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sur la vraie notion thomiste de la causalité et de la finalité suffiraient pour neutraliser les objections de l'auteur.

- Le chap. XIV en entier (« Le réalisme aristotélicien », ses « difficultés intrinsèques », ses « conséquences » inacceptables, son « origine psychologique »), chapitre, en somme, assez faible, car la critique y repose principalement sur une insuffisante pénétration de la doctrine critiquée. En particulier, le § V : « Critique des conséquences du réalisme aristotélicien », est peu digne du talent de M. R., tant son exégèse même y semble obscurcie par le nominalisme étroit qu'il professe: c'est à se demander s'il comprend le sens qu'attachent les Scolastiques aux expressions « attributs essentiels », « notes individuantes », << principe d'individuation ». Ce chapitre révèle en outre on pouvait déjà le soupçonner précédemment que les connaissances historiques de M. R. sur le moyen àge, si étendues soient-elles, ne pénètrent pas néanmoins, en profondeur, jusqu'au lien organique et aux oppositions radicales des divers groupes scolastiques.

Enfin, le chap. XV: « Les antinomies dialectiques du réalisme ontologique » tombe persévéramment à faux en ce qui concerne l'aristotélisme thomiste.

IV. Une esquisse de la philosophie personnelle de l'auteur: un Nominalisme empiriste.

Le chap. XV, que nous venons de parcourir, propose, comme unique solution des antinomies (partiellement inexistantes, selon nous) durationalisme », « le retour au monde de l'expérience pure» (p. 405). « L'existence d'invariants fonctionnels et statiques dans le flux des phénomènes sensibles; la possibilité d'étudier ceux-ci quantitativement, grâce à l'objectivité des sensations de forme géométrique et à cette circonstance qu'à toute variation qualitative est lié un changement quantitatif concomitant, sauvegardent la possibilité de la science et permettent de s'affranchir, par un retour au monde de l'expérience pure, des antinomies dialectiques nées de l'interprétation réaliste de la transcription conceptuelle des choses » (p. 409). Get empirismelà, nous le connaissions de longue date. M. R. tente d'en relever la fortune en la réédifiant, cette fois, sur l'effondrement dialectique de tous les réalismes métempiriques. Il ouvre ainsi la joute contre la grande majorité des professionnels du raisonnement entreprise téméraire, dans laquelle (selon nous, et malgré ses péans plus ou moins modestes) il succombe- honorablement d'ailleurs et non sans avoir porté quelques rudes coups à des formes du rationalisme étroites ou excessives. Il succombe pour avoir insuffisamment reconnu la position d'une partie de ses adversaires : nous entendons surtout d'Aristote, des Thomistes et de Kant lui-même, qui aurait peut-être à se plaindre de l'exégèse cavalière qu'on lui inflige.

Avant de quitter le terrain, relisons le cartel du champion empiriste «... Aristote, saint Thomas d'Aquin, Descartes, Leibniz, Kant, Hegel ont accumulé les contradictions. Révéler les points faibles de leurs doctrines, plutôt que d'en masquer les défauts à l'aide d'une artificieuse exposition, voilà la tâche probe de l'historien qui fait son métier de critique » (p. 198). Croiraiton que ce jugement à la Caton vise indirectement (Ibid., note) M. Emile Boutroux, dont la critique affinée et sûre, bienveillante parce que très expérimentée, répugne à dénoncer précipitamment des contradictions voyantes ou de « colossales bévues » (p. 206) chez les maîtres de la pensée philosophique?

