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méritées, et il ajouta que, quant aux autres demandes, il en ferait un examen attentif, et ferait ses efforts pour y satisfaire. I est en effet très-remarquable, que les premières années de ce règne furent occupées à la réalisation de la plupart des projets rédigés par les états généraux. L'assemblée se sépara le 24 mars 1615.

Ce ne fut qu'en 1617 que Louis XIII fit acte d'indépendance en sé débarrassant de la reine mère et de son favori, le maréchal d'Ancre. Ce ne fut aussi qu'après cette époque qu'on le vit travailler aux réformes promises aux états.

La gloire de ce règne fut l'œuvre du cardinal de Richelieu. Ce grand ministre acheva ce que Louis XI avait commencé. Il fit une guerre acharnée à la noblesse, la dépouilla de ses places de sûreté et fit raser ses châteaux. Il rendit le pouvoir absolu. A l'extérieur, la politique de la France fut occupée à affaiblir les grandes puissances voisines, l'Espagne et l'Autriche. Et ce qui prouve que le cardinal frappait sur les huguenots, non parce qu'ils étaient protestants, mais parce qu'ils tendaient à l'indépendance seigneuriale, c'est qu'à l'extérieur, il était uni aux Suédois; il faisait, en commun avec ces chefs de la ligue protestante, la guerre à la maison d'Autriche. Il se proposait ainsi d'affaiblir une unité redoutable et de contribuer à la fondation d'un fédéralisme qui livrerait l'Allemagne à la suzeraineté de la France. Richelieu mourut avant Louis XIII; mais il lui légua ses principes et laissa pour successeur, au ministère, le cardinal Mazarin, qui, sans hériter de son génie, en conserva au moins les traditions.

Le ministère de Mazarin fut le lien qui unit le règne de Louis XIII à celui de Louis XIV, son fils, qui commença en 1643. Il ne fut troublé qu'un instant par ces émeutes sans caractère et sans but, auxquelles on donna le nom de guerre de la Fronde. Ce fut le dernier soupir du pouvoir aristocratique expirant, un jeu sans gravité, une mutinerie sans portée et qui resta sans autre résultat que de donner au nouveau monarque l'enseignement que ses ancêtres avaient puisé dans les terribles guerres du Bien public et de la Ligue. Après Mazarin, qui mourut en 1661, vinrent Louis XIV et ses ministres. Ce prince fut, des rois, le plus absolu et le plus libre de ses actes. Il reçut le pouvoir de tout faire, mais il ne sut en user que dans l'intérêt d'une grandeur chevaleresque et vaniteuse. Il prit au vrai ce mot qu'il avait prononcé en parlement: «L'État, c'est moi.>> Il fut assez orgueilleux pour croire que l'humanité n'avait d'autre but qu'un homme; dans la nation, il ne vit que lui-même et se fit adorateur de son propre égoïsme : il méconnut donc les obligations

que lui imposait ce haut pouvoir qui lui avait été légué. Il oublia le peuple et immobilisa toutes choses. Cependant la société qu'il avait reçue, pour la gouverner et la diriger en maître, avait une organisation dont chaque détail niait l'unité. Elle portait l'empreinte des divisions féodales qui l'avaient si longtemps possédée. Chaque province, chaque duché, chaque pays, lors de son agrégation au fief royal, avait été laissé dans ses coutumes, avec ses douanes particulières, son système d'impôts et de priviléges. L'administration n'offrait rien d'uniforme. C'était un assemblage sans unité, qu'on ne pouvait saisir ni par la vue, ni par la pensée; aussi faisait-elle l'objet d'une sorte de science obscure, où mille abus pouvaient vivre à l'ombre et en pleine sécurité. Il y avait vingt-sept généralités gouvernées par des intendants, mais elles ne comprenaient pas tout le pays. Il y avait, en effet, ce qu'on appelait des provinces, telles que la Bretagne, le Languedoc, l'Auvergne, le Roussillon, le Perche, l'Alsace, la Franche-Comté, l'Artois; il y avait des duchés de Lorraine et de Bar, de Bourgogne, le pays de Bresse, Gex, Bugey, etc. De ces divisions territoriales, les unes étaient rattachées à une généralité, les autres en étaient indépendantes, mais elles étaient soumises à des systèmes d'impôts différents, exemptes des contributions auxquelles les autres étaient sujettes; en sorte qu'elles étaient ceintes d'une ligne de douaniers. L'Artois, par exemple, qui n'avait pas plus de 90 lieues de circonférence, ne payait ni aides, ni tailles, ni gabelles, ni droits de douanes : ainsi, il formait une île, isolée du reste de la France par une surveillance qui empêchait les limitrophes de profiter du bénéfice de ses franchises. La Bretagne était franche et séparée comme un duché étranger, par une ligne de douane, etc. On sera étonné, disait le comte de Boulainvillers, si l'on considère qu'une pièce d'étoffe fabriquée à Valenciennes ne peut être transportée à Bayonne, sans payer l'entrée en Picardie, la sortie en Poitou, à Bordeaux la contablie, à l'entrée des Landes la traite d'Arras et à Bayonne la coutume.

