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pouvoir en Russie. Elle autorise simplement les propriétaires des écoles particulières, c'est-à-dire libres, à employer, s'ils le désirent, le polonais comme langue d'enseignement. Mais il y a une amère dérision dans le mot << autorise »; car les écoles où on enseigne en polonais sont prévenues que leurs élèves perdent les droits afférents aux collèges officiels droit d'admission aux universités, faculté d'obtenir des postes de fonctionnaires, facilités pour le service militaire, elc. Par la même loi, l'inspection des collèges libres est soustraite à toute influence polonaise; et elle passe aux directions russes de l'instruction publique de chacun des gouvernements. Enfin la même légalité du 19 juin 1905 impose aux collèges libres l'obligation de faire donner des leçons de langue russe, d'histoire et de géographie russes, leçons durant lesquelles l'usage de la langue russe était imposé (1).

Pour tirer parti des innovations fallacieuses hérissées de restrictions décevantes, il y eut une nouvelle hardiesse dans les initiatives des Polonais, une transformation réelle des études secondaires dans la Pologne du Congrès. La population polonaise organisa elle-même ses écoles secondaires. Malgré les obstacles dressés par le gouvernement russe, malgré les difficultés techniques, malgré les charges financières, elle obtint rapidement de très grands résultats. On l'a vu en 1918 lorsque, de toutes les parties du monde, on a pu pénétrer en Pologne. Ce qui distingue les écoles secondaires libres, c'est le zèle ardent avec lequel les maîtres exercent leurs fonctions; c'est la confiance réciproque, qui unit professeurs et élèves, la bonne intelligence qui règne entre eux; et c'est aussi le niveau élevé de l'enseignement. Il s'est trouvé, tout naturellement, que les élèves sortant des collèges libres de Pologne, bien que n'ayant pas le droit

(1) La Pologne ; p. 680.

d'être admis dans les Universités russes, ont été admis comme étudiants réguliers, non seulement dans les Universités de Galicie, mais aussi dans celles de toute l'Autriche, de la France, de la Suisse et des autres grands pays (1). Ces étudiants, inscrits comme russes, ont développé leur esprit polonais au cours de leurs études supérieures. Le travail patient et clandestin a préparé une solution, que les études régulières ont consolidée, malgré les difficultés et les privations; parce que toutes les forces de résistance étaient constamment tenues en éveil.

Ex

tut de

dos professi

Qu'on ne se trompe pas, le mouvement scolaire de 1905 est un «< boycottage» de l'école officielle russe, pour aboutir à l'école polonaise. On a fait une erreur en l'appelant une «< grève scolaire ». Ce fut, au contraire, une entreprise disciplinée pour apprendre davantage et plus complètement ce qui convenait à la «< polonisation de la vie ». Et ce mouvement appartient à l'initiative des élèves; il a été une protestation de la jeunesse polonaise contre la russification de l'enseignement de la religion. Ce fut la grande force et le grand honneur de ce mouvement libérateur pour tout l'enseignement secondaire. Il ne faut pas laisser dire que ce fut « une croisade des enfants ». Ce sont les adolescents des classes élevées qui ont commencé; et leur action fut, non pas négative, mais positive (2). Rejetant la tutelle officielle, avec l'assentiment complet des parents, les écoliers surent se soumettre à une discipline nouvelle. Ils ont fait preuve, avec ceux qui les soutenaient, d'une faculté d'organisation toute spontanée et d'une souplesse de féconde initiative, qui sait préparer un avenir réparateur. Tels sont les caractères de cet épisode mouvementé de la lutte des Polonais pour leur droit national.

(1) La Pologne; p. 680.

(2) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 28.

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Enseignement technique

Dès le début de leur formation, toutes les sociétés polonaises professionnelles réclamèrent l'introduction de la langue polonaise dans leur vie administrative. Il en fut de même pour les sociétés d'assistance et pour les institutions économiques entre Polonais. Les paysans, appuyés sur leurs leurs organisations clandestines, demandèrent davantage. Malgré les sourdes menées de s commissaires du gouvernement, ils demandèrent l'introduction de la langue polonaise dans l'administration des communes, des justices de paix et des écoles.

Il ne saurait être question de reprocher aux groupements professionnels une sorte d'ingérence dans les affaires scolaires. Il y a longtemps que la plus grande partie des écoles libres de Pologne se trouve sous la protection des institutions sociales, qui leur garantissent l'existence matérielle Société d'agriculteurs, Société des Ingénieurs. Conjointement il y a des organisations spécialement fondées dans le but de faire fonctionner les écoles libres. Sur ces bases il y eut des progrès, qu'il ne faut ni méconnaître, ni exagérer.

