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de l'Invasion d'Attila, par Jornandès. Aétius réunit alors, un moment, sous son commandement toutes les forces confédérées des Gaules; ce fut à leur tête qu'il battit Attila, en 451, dans les plaines de Châlons. Le danger les avait réunis, la victoire les sépara. On trouve dans la notice que les Romains et les Visigoths furent rejoints par les Francs, les Sarmates, les Armoricains, les Lètes, les Bourguignons, les Saxons, les Ripuaires, les Bréons (1) et quelques autres nations celtes ou germaniques.

Les événements qui se passèrent dans l'empire, après cette grande victoire, le mirent à jamais hors d'état de menacer aucune des indépendances partielles qui s'étaient constituées. Dans l'espace de dix ans, l'Italie fut pillée par Attila; Aétius fut assassiné par l'empereur même qu'il servait; et celui-ci, bientôt, périt frappé par ses soldats. Maxime alors s'empara de la couronne. Presque aussitôt, un parti appelle les Vandales d'Afrique en Italie; ils prennent Rome, et la pillent; ils livrent Maxime au peuple, qui le met à mort. Alors les provinces des Gaules restées romaines s'unissent aux Visigoths pour élire empereur leur préfet du prétoire. Celui-ci abdique bientôt Majorien lui succède à Ravenne. Ce fut lui qui nomma Ægidius, de la famille lyonnaise Syagria, maître de la milice dans les Gaules. Ce nom est le dernier chaînon par lequel les événements de notre patrie se rattachent encore à l'histoire de l'empire d'Occident. Le préfet du prétoire vécut plus longtemps que le maître qui l'avait nommé : celui-ci périt assassiné en 461. Nous avons hâte d'abandonner cette histoire, où tout est trouble, désordre, accident; où nul fait n'est intelligible, parce qu'il émane d'une source toujours secrète, la personnalité et l'égoïsme. Qu'on juge, par le dégoût qui nous saisit, après quatorze siècles, au spectacle de ces désordres, quelle devait être la répugnance des Gaules pour le pouvoir impérial!

C'est sous l'administration d'Egidius que l'on vit paraître les commencements de cette politique qui, trente ans plus tard, réunit tout le nord des Gaules sous un seul nom et dans un même but d'activité. Doit-on attribuer cette innovation à l'habileté de ce maître de la milice, ou à l'effet des circonstances? Il importe peu. Lorsqu'il prit le gouvernement, les provinces fidèles aux Romains étaient bien réduites. Leur domaine était une longue bande de territoire qui allait des Alpes aux bouches du Rhône, suivait ce fleuve, et venait, en traversant la Champagne, s'élargir et se terminer en comprenant une partie des deux Belgiques. Le point le

(1) Quondam milites romani, tunc vero jam in numero auxiliariorum. » Jornandès, de Rebus Geticis.

plus étroit était placé sur les rives du Rhône : c'était un isthme pressé d'un côté par les Bourguignons, de l'autre par les Visigoths. Les Bourguignons occupaient déjà l'Alsace, une partie de la Suisse, le Doubs, la Haute-Saône, et menaçaient Lyon. Les Goths étaient arrivés sur la Loire et faisaient effort pour traverser le Rhône. Le Nord, au contraire, était tranquille. Childéric avait succédé à Mérovée dans Tournai; les Ripuaires étaient paisibles dans leurs cantonnements. En conséquence, Egidius, que nos chroniques appellent Gillon, se transporta dans le Nord et vint solliciter l'alliance des Armoriques. Il mit sans doute en avant l'intérêt religieux et se fit aider des évêques. En effet, on vit cette confédération qui, jusqu'à ce jour, n'avait pris les armes que pour défendre ses foyers, fournir des soldats pour aller combattre au loin. C'est que les Bourguignons et les Visigoths, contre lesquels on leur demandait secours, étaient des ariens. Ces derniers étaient particulièrement détestés, parce qu'on les accusait de plusieurs persécutions sanglantes exercées contre les catholiques. Ægidius n'eut pas seulement le secours des Bagaudes armoricains : il fut élu roi par les Francs de Tournai qui chassèrent Childéric. Alors, Ægidius alla combattre les Goths à Arles, en Auvergne, sur les bords de la Loire. Ce général, au reste, s'occupa de conserver des provinces, moins pour la cour de Ravenne que pour la foi catholique, dont il était lui-même profondément imbu (1). On ne le voit pas même, depuis son élection, entretenir le moindre rapport avec les empereurs. Un fait semblait devoir déranger la bonne harmonie qu'il avait réussi à introduire dans le Nord, ce fut le rappel de Childéric par les Francs. Il est probable que nos chroniqueurs ont rapporté inexactement les causes de ce retour, ou que nous les avons mal interprétées. En effet, on voit Childéric à la tête d'un corps de troupes dans une armée que commandait Ægidius; bien plus, on dit qu'ils régnèrent ensemble. Childéric reçoit un titre dans l'administration de la milice; enfin il reste allié des Armoriques.

