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La discussion des miracles donna une nouvelle activité aux mesures rigoureuses employées depuis longtemps contre les appelants; ce fut alors que l'on mit surtout en pratique les refus de sacrements et de sépulture, qui remplirent l'Église de nouveaux troubles. Le premier refus de sacrements qui eut du retentissement fut celui qu'ordonna Fleuriau, évêque d'Orléans, contre une femme de son diocèse. On interjeta appel de ce refus au Parlement, qui rendit un arrêt contre l'évêque, lequel arrêt fut cassé par le roi.

Sous le régime où était l'Église au XVIe siècle, le refus de sacrements et de sépulture ecclésiastique était de la compétence des Parlements. On ne pouvait les refuser qu'à ceux qui, par un acte public, s'étaient séparés de l'Église catholique. On convenait de ces deux points. Mais l'appel de la constitution Unigenitus était-il un acte qui, de sa nature, fût hérétique ou schismatique ? Les évêques partisans de la Constitution et le roi le voulaient ainsi. Le Parlement prétendait que la bulle Unigenitus n'était point un jugement de l'Église légalement reconnu; que cette bulle n'avait point été enregistrée comme loi de l'État; qu'on ne pouvait, en conséquence, infliger de peines extérieures à ceux qui ne voulaient pas s'y soumettre et qui avaient eu recours à l'appel, reconnu de tout temps en France comme légitime. Quoique le roi eût cassé l'arrêt du Parlement, celui-ci persista dans ses conclusions, et ainsi commença entre la magistrature d'une part, le roi et les évêques de l'autre, cette lutte scandaleuse et opiniâtre qui déconsidéra dans l'esprit public et la royauté et le clergé.

Le cardinal de Fleury, Bissy, Rohan et Vintimille, qui dirigeaient la cour, ne cherchaient qu'à enlever au Parlement la connaissance de tout ce qui était relatif à la constitution et aux miracles. Le Parlement, qui connaissait les intentions des prélats, ne laissait échapper aucune occasion de leur faire sentir son autorité.

Le 27 avril 1732, Vintimille avait condamné les Nouvelles Ecclésiastiques, journal hebdomadaire dans lequel on attaquait sans relâche les actes et les ouvrages des partisans de la constitution'.

1 Les Nouvelles Ecclésiastiques commencèrent à paraître en 1713. Leur publication ne commença à être régulière qu'en 1728. Le premier auteur fut Jacques Roche, prêtre du diocèse de Poitiers. Berthier, vicaire de Saint-Barthélemy, fut son principal collaborateur. Ce fut surtout à dater de 1729, que les Nouvelles Ecclésiastiques prirent la forme d'un ouvrage travaillé sur un certain plan. Elles ont paru jusqu'en 1803. Les Jésuites ont dit beaucoup de

De L'ÉGLISE DE FRANCE.

Lorsque ce recueil avait commencé à paraitre, le Parlement en avait condamné quelques feuilles comme remplies d'imputations calomnieuses et dénuées de preuves. Duguet, d'Alsfeld, De Lan, Fouillou, Besoigne etautres amis de Port-Royal les avaient blâmées1. Mais l'auteur avait mis plus de circonspection dans ses articles, qui étaient accueillis avec faveur par un nombre immense d'abonnés. Lorsque Vintimille eut condamné les Nouvelles Ecclésiastiques, vingt-deux curés refusèrent de publier son mandement. Il voulut les y forcer; ceux-ci en appelèrent au Parlement. La plus grande partie de la magistrature était opposée à la constitution; on le savait, et le roi multipliait les ordonnances pour évoquer à lui ou à son conseil toutes les causes qui y avaient quelque rapport. Une nouvelle ordonnance fut lancée pour enlever au Parlement la connaissance de la cause des vingt-deux curés; mais l'abbé Pucelle plaida si énergiquement en faveur des droits de la magistrature que le chancelier d'Aguesseau, et le premier président ne purent empêcher le Parlement de passer outre. Le roi manda à Compiègne les députés de ce corps, leur réitéra ses ordres ; il exila le conseiller Pucelle dans son abbaye, et envoya le conseiller Titon dans une prison d'État. Tous les magistrats prirent fait et cause pour leurs collègues, quittèrent le palais et refusèrent de rendre la justice. Le 21 mai, ordre leur fut donné de reprendre leurs fonctions; ils se rendirent au palais et refusèrent de rendre la justice; le 25, nouvel ordre du roi par lettres-patentes; le Parlement se réunit, enregistra ces lettres, et sur-le-champ arrêta que le mandement de Vintimille contre les Nouvelles Ecclésiastiques serait remis aux gens du roi pour être examiné. Le 13 juin, le procureur-général fut reçu appelant du mandement, quoique les gens du roi eussent refusé de faire aucune réquisition. Le roi exila quatre conseillers; les autres prirent leur parti. La justice ne fut plus rendue; cent cinquante magis

mal de ce recueil. Il n'en est pas moins vrai que, s'il a des défauts comme toutes les publications périodiques, il contient une foule de choses intéressantes et curieuses.

