren pardonnant à celui qui croit en Jésus. Elle donne selle, pourquoi tous les hommes ne jouissent-ils pas de gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix et indulgence ses bienfaits? Si l'unique objet de la Providence, dans le à l'homme sur la terre. Le nouveau chef de la nature grand œuvre de la rédemption, eût été d'écarter de humaine, par institution divine, a été ressuscité d'entre l'homme une punition imminente et d'accord avec la les morts; son sacrifice a été légalement accepté, et il a justice, il n'y aurait probablement eu ni différence, ni reçu la couronne d'immortalité dans son caractère repré- particularité individuelle dans l'application des bienfaits sentatif. Voilà le fondement sur lequel les pécheurs sont de l'Évangile; on ne nous eût point adressé des avertisseinvités à asseoir les intérêts de leur âme, et pour le temps mens tels que ceux-ci : « Beaucoup sont appelés, mais peu et pour l'éternité. Cet appui qui leur est offert, ils sont « sont élus. Travaillez à votre salut avec crainte et tremappelés à l'examiner; on les presse de s'en approcher et «blement. Employez-vous diligemment à obtenir que de s'assurer qu'il est capable de soutenir leur poids. On« vous soyez appelés et élus. » Mais le Christ s'est livré leur demande, pour ainsi dire, s'ils peuvent y découvrir une seule partie faible, s'il manque rien à la plénitude, à la sincérité, à l'efficace de cet amour qui a porté Dieu à voiler sa majesté, à s'allier à notre race pervertie, à prendre l'intérêt d'un frère aîné à son bien-être, et à glorifier la loi violée, en subissant lui-même le châtiment encouru, unissant ainsi la majesté divine avec le salut des pécheurs. On les assure, par l'autorité divine, que le sang du Christ purifie de tout péché, et qu'il n'y a point de condamnation pour ceux qui croient en lui. Ils ont donc la déclaration de Dieu, et son sacrifice plus tou-les, et rendre la vie et la force spirituelle à nos facultés chant, plus persuasif encore que sa déclaration, pour les engager à la confiance, pour bannir de leurs cœurs tous les doutes et toutes les craintes. Quand le Sauveur expira sur la croix, il dit : « Tout est accompli. » Alors l'œuvre de l'expiation fut consommée, et l'histoire de cette œuvre est retracée à tous les enfans des hommes dans ces paroles : « Revenez à moi, car je vous ai raa chetés: soyez réconciliés avec Dieu. » C'est la fontaine de vie sur laquelle sont écrits ces mots : « O vous tous, qui « ètes altérés, venez à ces eaux. » Cette histoire proclame le pardon du péché; elle est donc parfaitement appropriée aux besoins des pécheurs. « Jésus n'est pas venu « pour appeler les justes, mais les pécheurs à la repen. <tance; il est venu pour chercher et pour sauver celui qui était perdu. » Il l'a dit lui-même, et il l'a dit dans le moment où toute la plénitude, toute la variété du mal se déployait devant son omniscience. Il l'a dit au moment où il contemplait cette coupe d'amertume, d'é

pour nous, non pas seulement afin de nous racheter du châtiment dû à l'iniquité, mais afin d'appeler à lui un peuple purifié et zélé pour les bonnes œuvres. Les sujets de son royaume devaient être ceux dans l'âme desquels habiterait la vérité, la grande vérité relative au caractère divin. Cette vérité a été manifestée dans l'expiation; là sont concentrés ses brillans rayons: aussi une foi intelligente dans l'expiation est-elle la meilleure voie par où la divine lumière puisse pénétrer dans notre âme. C'est cette lumière seule qui peut dissiper les ténèbres mora

égarées et engourdies. Les bienfaits de l'expiation sont donc liés à la foi dans l'expiation. « Celui qui croit sera <«< sauvé; celui qui ne croit pas sera condamné. » Quand on conçoit bien que, pour un sujet éclairé du gouvernement divin, il y a identité entre le malheur et l'aveuglement moral, la connexion de la foi et du salut ne paraît point une obligation nouvelle, mais la déclaration réitérée d'une constitution établie et nécessaire. La vérité, concernant le caractère de Dieu, est un principe immortel et glorieux, placé et développé dans la personne de Jésus-Christ; et Dieu fait part de son immortalité et de sa gloire aux esprits dans lesquels ce principe réside. Mais il ne peut habiter en nous qu'autant que l'œuvre du Christ demeure une réalité vivante dans notre esprit.

