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Dans le chapitre III, l'auteur traite le sujet délicat de la prétendue » érotomanie » des mystiques chrétiens. Nous ne pouvons oublier le service important que M. de M. rendit naguère (1903) à la cause de la vérité et du bon sens, en remettant au point, d'une manière décisive, dans un article très remarqué, les théories aventureuses du psychologue américain J. H. Leuba. Les conclusions de cet article, et celles du chapitre III dont nous parlons ici, sauvegardent entièrement la dignité des grands contemplatifs catholiques : nous n'aurions à y opposer aucune objection de principe. Néanmoins, selon nous, M. de M. concède trop encore à la thèse qu'il combat : par exemple, il attribue une certaine fréquence à des symptômes, qui, à notre connaissance, sont très exceptionnels chez les personnes adonnées sérieusement à l'oraison et procèdent alors de causes psycho-physiologiques indépendantes de la vie mystique comme telle.

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La méthode ascétique», dont il est question au chapitre IV, y est considérée surtout comme une préparation négative et positive à l'unité vécue de l'état mystique. Quelques méprises de MM. Murisier, Godfernaux, Pierre Janet, Georges Dumas sont relevées avec finesse. Nous applaudissons à beaucoup de remarques, très justes, parmi lesquelles on nous pardonnera de ne pas ranger la suivante : « Le livre des Exercices (de S. Ignace) n'est rien moins qu'un bréviaire de mysticisme [ceci est parfaitement vrai]; on le définirait plus justement une sorte de manuel scolaire, de gradus ad Parnassum à l'usage des âmes moyennes » (p. 90). Il y a ici confusion entre les « exercices » proprement dits, qui sont une école de haute perfection chrétienne, fréquentée avec profit par les mystiques eux-mêmes, et les méthodes faciles d'oraison mentale, consignées dans le Livre des Exercices, à l'intention de débutants non encore initiés à ce genre de piière... lesquels, au surplus, ne sont point nécessairement des « âmes moyennes ». D'ailleurs, les psychologues qui lisent le petit recueil des Exercices oublient souvent que ce n'est point là un manuel du retraitant, mais l'arsenal du directeur de la retraite les conseils et les méthodes proposés dans le livre ne s'adressent point indifféremment à tout exercitant.

A la fin du chapitre IV, M. de M. souligne, en termes excellents, la valeur d'action morale, et même sociale, attribuée par tous les vrais mystiques à la contemplation.

Les deux chapitres suivants sont consacrés aux « phénomènes mystiques », et en particulier aux « visions et paroles surnaturelles ». L'auteur a raison de rappeler l'attitude extrêmement circonspecte de l'Église catholique, et des contemplatifs eux-mêmes, devant les faits extraordinaires, visions, révélations, prophéties, qui accompagnent souvent l'état d'union mystique. Et il a raison aussi d'observer que le problème de l'origine divine de ces manifestations mystiques secondaires reste, en tous cas, indépendant du problème de leu mécanisme psychologique. Signalons toutefois une imprécision peut-on ranger parmi les « visions intellectuelles », pour autant du moins qu'on les oppose à l'état mystique essentiel, la contemplation immédiate, intuitive, non symbolique mais distincte, de la Très Sainte Trinité, point culminant (selon nous) des états d'union chez les grands contemplatifs catholiques? L'exposé de M. de M. ne nous paraît pas absolument clair sur ce sujet, où quelques distinctions seraient utiles, sinon nécessaires. Pour les formuler, et en particulier pour distinguer la « ténèbre » dionysienne des hautes visions. trinitaires, il faudrait se résoudre à une exégèse très délicate des textes, éclairée par la connaissance des « milieux » littéraires et théologiques.

Le chapitre VII est une description de l'extase, d'après les traits généraux qu'en fournissent les grands mystiques catholiques.