1 Lettre de l'abbé Duguet à un professeur d'un collége de l'Oratoire, 1732; Lettres de M. de La Tour, au sujet de la feuille des Nouvelles Ecclésiastiques, 1736.

2 Mandement de l'archevêque de Paris, portant condamnation de plusieurs libelles qui ont pour titre : Nouvelles Ecclésiastiques. Paris, Simon, 1732; Arrêt du Parlement, du 13 juin 1732.

trats donnèrent leur démission. On négocia de nouveau, et le Parlement fut rétabli. Le 18 août, nouvelle ordonnance du roi; nouvelle opposition du Parlement, qui fut exilé. Il fut rappelé au mois de novembre, et le roi retira son ordonnance 1.

Les luttes entre la cour et le Parlement, à propos du Jansénisme, ne cessèrent qu'avec le Parlement et la cour. Les évêques qui prenaient parti, dans leurs instructions pastorales, contre les appelants, émettaient ordinairement des principes plus ou moins opposés à la doctrine des quatre articles, et attiraient ainsi à leurs œuvres des flétrissures; les Jésuites ne manquaient pas non plus, dans ces circonstances, de répandre l'ultramontanisme et méritaient des condamnations analogues. D'autres ecclésiastiques se montraient, dans les refus de sépulture, d'une intolérance qui allait jusqu'à la violation des lois, et ne trouvaient devant les tribunaux qu'une condamnation qu'ils regardaient comme injuste.

Comme la Cour prenait ordinairement le parti des évêques ou des ecclésiastiques condamnés, il en résultait que les appelants, malgré la protection des Parlements, n'en étaient pas moins exposés à la persécution. Traqués de toutes parts, embastillés, exilés, soumis à mille avanies, ils ne pouvaient même plus espérer le repos après leur mort depuis que leurs adversaires avaient inventé les billets de confession et les refus de sépulture. Celui qui ne reconnaissait pas officiellement, à la mort, que la constitution Unigenitus était un jugement de l'Église, et que Jansenius ne pouvait être qu'un hérétique, était traité en excommunié, et son corps était jugé indigne de la sépulture chrétienne. Dès que l'usage se fut établi d'exiger à la mort ces déclarations ou billets de confession des personnes suspectes, une inquisition plus terrible encore que celle du Formulaire s'établit, et l'on vit des actes d'intolérance et de fanatisme que l'on aurait peine à croire s'ils n'étaient pas aussi invinciblement prouvés 3.

Un grand nombre d'appelants, effrayés de ces actes, quittèrent

1 Toutes les pièces relatives à ces faits ont été imprimées. Nous en avons la collection sous les yeux.

2 V. en particulier l'arrêt du Parlement du 10 mai 1730.

3 On trouve aux Archives de l'Empire un grand nombre de pièces m.ss relatives aux troubles qui avaient lieu dans les diverses Églises à propos des. billets de confession et des refus de sépulture. V. en particulier Sect. Hist. L., 4 et 5. On a imprimé en outre une masse énorme de pièces relatives à ces troubles.

la France et se retirèrent en Hollande, où l'école de Port-Roya avait toujours eu de fervents disciples depuis que le docteur Arnauld s'y était réfugié 1.

1 L'Église de Hollande eut tant de rapports avec l'École de Port-Royal, qu'il est nécessaire de la faire connaître, au moins d'une manière succincte, pour compléter l'histoire de cette célèbre école.

