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répartis en trois sections. Il suffit de quelques années pour en faire une institution puissante. Quatre Commissions y fonctionnent. Son budget pour 1913 était 338 000 francs et son bilan 1 210 000 francs. C'est de dons et de cotisations volontaires que provient tout l'avoir dont les Sociétés scientifiques disposent et auquel elles doivent leur développement. Pour la seule année 1913, les dons remis à la Société des Sciences de Varsovie ont atteint le total de 339 000 francs.

En Pologne, les Sociétés scientifiques ne reçoivent aucun subside du gouvernement. Le nombre des donations faites pendant la seule année 1913 à l'Académie des Sciences de Cracovie ou à la Société des Sciences de Varsovie montre l'intérêt et le dévouement du public polonais (1).

)).

C'est une tradition. « En 1776, les écoles possédaient, en Pologne, une fortune indépendante (2). Pour les institutions polonaises, qui s'occupent d'encourager matériellement les études et les recherches scientifiques, il y a des fonds; et ils ont été fournis exclusivement par l'initiative privée et grâce à l'esprit de dévouement de la nation.

Ces œuvres sont d'ailleurs loin de représenter toute l'activité sociale dans cette direction. On rencontre de nombreuses marques de l'encouragement efficace, fourni aux sciences, dans l'activité déployée par une quantité d'Associations historiques, artistiques et autres, qui, fréquemment, éditent de nombreuses publications.

Certains chiffres ont une particulière éloquence. Pendant l'année 1913 et le premier trimestre de 1914, la statistique enregistre 76 dons et legs, exclusivement en espèces, d'au moins 13 000 francs chacun, formant un total d'environ 12 863 000 francs. Ces dons étaient affec

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(2) K. Walizewski, La Pologne inconnue ; pages d'histoire et d'actualité. Paris, Colin, 1919; p. 97. '

tés à des buts sociaux, philanthropiques, éducatifs et scientifiques.

Trente-deux d'entre eux, du montant d'environ 6 760 000 francs, étaient destinés à des œuvres d'éducation, ou à des œuvres scientifiques, à savoir environ deux millions de francs pour l'instruction publique générale, 1 200 000 francs pour des bourses et 2 850 000 frs. pour des œuvres scientifiques et artistiques. Dans ces chiffres sont compris des dons affectés à une destination déterminée, par exemple 220 000 francs pour l'achat d'œuvres d'art pour le Musée national de Cracovie et 130 000 francs pour favoriser les études et les recherches de Polonais, qui travaillent dans le domaine de la biologie et de la médecine expérimentale.

Durant cette période, il fut fait, sans parler des immeubles, qui avaient été construits pour d'autres destinations, sept grands legs considérables, consistant en collections scientifiques et artistiques et en bibliothèques. Quelques-uns de ces legs étaient de très grande valeur, notamment les collections du fameux historien de l'Art et des mœurs polonaises, Wladislaw Lozinski (1).

Il ne faut cependant rien exagérer. En Pologne, la religion dominante est le Catholicisme. Le clergé catholique a parfois été assez riche pour posséder les deux tiers des terres ; mais la coexistence des cultes dissidents est la preuve de la loyale disposition des Polonais à l'égard de la liberté des autres. Parmi les dissidents, il y a des Luthériens, des Sociniens, des Grecs non unis soi-disant Orthodoxes russes, et surtout beaucoup de Juifs aussi a-t-on surnommé la Pologne « le paradis des Juifs ».

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Il ne faut pas s'étonner de la part très large que les Polonais ont toujours réservée à l'enseignement et au

(1) La Pologne. 1918; p. 723.

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travail scientifique en vue d'aboutir à la restitution de leurs libertés nationales.

Pour ces hommes de foi profonde et de loyale sincérité, il n'est pas douteux que l'enseignement à tous ses degrés notifie et propage la vérité; il est certain que le travail scientifique précise et élargit le domaine de la vérité; et que Dieu fait fructifier l'un et l'autre par les voies qu'Il se réserve.

Fermement convaincus de ces principes, les Polonais ont compris la scélératesse des procédés de leurs ennemis. En effet, porter atteinte aux libertés de la science, c'est commettre un attentat contre ce qu'il y a de plus élevé dans les attributs de l'homme c'est frapper son caractère le plus sublime, celui par lequel il domine la nature entière, le seul, vraiment, qui fasse de l'homme, être périssable, une image de Dieu même.