La critique psychologique de cet état d'extase fait l'objet du chapitre VIII. Les principales théories explicatives récentes sont passées au crible purement psychologiques, ou plus spécialement « médicales », elles présentent toutes des éléments vrais et des lacunes évidentes. Les remarques personnelles de M. de M. sont toujours judicieuses et dignes d'attention. Ici ou là, néanmoins, nous n'y souscririons pas pleinement, par exemple en ce qui concerne la valeur psychologique de la tendance au monoïdéisme, ou bien au sujet de l'« inconscience » extatique, purement relative selon nous.

M. de M. conclut en ces termes son analyse de l'extase: «... l'extase n'est ni une manifestation psychasthénique, ni même suivant la définition qu'en ont donnée en dernier lieu MM. F. Raymond et Pierre Janet une « altération mentale» s'adjoignant au délire du scrupule et parfois alter

nant avec lui; et, d'autre part, la théorie somnambulique, exposée plus haut, reste inadéquate à l'explication des faits » (p. 199-200). Toutefois, dans l'extase, la pathologie nerveuse et mentale « explique beaucoup de choses (Delacroix). Mais elle n'explique pas tout: elle ne donne raison ni du contenu ni de la valeur, extrêmement variable suivant les individus, des états mystiques » (p 201).

Du reste, « l'extase n'est pas, comme on l'a trop souvent affirmé, le point culminant, le fruit le plus parfait (Leuba) du mysticisme orthodoxe. Elle n'est qu'une étape vers un état permanent et tranquille celui que décrit Se Thérèse dans ses septièmes demeures où s'effacent les phénomènes voyants, les symptômes pathologiques » (p. 204).

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Les conclusions générales du livre (chapitre IX) tendent à revendiquer « l'originalité du mysticisme catholique orthodoxe » ; à défendre « sa valeur morale et sociale » ; à réserver la question de la signification absolue, métaphysique et religieuse, des expériences mystiques; enfin à pronostiquer <<< l'avenir du mysticisme, en particulier du mysticisme catholique orthodoxe ». A M. de M. cet avenir semble assuré, du moins dans l'Église catholique, moyennant une atténuation, et peut-être une disparition, des « phénomènes bruyants, jadis inséparables de la haute contemplation, et qui en étaient comme l'orchestration névrosée » (p.223). Soit : il y a du vrai en ceci, encore que l'insinuation finale puisse paraître un peu sommaire, et d'une sévérité excessive pour le passé. La vie mystique tendrait donc à devenir de plus en plus discrète dans ses manifestations, sans préjudice d'ailleurs des éléments substantiels et proprement religieux qui en font toute la valeur aux yeux d'un chrétien.

L'ouvrage se termine par sept « appendices »>, sortes de << notes » plus développées se rapportant à tel ou tel point du texte principal.

XXIV

J. MARECHAL, S. J.

I. LA RELIGION SPIRITE, par TH. MAINAGE, professeur à l'Institut catholique de Paris. Un vol. in-12, 189 pages. 5e édition. Paris, Revue des Jeunes, 1921.

II. LES MYSTÈRES DE L'HYPNOSE, par GEORGES DE DUBOR. Un vol.in-12,de XII-336 pages, 4o édition.-Paris, Perrin, 1921.

III. LES FORCES MÉDIUMNIQUES. Conférences de M. le Professeur PASCAL sur ses Recherches dans l'inconnu. Compte rendu. Une brochure in-18, de 87 pages. - Poitiers, Nicolas, Renaut et Cie. 1921.

I. Chacun a pu constater l'extension vraiment inquiétante qu'ont prise, depuis la guerre, les pratiques du spiritisme, et aussi, hélas ! la dangereuse confusion d'idées qui règne à ce sujet, même chez des catholiques. De cette situation, le SaintSiège s'est ému, et, dans un décret récent, qui n'a point toujours été bien compris ni loyalement appliqué, a renforcé ses prohibitions antérieures contre la participation à des séances réellement spirites ou du moins prétendues telles. C'est dire que le livre du R. P. Mainage, O. P., vient à son heure; on ne s'étonnera pas qu'un rapide succès de librairie ait déjà consacré cette opportunité.

