Sayfadaki görseller
PDF
ePub

pourtour, jusqu'au niveau du dessus des pieux, portant le grillage, dont les vides eux-mêmes sont garnis de béton bien battu; puis le tout doit être protégé par des enrochements. Mais, dans la pratique, Gauthey simplifiait les choses: ses devis ordonnent l'emploi, dans les intervalles des pilotis de l'enceinte, de pilots moins gros et plus courts, battus à six pieds au-dessous du lit et dits pilots de remplage, dont le nombre fut seulement. de un, puis de deux par intervalle, ce qui laissait des vides de 0,22 dans le premier cas, de 0,08 dans le second. En outre, les devis ne prescrivaient le dragage que sur un pied de profondeur au-dessous du lit de la rivière. Ces simplifications réduisaient beaucoup le montant et les aléas de la dépense, mais n'étaient évidemment pas sans danger.

Les caractères généraux des ponts de Gauthey peuvent d'ailleurs se résumer ainsi :

La chaussée et le couronnement sont horizontaux ;

Les arches, toutes égales, sont en anse de panier;

L'épaisseur des voûtes est modérée pour l'époque (1/15 de l'ouverture au pont de Navilly);

L'épaisseur des piles (1/5 environ de l'ouverture) est plutôt forte;

mm

Les joints sont minces (1,5 aux voûtes du pont de Navilly); A ce pont et à celui de Gueugnon, le contour des piles est courbe d'une tête à l'autre, comme dans les quilles de navires, afin de faciliter le glissement de l'eau ;

Souvent les voùtes sont formées de caissons à nervures saillantes;

Les têtes des voûtes, rarement lisses, sont marquées par des archivoltes et parfois par des bossages;

Généralement identiques, les becs d'avant et les becs d'arrière consistent le plus souvent en une pyramide quadrangulaire, engagée dans le mur de tète; mais Gauthey sait varier de façon fort heureuse ce motif uniforme, si bien que, s'arrêtant parfois sous la corniche, ces pyramides s'élancent, au pont Saint-Laurent à Chalon, au point d'y devenir de véritables obélisques s'élevant à près de sept mètres au-dessus des garde-corps. M. de Dartein a réuni, en deux petites planches dans le texte, tous les motifs de décoration des piles, avec ou sans pyramide, et il est très intéressant de voir combien Gauthey évitait de se répéter, tout en marquant ses œuvres d'un caractère commun. Lå en effet où il a abandonné la pyramide (souvenir peut-être de celle qui couronne le clocher de l'église de Bissey-sous-Cruchaud auprès

de laquelle était située sa maison de campagne), là, disons-nous, il n'en coupe pas moins invariablement les tympans par un motif d'architecture franchement en saillie ;

Les tympans eux-mêmes sont particulièrement étudiés : l'association de l'archivolte des voûtes avec la pyramide quadrangulaire ou tel autre motif saillant et avec les cadres inscrits dans les compartiments du tympan-cadres parfois distingués de leurs bordures par des matériaux de coloration différente produit un ensemble décoratif propre aux ponts de Gauthey. Ajoutons que parfois le tympan est orné de sculptures en basrelief qui représentent une urne entourée de roseaux; cette urne, penchée comme pour répandre de l'eau, n'est pas du reste une vaine image, car le dessus des voûtes et les caniveaux de la chaussée sont disposés de manière à conduire aux bouches des urnes les eaux de pluie tombant sur le pont.

Gauthey, malgré le soin qu'il apportait à la décoration, savait réduire, parfois trop, le montant des dépenses. Tandis que, pour des ponts de trois arches, il ne dépensait en moyenne que 131 livres par mètre superficiel, la dépense correspondante était double dans le Centre de la France et presque triple en Languedoc. L'écart, bien que moindre, était encore considérable pour les grands ouvrages.

