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traverser. J'ai peu connu l'organisation du service météorologique, de haute importance pour le canon, comme pour l'avion. Je crois savoir que ce service a résolu un problème difficile : l'étude des vents pendant la nuit.

Les tables de tir ayant été établies pour la température de 15°, par exemple, pour la pression barométrique de 760 mm., et pour une atmosphère calme, si l'on tire à la température de 9°, par exemple, il faut faire la correction relative à l'écart 15-9 ou 6°. De même, le vent allonge ou raccourcit la portée, augmente ou diminue la dérivation. On doit en tenir compte, si on ne veut pas tirer sur ses amis... C'est une question extrêmement complexe.

Pour certains réglages, pour le tir en pays de montagnes, notons que la table de tir doit être complétée par des trajectoires graphiques, question difficile et sujet de discussions à la « popote » des artilleurs ! L'obus sortant d'un canon rayé a deux mouvements, puisqu'il va de l'avant tout en tournant sur lui-même, comme une toupie (1). Ces mouvements se produisent dans des couches atmosphériques où la température, la densité de l'air, les courants d'air varient, d'une couche à l'autre. Phénomène complexe, de sorte que c'est une illusion, actuellement, que de regarder la Balistique comme une science mathématique; c'est une science expérimentale.

Pour faire progresser cette science, nous avons besoin d'expériences sur la résistance de l'air, sur l'influence de l'angle de tir; il faudrait des repérages, des photographies. Il me semble que les méthodes de calcul des trajectoires sont très satisfaisantes, mais que

(1) Cette rotation donne à l'obus de la stabilité sur la trajectoire de son centre de gravité. L'artillerie de tranchée, qui emploie le canon lisse, remplace les rayures du tube par les ailes du projectile, sorte de girouette créant une stabilité suffisante.

certaines données expérimentales sont encore incomplètes. Ce n'est, d'ailleurs, qu'une impression et je n'insiste pas (1).

Un élément très important du tir est la vitesse initiale de l'obus, à la sortie du tube. L'usure, l'encuivrage des rayures, les variations des qualités chimiques de la poudre, qui subit les intempéries, toutes ces causes font varier la vitesse initiale. Ces variations influent sur toute la trajectoire, sur la flèche, la portée, l'angle de chute, la vitesse restante.

Il y a là une cause de correction (2), tout aussi notable que les variations des données météorologiques, puisque, bien entendu, la table de tir est faite pour une vitesse initiale déterminée, donnée. Des chronographes ont été réalisés, peu encombrants, d'un maniement simple, qui peuvent donner, au front, la vitesse initiale d'un projectile.

Je n'ai donné qu'une impression très superficielle de choses très compliquées... En ai-je assez dit pour montrer que la guerre est difficile, qu'il faut être préparé et ne pas trop compter sur les improvisations?

Pendant la guerre, un peuple dépense son capital en hommes, en matières, en argent, et les savants, les techniciens mettent au point la science acquise, plutôt qu'ils ne font du « neuf »; le temps manque, et la liberté d'esprit.

La guerre quel grave enseignement, au point de

(1) Le fait suivant me trouble. Le coefficient balistique d'un projectile est défini en fonction du projectile. Ce coefficient étant introduit dans les calculs, comparons une portée calculée et une portée mesurée. On conclut que le coefficient balistique varie légèrement avec la vitesse initiale et avec l'angle de tir. Il y a donc beaucoup d'inconnues dans le coefficient balistique. Et, à cause de la variabilité des conditions atmosphériques, l'expérimentation n'est pas plus facile que le calcul des trajectoires.

(2) Pour toutes les corrections à apprécier, les monogrammes de M. d'Ocagne sont extrêmement précieux.

vue technique, comme au point de vue moral! Combien chacun laisse voir sa valeur vraie, dans ce remucménage tragique !

