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L'avenir s'éclaire davantage quand on sait la collaboration de la femme polonaise. Il y a longtemps que les nécessités de la vie publique et celles de la vie guerrière, en absorbant l'activité de l'homme, ont obligé la femme à s'occuper entièrement des affaires de famille en Pologne. Sa responsabilité y était devenue plus grande que dans les autres pays. Cette responsabilité implique une certaine certaine mesure d'indépendance; elle impose une sorte de résolution ferme et persévérante, non pour le sentiment, mais pour l'action. Au moment des désastres, la femme polonaise est devenue une aide et un soutien pour tout son entourage. Il s'est passé, en Pologne, quelque chose d'analogue à ce qui s'est passé en Belgique et en France envahies pendant la grande guerre de 1914-1918.

Après l'insurrection de 1863, le pays se trouvait démuni d'hommes. Les hommes avaient été tués ou déportés en Sibérie. La vie économique traversait une crise profonde et compliquée. Il fallut dès lors utiliser les énergies féminines... La femme prit la direction des affaires et la gérance des biens, tout en accomplissant son œuvre de charité et de dévouement. Plutôt timide par tempérament quant à l'initiative, mais par contre douée d'une endurance plus grande, et avantagée par un sens de l'économie basé sur l'habitude de l'épargne, la femme polonaise fut tout d'abord un élément de sauvetage, puis un facteur puissant de conservation nationale. Durant cette période de transition difficile et brusque, elle sauva du rachat ou de la ruine en Lithuanie et en Ruthénie, de nombreux biens et propriétés.

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Plus tard, élargissant son champ d'action, et diversifiant ses moyens dans le domaine intellectuel, riche de l'expérience d'une lutte prolongée, elle entra comme facteur décisif dans le combat contre la dénationalisation elle défendit au foyer la langue nationale (1). (1) Pp. 35-36.

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Grâce à une certaine faculté d'inadaptation, elle soutint la continuité de la tradition polonaise; elle forma un puissant élément de résistance. Ce fut elle qui, en fondant les écoles, monopolisa pendant de longues années l'enseignement des jeunes filles pour les protéger contre le contact de l'école russe.

Ainsi, par l'importance de son rôle économique, par son travail, par son dévouement à la cause patriotique, la femme polonaise devint émancipée presque sans le savoir. Quand toutes les forces nationales se levèrent, vers 1905, la femme entra dans la lutte avec une certaine vitesse acquise. Consciente de son rôle, instruite de ses droits comme de ses devoirs, elle n'apporte pas avec elle ces tâtonnements, ces essais extrêmes, que l'on rencontre dans les revendications féminines des autres pays; car elle a acquis d'avance la liberté de ses mouve

ments.

Profitant d'une certaine liberté d'association, et tout en prenant une part active dans les organisations d'ordre général, les femmes de Pologne ont fondé des Cercles, des Sociétés, où elles s'occupent exclusivement des intérêts féminins. Un syndicat des ouvrières de l'aiguille existe à Varsovie; et bien d'autres groupes semblables sont établis dans les villes de province.

En 1906, il fut fondé une Maternelle scolaire; mais elle fut dissoute dès 1907 par décision des autorités administratives russes (1). Pendant les dix-huit mois de son existence légale, la Maternelle scolaire a établi, dans les six gouvernements du royaume de Pologne, huit cents écoles primaires fréquentées par plus de 63 000 enfants; elle a formé une Université populaire; et, dans treize localités de province, elle a organisé des cours pour adultes. Elle a dirigé quatre cents asiles et ouvert au public

(1) On prétend que le gouvernement russe ne l'a prononcée que sous la pression du gouvernement allemand.

les portes de huit cents bibliothèques et cabinets de lec

ture.

En ces dix-huit mois, les souscriptions bénévoles en faveur de l'œuvre ont atteint trois millions de francs.

Après la dissolution inattendue de la Maternelle scolaire, les Polonais ne se découragèrent pas (1). Lorsque quelques mois furent écoulés, on vit avec quelle souplesse ils s'étaient maintenus dans la légalité; à la place d'une seule Maternelle scolaire, il y eut toute une série d'organisations scolaires. On fit divers Cours pour adultes. Des écoles normales furent formées; et elles fonctionnèrent indépendamment les unes des autres. L'œuvre difficile de la Maternelle scolaire avait été administrativement supprimée; par l'initiative féconde. des Polonais, mais sous d'autres formes, elle subsista quand même.