Après la révolution de Hollande et la suppression du culte catholique dans ce pays, le clergé séculier demeura ferme à son poste. Frédéric Schenck, archevêque d'Utrecht, étant mort en 1580, le chapitre nomma trois vicaires capitulaires; deux d'entre eux furent dans l'impossibilité de remplir les fonctions. C'est pourquoi, en 1583, le clergé élut pour grand vicaire du chapitre Sasbold Vosmeer, qui remplit toutes les fonctions qui ne sont point essentiellement dépendantes du caractère épiscopal. En 1602, Sasbold alla à Rome, où il fut sacré archevêque d'Utrecht; il prit le titre d'archevêque de Philippes, pour ne point irriter les États-Généraux, qui ne reconnaissaient plus le culte catholique, mais il eut la faculté de changer ce titre en celui d'archevêque d'Utrecht, dès que les circonstances le, permettraient. Obligé de fixer quelque temps son séjour en dehors de son Église, il reçut de l'archiduc le titre d'archevêque d'Utrecht, ce qui le fit bannir par les États de Hollande. Il mourut en 1614. On doit remarquer que Sasbold, avec son titre d'archevêque d'Utrecht, avait celui de vicaire apostolique de l'Église de Hollande; mais ce titre était purement honorifique et ne le rendait pas, comme on l'a prétendu, simple vicaire du pape. Les archevêques d'Arles ont possédé en France ce même titre de vicaires apostoliques ou du Saint-Siége. Ce fut pour éviter les persécutions que les successeurs de Sasbold ne prirent que des titres d'évêchés in partibus, quoiqu'ils fussent élus archevêques d'Utrecht canoniquement. Philippes Rovénius succéda à Sasbold en 1620 sous le titre d'archevêque de Philippes; il eut pour successeur Jacques de la Torre, archevêque d'Ephèse. Baudoin Catz, archevêque de Philippes, tint le siége ensuite. En 1663, Jean Van Neercassel fut élu archevêque d'Utrecht sous le titre d'évêque de Castorie. C'est lui qui reçut Arnauld. Il fut en correspondance intime avec Bossuet. Il y eut, après sa mort, une vacance de trois ans, après laquelle fut élu Hugues Van Heussen. Son élection ne fut pas confirmée à Rome, qui voulait nommer d'office. Le clergé de Hollande s'empressa de proposer d'autres sujets, parmi lesquels était Pierre Codde, qui fut reconnu par la congrégation des six cardinaux chargés des affaires de Hollande. Pierre Codde prit le titre d'archevêque de Sébaste. En 1702, Codde fut déposé de ses fonctions à Rome, pour son refus de signer purement et simplement le Formulaire. Cet acte fut le principe des grands troubles qui suivirent. Le clergé d'Utrecht voulut se maintenir dans le droit dont il avait toujours joui d'élire ses évêques; Rome prétendit qu'elle pouvait nommer directement parce que ces évêques n'étaient, depuis la révolution de Hollande, que des vicaires du pape pour administrer cette Église, que l'on voulait considérer comme une simple mission. Cette Église, qui était persécutée, mais qui n'avait pas été détruite, prétendit avoir conservé ses droits, et continua à élire ses évêques. De nos jours, Pie IX a fait des vicaires des papes, des évêques titulaires. Les Catholiques qui s'attachèrent aux vicaires apostoliques nommés directement forment le troupeau de ces évêques nommés par le pape. Les fidèles et la

Nous n'entreprendrons pas le récit de tous les actes d'intolérance exercés contre les appelants. Il suffit d'en retracer le caractère général pour les faire apprécier. Au moment où les appelants étaient si vivement poursuivis, que plusieurs évêques, frappés d'épouvante, révoquaient leur adhésion à l'appel de la bulle, JeanCharles de Ségur, évêque de Saint-Papoul, osa donner un mandement pour révoquer l'acceptation qu'il en avait faite. Ce mandement fut publié le 26 février 1735 1. Ségur y annonçait à son peuple qu'il avait conçu des scrupules touchant son élévation à l'épiscopat; qu'il était résolu de quitter son siége, et que, ses sentiments touchant les affaires présentes de l'Église étant changés, il adhérait à l'appel des quatre évêques de Mirepoix, de Senez, de Montpellier et de Boulogne, et révoquait les mandements qu'il avait donnés en faveur de la bulle. « Quand nous renonçàmes à l'appel pour devenir évêque, dit-il, le motif était digne de la cause à laquelle nous nous unissions. Maintenant que nous renonçons à l'épiscopat pour nous réunir à l'appel, nous rendons à la vérité un hommage qu'elle seule peut inspirer.... Déclarons, ajoute-t-il, sous les yeux de celui qui sonde les cœurs et les reins que nous ne nous sommes déterminé au parti que nous prenons', qu'après y avoir longtemps réfléchi; que cette démarche n'est l'effet de la suggestion de personne, et que nous la faisons dans une pleine liberté. »

De Ségur adressa son mandement avec des lettres particulières aux évêques de Senez, de Montpellier et d'Auxerre, qui le félicitèrent de l'humble et courageuse démarche qu'il avait faite 2.

Jean-Charles de Ségur, après avoir été militaire, était entré dans la congrégation de l'Oratoire. Il avait appelé de la bulle Unigenitus; mais il révoqua cet appel pour être évêque. A peine eutil obtenu ce qu'il désirait qu'il sentit des scrupules s'élever dans

clergé qui restèrent attachés aux évêques élus forment le troupeau de ces évêques. L'archevêque d'Utrecht élu est aujourd'hui M. Jean Van Santen. Les appelants français au XVIIe siècle se déclarèrent vivement pour les évêques élus, qui reçurent un grand nombre de ceux qui furent obligés de quitter la France pour échapper à la persécution.

1 Mandement de Mgr l'évêque de Saint-Papoul, 7 pages in-4.o, sans nom d'imprimeur. Nous avons sous les yeux un exemplaire de ce Mandement signé de Jean-Charles de Ségur lui-même.

2 Toutes ces lettres ont été imprimées. V. aussi les Nouvelles Eccl. des 4, 18 et 25 déc. 1748.

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