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tôt joui, pour l'avoir concentrée dans des institutions locales qui n'étoient pas en harmonie avec les nécessités de l'avenir et l'unité de la nation (1). Cependant elle pardonna facilement à l'inflexible empereur de lui avoir arraché ses privilèges; elle se soumit avec orgueil à un prince qui gouvernoit le monde, et qui conduisoit ses belliqueux chevaliers à la victoire contre les ennemis de la foi. On avoit vu Charles-Quint lui-même, lors de la prise d'Alger, monter le premier sur la brèche; et tandis qu'il avoit à soutenir tous les efforts de l'Europe jalouse de sa puissance, il avoit contenu au sein même de ses Etats les forces rebelles du protestantisme, appuyé sur une armée que son génie avoit organisée et qui fut longtemps la terreur de l'ennemi. Comblée de richesses et de gloire, l'Espagne s'endormit dans les bras du pouvoir absolu, se contentant de jouir, au sein d'une brillante décadence, des faveurs sans exemple que la fortune lui avoit prodiguée.

Après Charles Quint cependant, l'esprit municipal se réveilla encore dans l'Aragon; et Philippe II détruisit les fueros de cette province, comme son père avoit anéanti ceux de la Castille. Philippe V, pour établir l'uniformité, n'eut aucune peine à abolir ceux des autres provinces, sauf dans les provinces basques qui les ont conservés jusqu'à nos jours. Dans les Pays-Bas, Charles-Quint profita d'un moment de paix avec la France, pour employer ses bataillons victorieux à comprimer par sa sévérité à l'égard de la ville de Gand, les résistances turbulentes de l'esprit de liberté locale dans les opulentes cités de la Flandre. On sait qu'il avoit conçu le projet de faire des Pays-Bas un Etat séparé (2). Le grand empereur comprenoit quels malheurs pouvoient résulter pour son pays d'affection, d'être entraîné dans les projets d'une politique étrangère.

Après lui, ses descendants maintinrent le pouvoir absolu dans les provinces qui leur restèrent fidèles : la Belgique, séparée de la Hollande, fut toujours attachée à ses princes héréditaires; elle ne leur reprocha pas ses malheurs, son commerce détruit, sa splendeur éclipsée mais sous le sceptre même de souverains absolus, les institutions communales et provinciales, dépouillées de tout ce qui pouvoit les rendre redoutables au gouvernement, restèrent debout, et continuèrent à fonctionner, pénétrées de l'esprit de la nation, animées d'une vie propre et indigène; c'est ainsi que, dans une sphère modeste, qui jusqu'à présent a semblé échapper à l'histoire, la Belgique a maintenu chez elle le lien de traditions dont la domination française n'a pu lui faire perdre les patriotiques souvenirs. Quant à l'Italie, les libertés communales y succombèrent de bonne heure sous leurs propres excès. Les Normands s'étoient emparés de la partie inférieure de la péninsule, et leurs rois, après s'être placés sous la suzeraineté des papes, y établirent le régime féodal, «non pas comme dit M. de Saint Priest, dans son histoire de Naples par Charles d'Anjou, cette féodalité naissante et incertaine qui, affoible après

(1) Voyez Balmès, le Protestantime comparé au Catholicisme, dans ses rapports avec la civilisation moderne, ch. XVI.

(2) Voir l'Histoire de la Belgique, par Moke.

la mort de Charlemagne, devint en Europe un désordre plutôt qu'un gouvernement, mais la féodalité déjà connue, déjà éprouvée, ramenée à un système et renfermée dans des lois écrites, telle qu'elle s'étoit produite peu auparavant en Angleterre, après la conquête et dans le royaume de Jérusalem, lorsque la domination chrétienne y publia ses assises. Ce n'est pas au hasard que les deux Roger la transportèrent à leur tour en Sicile; c'est au contraire en pleine connoissance de cause, dans un but arrêté d'avance qu'ils fondèrent un gouvernement féodal par sa forme, monarchique par son esprit, qui maintenoit l'aristocratie à la base de l'édifice et sur le faite élevoit la royauté. »

Après bien des luttes sanglantes, le sceptre du royaume de Naples passa à la maison d'Aragon, qui devint également souveraine en Sicile et en Sardaigne.

