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sa conscience. C'est ce qui le porta à quitter son diocèse et à s'ensevelir dans la retraite. Il y vécut 13 ans, dans la pratique de la pénitence, la prière et l'étude des sciences ecclésiastiques. Il mourut en 1748, à l'âge de 53 ans, sur la paroisse Saint-Gervais, à Paris. Le curé de cette paroisse, qui appartenait à l'ancienne Sorbonne, lui administra les sacrements, et lui donna la sépulture ecclésiastique, malgré son adhésion solennelle à l'appel.

De Ségur écrivit au cardinal de Fleury pour lui faire connaître sa détermination, et envoya sa démission au roi. Le 2 avril, le conseil d'État supprima son mandement « comme injurieux à l'Église, contraire à son autorié, attentatoire à celle du roi, tendant à inspirer la révolte contre l'une et l'autre puissance, et à troubler la tranquillité publique. »>

De La Fare, évêque de Laon, publia, le jour même où le Conseil d'Etat donnait son arrêt, un mandement dans lequel il déverse les plus grossières injures contre l'évêque de Saint-Papoul. Ce mandement fut stigmatisé et ridiculisé comme il le devait être. Plusieurs écrits furent publiés, soit pour attaquer la démarche de l'évêque de Saint-Papoul, soit pour la défendre. L'affaire parut grave à la Cour, et le 24 avril fut publié un arrêt du conseil qui réservait au roi la connaissance de toute l'affaire, et des écrits contradictoires qui avaient été publiés.

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Belzunce, de Marseille, publiait, le 25 du même mois, un Avertissement dans lequel il osait dire que l'évêque de Saint-Papoul venait de se couvrir d'un opprobre éternel; l'évêque de Châlons imita Belzunce, et Tencin lui-même, Tencin le simoniaque, osa élever la voix pour blâmer l'humble Ségur d'être entré, comme il l'avouait, dans l'épiscopat par ambition *.

On doit remarquer avec quel empressement le roi évoqua à sa personne tout ce qui tenait à l'affaire de l'évêque de Saint-Papoul. Le Parlement, fidèle à ses principes, ne pouvait condamner le mandement de cet évêque. La Cour, qui tenait à considérer la bulle comme loi de l'État, devait, à ce point de vue, le condam

1 Arrêt du conseil d'Etat, etc., 4 p. in-4.0, de l'Imprimerie royale. Mandement de Mgr l'évêque duc de Laon, etc. Laon, François Meunier, in-4.0 de 7 pages.

3 Avertissement de Mgr l'évêque de Marseille, etc. 8 pages in-4.0.

Il ne fallut pas à Tencin moins de 7 pages in-4.0 de petit texte pour injurier l'évêque de Saint-Papoul. L'évêque de Chalons se contenta de 4 pages.

ner. La lutte de la Cour et des Parlements dans toutes les discussions dont la bulle était l'origine, avait toujours ainsi le même caractère.

La polémique qui eut lieu en 1738, à propos de la bulle de canonisation de saint Vincent de Paul, sortit de la même source, comme la plupart des querelles religieuses de la même époque 1.

Nous avons rapporté que Vincent de Paul, après avoir été intimement lié avec l'abbé de Saint-Cyran, s'était prononcé contre la doctrine des cinq propositions, lorsque la cour de France eut obtenu leur condamnation à Rome. Après la mort de Vincent, Abelly, son historien, parla avec une espèce d'affectation du zèle qu'il avait montré contre le Jansénisme, et crut devoir à sa mémoire de raconter d'une manière mensongère les relations qu'il avait eues avec l'abbé de Saint-Cyran, antérieurement aux discussions relatives aux cinq propositions. L'abbé de Barcos, neveu de l'abbé de Saint-Cyran, força Abelly à renoncer à ses erreurs sur ce point, et lui prouva qu'il avait cédé, dans ses récits, à l'influence des Jésuistes, qui tenaient à se mettre, eux et leur doctrine, sous la sauvegarde des vertus et de la sainteté de saint Vincent de Paul. Aussi les Jésuites réclamèrent-ils vivement lorsqu'Abelly eut retranché de son ouvrage un récit qu'il ne pouvait plus soutenir honorablement. Ces religieux n'en continuèrent pas moins à exploiter la sainteté de Vincent au profit de leurs colères contre PortRoyal, et exagérèrent le plus possible les démarches que Vincent avait faites, sous leur influence, pour la condamnation des cinq propositions. Ils étaient parvenus ainsi à faire un homme de parti d'un saint prêtre dont toute la vie ne fut qu'un acte de charité, et qui ne fût jamais sorti de cette mission que lui avait confiée la Providence, si des intrigants n'avaient pas abusé de sa simplicité toute chétienne pour lui faire croire que la foi était en danger.