Et quelles inoubliables émotions, à la fin ! Ceux qui terminèrent la campagne sur le front italien virent ce qu'est une retraite désordonnée... Dans la partie supérieure du Val d'Astico, à Carbonare, de Carbonare à Caldonazzo, les champs étaient couverts de sabres, de casques, de masques, de harnachements, de fusils, de mitrailleuses, de canons abandonnés... Plus loin, de Pergine à Trento, la route était impraticable, encombrée de fourgons detelés, de cadavres de chevaux, de loques, de paperasses. En fouillant, dans la poussière, on eût découvert les documents les plus secrets du service cartographique autrichien... Les Alliés entrent enfin dans Trente, où déjà les habitants portent, à la boutonnière, ou sur la poitrine, les couleurs italiennes. Sur la << Piazza Dante », face au Nord, le bras droit levé, pour repousser définitivement les Germains, Dante est debout... En le saluant repectueusement, je lui dis, certain qu'il m'entendra : « Soyons heureux: Notre Force, servie par la science, était belle, parce qu'elle était au service de l'Honneur ».

Vte ROBERT D'ADHÉMAR.

Histoire de la Sismologie

(Suite et fin)

VII. SISMOLOGIE GÉNÉRALE ET DYNAMIQUE

Le tremblement de terre consiste en un mouvement vibratoire qui n'est accessible à nos sens qu'à la surface du sol, mais ébranlant aussi toute la masse de la planète. Il doit donc être étudié suivant les principes de la mécanique des corps plus ou moins élastiques. Cette conception, pour simple et évidente qu'elle paraisse, ne s'est pourtant présentée que très tardivement, après les travaux qui édifièrent la mécanique rationnelle. Les anciens n'en ont eu qu'une notion vague, manifestée dans la classification d'Apulée.

Dès 1807, Thomas Young (1) énonçait que le tremblement de terre doit se propager au travers de la masse terrestre exactement comme le son dans l'air. Ce principe si exact resta lettre morte jusqu'au jour où Wertheim (2) proposa d'appliquer à l'étude de la propagation des ébranlements dans les corps solides l'observation de la propagation des tremblements de terre. La Terre, incomparablement plus grande que les corps dont on peut disposer dans les laboratoires, offrirait beaucoup de chances et de facilités pour arriver à la connaissance des lois de l'élasticité. Mais,

(1) LECTURES ON NATURAL PHILOSOPHY. London, 1807.

(2) Sur la propagation du mouvement dans les corps solides et liquides. ANN. CHIM. PHYS. XXI, 19. Paris, 1851.

entreprise à ce point de vue trop spécial, l'étude du mouvement sismique promettait trop peu d'avantages. C'est aux frères Mallet, à Robert surtout, que revient le mérite d'avoir créé la sismologie dynamique, dans les rapports adressés par eux à l'Association britannique pour l'avancement des Sciences. Ces rapports étaient annexés aux fascicules d'un vaste catalogue de tremblements de terre que nous avons démontré n'être qu'un plagiat de ceux d'Alexis Perrey (1). Le renom de Mallet n'est pas amoindri pour n'avoir point été l'auteur d'une compilation; à lui appartient la gloire d'avoir placé sur son véritable terrain l'étude du mouvement sismique. Sa monographie du désastre de la Basilicate du 16 décembre 1857 (2), dont il alla étudier les effets sur place, est encore maintenant le modèle de ce genre d'investigations. Les rapports fameux de Mallet constituent véritablement le premier traité de sismologie générale écrit dans les idées modernes et ils font époque. L'auteur en effet y étudie tous les problèmes de la science des tremblements de terre, autant du moins qu'on pouvait le faire alors et il en établit l'investigation sur les principes de la mécanique, sans toutefois abuser de l'analyse mathématique. En préconisant l'emploi d'appareils spéciaux pour mesurer les divers éléments du mouvement sismique, il eut aussi le mérite d'oser mesurer un phénomène qui, par sa violence et sa soudaineté, semblait alors défier tout essai de ce genre. En un mot, Robert Mallet doit être considéré comme le fondateur de la sismologie moderne.

Peu d'années après, le chevalier Stefano de Rossi fondait à Rome son BULLETINO DEL VULCANISMO ITALIANO, recueil dont le titre reflétait l'alliance des phénomènes sismiques et volcaniques. Il y développait avec maîtrise

(1) Un point d'histoire de la sismologie. Cosmos, LXI, n. 1432. Paris, 1912. . (2) THE FIRST PRINCIPLES OF OBSERVATIONAL SEISMOLOGY. London, 1862.

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