Nous ne pouvons jouir de la vie spirituelle et de la paix, qui sont le fruit de l'expiation, sans conserver dans notre âme le souvenir et la croyance de l'expiation; de même que nous ne pouvons jouir de la lumière du soleil

loin de la présence du soleil. Ce serait une folie manifeste de prétendre conserver la lumière dans nos maisons, en lui fermant toutes les issues; il est tout aussi extravagant d'imaginer que l'on puisse s'approprier la paix de l'Évangile, sans contempler de l'œil de la foi la grande vérité de l'Évangile. Dans l'épitre aux Galates (V, v. 25), saint Paul dit : « Si nous vivons par l'esprit (c'est ainsi que l'Évangile est nommé dans ce passage), << marchons aussi selon l'esprit, » c'est-à-dire restons étroitement attachés à l'Évangile. Quand notre cœur s'éloigne de la vérité, nous perdons la vie que cette vérité renferme. Nous ne saurions retenir long-temps dans no- | tre esprit une impression morale, en nous isolant de l'objet qui est destiné à la produire.

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L'homme qui voit dans l'expiation la délivrance du mal et le gage de la béatitude éternelle se réjouira dans cet acte et dans tous les principes qu'il développe. « Que «<le sage, dit le prophète, ne se glorifie point en sa sa«gesse; que le puissant ne se glorifie point en sa puis<<sance, et que le riche ne se glorifie point en ses riches<< ses; mais que celui qui se glorifie, se glorifie en ce qu'il « me comprend et me connaît; car je suis l'Éternel, qui << fais miséricorde et justice sur la terre et dans ces « choses je me réjouis, dit l'Éternel. »

Celui donc qui met sa joie dans l'expiation se réjouit en ce qui plaît au cœur de Dieu; car c'est là que son amour, sa justice et sa sainteté ont été le plus complètement et le plus glorieusement manifestés. C'est ainsi que les fidèles ont communion avec Dieu par Jésus-Christ, et qu'ils sont rendus conformes à son image. La mème vérité qui donne la paix produit aussi la sainteté. Quelle idée la croix de Jésus-Christ ne donne-t-elle pas de la dépravation de l'homme et de l'abomination du péché ! Combien l'horreur qu'il inspire n'est-elle point accrue par la pensée qu'il a été commis contre le Dieu de toute grâce et de toute consolation! Le sentiment de notre intérêt propre devrait nous attacher étroitement à ce Sauveur dans lequel tous les trésors de notre vie sont renfermés, si un tel motif était nécessaire pour nous lier à un bienfaiteur qui a consenti à porter tout le poids de la colère du Tout-Puissant, pour nous en délivrer. Voudrons-nous rendre vaines les intentions d'un tel amour, et fouler aux pieds le sang sacré qui a été répandu pour nous? Non; si nous croyons à l'expiation, nous devons aimer celui qui s'en est fait la victime; et si nous l'aimons, nous entrerons dans ses vues, nous aurons à cœur la gloire de Dieu et le salut des âmes; surtout nous détesterons le péché en nous-mêmes et nous vivrons dans l'ardent espoir de l'époque où le mystère de Dieu sera dévoilé, le temple spirituel achevé, et le triomphe du Rédempteur accompli. L'âme trouve dans cette espérance une ancre de salut inébranlable et sûre, et quelles que soient les afflictions ou les épreuves de la vie, elle est toujours ranimée par cette voix qui, du fond du sanctuaire intérieur, lui dit « Rassurez-vous, c'est moi, ne craignez a point. » Elle est toujours soutenue par la force de ce raisonnement : « Celui qui n'a pas épargné son propre fils, «mais qui l'a donné pour nous tous, comment ne nous • donnerait-il pas libéralement avec lui toutes les autres

« choses? » Voilà l'espérance qui ne peut déchoir, parce qu'elle est fondée sur le caractère du Dieu qui ne change point.

