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était en pleine vigueur sous Charles V. Ainsi il arriva que les successeurs des apôtres devinrent serviteurs non-seulement des rois, dont ils se disputaient la protection, mais même des évêques, dont ils sollicitaient l'approbation ceux-ci à leur tour dépendirent des seigneurs, etc. La discipline de l'Église fut compromise, le pouvoir de l'excommunication fut éteint, et comme parmi ces papes nul n'avait un droit incontesté et incontestable, les uns et les autres achetèrent des appuis, par leurs complaisances pour les pouvoirs temporels. L'université de Paris, quelques ordres de moines mendiants et le clergé inférieur résistèrent seuls à la démoralisation qui résulta du schisme; l'université, entre autres, se distingua par son énergie à demander un concile général pour la réformation de l'Église et du clergé.

CHAPITRE III.

Histoire de France du quinzième au dix-septième siècle.

L'histoire des deux siècles suivants est celle d'une bataille entre le fédéralisme aristocratique et l'unité monarchique. Aussi, quant à l'organisation sociale, toutes choses restèrent dans le provisoire, et, à la fin de cette époque, sous Louis XIV, nous trouverons que l'unité en France n'est que morale; n'ayant d'autre représentant que l'absolu pouvoir du monarque, mais d'ailleurs embarrassée des mille obstacles que lui opposait la variété des coutumes qui tenaient lieu de codes; divisée en provinces, et par systèmes d'impôts et de priviléges; coupée par des lignes de douanes, et présentant enfin sur le sol qui lui appartenait, sous la domination du même esprit et de la même langue, toutes les différences qu'offre aujourd'hui l'Europe.

Louis XI ouvre cette suite de rois qui travaillèrent à la ruine de la noblesse et de ses priviléges féodaux. A la mort de Charles VII, son père, en 1461, on avait conspiré de donner la couronne à son jeune frère, au mépris de son droit d'aînesse. Il escamota le trône, et dès ce jour il commença cette guerre acharnée, mêlée de succès et de revers, semée d'intrigues et de violences, qui ne se termina qu'à sa mort, en 1483. Nous n'entrerions dans aucun détail sur les accidents de ce règne, quand même nous ne devrions pas saisir toutes les occasions d'abréger notre narration. En effet, il n'eut qu'une seule signification, et toujours la même à travers tous les

événements; il n'eut qu'un seul but, la destruction de la noblesse féodale.

Les états généraux ne furent assemblés qu'une seule fois au commencement de ce règne, en 1468, et pour répondre à une difficulté que leur assentiment seul pouvait résoudre, difficulté exceptionnelle, ainsi que nous l'avons annoncé dans le chapitre précédent : c'était pour résister aux exigences de la ligue que la noblesse avait organisée contre le roi, et pour empêcher le démembrement du royaume, que celle-ci était alors assez puissante pour exiger. Le vote des états conserva l'intégrité de la France.

Louis XI laissa à Charles VIII, son fils, le royaume accru de la Bourgogne, de la Provence, de l'Anjou et du Maine, riche, paisible et obéissant.

Le jeune roi était mineur, âgé de moins de quatorze ans. Pour assurer la régence dans les mains auxquelles Louis XI l'avait confiée, il fallut encore recourir aux états généraux; ils ouvrirent leurs séances le 15 janvier 1484 et les prolongèrent jusqu'au 17 mars. L'histoire de cette assemblée nous a été conservée. Les états votèrent non-seulement par ordres, mais par nations. Il y avait six nations, celles de Paris, de Normandie, de Bourgogne, d'Aquitaine, de Languedoil et de Languedoc. Parmi les réclamations faites par cette assemblée, nous remarquerons les suivantes : on demanda l'abolition de la vénalité des charges, l'inamovibilité des offices, sauf le cas de forfaiture, et la suppression des douanes intérieures. On insista d'ailleurs sur les sujets habituels des réclamations de toutes les assemblées, sur la diminution des impôts, la suppression des tailles et des gabelles; enfin les états confirmèrent le testament de Louis XI (1).

