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Bourges passeraient la Loire, traverseraient la Bourgogne et viendraient faire leur jonction à Metz. Que deviendraient alors les cinq cent mille ennemis qui auraient pénétré en France? Nous laissons juger les hommes habiles dans l'art

militaire.

Si la France a été envahie deux fois, c'est à cause de la mauvaise organisation de sa force armée; ou plutôt, parce que cette organisation ne pouvait pas exister avec la nature de son gouvernement. On pourrait donner un plus grand développement au sujet qui nous occupe; mais en voilà assez pour persuader, si on est disposé à entendre, et tout ce qu'on pourrait dire ́est inutile, si l'espoir de relever un système de priviléges l'emportait sur l'amour de la patrie et sur le sentiment pénible de l'humiliation qu'éprouve un peuple nombreux, à qui il reste encore du courage et d'autres vertus, mais qui attend une direction nationale pour reprendre sa place parmi les nations.

TARAYRE, lieutenant-général.

DEUXIÈME PARTIE.

OUVRAGES

SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

HISTOIRE CRITIQUE

De l'Inquisition d'Espagne, depuis son établissement jusqu'au règne de Ferdinand VII, tirée des pièces originales des archives du conseil de la Suprême et de celles des tribunaux subalternes du saint-office.

Par J. A. LLORENTE, ancien secrétaire de l'inquisition de la Cour, etc., Traduit de l'espagnol par Alexis Pellier (1).

(ARTICLE PREMIER.)

ON cite, parmi les bienfaits du christianisme, l'abolition de l'esclavage et des sacrifices de sang

(1) Il a déjà paru deux volumes de cette histoire qui sera composée de trois. Il n'en avait paru qu'un, lorsque cet article a été fait.

humain. Mais qu'est-ce donc que la traite des nègres et les autodafés de l'inquisition ? Les prêtres de la Gaule ou de Carthage ont-ils sacrifié plus de victimes humaines sur les autels de leurs Dieux, que n'en ont immolé, au nom du Ciel, les prêtres de la Castille ou de l'Arragon ?

A Dieu ne plaise qu'on impute à la religion chrétienne, les crimes de ses ministres ; quelle religion se présenterait sous un jour plus affreux !

Tout ce que l'histoire rapporte des Néron, des Caligula et de tous ces monstres qui, à diverses époques, ont désolé l'humanité, n'approche pas du tissu d'horreurs qui composent l'histoire du saint-office.

Nous n'avions jusqu'à ce jour que des mémoires peu authentiques sur ce trop fameux tribunal, dont le secret était l'ame, et on n'avait pas manqué de dire que l'inquisition y était calomniée, comme on a osé dire, de nos jours, dans une harangue à Napoléon, que les philosophes avaient calomnié la guerre.

Mais, voici qu'un membre de l'inquisition, qui la croyait pour jamais abolie, a entrepris, pendant le séjour des Français en Espagne, d'en écrire l'histoire. Toutes les archives du conseil

suprême et des tribunaux subalternes ont été mises à sa disposition. Il en a extrait deux cents volumes in-folio de pièces manuscrites, comprenant la correspondance et les jugemens des inquisiteurs, et c'est avec ces matériaux qu'il a composé son travail, dont le premier volume paraît aujourd'hui.

Qu'on lise ce premier volume, si on en a le courage. On verra à quel excès de fureur les hommes peuvent se porter.

On sait que l'inquisition a pris naissance en France, comme les croisades. On en fait honneur à saint Louis. Ce ne fut d'abord qu'une association de quelques moines envoyés dans le Midi, pour convertir les Albigeois.

Quand ils eurent fini avec les Albigeois, ils passèrent en Espagne ; et c'est là que, deux siècles plus tard, dans le quinzième siècle, l'institution acquit tout son développement.

Un million de Juifs venaient de se convertir pour échapper au massacre. Ils étaient riches, et on leur devait de l'argent, grandes raisons pour soupçonner la sincérité de leur conversion. On montra à Ferdinand le catholique, de riches confiscations à recueillir, et à Isabelle, le Ciel prêt à récompenser son zèle, et tous les les Juifs convertis de l'Arragon et de la Cas

tille, furent livrés aux recherches de la nouvelle inquisition.

Tout Juif converti fut accusé de judaïser, s'il avait porté, le samedi, une chemise plus propre qu'à l'ordinaire ;

S'il avait examiné son couteau, en le passant sur l'ongle droit, pour s'assurer qu'il n'y avait pas de brèches;

S'il était mort le visage tourné vers la muraille, etc., etc.

La délation fut un devoir, sans exception d'époux ou d'épouse, de fils ou de père..

On assura au délateur, avant même d'avoir prononcé la condamnation, la partie des biens de l'accusé qui était le plus à sa convenance.

L'accusé ne connut jamais son dénonciateur. On eut soin, en interrogeant les témoins, de ne pas dire d'abord sur quoi portait l'accusation. On voulait qu'ils déclarassent eux-mêmes tout ce qu'ils savaient; d'où résulta une foule d'accusations incidentes.

La torture fut là pour aider l'accusé à se souvenir ; et comme on avait obtenu de la libéralité des inquisiteurs, qu'un accusé ne serait pas soumis plus d'une fois à la question, ils eurent soin d'écrire, dans le procès-verbal, que la question était suspendue, après quoi ils puCens. Europ. TOM. VI.

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