Les derniers construits des ponts que nous avons cités furent achevés en 1790. On était au début de la Révolution et, à la suite de la constitution des départements, Gauthey se voyait menacé de voir singulièrement réduire ses fonctions et son traitement; mais un décret du 19 janvier 1791 créa huit inspecteurs généraux, et Gauthey fut appelé à être l'un d'eux. A l'Assemblée des Ponts et Chaussées, il se fit remarquer par une certaine rudesse, qu'avait pu développer l'habitude de n'être jamais contredit par les administrateurs de la province de Bourgogne, qui avaient la plus grande confiance en lui. A Paris, il lutta, avec des succès divers, particulièrement au sujet des projets du canal de l'Escaut à la Somme, partie du canal de Saint-Quentin, et de la dérivation de l'Ourcq. Il s'occupa aussi d'un grand projet d'alimentation en eau de Paris, et il fit, pour le pont de la Cité, devant relier celle-ci à l'ile Saint-Louis, un projet, très original pour l'époque, qui comportait des arcs en fonte, mais ne fut pas mis à exécution.

Il mourut le 15 juillet 1806, toujours en fonctions malgré son grand âge.

Jetons maintenant un coup d'œil sur les particularités les plus

intéressantes de ses ponts. Le premier d'entre eux, ou PontPierre, sur la Thalie près Chalon, n'a que deux arches de 498 d'ouverture; son intérêt consiste en ce que, bien qu'en plein cintre, il présente les caractères dominants des ponts de Gauthey, mais les dessins ne portent que la signature de Dumorey: le nom populaire de Pont-Gauthey que porte cet ouvrage parait trancher la question.

Le pont de Pierre, près Avallon, de deux arches également mais atteignant 825, présente une décoration particulièrement développée.

Le pont des Échavannes, sur le bras de décharge de la Saòne, à Chalon, comprend sept arches de 13 mètres d'ouverture; dans les tympans, au-dessus des piles, sont ouverts de spacieux ails de pont, remplacés dans les culées par un simple simulacre. Gauthey, en pratiquant ces oils de pont avait pour but de faciliter l'écoulement des eaux de crues; mais il ne semble pas que l'avantage soit considérable, et leur rôle paraît surtout ornemental.

Au point de vue de l'exécution, ce pont a présenté la particularité d'être construit sur un bras artificiel qui n'existait pas au moment des travaux du pont. Le gravier étant très résistant, on fit reposer directement sur lui des plateformes en charpente, mais, pour prévenir les affouillements, on construisit un radier général. L'exécution de ce pont laissa beaucoup à désirer.

Celui de Cuisery, sur la Seille, était des plus intéressants par sa décoration; mais il fut emporté en janvier 1789, deux ans à peine après son achèvement, par une crue extraordinaire, accompagnée d'une débâcle de glaces. C'était le premier ouvrage auquel Gauthey appliquát son mode de fondation, et c'est par les fondations que l'ouvrage périt : « Les eaux ont creusé le lit jusqu'à déraciner les pilots, écrit l'entrepreneur Chevreux. Les piles sont versées vers l'amont ». Un pont en charpente remplaça l'ouvrage détruit.

Les deux ponts semblables de Louhans, sur la Seille et sur le Solnan, présentaient, comme caractéristique, des tours rondes composant les becs, tours qui rappellent celles des ponts de Dresde, sur l'Elbe, et de Tolède, sur le Mançanarès. Le pont du Solnan subit le sort de celui-ci de Cuisery; il fut emporté par la crue avec débâcle de janvier 1789. Au cours des travaux, on avait constaté la mauvaise exécution des fondations.

Le pont de Saint-Yan, sur l'Arconce, dura davantage; son défaut de construction consistait en ce que les pilots avaient été

recépés trop haut, au point qu'on les vit saillir de 0,80 audessus de l'étiage. En 1826, on construisit en aval une risberme retenant l'eau jusqu'au-dessus du grillage; cette risberme, exposée à l'air, se décomposa, et l'on prit le parti, les maçonneries en pierres gélives étant en mauvais état, de reconstruire entièrement le pont, après avoir recépé les pilots 1,05 plus bas. La reconstruction eut lieu en 1846 et 1847, et le nouveau pont fut emporté partiellement, par une crue exceptionnelle, le 24 septembre 1866. On le rétablit en 1872, en ajoutant une quatrième arche.

