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LES EMPREINTES DIGITALES

Les bases scientifiques de la Dactyloscopie

ET

(1)

ses applications judiciaires (

Il y a quelque vingt ans, lorsque Galton fit sa première communication à l'Institution Royale de Londres, sur l'identification par les empreintes digitales, dont ses patientes recherches venaient de démontrer l'absolue immutabilité et le caractère éminemment personnel, le monde scientifique accueillit ses conclusions avec un scepticisme très marqué; mais quand, deux ans plus tard, Forgeot en France affirma dans sa thèse la possibilité de révéler les empreintes digitales invisibles, laissées sur les lieux du crime et d'y lire le signalement du coupable, des protestations s'élevèrent de toute part. Qui donc oserait affirmer l'identité d'un homme en se basant sur l'empreinte de ses doigts, et faire dépendre la liberté d'un prévenu, sa vie peut-être, de quelques lignes trouvées à la surface de la peau, alors que nous connaissons la variabilité de tous les éléments organiques, le renouvellement continuel de l'épiderme qui nous protège, à son détriment, contre les heurts incessants des corps ambiants?

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique, le 20 avril 1909.

Et cependant, sur le petit espace limité par nos dernières phalanges, se trouve un dessin caractéristique, immuable, extrêmement complexe, different non seulement pour tous les hommes, mais encore pour tous les doigts.

Je vais essayer de vous en faire la démonstration, de vous prouver que le dessin papillaire possède bien tous ces caractères et que, s'il les possède, c'est en raison de la structure anatomique de la peau, c'est que les nécessités physiologiques de la fonction tactile l'exigent.

Historique. — L'existence des crêtes papillaires de la peau ne semble pas avoir échappé aux peuples préhistoriques: le fait paraît indiqué par la découverte d'un petroglyphe en Nouvelle-Ecosse. On distingue nettement sur ce silex, trouvé par le colonel Garrick Mallory, le dessin d'une main humaine portant quelques crêtes papillaires parfaitement tracées.

Il faut toutefois arriver aux anatomistes du XVIIe siècle pour obtenir une description sommaire des spires et des tourbillons qui ornent la pulpe de nos doigts. Avec leur esprit d'observation très affiné, ils reconnurent et décrivirent les dessins cutanés qui existent en plusieurs régions du corps, et ils les retrouvèrent, plus ou moins ébauchés, chez un certain nombre d'animaux.

En 1823, un célèbre anatomiste de Breslau, Purkinje, décrivit le premier les systèmes de sinuosités papillaires qui ornent les pulpes digitales: sa description, d'une netteté classique, n'a nul besoin d'être modernisée et peut encore parfaitement servir d'introduction à un cours de dactyloscopie scientifique. Notons-le en passant, l'utilisation empirique de faits d'observation, qui serviront plus tard de base aux plus belles conquêtes de la science, a souvent précédé de plusieurs siècles leur découverte officielle par les savants. L'histoire rétrospective de la dactyloscopie en est un exemple.

Les applications judiciaires et administratives des empreintes digitales, basées sur la constatation empirique de leur immutabilité, étaient en usage bien longtemps avant les travaux dactyloscopiques modernes, et il est piquant de constater que tant de siècles s'écoulèrent avant que les civilisations, dites avancées, songèrent à imiter les peuples primitifs en utilisant comme eux les empreintes digitales dans les questions d'identité, les actes administratifs et les enquêtes criminelles.

C'est d'Extrême-Orient que nous vint la découverte de l'importance pratique des empreintes digitales. Au lendemain des premiers travaux parus en Europe sur la dactyloscopie, en 1894, un auteur japonais, Kumugasu-Minakata rappelait que de curieuses applications de la méthode dactyloscopique avaient force légale en Chine et au Japon, dès le commencement du vir siècle. D'après la loi domestique de Tahio, écrite en l'an 702, pour obtenir le divorce, le mari devait donner à sa femme un document écrit de sa main, indiquant celle des sept raisons légales qu'il invoquait pour le procès : la désobéissance, la jalousie, le bavardage, la stérilité, la débauche, le vol ou la lèpre. Si le mari était illettré, il affirmait l'authenticité de sa requête en y appliquant le « Shan-mu-ying », l'empreinte des cinq doigts qui tenait lieu de signature. Notre civilisation moderne se contente encore de l'apposition d'une croix, dépourvue de tout caractère individuel, pour les pièces administratives relatives aux illettrés.