En tous cas, pour ce qui concerne Aristote et S. Thomas d'Aquin, il conviendrait, à notre humble avis, avant de leur imputer les contradictions » qu'aperçoit chez eux M. R., d'envisager une autre hypothèse, pour le moins aussi plausible: c'est que M. R. lui-même n'ait pas su découvrir sur quelle clef doit se jouer la partition de l'aristotélisme thomiste pour que les prétendues dissonances s'y fondent en une large harmonie. M. R. évite obstinément le seul point de vue d'où le réalisme péripatéticien se comprenne et se justifie point de vue qui n'est, ni celui du pur donné empirique; ni celui de la pure analyse formelle, simple norme logique; ni celui de l'intuition ontologique, à nous inaccessible; mais celui de la nécessité transcendantale impliquée dans l'objet primaire de notre pensée, l'objet d'expérience, pris intégralement, avec l'a priori et l'a posteriori qu'il comporte, avec ses conditions absolues de possibilité non moins qu'avec sa matière contingente. Ce point de vue, Kant avait commencé de le retrouver, à mi-chemin entre l'empirisme phénoméniste de Hume et le rationalisme ontologiste de Wolff; mais il n'en soupçonna point toute l'ampleur. Aristote et S. Thomas, jadis, s'y placèrent d'instinct, le repérèrent assez complètement, en tirèrent mainte conséquence, le défendirent sommairement contre le relativisme intégral, mais négligèrent de le désigner d'un nom qui répondit par avance à nos préoccupations critiques. Cet oubli fàcheux que n'ont pas encore réparé les Scolastiques modernes-nous explique l'erreur de perspective commise par M. R. malgré ses laborieuses battues dans les philosophies anciennes.

J. MARECHAL, S. J.

XXV

COURS DE PHILOSOPHIE suivi de L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE, par le P. CH. LAHR, S. J., à l'usage des candidats au baccalauréat ès lettres. 23 édition. Deux volumes de 754 et 748 pages. 1. Psychologie, Logique. 11. Morale, Métaphysique, Histoire de la Philosophie. - Paris, Beauchesne, 1920.

L'utilité de ce cours de philosophie dépasse notablement la catégorie de lecteurs à laquelle le destina primitivement son auteur. En poursuivant une fin modeste et toute pratique : aider des jeunes gens à subir avec succès l'épreuve conduisant au baccalauréat és lettres, le P. Lahr a été amené à composer une œuvre remarquable à la fois par l'étendue des connaissances philosophiques qu'elle suppose et par l'ordre et la clarté parfaits qui partout accompagnent l'exposé doctrinal. Ces qualités expliquent le succès durable et mérité de l'ouvrage et lui ont permis de se passer de toute réclame. En moins de dix-huit. ans (1901-1918) vingt éditions, dont quelques-unes entièrement refondues, se succédèrent, sous les yeux mêmes de l'auteur; la 23, posthume hélas! - parait aujourd'hui. Nous la devons aux bons soins du R. P. Picard, S. J., qui dans un avertissement très bref nous communique que l'ouvrage « continuera à être mis au courant des exigences de l'enseignement dans la forme même que le P. Lahr avait tenu à lui conserver ». C'est là une bonne nouvelle. Le rôle d'exécuteur testamentaire, si simplement accepté par le R. P. Picard, est le plus bel éloge de sa charité fraternelle. Peut-être plus d'un amour-propre d'auteur eut-il éprouvé des répugnances devant ce rôle modeste de « continuator ». De ce ròle, du reste, le R. P. Picard s'est acquitté à merveille. C'est bien le P. Lahr qu'il nous rend avec toutes les qualités que nous cherchions et trouvions en lui: distribution logique des matières, clarté française traditionnelle, effort consciencieux pour comprendre l'adversaire et je ne sais quel art de répandre de l'agrément sur les chapitres les plus rebutants de la science.

Faire d'un traité de philosophie un livre de lecture agréable et captivant qui ne cesse pas pour autant d'être solide et sérieux peut passer à bon droit pour un tour de force. Aucun de ceux qui ont pratiqué quelque peu le manuel du P. Lahr ne contestera que son beau talent ne l'ait accompli avec aisance. La

science française, s'alliant au bon goût, se garde de devenir pédantesque ou indigeste. Les sots en prennent prétexte pour l'accuser d'être superficielle.

Passons outre à leur avis. Aux hommes du monde avocats, médecins, ingénieurs, à tous ceux que leur spécialité absorbe et tient à l'écart des discussions philosophiques proprement dites, je conseille vivement la lecture de l'ouvrage du P. Lahr; elle leur fera le plus grand bien. Ils y trouveront des aperçus clairs et substantiels sur les philosophies du jour, telles que le Bergsonisme, la philosophie sociologique de Durckheim en même temps que l'exposé précis des enseignements de la «philosophia perennis » sur l'àme et ses facultés, sur le monde et sur Dieu.

