Sayfadaki görseller
PDF
ePub

PROGRES ET TENDANCES

DANS

L'ÉVOLUTION VÉGÉTALE (1)

Celui qui veut se livrer à une étude approfondie du problème de l'évolution organique et des hypothèses qui prétendent expliquer l'origine des espèces, doit s'attendre à connaître des moments de véritable désarroi intellectuel. Plus la réflexion se prolonge et plus il apparaît clairement que, seule, l'idée d'un développement progressif du monde vivant par voie d'évolution est apte à nous rendre intelligible l'oeuvre du Créateur. Mais si, convaincu de la réalité même de l'évolution, on s'adonne à en rechercher les causes, si on s'efforce de se représenter les processus de l'évolution, les voies qu'elle a pu ou qu'elle a dû suivre, les moyens que la

vie

y a mis en œuvre, les influences qui sont entrées en jeu, l'intelligence demeure souvent déconcertée comme devant un insondable mystère. Tous les procédés invoqués par les hypothèses courantes, tous les phénomènes du monde actuel auxquels elles demandent la lumière, paraissent impuissants à nous fournir une explication. L'impression qui en résulte est parfois si décourageante qu'on ressent le besoin d'éprouver à nouveau les fondements de sa conviction touchant le fait même de l'évolution. Mais plus on scrute ces fondements, et plus la conviction devient ferme et lumineuse. On en vient alors à songer qu'il faudrait peut-être, pour trouver une

(1) Conférence faite à Lille le jeudi 25 novembre 1920, à l'Assemblée générale de la Société scientifique de Bruxelles.

voie d'explication, se dégager une bonne fois des hypothèses qui ont le plus généralement cours, se dégager même de certaines conceptions qui sont comme incorporées à la notion d'évolution et que toute interprétation paraît devoir présupposer. Il faut se remettre entièrement devant la lumière des faits et s'efforcer de les analyser à fond, en eux-mêmes, sans vouloir les traduire dans les termes que fournissent les hypothèses en faveur. C'est ce que j'ai commencé de faire et je voudrais vous exposer la conclusion à laquelle une première étape m'a conduit, en ce qui concerne du moins l'apparition de types d'organisation vraiment nouveaux.

Voici cette conclusion : l'évolution demeure incompréhensible si on admet que, même pour la production de nouveaux types d'organisation, elle s'est faite par des transitions lentement graduées, ainsi que le supposent les interprétations courantes. Il faut admettre au contraire qu'elle a pu comporter l'apparition, d'emblée, de formes nouvelles hautement différenciées, à partir de stades beaucoup plus simples et, dans cette production de formes complexes, il faut voir l'œuvre des tendances foncières de la vie, qui la poussaient vers des réalisations toujours plus hautes, en utilisant toute l'amplitude des possibilités qu'offraient à son développement les conditions nouvelles de milieu. Cette conclusion, je ne puis songer à vous la démontrer parfaitement en une brève conférence; je voudrais du moins vous en exposer l'application à un exemple tiré du règne végétal et ainsi orienter vos réflexions dans la voie qui, seule, me paraît mener à la vérité.

L'exemple que j'ai choisi est l'origine de la vie terricole, c'est-à-dire l'apparition des végétaux qui, vivant sur un sol émergé, doivent y puiser l'eau nutritive, tandis qu'ils épanouissent dans l'air leur appareil

élaborant. Et il faut, avant tout, que je vous rappelle brièvement, au sujet de l'organisation et du développement de ces plantes, quelques données indispensables.

La vie terricole est tout entière commandée par un type cyclique de développement individuel qu'on appelle souvent alternance de générations et qu'on appellerait plus justement alternance de phases. Ce cycle de développement n'appartient pas en propre aux végétaux terricoles; il apparaît déjà dans les groupes supérieurs des Algues et c'est là que nous devons d'abord l'observer avant de pouvoir aborder le problème de l'origine de la vie terricole elle-même.