En général, toutes les contrées qui avaient été réunies au domaine royal depuis François Ier étaient exemptes de l'impôt dit des cinq grosses fermes, c'est-à-dire des droits d'entrée et de sortie, de la ferme des tabacs, etc.

Le système administratif ne différait pas moins que celui de l'impôt il y avait les pays d'états composés le plus souvent des trois ordres. C'étaient l'Artois, le Béarn, le Bellay, la Bigorre, la Bourgogne, la Bretagne, le Cambrésis, le Charolois, le comté de Foix et les Quatre-Vallées, le Labour, le Languedoc, Lille, le Maconnais, la Navarre, le pays de Soulles et le Tournaisis.

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HIST. DE FRANCE DU QUINZIÈME AU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE. Il serait impossible de donner une idée des variétés infinies que présentaient toutes ces divisions territoriales, quant au droit admiistratif et judiciaire, quant aux attributions des magistrats chargés de veiller sur ces droits. Vers la fin du règne de Louis XIV, les intendants furent chargés de dresser un état de la France. Ce travail forme soixante gros volumes in-folio qui sont restés manuscrits, encore est-il extrêmement incomplet; et cependant il ne regarde que la statistique proprement dite et le système administratif. On peut en prendre une idée dans le résumé qu'en offre l'ouvrage de M. le comte de Boulainvillers (1). Rien ne prouvera mieux quel était le désordre administratif de la France que le peu d'ordre qui règne dans l'exposition elle-même : on voit que l'auteur a fait effort pour mettre de la netteté et de la précision là où tout est contradictoire et vague comme sont les coutumes traditionnelles.

Ainsi, en définitive, et ce travail qui fut le fruit des dernières années du grand roi en offre la preuve, toutes choses étaient restées dans le provisoire. La réforme était instante, demandée même. Ainsi, La Rochelle avait obtenu, comme une grâce, de sortir de l'exception qui la régissait. Il y avait à achever sous le rapport matériel l'œuvre d'homogénéisation opérée au moral. Louis XIV manqua à cette lâche. Nous pouvons donc dire qu'il fut seulement un prince égoïste, car il vécut uniquement pour consommer les fruits du domaine que ses pères lui avaient fait, et il ne s'occupa point un seul instant du soin de l'améliorer.

Cependant de nombreux projets avaient mis le pouvoir en demeure d'opérer la réforme. Depuis longtemps on avait demandé l'établissement d'un système uniforme dans l'administration, dans le droit civil et commercial, dans la répartition de l'impôt, etc. Le comte de Boulainvillers lui-même, qui écrivait sous le régent, présente une théorie complète sur les finances; et, considérant que le premier devoir du souverain est de garder et d'accroître la conservation de tous et de chacun; considérant que l'on a des garanties certaines sur la conservation de tous, seulement lorsque le sort des pauvres est assuré, il propose des moyens de multiplier le travail et la production; il les cherche dans un établissement général de crédit ayant son centre dans la capitale et rayonnant, de ce point commun, vers toutes les divisions territoriales. Afin de prouver à quel point cette institution était facilement réalisable, il en donna le règlement en projet. es efforts de Boulainvillers, comme ceux des hommes qui l'avaient précédé, furent inutiles; on les oub'ia :

(1) État de la France, 3 vol. in-8, Paris, 1728.

il fallut que le peuple lui-même vint, en 1789, pour les mettre à exécution; encore ne sont-ils pas à cette heure tous accomplis.

Pendant que la volonté de Louis XIV immobilisait la France dans le provisoire, l'Europe aussi s'arrêtait dans le droit des gens provisoire qu'elle s'était donné en 1648, par les traités de Westphalie. Les souverains s'étaient déclarés seigneurs féodaux, mais sans suzerain, des contrées qui leur étaient soumises. La légitimité des races royales était établie comme doctrine sociale et la balance des États comme principe diplomatique. C'est dans cette position que la révolution française trouva l'Europe.