Au nord de l'Italie, surtout dans les riches plaines de la Lombardie, s'étoient élevées des cités florissantes. Les ports de Gènes et de Pise étoient sans cesse encombrés de richesses que le commerce y apportoit. Mais entre toutes ces villes, aucune n'étoit plus puissante que Venise, la reine des mers. Les cités italiennes avoient des constitutions républicaines, diverses et variables, plus ou moins démocratiques ou aristocratiques. Mais, comme le reconnoît M. de Sismondi, dans aucune d'elles on ne trouve la liberté civile, le respect des droits individuels. Pour elles, la liberté, c'étoit l'exercice du pouvoir souverain, la foute-puissance du plus fort, la majorité opprimant la minorité; ce qu'elles aimoient, c'étoient les émotions des luttes civiles les hasards des dissentions, la chance pour tous les partis d'arriver à faire règner leur arbitraire, à satisfaire leurs haines et leurs passions. Aussi ce régime des factions ne pouvoit-il se prolonger peu à peu certaines familles acquirent un pouvoir illimité; certaines villes gagnèrent la prépondérance et attirèrent les autres: ainsi se formèrent divers petits Etats, sous la domination de quelques chefs. Le plus important fut celui que constituèrent les Visconti, maîtres de Milan. Les riches plaines du duché de Milan, ses villes somptueuses, son beau ciel, le souvenir de ses gloires passées en firent l'objet de la convoitise des princes étrangers. Charles-Quint parvint à s'en rendre maitre; et comme les Visconti, il put y exercer un pouvoir absolu. Comme roi d'Aragon, il avoit en outre sous sa domination la Sardaigne, la Sicile et le royaume de Naples. Il n'y avoit en Italie que les Etats de l'Eglise, qui pussent lui opposer une résistance énergique. Ces Etats s'étoient constitués comme puissance territoriale peu de temps auparavant, et ce ne fut qu'au XVIe siècle que les papes acquirent la souveraineté directe sur une grande partie de l'Italie centrale auparavant ils n'avoient sur la plupart de ces provinces qu'un droit de suzeraineté. Sixte IV avoit consacré la plupart de ses efforts à fonder une principauté dans la Romagne, en faveur de son neveu Riario; pour cela il avoit dù abattre la puissance des barons romains. Alexandre VI suivit la même politique, et il la fit triompher au profit de César Borgia, qu'il avoit enrichi des dépouilles de la famille de Riario. Jules II s'empara de toutes les possessions des Borgia et ses conquêtes contre les Vénitiens, ses succès contre les Fran

çais, achevèrent de consolider la puissance des Etats de l'Eglise, dont il doit être considéré comme le fondateur (1).

En Suède et en Danemarck, le protestantisme fut l'arme dont se servirent les rois pour constituer la monarchie au XVIe siècle ; Gustave Wasa parvint à affranchir la Suède du Danemark sous l'obéissance duquel elle avoit été placée par l'Union de Calmar en 1397. Gustave Wasa, pour assurer sa domination, voulut détruire le pouvoir de la noblesse et du clergé; pour cela, il entrepri de renverser l'ancienne Eglise, et il parvint, par toutes les ruses de sa diplomatie, à séparer son peuple du catholicisme; par ce moyen il put réaliser ses projets de domination. C'est de la même manière que le pouvoir monarchique en Danemarck, brisa les entraves que la constitution antérieure lui imposoit. Au commencement du XVIe siècle, la Prusse se trouvoit sous la domination des chevaliers de l'ordre Teutonique. Albert de Brandebourg, grand maître de cet ordre, embrassa le protestantisme pour assurer le pouvoir à sa famille. Dans ce pays, à peine sorti de la barbarie, la nouvelle dynastie fut toute-puissante; ce fut cette dynastie qui seule constitua le royaume. On comprend pourquoi la Prusse est encore aujourd'hui le pays où le pouvoir administratif est plus fort; et on s'explique comment les enfants de ce royaume récent, qui n'a qu'une histoire toute moderne, semblent beaucoup moins attachés au sol de leur patrie, que ceux des pays qui ont conservé les traditions glorieuses d'une longue existence (2).

