Sayfadaki görseller
PDF
ePub

voulu donner trop d'importance à des faits qu'aucune information juridique ne rendait incontestables.

Quoi qu'il en soit, les partisans de la Constitution ne laissèrent pas longtemps à la foule la liberté de se porter au tombeau de son thaumaturge. Le 27 janvier 1732, la porte du cimetière de SaintMédard fut fermée par la police. Le lendemain matin, on trouva au-dessus de cette porte l'inscription suivante :

De par le roi, défense à Dieu

De faire miracle en ce lieu.

Cette mesure accrédita les miracles, et l'on répandit que les constitutionnaires n'avaient obtenu cet ordre du roi que pour arrêter le cours des prodiges qui s'opéraient chaque jour, en présence d'innombrables témoins. Comme le Parlement avait accueilli plusieurs causes se rattachant aux miracles du diacre Pâris, le roi lui défendit d'en connaître, et évoqua à sa personne tout ce qui

touchait à ces miracles.

Ces mesures fortifiaient l'idée que l'on craignait la lumière et la justice; et que les ennemis de l'appel voulaient se réserver le droit de condamner sans examen.

Lorsque le cimetière de Saint-Médard fut fermé, les partisans les plus décidés des miracles se réunirent en des maisons particulières ; et bientôt on ne parla plus que de convulsions, de faits plus ou moins miraculeux.

Ce fut alors que les miracles, mêlés aux convulsions, furent combattus par de graves théologiens de l'école de Port-Royal.

On a voulu confondre le Convulsionisme avec ce qu'on appelle le Jansénisme. Pour être juste, il faut avouer que plusieurs membres de l'école de Port-Royal, comme Poncet et de Gennes, se prononçaient ouvertement en faveur des convulsions ; quelques autres voulurent établir des distinctions entre les convulsions raisonnables et décentes et celles que, dans leur honnêteté ils ne pouvaient approuver; tels furent Rollin, d'Etmare, Folard, Guillebert, de Rochebonne, Guidi. Le P. Lambert' et l'abbé Jacquemont furent les derniers représentants connus de ces partisans modérés du Convulsionisme. Mais la grande majorité des théologiens de PortRoyal se prononça en sens contraire, comme nous le verrons.

Nous n'avons point à entrer dans le détail de la controverse qui

1 Au commencement du XIX. s'écle.

eut lieu à ce sujet, et nous esquisserons seulement quelques traits de l'œuvre des convulsions.

On appelait convulsions des mouvements extraordinaires que leurs partisans attribuaient à une influence divine, qu'ils croyaient devoir à l'intercession du diacre Paris. Elles étaient presque toujours accompagnées de douleurs qui obligeaient à demander des secours, ce qui fit appeler secouristes ceux qui les recevaient où les administraient. Bientôt on distingua entre les grands et les petits secours. Les grands étaient les coups de bûche, de pierre, de maricau, de chenet, d'épée, sur différentes parties du corps. Un apologiste des convulsions assure qu'on a vu des personnes recevoir, par jour sans danger, six ou huit mille coups de bûche. Ces coups produisaient le même effet sur leurs membres que celui que produisent sur les pavés les coups de l'instrument appelé hie ou demoiselle.

L'immoralité et la folie se mêlèrent parfois aux convulsions. Le plus souvent, on n'y remarquait qu'un enthousiasme qui allait jusqu'à la puérilité, pour l'imitation des moindres actions du diacre Pàris. On ne peut nier qu'il n'y ait eu dans cette œuvre des choses vraiment extraordinaires, comme des crucifiements réels ou d'autres actes non moins étonnants. On a recueilli un grand nombre de discours prononcés par les convulsionnaires, tandis qu'ils étaient dans leur extase. Il faut avouer que plusieurs de ces discours sont beaux et pleins de piété, et qu'ils sont d'autant plus remarquables qu'ils étaient souvent prononcés par des personnes dénuées d'instruction'. Parmi ces discours, il en est qui sont purement moraux ; d'autres sont faits en forme de prophéties, et ceux qui les prononçaient s'attachaient à prédire les malheurs qui devaient affliger l'Église, et le triomphe que la vérité devrait enfin remporter sur l'erreur. Ils y parlaient souvent de l'arrivée du prophète Élic sur la terre et de la conversion des Juifs.