En réalité, les 1500 pages de ces deux imposants volumes forment une bibliothèque philosophique complète que l'on consultera toujours avec profit et qui, par la sûreté et la précision des renseignements fournis, dispensera fréquemment de la lecture des originaux, souvent inaccessibles du reste. Le jour où le P. Lahr se décida à ne pas s'enchaîner aux programmes officiels, tel un mitrailleur à sa pièce, il fut heureusement inspiré. Son manuel supplée aux réticences et aux omissions volontaires de ces progammes et éclaire les conclusions les plus certaines de la philosophie moderne en les rattachant toujours à cette grande tradition de philosophie chrétienne dont Saint Thomas est le chef incontesté ».

Le public continuera à accueillir avec faveur le « Cours de philosophie » du P. Lahr, pour la raison toute philosophique que les mêmes causes auront les mêmes effets. Le zèle et l'activité du R. P. Picard nous donnent du reste l'assurance que ce manuel, pour lequel maitres et élèves éprouvèrent de tout temps une égale sympathie, ne tombera point dans un injuste oubli. L'oeuvre à laquelle son auteur consacra une vie entière est en bonnes mains; je suis sûr qu'elles la sauront faire vivre et prospérer.

F. X. JANSEN, S. J.

XXVI

ESSAI DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE ÉLÉMENTAIRE, par HENRI GUILLOU. Un vol. de 192 pages. Paris, Alcan, 1921.

Donner aux problèmes les plus fondamentaux comme aux plus épineux une solution hâtive, insuffisamment approfondie, telle est la manière de M. Henri Guillou. Un exemple le montrera.

Qu'est-ce que l'homme ? Ce n'est plus un animal raisonnable; il ne se différencie des êtres inférieurs que par une faculté d'observation qui lui permit, dès la préhistoire, d'entretenir et bientôt d'allumer le feu dont il appréciait les bienfaits; de cette prérogative est sortie mécaniquement la civilisation tout entière. Or, cette supériorité de nature trouve sa cause adéquate en une hypertrophie cérébrale : l'homme n'est qu'un hypercéphale.

Et voilà prétendument rejetée, d'un trait de plume, l'intelligence immatérielle. A creuser un peu, l'auteur eût vite remarqué que cette faculté raisonneuse qui, jouissant d'un bien-être, en recherche la source et s'efforce aussitôt de se l'approprier, ne peut être qu'une intelligence.

Plus loin, M. Guillou revient sur ce sujet et c'est pour formuler une objection que je ne voudrais pas proposer en critère de sa profondeur d'esprit. « Puisque l'âme, dit-il, serait forcément quelque chose, on ne peut raisonnablement lui supposer l'immortalité alors qu'il en serait créé une nouvelle chaque fois qu'un être humain prend naissance. Songe-t-on à la quantité innombrable de ces âmes qui apparaîtraient à chaque instant dans tout l'univers! La notion de l'infini s'y oppose à elle seule absolument. Où résideraient ces àmes ?... Est-ce que toute l'histoire de l'humanité ne s'accomplit pas dans une pellicule sphérique de quelques kilomètres d'épaisseur ?... »

Bien des pages de ce livre réservent de semblables surprises. Il ne faut pas s'en étonner. M. Guillou lui-même nous y avait aimablement préparés en terminant sa préface par un aveu qui, en exergue à une synthèse philosophique, est pour le moins inattendu : « Je sais combien une étude de ce genre est périlleuse et combien on doit craindre tout écart d'imagination : aussi je m'en excuse par avance en réclamant le bénéfice de la maxime latine: Errare humanum est. >>

Opportune précaution! Le vieux proverbe latin compte une illustration de plus.

XXVII

R. LANGE.

RELIGIONE E SCIENZA, par FR. AGOSTINO GEMELLI, O. F. M. Un vol. de XII-346 pp. - Milano, Società editrice « Vita e pen

siero ».

Excellent petit volume le deuxième de la collection des Saggi apologetici qui nous avait déjà donné Religione e vita de F. Olgiati. Le P. Gemelli s'est spécialisé dans les sciences natu

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