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Très fréquentes sont les identifications d'empreintes constatées sur des bouteilles et des verres. Dans une affaire d'assassinat, M. Bertillon put retrouver ainsi les meurtriers d'une cabaretière ; s'étant fait servir à boire par leur victime, les criminels abandonnèrent sur leurs verres et sur la bouteille des signatures qu'ils ne purent récuser.

Mon distingué collègue Stockis de Liége, dont la contribution aux études dactyloscopiques en notre pays est des plus importantes, peut revendiquer plusieurs succès du même genre. Il découvrit l'auteur d'un attentat anarchiste à Liége, à l'aide d'une empreinte digitale relevée sur un écrit anonyme. Mêmes résultats heureux dans trois affaires de cambriolage. Au cours d'un vol commis dans un château, les malfaiteurs s'étaient éclairés à l'aide d'une bougie, fixée sommairement sur une tasse de porcelaine; un des voleurs imprima par mégarde sur la cire, qui avait coulé le long de la paroi extérieure de cette tasse, une superbe empreinte digitale qui trahit son identité.

Locard cite la curieuse observation suivante: soupçonnant l'auteur d'une lettre anonyme, on parvint, au cours d'expériences de tables tournantes, à glisser sous ses mains des feuilles de papier blanc, et à prendre à son insu des empreintes invisibles de ses doigts; en les comparant à une empreinte fort nette, trouvée sur la lettre anonyme, on put démasquer son auteur qui avoua. On sait que dans l'affaire Steinheil, Bertillon a réussi à révéler une multitude de traces digitales sur une bouteille de cognac et sur une petite pendule protégée par des glaces. Dans l'affaire de la rue des Drapiers, l'expertise dactyloscopique semble avoir joué un rôle prédominant et, en l'absence de preuves décisives, avoir contribué à former la conviction du jury.

Conclusion. Il est devenu banal de répéter que la Société est mise en péril par les progrès incessants

de la criminalité. Le nombre de délinquants augmente d'année en année; la gravité des délits s'accroît à mesure que se développe l'ingéniosité des malfaiteurs; le flot de la récidive monte toujours. Les crimes passionnels, les attentats dus à la dépravation ou aux perversions morbides se répètent avec une fréquence effrayante; la criminalité alcoolique, cette criminalité aveugle, qui s'attaque surtout aux êtres sans défense, aux enfants et aux femmes, fait chaque jour de nouvelles victimes. Les vols financiers ne se comptent plus; la criminalité juvénile se développe en nombre, en gravité, en précocité comme se multiplient, hélas, aussi l'alcoolisme et les suicides d'enfants (1).

La Société a les criminels qu'elle mérite, disait Lacassagne; rien n'est plus juste. Et pour n'esquisser que quelques traits du sombre tableau de l'étiologie criminelle, je signalerai parmi les facteurs essentiels de l'accroissement de la criminalité : l'affaiblissement du sentiment religieux, la pénétration dans les masses de théories destructrices de l'ordre social, l'éducation de l'enfance, fondée sur les bases fragiles et instables de la morale humaine, la revendication au nom du progrès et la défense au nom de la science de principes antisociaux qui mettent en péril l'existence même de la race, l'influence détestable d'une ploutocratie qui croit qu'en ce monde tout se paie et s'efface par l'argent, les progrès de l'alcoolisme, la fréquence des tares vénériennes dont l'action néfaste pèse si lourdement sur la génération actuelle, enfin l'influence délétère de la littérature moderne.

de

La publicité sensationnelle organisée autour du

(1) Le nombre des suicides a une tendance à s'accroitre chaque année, notamment dans les grandes villes ; l'accroissement des suicides est surtout prononcé pour les jeunes gens au-dessous de 20 ans. Une statistique récente donne pour Saint-Pétersbourg une proportion de 19% de suicides au-dessous de 20 ans, en 1907, au lieu de 12% en 1905. Parmi la population scolaire, le nombre de suicides en 1907 est de 40 au lieu de 13 en 1904.

crime, ne trouble-t-elle pas profondément les indécis, les dégénérés, les meurtris de la vie, par ces hideuses reproductions de crimes auxquelles certaines feuilles illustrées semblent devoir leur vogue et par ces descriptions, abondant en détails suggestifs et macabres, que le journal moderne lance dans ses éditions spéciales? Et que dire de ce reportage judiciaire effréné qui amène à l'audience un public friand d'émotion, avide de scandale, venant se complaire au spectacle de cet accusé qui s'effondre, et se délecter des misères intimes étalées au grand jour comme, jadis, les citoyens romains accouraient au cirque voir souffrir les victimes jetées aux bêtes?