Le vote de cette assemblée fut souverain. On avait pris toutes les précautions pour que sa décision ne pût être un acte de complaisance pour aucun parti. On avait adressé aux baillis et aux sénéchaux la commission de réunir les députés de leur ressort. En conséquence, ils avaient convoqué des réunions de tous les possesseurs de bénéfices ecclésiastiques et seigneuriaux; enfin des députés des villes, bourgs et villages. Cette réunion avait rédigé son cahier et en avait chargé des députés qu'elle avait élus pour représenter chacun des ordres dont elle était composée elle-même. A Paris, on avait procédé ainsi : on convoqua le prévôt des marchands, les échevins de la ville, tous les officiers, les notables bourgeois de chaque quartier, tous les principaux maîtres fourreurs,

(1) Felation ma uscrite de Massel tirée de la B.bl. du oi.

TOME I.

,

drapiers, orfévres, etc., deux membres de chaque communauté religieuse, enfin l'archevêque, en qualité de bourgeois de Paris. On invita chacun, dans les églises et au prône, à transmettre à cette assemblée ses projets et ses plaintes, et, sur çes matériaux, on rédigea le cahier de Paris, que quinze députés furent chargés de porter aux états.

Alors la France, qui depuis plus d'un siècle n'était occupée qu'à user ses forces sur elle-même, vint prendre sa part dans la politique européenne. Il ne sera pas inutile d'examiner quel fut le caractère général de celle-ci, jusqu'au moment où les guerres de la réforme vinrent en changer le but.

La révolution qui avait eu lieu en France au profit de la puissance monarchique s'était opérée également, sous d'autres formes, dans les autres parties du royaume de Charlemagne. En Allemagne, l'empire était, en quelque sorte, devenu héréditaire; en Espagne, les chrétiens avaient conquis tout le sol, et un seul roi gouvernait ce vaste et riche territoire. Ces grands centres avaient été formés par la guerre. Mais l'œuvre terminée, l'esprit d'agrandissement qui l'avait conduite restait tout entier, et les peuples eux-mêmes étaient dressés à une activité militaire qui avait besoin de s'épancher. Alors les princes conçurent l'idée de reconstruire l'empire de Charlemagne; la monarchie universelle fut le but de tous les désirs et de tous les efforts de cette époque. Cette ambition mit les armes à la main aux trois principaux monarques de l'Europe. La France ne cessa donc de combattre depuis Charles VIII, soit pour établir cette monarchie sous son nom, soit pour l'empêcher sous un autre. Elle sortit victorieuse de ces guerres, car elle rompit les projets de ses adversaires et conserva sa personnalité souveraine. Sous Charles VIII, elle combattit en Italie; sous Louis XII, elle combattit en Italie encore et, de plus, en Picardie contre les Anglais et les Impériaux, et en Bourgogne contre les Suisses; sous François Ier, il y eut un champ de bataille de plus sur les frontières d'Espagne; enfin, sous Henri II, une trêve fut signée à CateauCambrésis, en 1559, sous le nom de paix. C'est pendant cet intervalle de repos que commencèrent à paraître en France les premiers symptômes d'une nouvelle crise civile où le peuple lui-même continua ce que Louis XI avait commencé.

Les quelques mots qui précèdent suffisent pour l'histoire des quatre rois que nous venons de nommer. Ajoutons cependant que Louis XII monta sur le trône en 1498, François Ier en 1515, Henri II en 1547.

Pendant la durée de cette guerre, les états généraux ne furent

assemblés qu'une seule fois, en 1558, pour combler le déficit du trésor. En effet, ils ne furent occupés que de finances. Leur composition différa de celle des états qui les avaient précédés. Au lieu d'être formés de députés élus par des états provinciaux, et chargés des cahiers de doléances rédigés par chacune des nations, ils furent composés, comme ceux du temps de saint Louis, du haut clergé, de la haute noblesse, des maires et des échevins représentant le tiers. Seulement on y ajouta un quatrième ordre, qu'on nomma état de la justice, et auquel on appela les premiers présidents de tous les parlements, et les gens du roi. Ainsi, c'était encore une réunion à la manière des anciens plaids, où le roi convoquait qui il voulait. Henri II ne jouit pas de la paix que la générosité des états l'avait mis en position d'acquérir par quelques victoires; il fut tué la même année, dans un tournois, laissant la couronne à François II, son fils aîné, âgé d'un peu plus de seize ans. Ainsi advint une de ces minorités qui avaient été, sous la troisième race, aussi fatales à la France que les guerres de succession sous les deux premières, en donnant carrière à l'ambition de la noblesse et aux disputes pour la régence. Cette fois, les éléments de troubles étaient plus nombreux que jamais. La réforme avait pénétré en France et avait fondé un parti religieux. Les protestants formaient dans la nation un peuple et un intérêt à part: il y avait donc une force d'opposition toute préparée pour servir les projets des ambitieux qui seraient repoussés à la cour. Ajoutez que la minorité commençait avec les précédents les plus fâcheux. Les impôts étaient excessifs et cependant insuffisants; le commerce et l'agriculture étaient ruinés; le crédit était anéanti; les armées, qui avaient été en partie licenciées à la paix, avaient jeté, sur la place et sans occupation, une masse d'hommes de guerre, impatients d'un repos qui les condamnait à la misère.

