Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Ainsi, peu à peu, s'évanouissaient les vues hypothé

tiques des précurseurs; nous habitions un Univers bien délimité et qui renfermait tous les objets célestes accessibles à nos instruments: telles étaient les conclusions souvent citées des plus hautes autorités en la matière, Gore et Newcomb par exemple (1).

Les vues du vieil Herschel n'étaient pas complètement infirmées quant à la structure même de notre Univers, mais des évaluations grossières et à peine approximatives avaient suffi, semble-t-il, pour montrer que plusieurs nébuleuses parmi les plus belles, étaient à des distances moindres que les plus lointaines étoiles de la Voie lactée. Tel était le cas, par exemple, de la nébuleuse d'Andromède, qui n'était située, disait-on, qu'à une vingtaine d'années-lumière

En résumé, l'ensemble des travaux de la fin du XIXe siècle et de la première décade du xx, nous amenait aux conclusions suivantes :

1° Notre Univers comprenait des étoiles, des amas stellaires et des nébuleuses.

2o Le tout était renfermé dans un volume à peu près sphérique et dont les parties équatoriales étaient réservées aux étoiles proprement dites; cette sorte de disque devait avoir une assez grande épaisseur, mais la densité, à son intérieur, était loin d'être homogène : presque nulle au centre, c'est-à-dire dans les régions. où vogue notre Soleil, elle s'accroissait très vite vers les bords. Il en résultait que la partie la plus dense des étoiles nous apparaissait comme une sorte d'anneau, dont le plus grand rayon touchait aux confins de la Voie lactée. Celle ci, comme dans la théorie d'Herschel, était donc bien due à une accumulation d'étoiles vers un plan médian de l'Univers, celui sur lequel se déroulait le tore, dont nous avons parlé.

(1) La question est admirablement résumée dans The System of the Stars de Miss Clerke, publié en 1905.

Quant aux dimensions absolues du système galactique, on en était évidemment réduit à des conjectures, puisque nous n'avions aucun moyen direct d'évaluer la parallaxe, donc la distance, des plus lointaines étoiles. Toutefois, des savants travaux de Newcomb, on avait déduit un diamètre d'environ 6000 annéeslumière (1). En 1914, Eddington, par des vues qu'on jugeait audacieuses à l'époque, était allé jusqu'à 14 000 années-lumière (2). Comme notre soleil occupe une position quasi centrale, on pouvait conclure que les plus faibles étoiles de la Voie lactée étaient éloignées de nous d'environ six ou sept mille annéeslumière.

3° Quant aux amas stellaires, on avait constaté depuis longtemps qu'ils avaient tendance à se grouper aux abords de la Voie lactée, mais au-dessus et au-dessous de son plan principal. La Galaxie elle-même n'en renfermait pas et le fameux amas solaire imaginé par Gould (3), Sulton (4) et Stratonof (5), s'était évanoui en fumée sous la critique dissolvante de Kapteyn en 1901.

4° En ce qui concerne les nébuleuses, il y a lieu de faire une distinction très nette suivant les types. Les nébuleuses dites planétaires, sortes d'objets énigmatiques, toutes probablement gazeuses et de peu d'étendue, semblent s'apparenter aux amas dans leur distribution sur la sphère céleste; comme eux, elles paraissent rechercher les abords de la Galaxie. Il n'en va plus de même des autres nébuleuses parmi lesquelles le type spiral est de beaucoup le plus prédominant.

(1) S. Newcomb The Stars, p. 319 (London, 1902).

(2) Eddington: Stellar movements and Structure of the Universe, p. 32 (London, 1914).

(3) Cf Newcomb, op. j. cit., p. 243.

(4) V. KNOWLEDGE, July 1891.

(5) V. BULL. SOC. ASTR. FR, 1904, p. 357.

Celles-ci ont été cataloguées par dizaines de mille, mais nous avons maintenant acquis la conviction que des télescopes du genre de celui du Mont Wilson, avec son diamètre de 2,54, pourraient nous en montrer quelque chose comme un million (1). Or la densité de ces objets suit une règle inverse de celle des amas; de façon générale, leur nombre augmente vers les pôles de la Voie lactée.

Tel était l'état de la question il y a quelques années, lorsque tout récemment des faits nouveaux et des méthodes insoupçonnées des anciens astronomes vinrent troubler la quiétude des savants. On avait constaté depuis longtemps que les mouvements propres des étoiles sont compris entre 30 et 40 kilomètres à la seconde, et Lord Kelvin avait montré que ces chiffres n'ont rien qui puisse nous étonner : ils sont tout à fait compatibles avec la quantité de matière gravitationnelle que comporte ce que nous appelons notre Univers. Un milliard de soleils comme le nôtre, répandus au hasard dans une sphère de 3762 années-lumière de rayon, suffiraient à produire ce résultat. Or ces nombres sont de l'ordre de grandeur de ceux qu'on admettait couramment; un million d'étoiles dans un univers de 6000 années-lumière de diamètre, d'après les estimations de Newcomb.