Nous arrivons au pont le plus grand et le plus recherché dans sa construction et sa décoration de tous les ponts construits par Gauthey c'est le pont de Navilly, sur le Doubs. Composé de cinq arches, il présente une longueur totale de 156 mètres. Les piles ont la forme ovale, précédemment signalée, avec un arrière-bec plus effilé que l'avant-bec; les voûtes sont profilées en ares de chainette à leur partie supérieure, et construites par caissons et nervures. Quant aux avant et arrière-becs, ils different notablement, l'avant-bec étant formé d'une sorte d'éperon surmonté d'une demi-pyramide à base carrée, tandis que l'arrière-bec donne l'idée d'une croupe solidement plantée dans la rivière. Dans les tympans, apparaissent pour la première fois les urnes dont nous avons parlé. La corniche est profilée de la façon la plus heureuse; mais, ayant 0,82 de hauteur, elle dépasse la chaussée, ce qui a amené à réduire à un pied et demi la hauteur du garde-corps vu de l'intérieur.

Le pont de Guengnon, sur l'Arroux, présente la particularité d'être en pente uniforme de 0,0314 de la rive gauche à la rive droite, pente obtenue par la réduction progressive de l'ouverture des cinq arches. L'effet obtenu est du reste satisfaisant. Un défaut d'exécution dans la construction de la cinquième arche en fit exiger la réfection avant réception. Une crue en 1789 renversa en partie un des murs en aile, qui fut restauré. C'est au pont Saint-Laurent, sur la Saône à Chalon, que se trouvent ces obélisques que nous avons mentionnés. Gauthey n'eut pas à le construire en entier, mais seulement à élargir un pont datant du xv siècle. En amont, les anciennes voûtes en plein cintre furent prolongées par des cornes de vache en anse de panier, venant reposer sur les avant-becs triangulaires. En aval, les becs étant carrés, on prolongea les pleins cintres.

Le pont sur le Cousin, près Avallon, est l'unique exemple, parmi les ponts de Gauthey, d'un pont avec voûtes en are de

cercle; il y en a trois de 10 mètres d'ouverture droite, avec un biais de 19° 20'. Le surbaissement est de 1/7. L'appareil n'est biais que sur 1,70 à partir de chaque tète. Le type général se rapproche de celui de Perronet, avec moins de hardiesse. Dans l'ensemble, rien n'y rappelle Gauthey, et M. de Dartein serait porté à en attribuer la conception à l'ingénieur Antoine puiné, si l'on n'y retrouvait les rayures formées de bossages alternatifs qui existaient à Saint-Yan. Il nous semble que l'argument n'a qu'une valeur secondaire, l'ingénieur en chef ayant fort bien pu inspirer un détail ornemental sans dresser l'ensemble du projet.

Il nous reste à parler de l'unique pont étudié dans ce volume et qui ne soit pas dù à Gauthey, le pont de Neuville-sur-Ain, dù à Aubry. Composé de deux arches en anse de panier de près de 30 mètres d'ouverture, c'est un ouvrage monumental, d'un caractère tout ensemble robuste et élégant. Construit avec soin, en excellents matériaux, il présente une pile dont l'épaisseur n'est que le sixième de l'ouverture des arches, alors que le cinquième était la proportion usitée à cette époque.

Les becs, en forme d'ogive équilatère, ont une forte saillie, et leurs chaperons montent presque jusqu'au couronnement; la pile elle-même se prolonge jusqu'au sommet du garde-corps, sous la forme d'une table saillante. Dans les deux portions de tympan situées de part et d'autre, sont établis des cadres.

Les parties principales de la construction sont caractérisées par un appareil à bossages et ressortent sur le reste des parcments, qui est recouvert de vermiculures.

Très bien étudié et très bien construit, cet ouvrage laisse froid, manquant de l'originalité d'invention et de la verve artistique qui rendent si attachants les ouvrages de Gauthey, Notons que la fondation, sur le rocher, ne présenta aucune difficulté.

Avec ce volume se termine l'étude des ponts du xvur siècle ; il reste à M. de Dartein à nous faire connaitre les ponts français plus anciens, puis les ponts étrangers les plus intéressants.

G. LECHALAS.

« ÖncekiDevam »