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Ces mesures n'ont pas tardé à paraître insuffisantes. Pour imprimer à la production industrielle un caractère véritablement scientifique, il fallait, disait-on, renforcer par des notions théoriques et appliquées de chimie et de bactériologie les connaissances purement pratiques du personnel. Grâce à l'emploi d'appareils perfectionnés et de moteurs mécaniques, les gérants ont pu, particulièrement dans la fabrication du fromage, se décharger d'une grande partie du travail purement matériel, ce qui leur a permis, sans augmenter l'effectif des fabriques, de faire une part beaucoup plus large au travail de laboratoire. Restait à mettre les fabricants en état de s'acquitter de cette nouvelle tâche à laquelle leur éducation antérieure ne les avait guère préparés.

La création d'écoles d'industrie laitière est venue répondre à ce besoin et parfaire l'œuvre de transformation économique entreprise avec l'appui officiel par les syndicats de Québec et d'Ontario (1).

La fabrication des dérivés du lait n'a pas obéi, en ce qui concerne le personnel, à la loi économique de concentration; comme au début de son histoire, elle appartient aujourd'hui encore au type de la petite industrie. En 1901, on comptait seulement 6884 collaborateurs de la production industrielle du beurre et du fromage fabricants, gérants et auxiliaires, soit une moyenne inférieure à deux personnes par fabrique: 1,90. La proportion est plus faible dans les fromageries que dans les beurreries et établissements mixtes. Au point de vue territorial, elle atteint son chiffre maximum dans l'ile du Prince-Edouard (3,19) et son minimum dans la province de Québec (1,82).

La question de la main-d'oeuvre ne se présente pas sous le même aspect dans l'agriculture proprement dite et dans l'industrie laitière. En ce qui concerne la première, la demande de personnel intimement liée à l'importance, souvent difficile à prévoir, du rendement des différentes récoltes, varie dans une large mesure d'une année et même d'un mois d'été à l'autre. La production du beurre et du fromage est au contraire assez constante, et l'effectif des fabriques très réduit; aussi n'engage-t-on guère des ouvriers pour une période inférieure à la saison entière. Le même personnel reste d'ordinaire attaché

(1) Voir sur cette question: Maurice Dewavrin. L'enseignement technique agricole au Canada (REVUE: LA FRANCE DE DEMAIN, numéros de mars et d'avril 1908).

d'année en année au même établissement. Assuré d'y trouver du travail au début de la campagne suivante, l'ouvrier fixe sa résidence dans la localité où la fabrique a son siège, et s'efforce de trouver une occupation pour l'hiver dans le voisinage. D'autre part, la durée de la journée de travail (59 heures par semaine, en moyenne) est plus courte dans les fabriques de beurre et de fromage que dans la culture, et le labeur y est moins pénible. Ces diverses considérations expliquent pourquoi le gain moyen du personnel de l'industrie laitière est moins élevé que celui des moissonneurs, batteurs et garçons de ferme, bien que l'ouvrier des fabriques, à la différence des précédents, ne reçoive ni le logement ni la nourriture.

Le salaire moyen des auxiliaires de la production laitière était en 1901 de 214 dollars par saison pour l'ensemble du pays, soit moins de 1 dollar et demi par jour de travail (1). Sauf en Colombie et dans l'ile du Prince-Edouard, la rémunération des ouvriers proprement dits était à cette dernière date en diminution sensible par rapport au recensement précédent : la diminution moyenne est de 15% (2).

Contrairement à la tendance générale, la statistique de 1901 signale une augmentation du salaire des collaborateurs de l'industrie laitière dans deux provinces: l'ile du Prince-Edouard et la Colombie britannique. L'existence de la production industrielle des dérivés du lait dans l'une et dans l'autre de ces régions était purement nominale en 1891, la première comptant à cette date quatre fabriques, la seconde une seulement. Au cours des dernières années du XIXe siècle, il s'est fondé quarante-quatre établissements dans l'ile du Prince-Edouard et sept en Colombie. Mais l'industrie laitière est une profession qui exige un assez long apprentissage. Il fallut faire venir du dehors des hommes au courant du métier et leur allouer des salaires assez élevés. Dans les autres régions du Canada, par suite des progrès de

(1) Dans la province d'Ontario, dont la moyenne particulière était la plus élevée de toutes, le salaire des ouvriers de l'industrie laitière se montait à 255 dollars par campagne, contre 230 pour la Prairie, 213 dans l'ile du PrinceÉdouard, et 182 seulement à Québec. En Colombie, région où, il est vrai, la saison de fabrication dure deux mois de plus qu'ailleurs, le taux des gages des ouvriers de fabrique était exceptionnellement élevé : 482 dollars.

(2) La diminution des salaires était en 1901 de 8% en Ontario, de 17 % à Québec et de 20% dans l'Ouest. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, où la fabrication n'a jamais été très développée, il n'y avait pas de changement appréciable. Enfin il y avait augmentation de salaire en Colombie (10 %) et dans l'ile du Prince-Edouard (50 %).

l'outillage et malgré l'augmentation considérable de la production, la demande de main-d'oeuvre a été plutôt inférieure à l'offre aussi les gages du personnel se sont-ils abaissés. Toutefois depuis quelques années, vu le succès obtenu par l'enseignement technique, un gérant ayant fait des études professionnelles sérieuses gagne aisément 75 dollars par mois, salaire notablement supérieur à celui qu'il aurait touché il y a vingt ans, tandis que les simples praticiens et les manoeuvres reçoivent au maximum 40 dollars.

