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Lorsqu'on les rouvrit, les bancs des auditoires étaient presque exclusivement occupés par des auditeurs venus de l'intérieur de la Russie, et particulièrement par ceux, qui, faute de capacités suffisantes, n'avaient pu être admis dans l'Université de leur pays d'origine; ce fut une cause surajoutée pour l'abaissement du niveau des études. On réussit de la sorte à rendre l'Université de la Pologne du Congrès entièrement étrangère à la population. Après avoir annoncé la « repolonisation »>, on arrivait au résultat opposé. Les étudiants polonais se sont abstenus de fréquenter l'Université (1).

Le boycottage a ainsi porté sur 10 l'Université de Varsovie, à laquelle sont rattachés, depuis 1911, des cours spéciaux pour jeunes filles; 2o le polytechnicum (école polytechnique, créée en 1894 par souscriptions polonaises privées); 3o l'institut vétérinaire, qui fut russifié après l'insurrection de 1863; 4o l'institut agronomique et forestier de Pulawy (en russe Nowaja Alexandrija), modifié, après 1863, par la russification de l'ancienne Académie Polonaise d'agronomie.

Les Polonais avaient ainsi combattu pour obtenir la « repolonisation » de ces institutions d'enseignement supérieur ; ils n'y avaient pas réussi; mais ils ne furent pas résignés au statu quo. Ils se résolurent à entreprendre la lourde tâche de fonder, à leurs propres frais, des Universités populaires privées, libres.

On n'attendit pas longtemps après que les étudiants eurent abandonné l'Université de Varsovie. En peu de temps on se mit à l'œuvre pour édifier une haute école de même genre. Ainsi, à Varsovie prirent naissance les « cours scientifiques ». Il n'était pas possible, évidemment, de fonder en un tour de main une Université conçue d'après le type habituel. Ce que l'on fit se rapprochait plutôt du type des « Universités libres » de l'Ouest. Les

(1) La Pologne. Paris et Lausanne, Payot, 1918; p. 677.

Facultés de cette Université, de Lettres, de Sciences naturelles, de Technique et d'Horticulture se développèrent très vite. Durant le semestre d'été 1914, les cours étaient enseignés par 70 professeurs; ils réunissaient 1100 étudiants (1).

Deux autres Universités, pédagogiques celles-là, et destinées aux femmes, furent créées, grâce à des souscriptions privées. L'une d'elles est entretenue par l'essociation catholique.

Également à titre privé (libre), on fonda des cours commerciaux universitaires; ils furent fréquentés d'emblée par des centaines d'étudiants.

L'Université d'agronomie, succédant à l'Académie polonaise d'agronomie, a été séparée, en 1912, de l'Association des cours scientifiques. Elle a pris le nom de « Cours industriels agronomiques ». Elle a une importance utilitaire de premier ordre parmi les institutions d'enseignement supérieur libre. Avant la guerre de 1914-1918, elle comptait environ 600 étudiants.

A la même époque, il y avait aussi, à Varsovie, l'école de mécanique et de technique de MM. Wawalberg et Rotwand d'une part; les « cours commerciaux pour femmes » d'autre part, qui contribuaient, chacun dans sa sphère, à préparer la reconstitution éventuelle de la Pologne libérée.

Dans l'ordre de l'enseignement supérieur, ce qui était facile en Galicie, encore très manifeste en Russie, ne pouvait être préparé ostensiblement en Silésie, en Posnanie, ni en Prusse occidentale. Il faut cependant bien admettre que la libération de la Pologne y était espérée autant qu'ailleurs, puisque l'Université polonaise de Poznan surgit, magnifique et prospère, provoquant l'admiration et les vœux des Français, qui en ont vu

(1) La Pologne ; p. 678.

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les débuts dans cette région laborieuse, sagace et prospère, vraiment digne de toutes ses libertés reconquises.

Il faut le reconnaître, la résurrection de la Pologne, loin d'être improvisée, a été laborieusement préparée par les Polonais eux-mêmes, et dans tous les ordres de l'enseignement. Si la vie est devenue si intense dans chacun des trois tronçons raccordés, c'est parce qu'elle n'a jamais cessé pendant la longue période du néfaste partage et du morcellement jamais accepté.

La vie latente a été entretenue dans les familles : elle a été soutenue, au besoin ranimée, dans les écoles de tout rang, au prix de grands sacrifices et malgré de nombreux déboires, pour demeurer fidèle à l'idéal d'une noble patrie.