Les convulsionnaires des deux sexes s'appelaient frères et sœurs, et ajoutaient quelquefois à cette qualification affectueuse un nom emprunté de l'Ancien-Testament. Un certain nombre poussaient jusqu'à l'excès l'usage des figures; ils voyaient dans les convulsions la figure des divers états par lesquels devait passer l'Église,

1 M. Silvy a recueilli et publié plusieurs volumes de ces discours, sous ce tre: Extraits d'un Recueil de Discours de piété sur nos derniers temps.

et qui avaient été prédits par les prophètes. De là leur vint le nom de figuristes; parmi eux il y en avait de fort instruits et qui ont fait sur les écrits prophétiques des commentaires remarquables, tel fut l'abbé d'Etmare. Il est bien permis de ne pas adopter les applications qu'ils font des écrits des prophètes au temps présent; mais on ne peut nier que leurs écrits ne contiennent d'excellentes choses.

Un prêtre de Troyes, nommé Vaillant, donna occasion à une branche de convulsionnaires désignés sous le nom de Vaillantistes. Ce prêtre, connu par son opposition à la bulle Unigenitus et sa dévotion pour le diacre Pâris, fut mis à la Bastille en 1728, et n'en sortit qu'en 1731. Le bruit se répandit qu'il était le prophète Elie. La plupart des convulsionnaires croyaient qu'Elie était sur le point de revenir sur la terre pour convertir les Juifs et renouveler l'Église, avant le jugement dernier. Vaillant déclara par écrit qu'il n'était point le prophète Elie, ce qui n'empêcha pas de l'enfermer de nouveau à la Bastille en 1734. Pour avoir un prétexte de le tenir en prison, on supposa qu'il était fou. Les conversations qu'il eût avec Hérault et Berryer, successivement lieutenants de police, et avec le P. Griffet, Jésuite, confesseur des prisonniers de la Bastille, n'étaient point celles d'un fou. C'était en 1747. Il prédit à ce dernier la destruction des Jésuites; il déclara de nouveau qu'il n'était pas Elie 1, mais qu'il croyait ce prophète arrivé sur la terre. « Si je me trompe à cet égard, dit-il, cette illusion ne peut produire aucun mal. Est-on insensé parce que l'on croit l'Église de France bien malade? » Vaillant passa une partie de sa vie dans les cachots. Il fut transféré de la Bastille au donjon de Vincennes, où il mourut en 1761. Les Vaillantistes firent du bruit en Provence. De leur sein sortirent les Augustinistes, espèce de gnostiques qui avaient pour chef un nommé Causte, qui s'était fait appeler frère Augustin. Les Margouillistes n'avaient pas plus de de moralité que les Augustinistes.

Plusieurs convulsionnaires modérés blamaient les excès et les turpitudes de ces gnostiques; ils admettaient comme divine en elle-même l'œuvre des convulsions; mais ils disaient que ces parcelles d'or étaient mélangées avec de la boue, et qu'il était néces

1 Il fit plusieurs copies de cette déclaration. Nous avons sous les yeux la onzième, écrite et signée par lui à la Bastille. Cette déclaration est loin d'être l'œuvre d'un fou.

XII.

saire de faire un choix, ce qui leur fit donner le nom de mélangistes ou de discernants.

Carré de Montgeron', conseiller au Parlement, composa trois volumes in-4.o pour défendre l'œuvre des convulsions et en prouver le caractère divin.

D. La Taste, Bénédictin, évêque de Bethléem, atlaqua cet ouvrage et s'appliqua à prouver que tout, dans les convulsions, était un effet de la puissance du diable.

Hecquet, médecin très-religieux et fort savant, qui appartenait à l'école de Port-Royal, ne voyait dans les convulsions que des effets naturels; il composa à l'appui de son opinion un intéressant ouvrage intitulé: le Naturalisme des Convulsions; il s'y montra aussi habile médecin que savant théologien3. La médecine lui fournit un grand nombre de faits non moins étranges que ceux des convulsions. Il rappela les pyrophages, les religieuses de Loudun, et bien d'autres faits aussi extraordinaires. Il cita des effets de l'épilepsie, de l'hystérie et d'autres maladies nerveuses qui avaient une singulière analogie avec les convulsions. Il remarqua que les personnes affectées de ces convulsions étaient, pour la plupart, des femmes, chez lesquelles les maladies nerveuses sont plus fréquentes et produisent des effets plus extraordinaires. Il cita aussi un grand nombre de faits prouvant que la sympathie ou l'imitation ont une influence directe et véritablement contagieuse sur les sujets prédisposés à ces maladies; ce qui explique une foule de détails racontés par les partisans ou les adversaires des convulsions.

