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physiques toujours délicates, nous avons les mesures d'aplatissement : 1/13 seulement pour Uranus, qui semble animé d'une rotation rapide de 11 à 12 heures. Des bandes diffuses marquent son équateur et, d'après See qui a observé Neptune en 1899, il en serait de même pour cette dernière planète.

Heureusement, nous pouvons racheter cette pauvreté d'informations par la vision splendide des deux plus grosses planètes.

Le globe de Saturne, 812 fois plus volumineux que la Terre, semble le plus jeune ou le moins vieilli de toute la série. Sa rotation, qui n'est que de 10 h. 14 m. vers l'équateur, lui donne un aplatissement de 1/9,5, bien visible dans un modeste instrument. Les nuages qui circulent à sa surface offrent un très fort albedo (1) et ne sont pas aussi nuancés de ton que ceux de Jupiter. La jeunesse relative de Saturne explique bien cette différence sur laquelle nous reviendrons.

Avec le monde jovien, nous allons commencer à surprendre le mécanisme de l'évolution planétaire ; cela tient surtout à la grosseur de la planète, qui, aux oppositions favorables, nous présente un disque de plus de 50 secondes d'arc, ce qui nous donne, sous un grossissement de 400 fois, un diamètre apparent 10 fois supérieur à celui de la Lune vue à l'œil nu.

L'immense globe, très aplati, lui aussi (1/16), nous apparaît alors sillonné, d'un pôle à l'autre, de bandes nuageuses parallèles, dont les teintes, variées à l'infini, vont du blanc presque pur aux couleurs les plus sombres, en passant par toute la gamme des rouges, des bruns et du vert-olive.

Avec un pouvoir amplificateur suffisant, ces bandes laissent apercevoir une foule de détails qui en rompent

(1) Albedo terme par lequel on désigne l'éclat superficiel d'une planète ; c'est la proportion de lumière incidente réfléchie d'une manière diffuse par un corps non lumineux.

IIIe SÉRIE. T. XXX.

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l'homogénéité. Comme sur le Soleil, aucun accident n'est stable à la surface de la planète ; la durée de rotation augmente en approchant des pôles ; le pouvoir réflecteur des couches supérieures est si considérable, qu'il atteint presque celui du papier blanc : c'est tout juste si la planète n'est pas lumineuse par elle-même.

Évidemment, Jupiter, encore chaud, n'est pas éteint depuis longtemps. Il y a quelques millions d'années à peine, le monde jovien brillait d'un éclat propre, absolument comme une toute petite étoile lumineuse et incandescente. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un demi-soleil. S'il réfléchit encore la lumière de l'astre du jour, il est non moins certain qu'il nous envoie des radiations émanant de son propre fonds et plus particulièrement dans le rouge et l'orangé. J'avais eu pendant des années cette impression d'une chaleur interne, lorsqu'un jour j'eus la bonne fortune de vérifier mon hypothèse. On sait que les passages des satellites devant la planète sont très fréquents, en raison de la faible inclinaison de leurs orbites sur l'écliptique ; or, il arrive bien souvent que dans ces occasions, on suit très nettement la marche de l'ombre d'un satellite sur la surface nuageuse de la planète. Eh bien! ces ombres, au lieu d'être noires, apparaissent fréquemment avec une teinte rouge très marquée (1). Ainsi, l'endroit de Jupiter qui ne reçoit pas la lumière directe du Soleil et qui devrait nous présenter une absence de radiations ou de couleurs, possède une coloration propre disparaissant seulement sous la luminosité plus forte du Soleil. Il y a donc encore, sous la couche nuageuse, des substances chaudes, probablement portées au rouge sombre, comme les coulées de fonte de nos hauts four

neaux.

Ainsi s'expliquent certains détails de l'atmosphère

(1) V. Th. Moreux, Les autres mondes sont-ils habités ? p. 53 (SCIENTIFICA. Edit. Paris, 1912).

jovienne, détails analogues à des panaches de fumée produits par des bouches éruptives sous-jacentes. Commé sur la Terre, la volcanicité y paraît soumise à des fluctuations elle offre des périodes de repos alternant avec des phases de paroxysme et la répercussion d'un tel état de choses se fait sentir sur les linéaments de la topographie qu'on me passe cette expression du monde jovien.

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Les bandes nuageuses, en effet, qu'on compte par trentaines à certaines époques, se répartissent d'une façon très curieuse autour de la zone équatoriale toujours éblouissante; tantôt, c'est l'hémisphère boréal qui semble le siège d'une plus grande activité, tantôt l'hémisphère opposé; mais, presque toujours, ce sont les bandes tropicales qui demeurent le plus visibles.