Les Jésuites, pour confirmer l'idée qu'ils tenaient à donner de Vincent de Paul, trouvèrent facilement le moyen de faire insister souvent sur son zèle anti-janséniste dans le cours du procès de sa canonisation, et ils obtinrent de quelques évêques, connus par

1 Les pièces principales relatives à cette affaire se trouvent, au moins analysées, dans l'ouvrage intitulé: l'Avocal du Diable ou Mémoires historiques et critiques, etc. 5.e partie.

2 V. à la fin du XI.e vol. de cette histoire, notre dissertation sur les relations de saint Vincent de Paul et de l'abbé de Sain-Cyran.

leur absolu dévouement à leur Compagnie, des attestations dans le sens qu'ils désiraient.

On connaît leur puissance dans toutes les affaires de l'Église. On peut donc sans crainte leur attribuer le caractère que l'on donna à la bulle. Il est certain que, dans cette pièce, Clément XII ne parla pas avec la gravité convenable; la bulle n'est qu'un écho des luttes qui agitaient l'Eglise de France d'une manière déplorable, et elle vint leur fournir un nouvel aliment 1.

Un grand nombre de curés de Paris donnèrent le signal des réclamations qui eurent lieu contre la bulle de Clément XII, en s'opposant à l'enregistrement des lettres-patentes qui étaient données par le roi pour la publication de cette bulle. Dix avocats distingués appuyèrent leur démarche d'une consultation fortement motivée. Le Parlement jugea conformément à cette consultation, et supprima la bulle de canonisation de saint Vincent de Paul, par un arrêt du 4 janvier 1738 3. Cet arrêt fut annulé par la cour en ce qui regardait l'impression et la distribution de la bulle; quant aux motifs du jugement, elle n'osa les attaquer.

Il ne faudrait pas croire que les curés de Paris, les avocats et le Parlement doutassent de la sainteté de Vincent de Paul *. Ce n'était ni cette sainteté ni la bulle, en tant qu'elle la proclamait, qui était attaquée et supprimée; ils ne condannaient que les attaques contenues dans cette bulle contre la doctrine des quatre articles, et l'esprit de parti qui s'y montrait à découvert. Si Clément XII se fût contenté de retracer les vertus de Vincent et de le déclarer digne des honneurs publics des fidèles, personne n'eût réclamé contre sa bulle, car les évêques qui passaient pour Jansénistes avaient montré le même zèle que les autres pour solliciter la canonisation du charitable instituteur dela Mission.

C'est à tort qu'on a voulu envisager autrement cette question. On

' Canonisat. B. Vincent. a Paulo. Paris, Simon, in-4.0, 1737.

2 Consultation de MM. les avocats du Parlement de Paris. in-4.0, Paris, 1738. On y trouve l'acte d'opposition des curés.

3 Arrêt de la cour du Parlement du 4 janv. 1738, qui supprime un imprimé intitulé Canonisatio, etc.

On peut consulter à ce sujet la lettre d'un chanoine de province à un des curés de Paris; la lettre de M*** à M*** au sujet de saint Vincent de Paul. Les auteurs de ces écrits, condamnés par l'archevêque de Cambrai, étaient appelants. Ils se montrent très respectueux pour saint Vincent de Paul. Les évêques appelants avaient sollicité, comme les autres, la canonisation de ce saint prêtre.