En 1905, vingt mille élèves environ fréquentaient les écoles officielles de la Pologne du Congrès. Le « boycottage », qui toucha surtout les classes supérieures, leur en enleva plus de sept mille.

En 1913, l'école polonaise s'était organisée sur des bases nouvelles. Le succès lui est tellement venu, que le chiffre des élèves est monté à quarante mille pour les écoles libres, tandis que celui des écoles officielles n'a pas pu dépasser le retour au chiffre de vingt mille. A la même époque, le nombre des écoles officielles était 69; celui des écoles libres 158 (1).

(1) REVUE HEBDOMADAIRE, 9 juillet 1914; p. 158.

Il n'est pas jusqu'au Parti socialiste polonais, qui n'ait subi l'influence du grand mouvement de régénération. << Tout ce mouvement de toutes les nuances politiques, depuis l'internationalisme jusqu'au nationalisme, reste comme enveloppé d'une teinte idéaliste, qui s'exprime dans un travail fervent d'autodidactisme, d'instruction en général, en même temps qu'il garde la faculté de se sacrifier pour l'idéal politique de toute la nation »>< (1).

Mettant à profit de nouvelles lois, les Polonais ont fondé neuf écoles supérieures, des cours divers, une Université libre, des Cours scientifiques, des Cours supérieurs pour jeunes filles, une École supérieure d'agriculture. L'ensemble forme comme les diverses Facultés d'une Université. Le nombre des élèves dépasse 2 300. Ainsi la grève scolaire, loin de nuire (comme certains l'ont prétendu) à l'instruction générale du pays, contribua puissamment à son développement.

En outre, elle a poussé les forces latentes de la société à se révéler, à s'organiser et à fonder, dans les conditions. les plus difficiles, l'édifice solide de l'école polonaise (2). Ces actes d'initiative, échelonnés de 1905 à 1914, préparaient les esprits aux perspectives d'une Pologne indépendante.

L'agriculture, qui a toujours été le fond même des ressources nationales de la Pologne, profita, naturellement la première, du développement de l'instruction et de la relative liberté d'association. Tout un système de coopératives et de cercles agricoles fut établi et couronné par la vaste organisation de la Société centrale des agriculteurs, qui dirige toute la vie rurale en Pologne. La même puissance a déterminé une sorte d'enseignement ambulatoire pour les agriculteurs au moyen des coopératives (3).

(1) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 34.

(2) Ibid., p. 29.

(3) Ibid., p. 30.

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A mi-chemin entre Lwow et Varsovie se trouve un centre agricole de grande importance. C'est Lublin où M. Edmond Privat a le mieux senti battre le cœur de vieille cité pittoresque, où l'on vit en

la Pologne, famille (1).

Trois fois la guerre de 1914-1918 a menacé Lublin, au Sud, à l'Est et à l'Ouest. Les habitants ont vu le ciel rouge des batailles flamboyer devant leurs fenêtres. La canonnade leur imposa de rudes veilles ; et l'invasion leur parut imminente. Un jour même ils virent partir les fonctionnaires russes, et ils formèrent leur Comité municipal pour administrer la ville avec le gouverneur qui restait à son poste. Le péril engendrait presque l'autonomie. Cependant l'orage s'éloigna. Alors l'administration impériale revint au complet; mais le Comité resta pour s'occuper des indigents et des chômeurs.

Même en temps de paix les meilleurs citoyens de Lublin savent grouper leurs efforts; et, malgré des obstacles inouïs, l'initiative privée et collective a su créer, d'une manière admirable, les services publics et sociaux que l'État néglige d'organiser. Après avoir admiré la société agricole, que préside l'ancien député Jean Stecki, M. Edmond Privat a visité des hospices, des asiles de vieillards, un orphelinat, des garderies d'enfants, des dispensaires et d'autres institutions, qui témoignent de ce que pourrait faire une municipalité polonaise, à laquelle on permettrait d'exister librement. La race polonaise a le goût et le génie de l'activité sociale. Avec son intelligence rapide et claire, doublée d'un sens artistique raffiné, je crois, ajoute M. Edmond Privat, qu'elle pourra faire de grandes choses quand on lui rendra sa place au soleil parmi les nations de l'Europe moderne (2).

(1) La Pologne sous la rafale. Paris, sans date ; p. 30. (2) Ibid., p. 31.

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