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à peu près méconnaissable; continents engloutis, disparition presque totale d'espèces dont nous voyons à peine les traces, déluges partiels d'une violence inouïe, tels furent à de nombreuses reprises les résultats de ces catastrophes dont l'existence répugnait tant à nos prédécesseurs immédiats (1).

Dès lors, l'astronome a le droit de se demander, en regardant notre satellite, si nous n'avons pas devant les yeux l'image terrible de ce que sera la Terre après que les dernières convulsions auront secoué son écorce et que les laves bouillonnantes brisant leur prison auront détruit à sa surface jusqu'aux dernières traces de la vie.

ABBÉ TH. MOREUX,

Directeur de l'Observatoire de Bourges.

(1) Cf. Art. de P. Termier dans REV. DES QUEST. SCIENTIF. j. cit.

Psychique de la bête

CHENILLES ET PAPILLONS

Dans l'étude de la psychique de l'animal, il est évident qu'il ne faut pas apporter un certain fanatisme de la « méthode expérimentale »; mais il n'est pas moins manifeste que cette méthode y sera d'une importance incontestable. Observer les phénomènes de la vie chez l'animal, expérimenter sur ces phénomènes, progressant d'expériences en expériences, c'est nécessaire pour en déduire les conséquences que comportent ces expériences, une fois groupées en quantité suffisante, et les expliquer ou par une hypothèse ou par une loi : « Ne rejetez aucun fait prouvé, car tous les faits sont une partie de l'enseignement donné par Dieu aux hommes; ayez toujours devant les yeux la distance qu'il y a entre le fait et la théorie (1). Je suis presque tenté de dire que les faits sont divins et les théories humaines. Attachez-vous donc aux faits... Vous pouvez les éprouver autant que vous voudrez; vous pouvez souvent vous demander c'est peut-être même votre devoir de demander quelle est leur véritable signification. Ils peuvent parfois sembler se contredire les uns les autres, que ce soient des faits de la nature ou de l'histoire, ou des faits de la foi et de la raison. En pareil cas soyez patients, soyez sûrs qu'il ne peut y avoir de contradiction réelle... »

(1) Le mot « théorie » voulant dire, ici, une opinion spéculative qui n'est pas ou pas assez fondée sur l'expérience, et dont Claude Bernard disait qu'elle s'effondre à l'encontre du fait.

Ainsi s'exprimait naguère un homme éminent, esprit supérieur qui exerça autour de lui une grande autorité, le marquis Lord Ripon, parlant à un auditoire de choix dans une grande ville d'Angleterre. Et voilà certes un judicieux commentaire du « Facts are stubborn things » des Anglais... « Mille théories ne valent pas un fait », en est une traduction française donnée par un autre homme éminent, savant modeste, dont les études et les travaux dans le domaine de l'histoire naturelle n'ont pas peu contribué sans doute aux éloges que les Souverains Pontifes Léon XIII, Pie X et Benoît XV ont daigné adresser à leurs «< Chers fils » les membres de la Société scientifique de Bruxelles, cette « illustre association » où « des hommes distingués par la science et la piété, attachés de cœur aux doctrines et aux enseignements de l'Église, s'appliquent à démontrer qu'il ne peut jamais exister de désaccord réel entre la foi et la raison » (1).

Il était bien des nôtres, en effet, cet homme simple et bon, ce scrutateur sagace et ingénieux des mœurs des insectes que Darwin appelait l'« observateur inimitable », le narrateur exquis et le poète enthousiaste en qui Victor Hugo saluait un confrère ; vous avez reconnu à ces traits l'ermite et le patriarche de Sérignan, Fabre, qui s'est éteint, à l'âge de 92 ans, auréolé des rayons d'une gloire qu'il n'avait pas cherchée et dont il ne fut pas ébloui... Il devra surtout sa célébrité à la méthode d'observation qu'il a créée et qui fait l'honneur du génie français (2).