doit se tenir en garde contre les appréciations générales données par certains écrivains 1, touchant la conduite des Parlements dans les affaires ecclésiastiques. Il serait certainement à souhaiter que ni les Parlements ni les rois ne se fussent jamais occupés de ces questions; mais sous le régime où était alors l'Église, elles se rattachaient, par plusieurs côtés, aux lois que les Parlements étaient chargés de faire exécuter. Les écrivains qui se plaignent de leur conduite dans les affaires de la bulle, approuvent absolument celle de Louis XIV, et de la cour de Louis XV, sous Dubois et sous Fleury. Si les Parlements ne devaient point s'occuper de questions religieuses, les rois ne le pouvaient pas davantage. Il faut donc s'élever au-dessus des préoccupations de parti pour juger les unes et les autres, et se souvenir que le régime sous lequel était la société religieuse, aux xvIIe et XVIIe siècles, ne peut être comparé à l'état où elle fut depuis la Révolution de 1789, et qu'il serait ridicule de juger les Parlements du point de vue où l'on jugerait aujourd'hui les tribunaux. Nous avons souvent déploré, dans le cours de cet ouvrage, que l'on ait cru devoir introduire le pouvoir temporel dans le sanctuaire, et nous avons remarqué que c'étaient les papes eux-mêmes qui lui avaient ouvert la barrière. C'est par eux que le régime mixte de l'Église fut rendu Légal au moyen du Concordat. Ce régime doit être, même pour l'historien qui le déplore, un fait accompli; et il doit l'accepter, pour le temps dont il raconte l'histoire, sous peine de présenter les événements sans vérité et avec passion

Au xvIe siècle, tout ce qui se rattachait au culte public était de la compétence du Parlement, comme tout ce qui, dans l'enseignement, était opposé à la doctrine reconnue légalement; il n'est donc pas étonnant qu'il ait attaqué les mandements de certains évêques, et quelques actes émanant de la cour de Rome; qu'il se soit occupé de la légende de saint Grégoire VII et de la bulle de canonisation de saint Vincent de Paul, enfin des liturgies qui furent alors réformées dans la plupart des Eglises de France. Nous devons dire quelques mots de cette réforme.

Les liturgies avaient été envahies, au moyen-âge, par une foule de légendes ou autres pièces apocryphes et certains usages plus ou moins ridicules. Dès le xvIe siècle, la critique avait fait de tels pro

1 Picot et ses copistes ont affecté de ne pas faire les distinctions que nous faisons, afin de pouvoir présenter cette affaire avec passion.

grès, que plusieurs offices ou usages étaient devenus intolérables, et l'on sentit le besoin d'une réforme, sur ce point, comme sur tous les autres.

La question fut portée au Concile de Trente, qui s'en déchargea sur le pape. On se mit donc, à Rome, à réformer la liturgie romaine, et, après plusieurs essais, Pie V publia, enfin, des livres liturgiques, sinon parfaits, du moins meilleurs que ceux dont on se servait auparavant. Les Églises qui n'avaient pas de liturgie particulière ou qui ne pouvaient faire la dépense de nouveaux livres, adoptèrent ceux de Pie V. Les autres, comme la plupart des Églises de France, commencèrent à réformer leurs liturgies particulières, partiellement et peu à peu, afin de ne pas faire un changement trop brusque dans les habitudes du peuple, qui eût considéré comme une transformation de la religion elle-même celle des livres liturgiques. Dans le cours du XVIe siècle, certains usages ou offices disparurent; les pièces apocryphes firent place à d'autres que la critique éclairée pouvait avouer. Enfin, après environ un siècle de changements prudents et sages dans les habitudes, on put songer à donner des liturgies entièrement réformées.

Les évêques de France se mirent à l'œuvre. De tout temps, ils avaient usé d'un pouvoir à peu près absolu dans la direction des prières publiques de leurs diocèses. Nous avons vu, dès le ve siècle, saint Venerius de Marseille, saint Mamers de Vienne, et d'autres saints évêques donner à leurs Églises des liturgies entières. Saint Sidoine Apollinaire, saint Grégoire de Tours, saint Fortunat de Poitiers suivirent cet exemple, qui le fut aussi par les évêques les plus saints et les plus zélés des siècles suivants, comme nous l'avons souvent remarqué.

On vit donc paraître, à la fin xvIe siècle, plusieurs liturgies améliorées ou réformées. Les premières qui parurent furent celles de Soissons, de Reims, du Mans, de Vienne et celle de Paris, sous l'épiscopat de Harlai. Les Gondi, qui avaient successivement occupé le siége épiscopal de Paris, s'étaient occupés de l'amélioration des livres liturgiques de leur Église et en avaient fait disparaître les principales fautes. Péréfixe avait nommé une commission pour en préparer une édition correcte et entièrement réformée. Harlai donna suite au projet de Péréfixe, et, en 1685, publia le nouveau Bréviaire de Paris. La commission s'attacha surtout à retrancher certaines homélies faussement attribuées aux Pères de l'Église; les choses erronées ou incertaines qui se trouvaient dans les légendes

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