Les efforts déployés par les associations d'industrie laitière pour conquérir un débouché en Angleterre n'ont pas été vains, et le marché britannique s'est graduellement ouvert aux produits canadiens, surtout en ce qui concerne le fromage. D'après les statistiques de la douane anglaise, les expéditions canadiennes, qui représentaient en 1892 près de 47 % (1) des importations de fromage au Royaume-Uni, prenaient en 1904 plus de 70 % de ce trafic (2). Pendant la même période, le contingent de la Belgique et celui de la Nouvelle-Zélande augmentaient légèrement, celui de la Hollande et de la France restait stationnaire, enfin celui des États-Unis diminuait de moitié (3).

En ce qui concerne le beurre, le Danemark a conservé la supériorité qu'il avait acquise il y a trente ans vis-à-vis des autres pourvoyeurs de la consommation britannique. Si de 1895 à 1904 le Canada a sextuplé le montant de ses envois de beurre en Angleterre, distançant la Hollande et la Suède, et menaçant dans leurs débouchés la France et la Russie, il n'a pu dépasser encore ni le Danemark, ni l'Australie (4). Les résultats obtenus n'en sont pas moins satisfaisants dans leur ensemble.

(1) 59 000 tonnes sur un total de 125 000.

(2) 103 000 tonnes sur un total de 150 000.

(3) Contingent de ces cinq pays dans le total des importations de fromage en Angleterre pour l'année 1904 : États-Unis, 20 000 tonnes; Hollande, 16 000 tonnes; Belgique 5000 tonnes; Nouvelle-Zélande, 3200 tonnes; France, 2000 tonnes.

(4) Contingent des principaux pays dans le total des importations de beurre en Angleterre :

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L'augmentation du débouché de l'industrie laitière canadienne sur le marché de Londres se complète par une amélioration beaucoup plus marquée de la qualité des produits. Le relèvement des cours témoigne des progrès réalisés dans cet ordre. d'idées de 1895 à 1904. A la première de ces deux dates, le beurre danois se vendait à Londres 22 cents 1/4 la livre, le beurre australien 19 cents 3/4 et celui du Canada 17 cents seulement. Dix ans plus tard, les prix des deux premiers types ont augmenté de 3/4 de cent, et le cours du troisième s'est élevé de 2 cents. En tenant compte du renchérissement général du beurre sur le marché londonien, la marque canadienne a donc gagné 1 point 1/4 au cours de la période considérée. Tout porte à croire que ce progrès n'est pas le dernier, et qu'avant peu d'années le beurre et le fromage canadiens égaleront en qualité les produits similaires du Danemark et de la Hollande.

La comparaison entre les exportations de l'élevage proprement dit et celles de l'industrie laitière tourne à l'avantage de cette dernière branche de la production agricole. Bien que supérieur à l'industrie laitière par la valeur de son rendement total, l'élevage n'est pas encore parvenu à se créer au dehors et spécialement au Royaume-Uni un débouché extérieur comparable à celui du beurre et du fromage canadiens (1). Mais, réserve faite de l'espèce ovine, qui semble condamnée à une déchéance irrémédiable, tout fait espérer qu'il n'en sera pas toujours ainsi. L'ampleur considérable prise par l'élevage dans les provinces de l'Ouest au cours des cinq premières années du présent siècle, semble indiquer que la Prairie canadienne deviendra avant longtemps le grand entrepòt de bétail vivant et de viandes conservées du Royaume-Uni, laissant par une division du travail tacite aux provinces de Québec et d'Ontario la charge de pourvoir la métropole britannique en produits de l'industrie laitière.

MAURICE DEWAVRIN.

(1) La valeur des viandes fumées ou salées exportées du Canada pendant l'année 1906 s'élevait à 15 millions de dollars, et celle des animaux vivants à 13 millions et demi de dollars. — Les chiffres correspondants pour le beurre et le fromage sont 7 et 24 1/2 millions de dollars respectivement

BIBLIOGRAPHIE

I

COURS D'ANALYSE INFINITÉSIMALE, par CH. J. DE LA VALLÉE POUSSIN, tome 1, 2 édition, 1909. - Louvain, UystpruystDieudonné. Paris, Gauthier-Villars.

La première édition de ce livre était excellente; celle-ci est un vrai bijou. Dès l'origine, la notion de borne et celle de plus grande limite sont introduites, d'où une grande simplification dans la preuve du théorème de Cauchy relatif à l'existence de la limite d'une suite.

L'auteur donne ensuite les théorèmes sur les fonctions continues (Cauchy et Weierstrass) puis, en 18 pages (p. 40 à p. 58), une excellente théorie des Ensembles. L'on sait assez que cette théorie s'impose à qui veut creuser la notion de fonction. Il faut seulement éviter les excès, ce que M. Poincaré nomme le « Cantorisme». C'est bien ce que fait M. de la Vallée.

Ces notions, introduites par Cantor, permettent, après la théorie élémentaire de la dérivée, de donner la théorie savante du nombre dérivé (Dini, Scheffer, Lebesgue).

Nous arrivons, après les questions élémentaires classiques, à la définition de l'intégrale. Pour les fonctions simples, ayant un nombre fini de discontinuités finies dans un intervalle fini, M. de la Vallée, par une ingénieuse remarque, améliore l'exposé ordinaire. Puis nous voici en présence du chapitre le plus étonnant de ce livre entre les pages 230 et 272, l'on trouve tout ce que nous possédons de plus moderne et de plus profond sur l'intégrale. D'abord les travaux de Riemann et de MM. Jordan et Darboux. Puis la mesure des ensembles de MM. Borel et Lebesgue. Enfin

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