C'est ainsi que la foi de l'Évangile produit cette révolution de l'esprit, que l'Écriture appelle conversion ou nouvelle naissance. L'homme se confie naturellement à quelque force qui existe en lui-même, il se confie à sa prudence, à sa bonne fortune, à son mérite, à ses talens, à ce qu'il a fait de bien ou au regret sincère qu'il ressent d'avoir mal fait c'est toujours le moi, sous des formes plus ou moins aimables, qui fait le fondement de son espérance, et, par une conséquence nécessaire, ce moi est toujours présent à sa vue et devient l'objet final de toutes ses actions, le directeur et le réformateur de son caractère. Mais quand il admet et conçoit que la vérité divine, telle qu'elle est manifestée dans l'expiation, est la seule base sur laquelle il puisse se reposer avec sécurité, le seul refuge contre cette ruine où l'entraînait l'instinct de ce moi égoïste, alors il chasse loin de lui ces illusions trompeuses et périssables; il s'en remet du soin de ses intérêts pour le temps et l'éternité, à l'amour de celui qui a répondu son sang pour lui, à la fidélité de celui qui n'est pas un homme pour mentir, ni le fils d'un homme pour se repentir. En faisant du caractère de Dieu la base unique de sa confiance, il le contemplera comme le but final de son être; il s'attachera à lui comme à son conseiller, à son guide, et par degrés il se modèlera sur ce type sublime. A travers les progrès successifs de la vie chrétienne, ce fondement de toutes nos espérances reste le même. Quoique les progrès du fidèle dans la sainteté soient le grand et bienheureux résultat de sa foi, cette sainteté ne peut cependant jamais devenir pour lui un motif de confiance, sans le rejeter dans l'égoïsme, sans le séparer de Dieu, sans le priver des eaux de la fontaine de vie, et sans détruire, par conséquent, l'œuvre de sa sanctification. Mais quoique la sainteté personnelle du Chrétien ne puisse jamais devenir le fondement de ses espérances, elle n'en fortifie pas moins sa foi dans ce fondement; de même que le retour à la santé augmente la confiance du malade dans le remède auquel il sent devoir sa guérison.

C'est une loi de notre constitution morale, que nos caractères se modèlent sur ce qui fait la base de nos espérances. Les principes développés dans l'expiation sont un assemblage de tout ce qui est aimable, grand et sublime dans l'excellence spirituelle. Celui donc qui place réellement et exclusivement ses espérances sur l'expiation devient participant au caractère de Dieu. Le grand argument en faveur de la vérité du Christianisme est l'influence sanctifiante de ses doctrines; mais hélas! le grand argument contre cette vérité se puise dans la vie mondaine de la plupart de ceux qui le professent. Une fausse manifestation du Christianisme est ainsi plus pernicieuse et plus détestable que l'incrédulité avouée. Mais les faux-semblans ne se bornent pas à la religion, et certes il est absurde qu'un homme perde son âme, parce qu'un autre homme est hypocrite. L'Évangile demande et mérite qu'on pèse ses propres mérites, et quiconque fera cet examen de bonne foi en sera amplement récompensé.

L'Évangile nous avertit d'un danger dont la réalité « pourvu seulement qu'il y ait une pleine compensation;

est liée d'une manière indissoluble avec la sainteté de Dieu et la culpabilité de l'homme; il nous offre contre ce danger un refuge merveilleusement en harmonie avec les perfections divines, et quand ce refuge est considéré de près, on trouve que ce n'est pas seulement un lieu de sûreté, mais l'entrée d'une immortalité sainte et bienheureuse. Comme un arbre immense, il invite à se reposer sous son ombrage tous ceux qui sont fatigués et chargés: il répare leurs forces, dissipe leur langueur, relève leurs esprits abattus, et donne une impulsion vigoureuse et nouvelle à tous les organes de leur être affaibli. Ses feuilles guérissent les blessures des nations, et son fruit est le pain de vie.