Un des romans les plus populaires de la Chine, et dont les héros vivaient vers 1160, relate en ces termes la capture des deux femmes de Wu-Sung, assassins de leur beau-frère : « Il fit avancer les deux femmes, les força à imprégner leurs doigts d'encre et à les imprimer ». Il semble donc que, dès le XII° siècle, les Chinois recouraient à la preuve digitale pour établir l'identité des criminels.

Détail tout aussi intéressant, qui montre une fois de plus le caractère bien spécial des civilisations asiatiques: les Chinois employaient l'apposition d'une empreinte digitale, celle du pouce habituellement, pour signer leurs œuvres artistiques. Je signale ce procédé original à nos artistes, soucieux de soustraire leurs toiles et leurs sculptures aux entreprises des copistes; plus de signatures exubérantes ni d'hieroglyphes mystérieux, faciles à imiter; un coup de pouce en bonne place, et tout faux devient impossible.

Depuis très longtemps, les Tures illettrés apposent l'empreinte de leur pouce, en guise de signature, sur les pièces d'état civil et sur leurs contrats commerciaux. Une pratique analogue est en vigueur au Siam et au Cambodge, pour affirmer l'authenticité d'un décret ou d'une charte; dans ces pays le pouce est imprimé sur un sceau de cire ou de laque molle.

Vers 1858, un fonctionnaire anglais du Bengale, William Herschel, commença à exiger, à côté de la signature de ses administrés, l'apposition de leur pouce; il fut amené à cette décision par les contestations d'écriture qui surgissaient à chaque instant. L'empreinte digitale fit dès lors partie de toutes les pièces d'état civil, des ordonnances de paiement et, chose remarquable, du signalement des prisonniers bengalais.

William Herschel lui-même, imprima son index droit, sur toutes les pièces administratives qu'il signa de 1860 à 1888; il fournit ainsi la première preuve et une preuve décisive, que l'age ne peut en rien modifier l'empreinte digitale.

Afin de se prémunir contre les faussaires, Thompson, dans l'Arizona, contresignait de son pouce, depuis l'année 1882, les chèques qu'il mettait en circulation.

Tels sont, entre autres, les faits empiriques qui ont précédé les recherches scientifiques sur les empreintes digitales, recherches qui menèrent Galton à créer, en

1888, la science dactyloscopique et la première méthode de classification des empreintes.

Définition. On entend par empreinte digitale, la reproduction, par impression sur papier, des dessins qui couvrent la peau de nos dernières phalanges. Ces dessins cutanés sont formés par les sinuosités que décrivent les lignes papillaires du derme; leurs creux et leurs reliefs, teintés d'encre d'imprimerie, se reproduisent avec une remarquable fidélité, nous donnant ainsi une vraie estampe humaine.

que

On entend aussi par empreinte digitale, les vestiges laissent nos doigts sur les objets que nous touchons. Chacun de nous a pu voir sur une glace, un verre, un meuble, la trace plus ou moins fugitive que provoque la pression de la main, trace d'autant plus nette que les doigts sont plus humides. Si la main est souillée de sang, de graisse ou d'une substance colorante, l'empreinte qu'elle abandonne sur les objets demeure visible et constitue une réelle signature.

Cette constatation banale se reproduisait sans doute depuis des siècles, sans éveiller l'attention des savants, quand elle devint le point de départ d'une des découvertes les plus importantes de la science criminologique.

On avait bien, à l'occasion de quelques crimes, cherché, par par des mensurations et des rapprochements, à identifier les traces sanglantes imprimées par le criminel sur sa victime ou sur les objets environnants ; mais on ne pouvait invoquer contre lui que des présomptions, des analogies, des vraisemblances auxquelles les jurés attachent bien moins d'importance qu'aux envolées pathétiques de l'avocat de cour d'assises. On n'était jamais parvenu à établir un témoignage aussi accusateur que celui des traces digitales, sur des IIIe SÉRIE. T. XVI.

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