Le système de Hecquet est généralement admis aujourd'hui par la médecine.

Les théologiens les plus remarquables de l'école de Port-Royal se déclarèrent, comme Hecquet, contre les convulsionnaires. Duguet, Fouillou, d'Asfeld, Petit-Pied, de Bonnaire, Besoigne, le

1 Cet ouvrage est intitulé: La vérité des miracles opérés à l'intercession de M. de Pâris et autres appellants, démontrée contre M. l'archevêque de Sens, par M. Carré de Montgeron, conseiller au Parlement, 3 vol. in-4.0.

Montgeron présenta le premier volume de son livre au roi, le 29 juillet 1737. Il fut, la nuit suivante, envoyé à la Bastille; il fut ensuite exilé à Viviers, où il continua son ouvrage; enfin, enfermé dans la citadelle de Valence, où il mourut.

2 D. La Taste, Lettres théologiques, 2 vol. in-4.0.

3 Hecquet, le Naturalisme des convulsions, 3 vol. in-12, 1733.

Gros, de Lan, de Latour, Gourlin, Boursier, les attaquèrent avec beaucoup de vivacité. Les évêques Soanen, Colbert et Caylus, Mésenguy et plusieurs autres théologiens de Port-Royal, partisans des premiers miracles du diacre Pâris, se prononcèrent contre les mauvaises convulsions, tout en soutenant qu'il y en avait de bounes mêlées aux miracles; madame Mol, nièce de Duguet, tit son Journal historique des convulsions, pour les combattre sans distinction. Petit-Pied, d'Asfeld, de Lan et Besoigne signèrent la consultation adoptée par trente docteurs de Sorbonne contre les convulsions, le 7 janvier 17351.

Malgré ces faits et les ouvrages composés contre les convulsions par les théologiens de l'école de Port-Royal, les ennemis de cette école ont voulu lui faire porter la responsabilité des puérilités et des immoralités qui accompagnaient parfois les convulsions. Un peu plus d'équité les eût garantis de cette calomnie; mais on s'est toujours cru tout permis, dans un certain parti, quand il s'est agi de nuire à ceux que l'on désignait avec affectation sous le nom de Jansenistes 2.

-

1 Afin de prouver d'une manière péremptoire que l'École de Port-Royal ne doit pas être confondue avec le Convulsionisme, nous indiquerons les principaux ouvrages faits par les théologiens de cette Ecole contre les Convulsions: Réponse à l'écrit intitulé: Plan général de l'œuvre des Convulsions, par le Dr de Lan. Dissertation théologique contre les Convulsions, par le même. -Défense de la Dissertation théologique, par le même. - Réflexions judicieuses sur les Nouvelles Ecclésiastiques de l'année courante 1736, par le même.— Observations sur l'origine et le progrès des Convulsions, par Fouillou. -Nouvelles observations sur les Convulsions, par le même. (On a quelquefois attribué ces deux ouvrages au Dr Petit-Pied.) Examen critique, physique et théologique des Convulsions, etc., par de Bonnaire. - Observations apologétiques, etc., par le même. Vains efforts des Mélangistes et Discernants dans l'œuvre des Convulsions, par l'abbé D'Asfeld. — Recherche de la vérité, ou Lettres sur l'œuvre des Convulsions, par Gourlin. Lettres sur les Convulsions, par le Dr Petit-Pied. Discours sur les miracles de M. de Paris, Lettre de M. Le Gros, docteur en théologie, à un de ses amis, au sujet de l'œuvre des Convulsions. - Deux Problèmes à résoudre sur l'œuvre des Convulsions, par le Dr Besoigne.

par le Dr Le Gros.

Problèmes, par le même.

-

[ocr errors]

Apologie de l'auteur des

- Mémoire théologique sur ce qu'on appelle les se

cours violents dans les Convulsions, par le Dr Boursier.

Nous pourrions citer encore beaucoup d'autres ouvrages composés par les théologiens de Port-Royal contre les Convulsions. Ceux que nous avons indiqués suffisent, ce nous semble, pour justifier cette École célèbre.

Les Jésuites disent dans leur Histoire : « Le Jansénisme alors s'abîma sous le ridicule, il devint Convulsionnaire au tombeau du diacre Pâris. » Histoire de la Compagnie de Jésus, publiée par Crétineau-Joly, t. iv, p. 497. On rencontre cette bonne foi à toutes les pages de ce livre.

« ÖncekiDevam »