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voir l'avenir pour assurer la vie de leur progéniture et connaître mieux que nous l'anatomie et la biologie des articulés. Qui donc leur a appris à endormir leur proie sans la tuer, par le poison versé par leur tarière dans les centres nerveux des insectes capturés, pour servir, après la mort des pondeuses, à nourrir leurs larves? Qui donc leur a enseigné à ne donner qu'autant d'injections qu'il y a de ganglions centralisant et commandant les mouvements de chaque espèce, comme Henri Fabre l'a si bien démontré dans ses études des moeurs des hyménoptères fouisseurs ?

Bon nombre de naturalistes n'hésitent pas, depuis Lamark et Dujardin (1), à attribuer ces instincts prodigieux à l'intelligence des insectes, comme l'ont fait Marcellin Berthelot et John Labbock pour les fourmis. Ainsi des insectes qui n'ont qu'un rudiment de cerveau (alors qu'on enseigne ailleurs que l'intelligence est fonction du développement du cerveau) auraient plus d'intelligence que l'homme ! Ces théories ne résistent pas à l'examen des faits comme le dit très bien M. Charles Richet, « il semble au contraire que l'instinct automatique, inconscient, se développe dans la série animale, en raison inverse de l'intelligence ». « L'araignée tisse sa toile merveilleuse, dit-il, sans savoir pourquoi, pas plus que les guêpes et les abeilles qui nous étonnent par leurs industries et leurs arts ».

Dès qu'on écarte l'insecte du cycle ordinaire de ses mouvements en vue de la conservation de l'espèce, il se montre absolument stupide, ainsi que H. Fabre l'a si bien démontré pour les abeilles, et d'autres bons observateurs pour les fourmis. Que des poètes panthéistes, comme notre Maeterlink, s'amusent néanmoins à soutenir le contraire et même à affirmer l'intelligence des fleurs, qui se manifesterait dans leurs divers modes de reproduction, nous ne pouvons que sourire de leur crédulité. Voltaire était plus clairvoyant quand il découvrit dans ces horloges vivantes, la preuve de l'existence d'un divin horloger.

Swammerdam avait-il tort d'intituler ses belles recherches sur les articulés.: « La théologie des insectes ou la Bible de la Nature » ?

(1) Dujardin, Promenade d'un naturaliste, 1837.

Qui donc oserait soutenir que les nombreuses actions réflexes qui assurent, à notre insu, dans le corps humain, depuis la naissance, le fonctionnement des organes de la vie de relation et de la vie végétative démontrent l'intelligence de ces organes si admirablement coordonnés par le Créateur? Chez les insectes, comme chez les oiseaux, il semble qu'il existe des sens plus délicats que les nôtres, leur permettant de s'orienter dans l'espace et de retrouver leurs nids à grande distance. Les chasseurs d'abeilles en Amérique utilisent l'observation de ces facultés pour découvrir les essaims dans les forêts et les prairies. H. Fabre en cite de nombreux exemples dans la série des apides et des vespides solitaires.

Nous avons fait suivre à nos élèves les évolutions sur nos sables bruxelliens du Bembex à bec (B. rostrata) qui, contrairement à la plupart des espèces congénères, élève ses petits en leur apportant la becquée, comme les oiseaux, au jour le jour, dans des souterrains cachés sous des pierres. La proie consiste en mouches de divers genres, notamment des gros taons qui abondent en été près de nos prairies et se reposent volontiers sur nos vêtements sombres et à l'intérieur des parasols noirs. Un coup sec sur la soie tendue, vous avertit de la capture d'un taon par le bembex qui fond sur sa proie comme l'aigle ou l'épervier. Ces mancuvres se répètent parfois à très courts intervalles. Chaque fois, le chasseur se laisse choir avec sa proie pour l'emporter ensuite vers son terrier bien caché sous une dalle qu'il reconnaît sans hésiter au milieu de beaucoup d'autres dans nos sables du Brabant et de Campine (observé à Westerloo, 1893).

Une autre guêpe solitaire, que nous avons fait observer souvent dans les allées durcies du jardin botanique de Louvain, est le Cerceris des charançons qu'on voit revenir à son terrier portant sous le ventre diverses espèces de ce genre (telles que les phytonomus et les sitones) ou le cerceris des abeilles solitaires (Andrenes et halictes fouilleurs). Le poison hypnotiseur des cerceris, toujours reconnaissables à leur abdomen crénelé - dont le premier segment forme une nodosité détachée des autres est introduit par la femelle entre le 1er et le 2o anneau du thorax. Cette femelle diffère

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donc essentiellement par ses mœurs du loup des abeilles, qui tue ses victimes avant de les enterrer. Les cerceris chasseurs de coléoptères n'apportent guère à leur nid que des proies fraîchement écloses et ils les enterrent profondément.