Cette méthode d'observation, J.-H. Fabre l'a indiquée dans ses humbles et admirables Souvenirs entomologiques (3): « Observer, c'est déjà quelque chose, mais

(1) Cfr. Lettres de LL. SS. les Papes Léon XIII (15 janvier 1879 et 20 mars 1901), Pie X (5 mai 1904) et Benoît XV (26 juin 1920) au Président et aux membres de la Société scientifique de Bruxelles. Dans ANNALES de la Société.

(2) Discours du Professeur A. Witz. Cfr. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE de Bruxelles (1er fascicule, 1919-1920).

(3) Cfr. Souvenirs entomologiques (4o série), ch. III.

ce n'est pas assez ; il faut expérimenter... L'observation seule peut être souvent un leurre ; nous traduisons les données d'après les exigences de nos systèmes. Pour en faire émerger le vrai, doit nécessairement intervenir l'expérimentation ».

A cette expérimentation le sage autant que sagace scrutateur n'apportait pas seulement tous ses soins consciencieux, mais encore il la provoquait chez les autres observateurs des insectes, afin qu'elle pût être contrôlée par des expériences parallèles. « Pour étudier avec quelque fruit les facultés psychiques de la bête, il faut varier autant que possible les observations et expériences, en faire naître d'autres encore et les soumettre à un contrôle mutuel ».

C'est ainsi qu'après m'avoir ouvert la voie pour mes premiers travaux sur la psychique de l'Araignée (1), J.-H. Fabre m'engagea à faire des observations et à instituer des expériences, à Madagascar, sur les insectes similaires à ceux qui avaient servi à ses observations et expériences, en France. Les charges de mon ministère dans la brousse de la grande île africaine, à cette époque, ne me permirent pas de répondre aux desiderata de J.-H. Fabre. Aujourd'hui, les infirmités de la vieillesse, après plus de quarante années de mission, me donnant des loisirs, j'ai pu faire quelques observations et expériences sur des insectes de Madagascar qui m'ont paru parents de ceux qui furent, en France, les sujets d'études de mon regretté maître. Un premier résumé de quelquesunes de ces observations et expériences sur des chenilles et papillons, de lépidoptères séricigènes spécialement, pourra peut-être offrir quelque intérêt aux lecteurs de la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES.

<< Moulins à soie, allons un peu voir vos turbines. »>

(1) Cfr. REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, octobre 1894.

I

Tout le monde connaît le « ver à soie » du mûrier, ainsi désigné communément, bien qu'il n'ait guère du ver que le nom. C'est en effet une chenille ou larve d'un papillon, Lépidoptère de la famille des Bombycides, Bombyx ou Sericaria mori des entomologistes; insecte qui est originaire d'Asie, mais répandu aujourd'hui un peu par

tout.

A cette chenille, assez peu élégante pourtant, du Bombyx du mûrier, nous devons la matière précieuse, souple et brillante qui sert à tisser nos plus belles étoffes de parure et d'ornement, la soie, fil ténu dont est formée la coque ou cocon, domicile de l'insecte à l'état de nymphe ou Chrysalide. Dans cette demeure aux multiples verrous, aux murs cimentés de « grès» avec épais revête-ment intérieur, l'insecte dans un sommeil apparent,. cependant bien actif, prépare sa dernière métamorphose ou transformation en papillon.

Le moment venu, quel sera l'instrument puissant qui permettra à cet être si faible de rompre les obstacles pour se frayer une issue?... L'Auteur de la Nature y a pourvu... Est-ce, comme l'avaient pensé Réaumur et d'autres naturalistes, une lime mordante que constitueraient les multiples facettes en relief des yeux de ce Lépidoptère ? Non. Le papillon nouveau-né possède dans son estomac un dissolvant qui, dégorgé contre la paroi du cocon, à l'avant, y dissout le ciment de gomme agglutinante ou « grès » et permet à l'insecte de s'ouvrir une issue vers le dehors par des poussées de la tête.

J.-H. Fabre nous a dit (1) ses expériences au sujet de cette délivrance ou évasion du Bombyx du mûrier : — « A la faveur de son réactif, le reclus peut victorieusement

(1) J.-H. Fabre. Loc. cit.

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