« et bien plus, il s'est placé dans l'étrange nécessité « d'effacer le crime, toutes les fois que cet équivalent de « punition lui est présenté par quelle main que ce soit. » Une telle erreur est née de l'habitude qu'ont quelques écrivains religieux de pousser trop loin l'analogic entre un crime et une dette pécuniaire. Il n'est pas surprenant qu'une personne qui entretient de pareilles idées sur ce sujet rejette le Christianisme comme une révélation du Dieu de sainteté et de bonté. Mais cette idée n'est point celle que donne la Bible. Voici comment elle s'exprime à cet égard: « Ici est l'amour, non que nous ayons aimé « Dieu,mais parce que Dieu nous a aimés, et qu'il a envoyé << son fils pour être une victime d'expiation de nos péMaintenant, retournons aux questions par lesquelles « chés. Dieu a manifesté Jésus-Christ comme une décla nous avons commencé. Demandons-nous : Quelle idée <<ration de son infaillible justice. » Toute manière d'encette doctrine donne-t-elle du caractère de Dieu? Et visager la doctrine qui ne s'accorde point avec ces quelle influence sa croyance doit-elle exercer sur le ca- idées est une perversion des Écritures, dont ceux qui ractère de l'homme ? Et répondons à ces questions d'après les altèrent ainsi sont seuls responsables, et non la Bible. ce que nous venons d'établir. Un amour au-dessus de L'erreur consiste à séparer les actions de Dieu de l'intoute conception est assurément le trait saillant du glo- tention qu'elles manifestent à l'égard des hommes. Cerieux caractère qui nous est manifesté dans l'expiation; pendant, si une idée semblable à celle que nous venons mais cet amour se concilie parfaitement avec une sainteté d'indiquer était adoptée avec foi et sans restriction par qui ne peut souffrir l'aspect du mal; c'est l'amour d'un un homme d'une raison ordinaire, elle produirait en lui Dieu souverainement puissant, qui n'a pas exercé son om- les plus étranges et les plus tristes résultats. Il s'habinipotence à faire taire ou à outrepasser les réclamations tuerait à considérer la connexion entre le péché et le de la justice, mais à les écouter et à y faire droit. C'est malheur, non comme nécessaire, mais comme arbitraire; un amour qui repose sur un trône de miséricorde, dont comme pouvant être dissoute, et l'ayant même été par l'éternelle vérité fait la base; un amour dont l'essence un simple acte de la puissance suprême. De cette manière, même est de repousser tout péché. Son effet nécessaire il ne pourrait pas identifier dans ses pensées et dans ses sur le caractère de l'homme sera donc de nous faire aimer sentimens le malheur avec le péché, ce qui constitue une celui qui nous a aimés le premier, et de nous apprendre des leçons les plus importantes de la Bible. Il ne pourrait à mettre la confiance la plus entière en sa bonté et en savoir dans le caractère de Dieu rien qui méritât la vénémiséricorde; à associer l'idée du péché à celle de la plus profonde misère et de la plus basse ingratitude; à admirer la sagesse immortelle, la haute pensée qui a combiné la plus complète miséricorde avec la plus inaltérable justice; enfin, à chérir nos semblables, par la considération que notre père commun a pris un si grand intérêt à leur bonheur, et que tous ayant fait naufrage sur la même mer et par la même tempête, nous sommes tous invités, par la même voie, à chercher un refuge dans le port du repos éternel.

Il semble à peine possible que cette simple doctrine puisse être mal interprétée, et cependant, par une inconcevable et malheureux penchant à chercher l'enseignement religieux partout ailleurs que dans la Bible, elle a été corrompue de mille façons différentes, d'après le caractère de ceux qui en ont fait le sujet de leurs spéculations. Elle a été quelquefois si indiscrètement présentée, qu'elle a donné prétexte à des esprits captieux de soutenir que le Christianisme représente les attributs de la justice divine comme en désaccord avec tous les principes de morale. Voici à peu près sous quelle forme cette allégation a été mise en avant : « Selon l'Évangile, a-t-on <dit, il est vrai que Dieu proportionne ses châtimens aux diverses natures et aux différens degrés de transgres<<sion; mais, en infligeant la peine, il lui importe peu << qu'elle tombe sur le vrai coupable ou sur l'innocent,

ration ou l'amour, et le frein même de la crainte serait levé, par l'idée qu'il a déjà été fait à la justice divine une réparation supérieure à toutes les peines qu'ont mérité ou que peuvent mériter nos fautes. Son cœur ne trouverait dans cette doctrine aucune puissance capable de le contraindre à l'accomplissement du grand commandement d'aimer Dieu et le prochain; et dans le fait elle est aussi destructive de la divinité de Jésus-Christ que le socinianisme, en ce sens qu'elle sépare les intentions et le caractère du Père de ceux du Fils.

Il existe une autre manière d'envisager cette doctrine, qui, quoique moins révoltante pour le sentiment que celle dont nous venons de parler, est tout aussi incompatible avec la raison. Suivant elle, l'expiation est un système au moyen duquel Dieu a mitigé la stricte pureté de la loi, de sorte qu'à ceux qui vivent sous l'Évangile il ne demande plus qu'une soumission imparfaite, mais sincère, au lieu de l'obéissance rigoureuse qui leur était imposée avant de professer la foi du Christ. Maintenant, rappelons-nous qu'aimer Dieu de tout son cœur constitue l'essence de la loi à laquelle nous sommes tenus d'obéir; souvenons-nous de plus que le sacrifice de JésusChrist a été fait non-seulement pour concilier la justice de Dieu avec le pardon des coupables, mais aussi pour présenter au cœur humain l'objet le plus digne d'exciter sa reconnaissance, le plus éminemment propre à attirer

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