Académies

Plus curieuse encore est la portée des Bibliothèques, des Académies, des Sociétés scientifiques de toutes sortes. C'est pour la Pologne et par l'initiative des Polonais obstinés dans leur confiance, qu'il a été constitué un peu partout, des fondations, des locaux, des collections, des laboratoires, et aussi d'importantes publications, périodiques ou non, que l'Occident peut envier actuellement, sans avoir les ressources nécessaires pour en entreprendre une imitation.

Certes, les magnats polonais se sont montrés de grands esprits et se sont honorés par des libéralités d'aussi haute envergure. A côté d'eux il faut aussi reconnaître les mérites des travailleurs de l'esprit il s'en est rencontré à tous les rangs de la société ; et il convient d'admirer leur ardeur vers leur idéal scientifique, littéraire ou artistique; leur activité et leur zèle pour soutenir, exciter élever le moral polonais.

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Pour ces hommes d'élite, l'administration du chemin de fer de Vienne à Varsovie (qui possédait aussi, jusqu'à la frontière, la ligne de Varsovie vers Berlin), a été, pendant soixante ans, une ressource du plus haut prix. De 1848 à 1908, cette administration a conservé toutes ses libertés; et elle en a fait le plus bel usage en faveur des esprits de choix, qui demeuraient les serviteurs discrets, mais fidèles, de l'idéal polonais.

Parmi les employés, qui vivaient modestement de leurs fonctions administratives, il s'en est trouvé un bon nombre pour cultiver leur talent dans la littérature, dans la poésie, pour continuer leurs études scientifiques, pour faire fructifier leurs recherches antérieures. Leurs travaux désintéressés remplissent les publications des Académies et des Sociétés savantes et tout le monde proclame en Pologne, la salutaire influence de ses œuvres scientifiques et littéraires, même de portée abstraite, que les persécuteurs n'ont pas pu entraver.

Il faut bien le reconnaître, par des voies détournées et peu prévues, le travail, dans toutes les sciences, a maintenu les Polonais, même du plus haut rang, dans une activité psychique constante, dans une salutaire unité d'âme, dans une culture opiniàtre d'un idéal national. Le travail scientifique désintéressé a fourni sa part coordonnée pour ramener la Pologne à son rang de grande nation, indépendante et unifiée. Ce travail, qui semble théorique, a été mené par l'usage judicieux d'un simple reste de liberté. Il est instructif d'en connaître les phases mouvementées.

Dès 1816 ou 1817, les Polonais ont fondé, à Cracovie, une « Société des Amis des Sciences ». Son crédit était si bien acquis, qu'au xixe siècle, les savants de France et ceux de toute l'Europe s'honoraient d'en être membres correspondants. En 1868 elle fut transformée en « Académie des Sciences de Cracovie ». En 1873, elle fut définitivement l'active protectrice des sciences en Pologne,

l'organe centralisateur des études scientifiques; elle contribua efficacement au développement des études et des recherches de tout ordre; elle est devenue le couronnement de tout l'édifice de l'enseignement dans toute la Pologne historique. Cette Académie célèbre est partagée en trois classes: Histoire et philosophie; Philologie; Sciences mathématiques et naturelles. Son fonctionnement est préservé de bien des entraves; car il s'y trouve dix Commissions autonomes: 1) Histoire de la philosophie polonaise; 2) Jurisprudence; 3) Histoire ; 4) Histoire de l'art; 5) Anthropologie; 6) Littérature et instruction publique en Pologne; 7) Philologie ; 8) Linguistique; 9) Physiographie; 10) Histoire des Sciences.

En dehors du Bulletin mensuel, rédigé en quatre langues français, anglais, allemand, latin, l'Académie des Sciences de Cracovie a publié jusqu'en 1913 trois cent trois volumes de mémoires et Comptes rendus et cent quatre-vingt-huit volumes de Documents d'archives et de Monographies scientifiques. Elle possède des stations scientifiques : à Paris, où elle a une bibliothèque de 100.000 volumes, à Rome, à Constantinople. L'admission à l'Académie des Sciences de Cracovie n'est accordée qu'aux auteurs d'importants travaux scientifiques; c'est pourquoi le nombre des membres est restreint.

De toute la Pologne on communique le résultat des recherches scientifiques à l'Académie des Sciences de Cracovie.

La Galicie est favorisée au point de vue scientifique. Autour de l'Académie des Sciences de Cracovie, elle possède deux Universités, l'une à Cracovie, l'autre à Leopol; une Académie d'agriculture à Dublany; deux Écoles supérieures vétérinaires ; une École des beauxarts à Cracovie, des écoles de musique à Leopol et à IV. SÉRIE. T. I.

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