Cependant le gouvernement du jeune roi était entre les mains du cardinal de Lorraine et du duc de Guise, que les dernières victoires du règne précédent avaient illustré. Ils s'étaient adjoint la reine mère, Catherine de Médicis. Les princes du sang, pour s'emparer du pouvoir, conspirèrent d'enlever le roi et d'arrêter les Guises. Ils appelèrent à eux les protestants, qui, depuis le règne de François Ier, étaient l'objet de poursuites irrégulières, plus irritantes qu'une persécution franche et continue. Ils pensèrent même à l'appui qu'ils pourraient tirer des protestants d'Allemagne. Cette conspiration manqua ; mais les chefs furent épargnés, et tous ceux qui y avaient trempé prirent les armes dans les provinces. Ainsi le protestantisme ne devint en France un parti politique qu'en s'al

liant aux prétentions de la uoblesse et parce qu'il les servit. Or, en avançant cette opinion, nous ne disons rien de neuf ce fait fut tellement évident, que pas un historien n'a manqué de le noter.

Le gouvernement, embarrassé au milieu de ces troubles, invoqua sa ressource ordinaire dans les grandes difficultés : il résolut d'assembler les états généraux. Quelques jours avant l'ouverture, François II vint à mourir, et laissa le trône à Charles IX, son frère, à peine âgé de dix ans.

La première séance des états eut lieu le 13 décembre 1560, à Orléans.

La question principale pour les partis qui agitaient le pays était la désignation du conseil de régence. Ce fut la moindre pour les états, et rien ne prouve mieux, selon moi, que les destinées du pays étaient étrangères à toutes les factions qui prenaient prétexte de ses intérêts, aussi bien qu'au triomphe du protestantisme. En effet, cette assemblée fut celle que l'on considéra comme la plus favorable aux huguenots, et cependant, sauf quelques discours froidement écoutés, elle ne manifesta d'autres opinions que celle de l'intérêt général. Ses votes ne touchèrent en in les questions religieuses. Le clergé demanda que les anciens usages fussent rétablis pour l'élection des évêques, c'est-à-dire que les pasteurs reçussent leur titre par la nomination du peuple et du clergé, et par l'approbation du roi; il réclama contre la vénalité des charges; il sollicita l'établissement d'écoles dans les bourgs et villages. La noblesse demanda des états provinciaux tous les cinq ans et des états généraux tous les dix ans ; de nouveaux règlements sur le service de l'arrière-ban; la réforme de la justice; l'étab iss ment d'écoles gratuites pour les pauvres, d'hôpitaux et d'ateliers de charité; la suppression des fêtes qui nuisaient au travail. Le tiers état demanda des états généraux tous les cinq ans et un décret qui en fixât, dès ce jour, l'époque et le lieu; la réforme de la justice; la liberté indéfinie du commerce. Il se plaignit des vexations que les seigneurs faisaient éprouver aux habitants des campagnes. Les trois ordres s'accordèrent d'ailleurs à demander l'assemblée d'un concile national et se réunirent dans les mêmes projets de réforme financière. Enfin, ils acceptèrent Catherine de Médicis comme régente du royaume.

On avait proposé aux états de résoudre l'embarras financier où se trouvait la cour. Ils répondirent que les corps électoraux des bailliages, leurs commettants, ne leur avaient donné aucune autorisation sur ce sujet. On leur annonça donc qu'une nouvelle assemblée serait convoquée immédiatement, composée, non par

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