sous

Les causes qui firent que les peuples du continent, à l'issue du moyen-âge s'éloignèrent des voies de la tradition n'agirent pas en Angleterre. Dans ce pays l'esprit de liberté ne se concentra pas dans des institutions locales, mais il se développa dans des institutions qui s'appliquoient au pays entier. L'aristocratie s'allia étroitement à la bourgeoisie pour maintenir les lois fondamentale du royaume, la protection desquelles elles placèrent leurs intérêts communs. Ces lois, tout imparfaites qu'elles étoient, renfermoient en 'elles tous les éléments nécessaires à la constitution de l'Etat; elles ne morcelloient pas l'unité nationale, et l'Angleterre ne se trouva pas dans la nécessité de les laisser sur sa route pour continuer sa marche de progrès. Au contraire la nation toute entière y trouvoit des gages de sa force, elle plaça en elles les garanties de son avenir. Pendant le moyen-âge l'histoire de la liberté chez elle n'avoit pas été celle de quelques riches cités élargissant leurs priviléges et défendant des chartes qu'elles devoient à l'opulence de leur commerce; cette histoire étoit au contraire celle des différentes classes de la nation s'unissant pour défendre leurs droits et stipuler en commun des garanties contre les excès du pouvoir. L'aristocratie n'avoit pas laissé à la royauté le rôle de protéger les communes, de prendre en mains la cause des bourgeois, et

(1) Traité du Prince ou de la Monarchie, par Machiavel S VIII.

(2) Après l'Irlande, qui, comme on l'a dit, a eu son Erode, la Prusse est le pays d'où l'on émigre le plus. En 1852, l'émigration anglaise s'est élevée au chiffre de 368,764 individus, dont les neuf dixiêmes étoient Irlandais. On évalue à 200,000 le nombre en 1852 des émigrants Allemands, la plupart Prussiens. (V. Journal des Economistes. 2me série. T. V p. 9, et 444).

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celle de la justice (1). Mais tout en s'élevant, elle avoit stipulé pour la nation; c'est pourquoi celle-ci n'abandonna jamais la défense de ses institutions; elle n'alla pas chercher sa prospérité dans les voies aventureuses du changement; mais elle resta inviolablement attachée à ses lois, à ses traditions, à ses souvenirs, et les entoura constamment d'un respect qui, se perpétuant de génération en génération a établi chez elles ces mœurs politiques qui sont le premier fondement de sa liberté et de sa grandeur. Malgré de nombreuses causes d'antipathie, le comte de Maistre lui-même ne pouvoit refuser son admiration à ce peuple qui poursuit ses voies avec tant de logique et un si ferme bon sens. « La véritable constitution anglaise, disoit-il, est cet esprit public, admirable, unique, infaillible, au-dessus de tout éloge, qui mène tout, qui sauve tout, qui conserve tout. »

Mais l'Angleterre fut aussi protégée par des circonstances toutes particulières. Défendue par sa position insulaire, elle n'avoit pas été contrainte de mettre sur pied une nombreuse armée permanente; et ses dissentions intérieures l'avoient empêchée pendant le XVII siècle d'intervenir dans les affaires du continent; la royauté ne put donc couvrir ses envahissements du prestige de la gloire militaire, et détourner l'activité de la nation du soucis des libertés publiques. « Si Jacques I (2), dit M. Macaulay, avoit été comme Henri IV, comme Maurice de Nassau, ou comme Gustave Adolphe, un politique habile, actif et brave, s'il s'étoit mis à la tète des protestants de l'Europe, s'il avoit remporté de grandes victoires sur Tilly et Spinola, s'ıl avoit embelli Wesminster de la dépouille des monastères bavarois et des cathédrales flamandes, s'il avoit suspendu à saint Paul les bannières d'Autriche et de Castille, et qu'après ces grands exploits il se fût trouvé à la tête de cinquante mille hommes braves bien disciplinés, dévoués à sa personne, le parlement Anglais n'eût été bientôt plus parlement que de nom (3). Ainsi tandis que la royauté en France s'élevoit entourée de splendeurs et d'admiration, proté~ geant seule les intérêts de l'Etat, fesant règner l'ordre et la paix, étendant partout son action, intervenant sans cesse dans la sphère de l'intérêt privé pour soutenir le foible, et couvrant le pays entier d'une sorte de providence universelle, par le ministère d'innombrables agents; l'Angleterre restoit obstinément attachée à ses institutions, empêchoit ses rois de multiplier leurs attributions, et ne demandoit guère à l'Etat que la protection de ses lois; sans implorer son intervention et son secours dans des entreprises particulières. Tel est le véritable esprit de cetle constitution. Elle abandonne l'homme à ses propres forces, et laisse son activité, stimulée par son isolement, se créer des ressources. Toute la machine gouvernementale y est simple et expéditive et telle qu'elle convient à un Etat aristocratique, qui va en courant à la conquête du monde matériel. (4) EM. LION.