D'où proviennent ces aspects ? Évidemment, comme je l'ai dit, d'éruptions sous-jacentes, mais cette explication admise ne vide pas la question. Il se passe là, à n'en pas douter, un phénomène analogue à ceux que remarquent les astronomes habitués à observer le Soleil taches et protubérances subissent des fluctuations périodiques liées, sans aucun doute, à leurs latitudes. L'analogie entre le Soleil et Jupiter se poursuit encore dans la loi de rotation des deux astres, les parties équatoriales tournant plus vite que les régions tempérées et polaires (1).

Lorsqu'en 1900 je fis paraître la première édition du Problème Solaire, j'essayai de montrer que la cause de cette accélération était extérieure ; elle était due, pensaisje à cette époque, à la précipitation oblique de poussières s'accumulant surtout dans les zones équatoriales. Les travaux sur la radio-activité m'ont depuis permis de connaître la cause même de cette accumulation de matériaux au delà des surfaces respectives des deux astres (2).

(1) V. Th. Moreux, Le problème solaire. Ch. V. (Bertaux, éd. Paris, 1900).

(2) V. Th. Moreux, Où en est l'Astronomie? p. 53 (Gauthier-Villars, Paris, 1920).

Mais pour bien comprendre et saisir ce nouveau mécanisme il faut ouvrir un autre chapitre de l'évolution astrale et explorer de nouveaux horizons.

Si nos planètes actuelles ont brillé autrefois d'une lumière propre comme les étoiles et le Soleil, les phases qu'elles traversent en ce moment ne peuvent être que le prolongement de leur évolution stellaire. Ainsi, l'étude des astres brillants doit nous être d'un précieux secours pour aborder celle des corps célestes que le froid de l'espace semble avoir éteints pour toujours.

Natura non facit saltus, disaient les vieux philosophes ; l'adage trouve ici son application. Pourquoi y aurait-il discontinuité entre l'état incandescent d'abord, celui que nous qualifierons ensuite de demi-soleil, et celui qui est représenté par des corps en partie solidifiés, au moins superficiellement ?

Faisons donc une incursion dans le domaine stellaire ; les fruits que nous en rapporterons ne peuvent qu'être abondants.

Bien que nous puissions discuter encore sur certaines modalités de l'évolution des étoiles, un fait semble désormais acquis dans la première partie de sa vie astrale, toute masse stellaire est soumise à un accroissement de température, puis passe par un maximum thermique, pour descendre peu à peu la pente symétrique opposée. La classification de Sir Norman Lockyer (1) repose sur des données qui n'infirment en rien la répartition des étoiles suivant leurs spectres ou leur division générale en étoiles blanches, jaunes et rouges d'après les suggestions du P. Secchi. Mais, à mesure que nos moyens d'investigation augmentent et que les caractères particuliers se multiplient, les classes s'effacent pour ainsi dire et la loi de continuité apparaît pleinement. Et cependant, malgré la

(1) V. Sir N. Lockyer, L'Évolution inorganique. Trad. fr. (F. Alcan, ed. Paris, 1905).

diversité des types, il semble qu'une caractéristique commune les réunisse, la variabilité dans l'éclat.

Je m'explique: autrefois, les étoiles variables formaient des classes à part, soigneusement recensées sur des cartes et des catalogues; on distinguait les types à courtes ou à longues périodes, ceux à fluctuations régulières ou irrégulières, etc... Tout cela, on le sentait, était quelque peu arbitraire, mais la méthode semblait pratique pour les observateurs. Maintenant, nous commençons à soupçonner que le phénomène est général; toutes les étoiles sont affectées par cette périodicité qui semble une loi essentielle de leur évolution, et si quelques-unes d'entre elles paraissent briller d'un éclat toujours serein, la cause en est sans doute la longueur de leurs fluctuations. Pour un habitant de Capella, notre Soleil, lui aussi, malgré ses variations undécennales bien accusées pour nous, paraîtrait un parfait exemple de la constance dans l'éclat.

Il y a mieux les investigations récentes sur certaines variables, telles les Céphéides (type de Céphée), ont montré que les fluctuations sont liées au type spectral, ainsi qu'à l'éclat absolu. La méthode se prête même à des mesures de parallaxe et de distance (1).

Voilà donc un fait général, la variation, qui rentre d'une façon précise dans le cadre de l'évolution stellaire. En trouver la cause, serait découvrir du même coup celle de la périodicité de notre Soleil ; faire un pas en avant vers la solution du problème des taches, des protubérances et de la couronne solaires ; ce serait tous le comprendront - mettre en pleine lumière le mécanisme des forces qui régissent ces demi-soleils, Saturne et Jupiter qui, eux aussi, manifestent de véritables poussées d'activité. Et qui sait si ces périodes que nous voyons s'allonger. de plus en plus à mesure que vieillissent les

(1) Cf. MOUNT WILSON CONTR., no8 151 à 157; v. aussi REVUE DES QUEST. SCIENTIF., janvier 1921, art. Th. Moreux, p. 16.

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