[ocr errors]

La plupart des végétaux l'exception ne portant que sur les groupes tout à fait inférieurs - possèdent la reproduction sexuée. Deux cellules reproductrices, formées par la plante, et appelées gamètes, s'unissent en une cellule unique qu'on appelle l'oeuf et qui va maintenant devenir le point de départ d'un nouveau développement. C'est précisément dans cette fusion de deux gamètes que consiste la fécondation. Or, vous le savez, toute cellule exception faite encore pour certains organismes inférieurs comprend essentiellement un protoplasme et un noyau. Lorsque les deux gamètes se fusionnent, les deux noyaux euxmêmes se rapprochent l'un de l'autre et bientôt n'en font plus qu'un. Il importe de voir de plus près ce que comporte cette fusion de noyaux et, à cet effet, il faut rappeler ce qu'est un « véritable noyau ». On s'en rend compte en observant les phénomènes de la division nucléaire ou caryocinèse, c'est-à-dire ces phénomènes par lesquels un noyau se trouve partagé en deux noyaux, qui, à leur tour, donneront origine chacun à deux noyaux, la division nucléaire étant ainsi le procédé qui accroît dans un organisme le nombre des noyaux. Avant de se diviser, le noyau contient ce qu'on appelle un réseau chromatique », c'est-à-dire une

organisation composée apparemment de filaments rattachés les uns aux autres et aptes à se colorer, d'où le nom de chromatique, -sous l'action de certains réactifs. Au début de la caryocinèse, on voit le réseau chromatique se transformer en des cordons ou bâtonnets, eux-mêmes fort chromatiques, dont le nombre est constant pour une espèce donnée, et qu'on appelle chromosomes. Chacun de ceux-ci se fend alors dans toute sa longueur et apparaît bientôt composé de deux moitiés longitudinales » ou chromosomesfilles ». Ensuite, des processus, que nous ne décrirons pas, font en sorte que de chacun des chromosomes, une moitié longitudinale se rend vers un pôle de la cellule, l'autre moitié se rendant vers le pôle opposé. Chacun des deux pôles reçoit de la sorte un même nombre de chromosomes-filles et ce nombre est égal au nombre de chromosomes que contenait le noyau primitif. Ce sont ces deux groupes de chromosomesfilles qui vont se transformer chacun en un réseau ehromatique ainsi, deux noyaux ont été produits par la division d'un seul.

Les chromosomes n'apparaissent clairement qu'au moment de la division du noyau. Dans le réseau chromatique, il est généralement impossible de les discerner. Il est cependant certain, quoi qu'en disent certains biologistes, que les chromosomes ne sont pas confondus dans le réseau, mais qu'ils y gardent leur individualité, en sorte que les chromosomes qui apparaissent dans un noyau, au début d'une caryocinèse, ne sont autre chose que les chromosomes qui sont entrés, à la fin d'une caryocinèse précédente, dans la composition de ce noyau même. Un noyau doit donc être défini un certain nombre, spécifiquement constant, de chromosomes, associés et plus ou moins modifiés.

Il s'ensuit que, lors de la fusion des gamètes en un œuf, chacun d'eux apporte, dans son noyau, un nombre

déterminé de chromosomes et, comme ce nombre est le même dans chacun des gamètes d'une espèce donnée, l'œuf reçoit donc un nombre de chromosomes double de celui des gamètes. On appelle nombre diploïde, ou 2n, le nombre de chromosomes que contient l'œuf et nombre haploide, ou n, le nombre qui est la moitié du nombre diploïde.

L'oeuf, diploïde, va maintenant entrer en division et donner origine, en fin de compte, à une plante nouvelle qui, elle-même, formera à son tour des gamètes et des œufs. Le nombre diploïde va-t-il être transmis de l'œuf à la plante nouvelle et de celle-ci à ses gamètes ? Le fait que, malgré les générations qui se succèdent dans une espèce donnée, le nombre de chromosomes y demeure le même, montre bien que le lot diploïde de l'œuf n'est pas transmis aux gamètes qui donneront origine à la génération suivante. De fait, entre deux fécondations subordonnées, c'est-à-dire entre la production d'un œuf qui donne origine à une plante donnée et la production d'oeufs par cette plante elle-même, il se produit un phénomène pour ainsi dire inverse du doublement chromosomique que comporte la fécondation, un phénomène qui a pour effet de ramener le nombre de chromosomes d'une valeur diploïde à une valeur haploïde et qu'on appelle, pour cette raison, phénomène réducteur. On comprend d'ailleurs aisément la raison d'être de ce phénomène. Si la plante issue de l'oeuf gardait le nombre diploïde et en faisait part à ses gamètes, l'œuf issu de ceux-ci posséderait, puisque les chromosomes gardent leur individualité, un nombre de chromosomes double du nombre diploïde; et, la même chose se poursuivant sans changement, le nombre des chromosomes irait se doublant à chacune des générations qui se succèdent par voie sexuée; or cela serait fatal pour l'organisation de l'être vivant.

Nous ne pouvons nous attarder ici à décrire en détail

« ÖncekiDevam »