(1) Voyez Guizot. Histoire des origines du Gouvernement représentatif en Europe. Hallam. Histoire Constitutionnelle. (2) Essai sur le principe générateur des Constitutions politiques et des autres institutions humaines. No VII (Mai 1809). (3) Ilistoire de l'Angleterre, par T. B. Macaulay. Cependant cet historien attribue une trop grande influence à l'institution des armées permanentes. (4) Tableau de l'Administration intérieure de la Grande Bretagne, par De Raumer.

EPISTOLA

QUA J.-B. MALOU, EPISCOPUS BRUGENSIS,

RESPONDIT LITTERIS ENCYCLICISA SS. PIO IX 2 FEBRUARI 1849 CAJETE DATIS. Sunctissisme Pater,

Epistola encyclica de 2 Februarii anni 1819, qua Sanctitas vestra omnium Episcoporum orbis catholici sententiam circa immaculatam Beatæ Mariæ Virginis Conceptionem indagavit, Brugas advenit, quum consecrationem episcopalem nondum accepissem; atque negotia, initio episcopatus tractanda, impediverunt quominus desiderio Sanctitatis vestæ deinde satisfacerem. Quia autem certior factus sum Sanctitatem vestram nunc etiam optare ut omnes Episcopi, qui Epistolæ encyclica de 2 Februarii anni 1849, nondum responderunt, mox sententiam suam aperiant, sine mora, quid de quæsitis in illa cpistola encyclica sentiam, Sanctitati vestræ breviter declarabo.

In primis autem credo, et semper credidi, quin imo dum theologiam dogmaticam in universitate catholica Lovaniensi traderem, pro viribus demonstravi Beatam Mariam Virginem ab ipso primo creationis et animationis suæ momento, per gratiam Christi Salvatoris, ab omni labe peccati originalis fuisse præservatam, adeoque nunquam. imperio satanæ fuisse subjectam.

Ad hanc sententiam tuendam me movebat, atque hactenus movet, unanimis a quinque circiter sæculis pastorum et fidelium consensio; indubium quippe est a retro jam ætate, paucissimis reclamantibus sacerdotes Dei docuisse Beatam Mariam Virginem a peccato originali fuisse præservatam, idque fidelibus universim esse persuasum, adeo ut infallibilitas tam activa, quam passiva, ut aiunt, Ecclesiæ catholicæ periisset, si Beata Maria Virgo prærogativam Immaculatæ Conceptionis non obtinuisset.

Me etiam movent monumenta traditionis catholicæ scripto mandata, quæ multa et perspicua sunt. Etenim ut prætermittam ea. que de sanctitate Beatæ Mariæ Virginis eximia docentur passim ab iis SS. Patribus et Scriptoribus ecclesiasticis, qui Beatam Virginem communi conditioni nascendi subjiciunt, et ad prærogativam ejus non attendunt, aut eam negant, certo certius est SS. Patres ita sæpe sæpius de sanctitate Dei genitricis disseruisse, ut omnem labem peccati originalis ab ea excludant. Docuerunt, exempli gratia, Mariam a serpente non fuisse deceptam; communi maledictioni non subjacuisse ; sanctiorem esse angelis, qui a gratia nunquam exciderunt; carnem Christi efformari debuisse e carne nunquam maledictioni subjecta; carnem Mariæ comparandam esse terræ paradisi terrestris, e qua creatus est primus Adam, et similia... Beatam Mariam Virginem accepisse gratiam originalem; non participare naturæ nostræ per culpam etc. etc. quæ omnia manifeste probant piam sententiam quam tuemur, ab antiquissimis Patribus et cognitam et traditam fuisse, ctiam postquam dogma de peccato originali, ob controversias ab hæreticis excitatas, maxima in luce fuisset collocatum. Totius traditionis quasi speculum haberi potest celeberrimum S. Augus

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