Il existe dans le Midi de la France une espèce de cerceris qui fait la joie des collectionneurs. C'est le cerceris des buprestes (C. bupresticida) observé par Léon Dufour en 1896 (ANNALES DES SCIENCES NATURELLES), et que nous avons retrouvé dans les forêts de pins maritimes sur les fleurs des ombellifères aux côtés du loup des abeilles (1).

Comme nos cerceris, ils creusent leurs galeries profondes dans le sol durci des allées des jardins et y enterrent des collections des plus magnifiques et des plus rares buprestes connus dans le Midi, à l'exclusion d'autres espèces de coléoptères.

«La plus minime erreur n'est jamais commise par ce savant hyménoptère déprédateur », écrit Léon Dufour, qui énumère une dizaine d'espèces de buprestes plus brillants et plus rutilants les uns que les autres, trouvés au fond des galeries où se nourrissent et se métamorphosent les larves du cerceris. « Tous les exemplaires de buprestes restés entiers avaient la tête tordue et restaient aussi frais que s'ils venaient d'éclore, ce qui fait croire qu'ils sont également embaumés par le poison conservateur distillé par les glandes à venin de la femelle ».

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Quel prix, conclut Léon Dufour, Latreille n'aurait-il pas attaché au suffrage de cette cerceris en faveur de la » méthode naturelle ! Quelle critique n'y voyons-nous pas de

(1) C'était en 1901. Nous avons aussi expédié cette année des sapınières d'Arcachon à l'Institut agricole de Gembloux, un nid de processionnaires du pin, dont H. Fabre a décrit dans nos colonnes les mœurs singulières qui démontrent clairement l'inconscience de ces insectes tournant toujours dans le même cercle sans pouvoir en sortir lorsqu'on leur coupe le chemin habituel du retour sur les pins maritimes. Faisaient partie de ces envois de belles abeilles Xylocope ou perce-bois, si communes dans le Midi, où nous avons eu le plaisir d'observer leurs galeries et leurs éclosions même en hiver dans les vieux bois d'olivier et d'oranger. Réaumur et Lepelletier et d'autres en ont signalé les mœurs merveilleuses au moment de la ponte. On les capture rarement en Belgique, mais elles sont communes aux environs de Paris.

» cette manie germanique de multiplier les noms des genres >> en détruisant jusqu'à celui du type principal pour sur>> charger la mémoire de noms plus ou moins baroques! »

Nous n'avons cessé de protester pour notre part dans divers congrès contre l'adoption des nouveaux catalogues de plantes et d'insectes publiés par les Allemands depuis un demi-siècle et qui rendent l'étude de la zoologie et de la botanique inabordable aujourd'hui au grand nombre d'amateurs.

Il suffit de parcourir les nouveaux traités d'entomologie et de botanique descriptive pour s'en convaincre, mais le fétichisme de la science germanique s'était tellement développé chez les spécialistes, avant la guerre, qu'il était superflu d'insister. Puissions-nous en revenir aux classifications françaises si claires et si simples, ne fût-ce que pour favoriser la vulgarisation des sciences naturelles !

A. PROOST.

BIBLIOGRAPHIE

I

L'IDÉAL SCIENTIFIQUE DES MATHÉMATICIENS, par P. BouTROUX, Professeur au Collège de France. Un vol. de 274 pages (19 X 12) de la Nouvelle Collection scientifique. Paris, Alcan, 1920.

Quelle idée les mathématiciens se font de leur science, quel dessein ils poursuivent, par quels principes ils dirigent leur activité, voilà ce que se demande l'auteur. Ce sont questions de fait, touchant exclusivement la genèse et le développement des mathématiques pures; il veut les résoudre en dehors de tout système philosophique, en historien. Il a donc étudié les découvertes mathématiques dans leur milieu, avec leurs antécédents et les conséquences immédiates qu'en tirèrent leurs auteurs ou les disciples de ceux-ci. A cette observation objective des œuvres, il a joint d'ailleurs soigneusement toutes les indications échappées aux savants sur leurs préoccupations et sur leurs règles de travail.

A l'appui de la synthèse historique qu'il trace ici à grandes lignes, M. P. Boutroux peut citer son remarquable ouvrage Les Principes de l'Analyse mathématique, exposé historique et critique (1).

L'évolution des conceptions directrices des mathématiciens s'opéra surtout aux trois époques les plus marquantes de l'histoire des mathématiques : celle de la science hellénique, la fin du XVIIe siècle, l'époque contemporaine.

Les Grecs ont, en Mathématiques, recherché et cultivé ce qui est simple, ce qui est beau, ce qui est harmonieux dans

(1) 2 volumes. Paris, Hermann, 1914 et 1919.

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