Et l'on s'étonne de constater dans une société soumise à tant de ferments d'énervement et de dissolution, que la marée criminelle monte irrésistiblement ? Est-il surprenant, par exemple, que les crimes passionnels et les délits commis par des adolescents, se multiplient. quand le roman, le théâtre et le journal s'efforcent de créer autour de leurs auteurs une atmosphère de sympathie, d'excuse, j'allais dire d'admiration?

Au péril grandissant de la criminalité, la Société a le devoir d'opposer une action vigoureuse. Tout en reconnaissant l'importance primordiale d'une prophylaxie sociale éclairée qui, seule, peut atteindre le mal dans ses racines, elle se doit de recourir à une répression énergique, en utilisant les armes si parfaites que la police scientifique moderne met à sa disposition. Car il ne faut pas se le dissimuler, si le danger criminel grandit avec le nombre de délits, il revêt surtout un caractère de spéciale gravité, par le fait de l'ingéniosité et de l'habileté professionnelle toujours croissantes des malfaiteurs. La diffusion de l'instruction, la vulgarisation des notions scientifiques, les conditions de la vie moderne ont créé une génération nouvelle de criminels, intelligents et adroits dans la conception et l'exé

cution de leurs actes, prudents, attentifs à éviter les moindres fautes, utilisant les derniers procédés de la science, possédant un outillage merveilleux, plus dangereux aussi et plus brutaux, car ils sacrifient sans merci la victime qui trouble leurs opérations ou l'audacieux qui s'oppose à leur fuite.

Mais si le xx° siècle a vu naître des artistes en criminalité comme il a vu fonder des écoles de cambrioleurs, il a vu se produire aussi, par une réaction naturelle de défense sociale, une organisation policière et judiciaire scientifiques, résultat fécond de l'oeuvre considérable accomplie, en ces vingt dernières années, dans le domaine de l'anthropologie criminelle.

pour

Parmi tant d'armes nouvelles pour assurer la découverte du coupable et l'arrestation des criminels, établir leur identité et rechercher leur passé judiciaire, la méthode des empreintes digitales a été évoquée à son heure, répondant à une nécessité indiscutable et n'ayant failli à aucune de ses plus audacieuses pro

messes.

que

Puisse cet exposé vous avoir démontré que, basée sur des éléments scientifiques qui ne peuvent changer et ne sauraient tromper, la dactyloscopie possède en elle la certitude absolue, indispensable, dès l'on veut toucher à la liberté humaine. Puisse-t-il vous avoir convaincu du rôle prédominant qu'elle est appelée à jouer dans l'enquête criminelle moderne, quand dégagée des hésitations et des imperfections du début, la dactyloscopie judiciaire pourra, dans la plupart des cas, nous révéler le nom du criminel, en analysant la signature digitale que, fatalement, il doit abandonner sur les lieux de son crime.

Dr L. VERVAECK, Médecin de la Prison de Bruxelles.

LA PEUR DE L'ENFANT

DANS LES CLASSES DIRIGEANTES (1)

Des dix plaies qui désolèrent l'Égypte, celle qui mit le comble à l'épouvante de la nation, et arracha à l'obstination du Pharaon l'édit libérateur d'Israël, fut le coup porté à la population par l'extermination des premiers-nés. En ces temps-là, les époux n'entrevoyaient pas de perspective plus délicieuse que des fils et des filles leur faisant une couronne d'honneur et se pressant autour de leur table, comme les jeunes pousses au pied de l'olivier. Qui, alors, eût prévu des jours où une pluie de sauterelles semblerait plus redoutable que la disparition des enfants, où, prévenant les coups d'un glaive vengeur, des instigations criminelles et contre nature mettraient à la mode le dépeuplement volontaire des foyers?

Le mal cependant ne date pas d'hier on en trouve des traces dans la Bible, et la Grèce en souffrit au Ive siècle avant notre ère. Sparte, notamment, connut ce que nous appellerions aujourd'hui une crise de la famille, et même une crise du mariage, que le Gouvernement essaya vainement d'enrayer par des faveurs légales trois enfants libéraient les citoyens de certaines corvées; quatre, les affranchissaient de tout

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique le 22 avril 1909.

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