LIVRE IV.

DES CAUSES IMMÉDIATES DE LA RÉVOLUTION DANS LE
DIX-HUITIÈME SIÈCLE.

CHAPITRE PREMIER.

Résultats du règne de Louis XIV.

Louis XIV, en mourant, légua à ses successeurs le devoir d'accomplir la tâche qu'il avait lui-même négligée. Il la légua tout entière, et devenue en quelque sorte plus instante par les malheurs et les grandeurs même de son règne. Les entreprises de Colbert avaient indiqué quelles étaient les réformes à faire, mais ne les avaient point accomplies. Ainsi, les essais de Colbert pour mettre de l'ordre dans l'administration n'avaient atteint que quelques provinces; ses efforts, pour réunir et faire concorder, dans des ordonnances rédigées sous forme de code civil et de code criminel, les dispositions judiciaires éparses dans les édits royaux de diverses époques, ne détruisirent ni les coutumes locales, ni les inégalités, ni les duretés que l'usage des siècles précédents avaient éplies: la France resta toujours divisée en pays de droit écrit et en pays de droit coutumier. La protection qu'il accorda au commerce se manifesta particulièrement par la création de compagnies, qui, en définitive, n'étaient que des priviléges. Elle ne s'étendit pas d'ailleurs jusqu'à la suppression des maîtrises et des jurandes, qui avait cependant été déjà demandée par les états généraux de 1614. Loin de là, un édit de 1675 avait étendu le mal à tous les marchands et artisans qui 11

TOME I.

n'étaient pas encore en communauté. Colbert avait d'ailleurs complétement négligé l'agriculture, quoiqu'il y eût longtemps que Sully eût dit « Pâturage et labourage sont les mamelles de la France.» Ainsi, beaucoup de questions étaient indiquées, mais nulle n'était réellement résolue. Dans ce vaste empire, où Richelieu avait établi l'unité de pouvoir, il restait encore à fonder l'unité d'administration ou de moyens. Il y avait, sous un même gouvernement, diversité de lois; et sous une même obéissance, diversité de devoirs et de droits; de telle sorte qu'il existait, entre toutes les parties, entre tous les sujets du royaume, des dissemblances, des inégalités et des contradictions qui, en définitive, s'étaient traduites en abus et en misères de toutes sortes. Lorsque Louis XIV monta sur le trône, la réforme se présentait seulement comme une conséquence logique des actes opérés par ses prédécesseurs; lorsqu'il le quitta, elle était commandée par les faits. La nécessité en était évidente pour tous les hommes du pouvoir auxquels l'égoïsme ne fermait pas les yeux. Elle était visible même pour les simples particuliers dont l'intelligence s'abreuvait aux sources de la charité chrétienne.

Nous lisons dans le second mémoire de Fénelon sur la guerr de la succession d'Espagne : « Pour moi, si je prenais la liber 6 de juger de l'état de la France par les morceaux du gouvernement que j'entrevois sur cette frontière, je conclurais qu'on ne vit plus que par miracle; que c'est une vieille machine délabrée qui va encore de l'ancien branle qu'on lui a donné, et qui achèvera de se briser au premier choc. Je serais tenté de croire que notre plus grand mal est que personne ne voit le fond de notre état ; que c'est même une espèce de résolution prise de ne vouloir point le voir; qu'on n'oserait envisager le bout de ses forces, auquel on touche; que tout se réduit à fermer les yeux et à ouvrir la main pour prendre toujours, sans savoir si l'on trouvera de quoi prendre; qu'il n'y a que le miracle d'aujourd'hui qui réponde de celui qui sera nécessaire demain, et qu'on ne voudra voir le détail de nos maux, pour prendre un parti proportionné, que quand il sera trop tard... Les peuples ne vivent plus en hommes, et il n'est plus permis de compter sur leur patience tant elle est mise à une épreuve outrée... Les intendants font, malgré eux, presque autant de ravages que les maraudeurs : ils enlèvent jusqu'aux dépôts publics... On ne peut plus faire le service qu'en escroquant de tous côtés. C'est une vie de Bohême, et non pas de gens qui gouvernent. Il paraît une banqueroute universelle de la nation. Nonobstant la violence et la fraude, on est souvent contraint d'abandonner certains travaux

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