Devant l'idéalisme polonais c'est là une aberration. Pour commettre un pareil acte de déraison, il faut que l'ennemi ait subi la griserie de l'orgueil avec sa conséquence, la folle confiance dans sa propre force «< comme si omnipotence impliquait omniscience » (1). Quiconque est au service de la Vérité doit résister à une pareille prétention. Le devoir a pu être dur pour les Polonais; mais ils ont noblement défendu leur pays sur ce terrain ardu et onéreux ; ils ont su se maintenir à la hauteur de leur noble tâche.

Il faut donc le reconnaître à la Pologne autant qu'à la Belgique s'applique la parole célèbre : « Un pays qui se défend s'impose au respect de tous. Ce pays ne périt pas » (2).

Dr GUERMONPREZ, Professeur à l'Université catholique de Lille.

(1) Legendre, Tour d'horizon mondial. Paris, 1920; p. 170. (2) Albert Ier, Manifeste royal août 1914.

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Il est arrivé deux ou trois fois, depuis que l'esprit humain s'est appliqué à scruter les mystères de la nature, que les savants ont cru avoir atteint le fond même. des choses et donné des phénomènes une explication définitive. Ce fut surtout au XVIIe siècle, quand Descartes prétendit tout éclaircir par « des raisons de Mécha nique » en ne se servant que de la figure et du mouvement, et peut-être plus encore au XIXe, dans l'enthousiasme soulevé par la constitution des grandes théories physiques, telles que la théorie ondulatoire de la lumière et la théorie mécanique de la chaleur: Dans ces grandioses synthèses on se plut à voir, non seulement le mécanisme exact des phénomènes, mais aussi la structure intime de la matière et son explication cosmologique.

Nous sommes bien revenus de ces vastes ambitions. D'abord, cela va sans dire, le savant du xxe siècle renonce à toute prétention d'usurper sur le domaine de la métaphysique. De plus, assagi peu à peu par de multiples déceptions dans ses essais d'adaptation, aux théories en vogue, des apports incessants des découvertes nouvelles, il a fini par se demander s'il n'était pas vain de vouloir expliquer le monde, même au simple point de vue physique. La nature ne laisse démonter que ses pièces extérieures, pour ainsi dire; le fond demeure impénétrable. Incapables de l'analyser directement, nous pouvons tout

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au plus imaginer un système, un mécanisme apte à produire un certain nombre des effets que nous observons, mais nous ne pouvons jamais affirmer que le mécanisme, à l'œuvre dans les profondeurs intimes de la matière, est précisément celui-là, parce qu'il ne nous est pas donné de démontrer qu'aucun autre n'en serait capable.

Je m'aventure peut-être en attribuant cet état d'esprit au savant du xxe siècle, en général; limitons-le, pour ne rien exagérer, au physicien. Aussi bien, c'est, de tous les hommes de science, le mieux qualifié pour en parler avec autorité : car, de l'aveu unanime, c'est dans la physique qu'on trouve les plus nombreux et les meilleurs exemples du développement des théories scientifiques.

A cette évolution personne n'a contribué plus puissamment que Pierre Duhem. Pendant plus de vingt-cinq ans il n'a cessé de méditer sur la structure logique des théories et sur leur rôle dans la science. Cette analyse aussi pénétrante que patiente a livré ses fruits progressivement en de nombreux articles dont cette REVUE a eu l'honneur de publier les premiers, à partir de 1912, et dont plusieurs séries ont été réunies en volume. Un ouvrage capital intitulé « La Théorie Physique », paru en 1906 (deuxième édition en 1914), renferme la doctrine complète de notre illustre collaborateur et en donne tout l'enchaînement, avec la forme définitive. C'est là surtout que nous irons chercher sa pensée.

Plus ouvert et plus compréhensif que E. Mach, qui ne voyait dans la théorie que l'« économie du travail intellectuel », plus profond et plus objectif que H. Poincaré qui se complaisait, en ces matières, aux généralités brillantes et volontiers paradoxales, il excelle à embrasser toute la réalité des faits, comme à en dégager tout le sens caché. Jamais les notions d'expérience de physique, de loi physique, n'ont été fouillées, retournées avec une curiosité plus opiniâtre et une perspicacité plus aiguë;

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