pour la surveillance de l'état de conservation du matériel roulant des chemins de fer, de leurs voies et de leurs ponts (1).

La science des constructions antisismiques est trop technique pour devoir être développée davantage ici ; il nous suffira, pour terminer, de signaler que les plus récents progrès de l'art de construire, et en particulier l'emploi du ciment armé, résolvent complètement les difficultés. Il n'y a plus nécessité de se préoccuper des commotions terrestres. Des édifices ainsi construits sont par eux-mêmes à l'abri des tremblements de terre; mais la méthode restera sans doute longtemps restreinte aux constructions coûteuses; comme du temps des Romains, les habitations plus modestes des bourgeois et du peuple ne bénéficieront pas de ces progrès. Cependant le tremblement de terre de Messine du 28 décembre 1908 a fait éclore de nombreux projets de petites habitations à bon marché et à l'abri des tremblements de terre.

X. LES ORGANISATIONS SISMOLOGIQUES

Un exposé de l'histoire de la sismologie serait fort incomplet s'il ne contenait l'indication d'une des caractéristiques de la sismologie à notre époque, les organisations officielles ou privées instituées en vue de l'observation systématique des tremblements de terre sur toute la surface du globe. Nous ne mentionnerons que les principales.

L'initiative est partie des vastes colonies néerlandaises de l'Extrême-Orient, dont l'organisation fondée en 1843 est restée sans changements jusqu'à présent. Elle se borne à la publication annuelle de catalogues

(1) Le sismographe de Carlile. ANN. PONTS ET CHAUSSÉES. Déc. 1876. Paris. 606.

volcaniques et sismiques (1) dans l'organe périodique de la Société scientifique des Indes Néerlandaises.

Depuis, l'entreprise fut imitée successivement en de très nombreux pays, notamment en 1861 par les Pères Jésuites de Manille pour l'archipel des Philippines, de sorte que la surface entière, ou à peu près, du globe est maintenant étroitement surveillée au point de vue sismique dans d'innombrables observatoires munis de sismographes. Mais ce qu'il importe davantage de connaître au point de vue de l'histoire de la science des tremblements de terre, ce sont parmi ces organisations celles qui possèdent une revue dans laquelle se publient régulièrement d'importants travaux de sismologie. Chacune d'elles se caractérisant par certaines tendances, elles constituent pour ainsi dire des écoles.

Les TRANSACTIONS OF THE SEISMOLOGICAL SOCIETY OF JAPAN, Société fondée en 1880 par John Milne, continuées de 1890 à 1895 par son SEISMOLOGICAL JOURNAL, ont été surtout remplies des travaux de ce regretté savant. Le caractère en fut très éclectique. Au contraire, dans les PUBLICATIONS OF THE IMPERIAL EARTHQUAKE INVESTIGATION COMMITTEE, publiées en anglais et plus étendues en japonais, prédominent surtout les recherches sismographiques, les études de volcanologie et d'architecture antisismique, enfin l'examen des relations des tremblements de terre avec d'autres phénomènes de la géophysique. La mentalité japonaise s'y montre surtout encline aux observations précises et de longue haleine, de sorte qu'on n'y rencontre pour ainsi dire jamais de théories un peu synthétiques. Depuis la fondation de ce comité en 1893, l'éminent sismologue Omori en a écrit la plupart des travaux.

Rentré en Angleterre, en 1896, Milne a donné une vie nouvelle aux REPORTS OF THE COMMITTEE OF SEIS

(1) NATUURKUNDIG TIJDSCHRIFT VAN NEDERLANDSCH-INDIE. Batavia.

MOLOGICAL INVESTIGATION; BRITISH ASSOCIATION FOR THE ADVANCEMENTS OF SCIENCE, et, dans son observatoire privé de Shide Hill House, il a surtout dirigé ses efforts vers l'étude des téléséismes, conjointement avec une multitude de questions de détail, souvent nouvelles.