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Comme l'ont pu constater les lecteurs de la vaillante REVUE DES JEUNES - où paru plus d'une des pages groupées dans ce volume l'auteur aborde son sujet avec une entière franchise : « Puisque, poussé par le désir d'éclairer et d'instruire, je me résous à entretenir mes lecteurs du spiritisme, je considère comme un devoir de conduire la discussion avec tout le sérieux et toute l'impartialité qu'on est en droit d'attendre d'un adversaire loyal. Passer outre, avec un sourire de pitié, aux étranges révélations des médiums, rejeter en bloc et sans examen les faits qui étayent ces révélations le procédé est facile. Il est par trop scabreux. On donne à croire que le catholicisme n'est pas en mesure de rétorquer les arguments qu'on lui oppose et qu'il préfère se tirer d'embarras par une volte-face méprisante. On risque en outre de froisser et d'enraciner dans leurs idées plusieurs âmes qui, après tout, peuvent être de bonne foi. Ce procédé ne sera pas le nôtre » (p 10).

En raison même de sa parfaite loyauté, le livre du R. P. Mainage sera bienfaisant et pacifiant. Il répond d'ailleurs à la plupart des questions que se posent aujourd'hui, à propos des faits spirites, beaucoup de chrétiens cultivés, et même des incroyants connaissant du dehors le christianisme.

Le premier chapitre déblaie carrément le terrain: entre la doctrine spirite soigneusement définie - et le dogme

catholique, le conflit est inévitable sur des points essentiels. Nous connaissons les titres intrinsèques de l'Église catholique à l'autorité doctrinale. Quels sont ceux du spiritisme? On remarquera notre modération, et qu'en posant ainsi la question, nous faisons au spiritisme la part trop belle. Car, en vérité, nous eussions pu lui opposer la question préalable, fûtce simplement en appliquant le critère évangélique ex fructibus dignoscelis. A moins d'être aveugle et d'ignorer l'histoire, qui oserait attribuer d'égales présomptions de valeur à la « révélation chrétienne » et à la « révélation spirite»? L'idée même d'un parallèle a quelque chose de choquant. Cependant « qu'il y ait dans le spiritisme une énigme à résoudre, une équivoque à dissiper, nous en convenons volontiers» (p.32). Et ceci suffirait à justifier notre enquête.

Dans le chapitre II, l'auteur expose les « inductions scientifiques du spiritisme ». Car voilà bien les titres que font sonner les docteurs de la religion nouvelle : un ensemble de faits extraordinaires, qu'ils interprètent comme des communications authentiques d'outre-tombe... On voit immédiatement que la conclusion spirite présuppose: 1o la réalité de ces faits; 2o l'origine transcendante de ces faits, et en particulier l'intervention des âmes défuntes; 3o la vérité des « messages » exprimés ou appuyés par ces faits.

Le premier présupposé est examiné, sans crédulité comme sans étroitesse, dans le chapitre III. D'aucuns trouveront le R. P. un peu bien accueillant. Du moins l'est-il à bon escient, parce qu'il estime raisonnablement devoir l'être. Et sans doute cette attitude vaut-elle mieux qu'un scepticisme buté, qui conduirait certainement à méconnaître quelques évidences de demain.

Les principales catégories de « faits spirites » étant admises comme réelles, il s'agit de les interpréter, c'est-à-dire, avant tout, d'en discerner les causes. Le chapitre IV écarte l'une des hypothèses spirites les plus en vogue la théorie du << double >> ou du « corps astral », intermédiaire entre l'âme spirituelle et le corps terrestre. Le R. P. M. montre toutes les difficultés auxquelles se heurte cette hypothèse, non seulement au point de vue philosophique, mais au point de vue même des « révélations spirites ». Quant aux faits bien constatés qui paraîtraient suggérer la réalité d'un « corps

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