Sur ce terrain encore, par une active diffusion des études, par un enseignement libre et patriotique, on préparait une résurrection nationale, sans se soucier de la date, ni de la nature de l'événement libérateur.

Enseignement supérieur

Dans le domaine du haut enseignement, le gouvernement austro-hongrois, longtemps manœuvré par les deux autres puissances co-partageantes, en est venu à concéder plusieurs libertés aux Polonais, dont l'aptitude scientifique avait été plus d'une fois utilisée au profit de tout l'Empire. Les Universités de Cracovie et de Leopol en ont bénéficié. En 1895, elles n'avaient en tout que 532 étudiants. En 1907-1908 elles en comptaient plus de 8 000.

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gouvernement prussien est toujours demeuré tyrannique, tandis que les administrations russes ont (1) M. Noir et Z. L. Zaleski; p. 29.

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plusieurs fois subi les fluctuations de la politique générale.

Toutes les fois que des entraves furent mises à la liberté, surgirent, dans les Universités, deux sortes de résistances aux oppresseurs.

Du côté des étudiants, ce fut l'esprit de corps entre Polonais et simultanément l'esprit de contradiction, puis d'opposition, et enfin de révolte contre les oppresseurs, révolte libératrice et studieuse, nullement nihiliste, ni anarchique, pas même destructrice.

Du côté des professeurs, ce fut cette manière d'indépendance irréductible, qu'inspire la notion claire des vérités certaines. Il en résulte un mépris insondable pour tous ceux, quels qu'ils soient qui entravent les expressions et les manifestations de la vérité. Et c'est ainsi qu'il s'est trouvé des professeurs polonais, débarrassés du souci des contingences, pour enseigner avec éclat, non seulement à Cracovie et à Leopol, mais encore en Suisse, en Amérique, en France et partout où ils trouvaient une chaire pour professer sans ambages leur part de vérité technique exempte de compromission ou d'arrivisme.

A Varsovie, il y avait, au temps du Duché créé par Napoléon (1808-1814), une école de droit et une école de médecine. Après le Congrès de Vienne (1815), ce groupe devint une Université, qui, à dater de 1818, se composa des cinq Facultés, qui sont d'usage régulier. Après l'insurrection de 1831, toutes les Universités de Pologne furent fermées, celle de Varsovic comme les autres.

Après la guerre de Crimée de 1854-1855, la Russie reconstitua, non pas une Université, mais une simple école de droit et simultanément une école de médecine et de chirurgie. En 1862, ces deux écoles devinrent des Facultés de la « haute école », en polonais Szkola Glowna (équivalent du terme Université). Après l'insurrection

de 1863, les tracasseries furent renouvelées; les mécontentements aussi.

En 1869, l'Université polonaise de Varsovie fut remplacée par une Université russe. On y favorisa les étudiants originaires de la Grande-Russie. « Des facilités leur furent consenties aux examens... >> (1).

Ce fut un avantage pour les arrivistes, un fatal abaissement du niveau des études.

Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, ce système se heurta à une opposition acharnée de la part des étudiants polonais. Beaucoup d'entre eux, échappant au système pédagogique russe, se rendirent dans les Universités étrangères. Ceux qui restèrent firent entendre de fréquentes protestations, qui, au début surtout, demeurèrent absolument vaines... Seuls les bouleversements de l'Empire russe, en 1905, firent aboutir le mouvement protestataire des étudiants.

Du 28 janvier 1905 date un des plus vigoureux événements qui amena l'enseignement supérieur et le haut travail scientifique à participer à l'effort commun en vue de la future résurrection de la Pologne. Ce jour-là toute la jeunesse universitaire de la Pologne du Congrès décréta la grève générale. Chaque étudiant y risquait son avenir; mais il y apportait sa foi patriotique et son ardeur juvénile. A la suite de cette énergique mesure, on répandit la nouvelle que l'administration russe avait décidé d'ordonner la «< repolonisation » des Universités. Le gouvernement n'en fit rien; il se borna simplement à créer à l'Université de Varsovie une chaire de langue polonaise et une de littérature polonaise. Les étudiants ne furent pas dupes de cette demi-mesure et les Universités restèrent fermées pendant des années entières.

(1) La Pologne. Paris et Lausanne, Payot, 1918; p. 677.

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