A l'exemple du BOLLETTINO DEL VULCANISMO ITALIANO, créé en 1873 par Michele Stefano de Rossi et dont nous avons déjà parlé, la Société sismologique fondée en 1895 par Tacchini, sous les auspices du Comité royal météorologique et géodynamique, publie un bulletin qui se fait remarquer par son éclectisme, toutes les branches de la sismologie y étant à peu près également représentées, sauf peut-être l'aspect géologique un peu négligé. Ce dernier point de vue est mieux suivi dans les INFORMATIONS DE LA COMMISSION DES TREMBLEMENTS DE TERRE DE L'ACADÉMIE IMPERIALE ET ROYALE DE VIENNE, fondée aussi en 1895, grâce sans doute à l'influence de Von Mojsisovics et de Hoernes. En Autriche encore, Albin Belar publiait à l'observatoire sismologique de Laybach la revue DIE ERDBEBENWARTE (1900-1910), remarquable par la grande variété des mémoires insérés, le point de vue historique surtout y étant trés soigné.

Un recueil consacré à toutes les branches de la science de la terre et hautement recommandable, est à signaler par l'impulsion vigoureuse qu'il donna en Allemagne aux études sur les tremblements de terre, mais surtout dans la voie de la sismologie mathématique; ce sont les BEITRAEGE ZUR GEOPHYSIK que Gerland fondait en 1887. De là est sortie l'Association internationale de sismologie, instituée à la Station sismologique de l'Université de Strasbourg, établissement qui s'est principalement consacré à l'étude des appareils sismographiques; ce fut dans les BEITRAEGE que débuta en 1903 la série des grands catalogues mondiaux de tremblements de terre; mais l'élaboration

de ceux de 1904 et des années suivantes passa aux soins de l'Association internationale de sismologie, organisée sur le modèle de l'Association internationale de géodésie. Les comptes rendus des réunions de cette Association ont largement contribué aux progrès récents de toutes les branches de la sismologie, à l'exception toutefois de l'aspect géologique particulièrement négligé.

Sous l'influence du prince Boris Galitzisne, les COMPTES RENDUS DE LA COMMISSION SISMIQUE PERMANENTE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE ST-PETERSBOURG (1902-1913) ont été à peu près exclusivement consacrés à la sismographie et à la sismologie mathématique.

Le BULLETIN DU SERVICE SISMOLOGIQUE DU CHILI a principalement développé le point de vue historique et l'architecture antisismique. Malheureusement le gouvernement de ce pays l'a supprimé en 1916.

Enfin la sismologie géologique a trouvé un important organe dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ SISMOLOGIQUE D'AMÉRIQUE, fondée en 1911 par le géologue Branner à l'Université Stanford Leland de Californie. Ses travaux concernent surtout le versant Pacifique des Etats-Unis.

Toutes ces organisations publient en outre de copieux catalogues régionaux et il existe une multitude de bulletins locaux pour énumérer les macroséismes et les microséismes.

En résumé, au point de vue documentaire, la sismologie est maintenant aussi bien outillée que par exemple la météorologie. Ce résultat obtenu en peu de lustres est plein de promesses pour l'avenir.

F. DE MONTESSUS DE BALLORE, Directeur du Service sismologique du Chili.

LE

Gisement de Potasse alsacien

ET

l'état actuel de son exploitation (1)

I. HISTORIQUE

En 1904, une société de potasse alsacienne, dirigée par M. Joseph Vogt, se constituait en vue de rechercher la houille et le pétrole dans le sous-sol alsacien. Un premier sondage, exécuté dans la forêt de Wittesheim, en bordure de la ligne du chemin de fer de Cernay à Mulhouse, conduisait à la découverte du sel gemme à 368 mètres de profondeur, puis d'une première couche saline potassique à 627 mètres, dont l'épaisseur était voisine de 1 m. 50; à une vingtaine de mètres au-dessous de la première, on atteignait une deuxième couche potassique de 4 mètres; le sondage était poursuivi jusqu'à la profondeur de 1120 mètres sans sortir de la couche de sel et sans rencontrer de nouvelles régions potassiques.

M. Vogt et ses associés comprirent de suite l'importance de leur découverte, mais ne réussirent pas à communiquer leur confiance dans l'avenir de l'affaire aussi bien aux banquiers alsaciens qu'aux banquiers parisiens. C'est en vain qu'ils frappèrent à la porte de

(1) Conférence faite à Bruxelles à l'Assemblée générale de la Société scientifique de Bruxelles, le 27 janvier 1921.