Mais on avait compté sans les surprises. L'application du principe Doppler-Fizeau à la mesure des vitesses radiales nous a décelé des mouvements propres stellaires absolument fantastiques.

Mu Cassiopée marche à la vitesse de 166 kilomètres par seconde; 1830 Groombridge accuse 255 kilomètres; la petite étoile 15290 Lalande, 332 kilomètres, etc.

Et tous ces records sont battus par Arcturus, la

1) V. Art. de Curtis cité plus haut (1918).

brillante étoile du Bouvier qui vole à raison de 413 kilomètres par seconde; en 4 jours seulement, elle irait de la Terre au Soleil.

Ces étoiles, véritables projectiles, posent à l'astronome les problèmes les plus troublants.

De deux choses l'une, en effet: ou bien ces corps célestes doivent être regardés comme de véritables vagabonds pénétrant par hasard dans notre système, et dans ce cas on admet implicitement qu'ils nous viennent d'Univers distincts du nôtre; ou bien, s'ils nous appartiennent, force nous est d'agrandir les dimensions de la Galaxie.

A l'heure actuelle, c'est cette dernière solution qui semblerait la meilleure, car un tiers au moins des vitesses qu'on a pu convertir en kilomètres, sont supérieures à la vitesse maxima théorique de 40 kilola que mètres fixée par Newcomb comme une limite masse totale des étoiles pouvait déterminer par son attraction sur un corps céleste (1).

Une douzaine de milliards de soleils répandus dans une sphère de quelques dizaines de milliers d'annéeslumière de rayon suffiraient tout juste pour rendre compte des vitesses observées.

Que le ciel puisse nous offrir l'image d'un vaste cimetière où s'entassent peu à peu les étoiles éteintes, cela ne fait aucun doute pour l'astronome habile à manier le spectroscope; nous connaissons quantité d'étoiles doubles dont l'une des composantes n'est autre qu'un Soleil noir; mais l'hypothèse ne résout qu'une partie du problème. Il faudrait en même temps entrevoir la possibilité de reculer les frontières de notre Voie lactée. Or, avec nos anciennes méthodes, nous ne pouvons nous flatter de déterminer la parallaxe

(1) V. sur tous ces sujets : Où en est l'Astronomie, par Th. Moreux. Gauthier-Villars, 1920, Paris.

d'une étoile à plus d'un centième de seconde près; supposons même que nous puissions apprécier correctement cette deuxième décimale et que nous trouvions un astre ayant pour parallaxe 0',01, cette constatation placerait l'étoile à 325 années-lumière. Au delà, c'est l'incertitude la plus complète.

Reste une méthode indirecte que nous avons longtemps employée faute de mieux, mais le procédé repose sur un postulat qu'il faudrait prouver. Le calcul indique en effet que si, parmi les étoiles de 18 grandeur, il en existe de même éclat que notre Soleil, ces étoiles doivent se trouver à 13 000 années-lumière.

Or, les grands télescopes actuels permettent d'atteindre ces étoiles; des réflecteurs tels que celui du Mont Wilson, obtiennent même la 21° grandeur photographique; 13 000 années-lumière restent donc une limite inférieure et notre Univers s'étendrait beaucoup plus loin.

Mais ces conclusions ne sauraient être légitimes qu'à deux conditions: elles supposent en effet que la lumière ne subit pas d'absorption dans les espaces interstellaires et enfin qu'il existe aux confins de la Voie lactée, des étoiles en tout point comparables à notre Soleil.

Evidemment tout cela est possible, mais nous n'avons à ce sujet aucune indication précise et il pourrait fort bien se faire qu'aux limites de la Galaxie, il existe seulement des étoiles naines jouant le rôle d'astéroïdes par rapport aux soleils plus gros, à l'instar de ce que nous voyons dans le système solaire.

Sans doute, pour un esprit attentif et habitué à envisager les choses d'un large point de vue, l'hésitation n'était guère permise; tout semblait nous inviter à reculer les frontières de notre Univers; toutefois, les preuves positives faisaient défaut et on sentait qu'il fallait trouver, coûte que coûte, des moyens nouveaux de mesurer les distances stellaires.

« ÖncekiDevam »