Ægidius fut tué dans un combat au bord de la Loire. Après sa mort, son fils Syagrius lui succéda dans le gouvernement dont Soissons était le centre; un comte Paulus resta commandant des troupes qu'on voulait bien encore nommer romaines; la confédération continua d'ailleurs à être très-unie. Ainsi, les chroniques nous montrent Childéric allié avec le comte Paul et conservant l'administration de la chose militaire. Le chef franc fut surtout

(1)« Virum, ut fama commendat, Deo bonis operibus complacentem ». Idatii ehron.

occupé contre les Ripuaires, qui habitaient entre Rhin, Meuse et Moselle. Dès ce moment les rapports d'obéissance furent rompus avec les Italiens. En effet, la cour impériale accorda le titre de chef de la milice à l'aîné des rois bourguignons. Ceux-ci en profitèrent pour s'emparer de Lyon et de Vienne; les Visigoths s'emparèrent d'Arles et du pied des Alpes; enfin les Hérules se rendirent maîtres de l'Italie. Le Nord se trouva séparé du centre de l'empire par des royaumes ariens.

Les choses étaient en cet état, lorsque Clovis succéda en 481 à Childéric. Ce roi chassa Syagrius et s'empara de Soissons. Il soumit les Francs du pays de Tongres ou de Thuringe; mais il fut arrêté par la confédération armoricaine. Il assiégea Paris à diverses reprises, pendant dix ans, dit-on. C'est dans ces luttes que Geneviève de Nanterre se sanctifia par son dévouement religieux à la chose publique. Cette vierge depuis longtemps consacrée au Seigneur, était déjà aimée et respectée pour des services de même genre rendus au temps de la guerre contre Attila. Son exemple et ses prédications donnèrent aux Parisiens le courage de résister à des attaques moins redoutables par elles-mêmes que par les ravages qu'elles occasionnaient. Clovis sentit alors la nécessité de lier ses intérêts à ceux du catholicisme. C'est sans doute dans ce but qu'il fit enlever la jeune Clotilde, laquelle, quoique de Bourgogne, pratiquait cependant la vraie foi. Il s'unit à elle en mariage. D'un autre côté, les évêques faisaient leurs efforts pour amener Clovis à se convertir. Ce fut un Romain, c'est-à-dire un chrétien, qui lui conseilla son mariage; et ce fut un saint prêtre qui détermina Clotilde à donner sa foi à un païen, dans l'espérance de le changer. Enfin, en 496, le roi franc se fit baptiser à Reims avec trois mille de ses fidèles.

Cet acte, depuis longtemps commandé par les circonstances, ne fut sans doute autant ajourné que par la volonté des évêques. Ils exigeaient qu'il fût autre chose qu'une vaine cérémonie, et ils refusèrent en conséquence de l'accorder à d'autres sentiments qu'à ceux d'une foi réelle et éprouvée. L'Église et tout le monde alors croyait aux sacrements, et c'eût été un sacrilége que de les prodiguer à des intérêts seulement temporels. En effet, il est inexact de dire que Clovis ne tarda tant que dans la crainte de mécontenter ses Francs. Depuis longtemps beaucoup de Francs s'étaient faits chrétiens; on trouve même à cette époque un saint de cette race. Ils étaient habitués au respect pour les prêtres et les vierges du Seigneur, et par l'exemple d'Egidius, et par celui de Childéric, et enfin par celui de Clovis lui-même, qui très souvent consultait

quelques saints personnages qui suivaient habituellement son armée. Clovis, d'ailleurs, faisait baptiser ses enfants, ce qui était promettre aux Francs des rois chrétiens. Or, rien ne nous apprend que quelqu'un de ses sujets lui ait demandé compte de cet acte. L'histoire du vase sacré réclamé par l'évêque de Réims nous prouve quelle autorité avait, parmi cette peuplade, le respect pour l'Église. Enfin, l'immunité accordée au territoire de la cité des Rémois, l'indépendance qui lui fut laissée, parce qu'elle était sous la protection d'un archevêque, tandis qu'on conquérait Soissons, parce que cette cité était administrée par un comte; la conduite même de Clovis après son baptême, tout montre que son accession au christianisme fut plus encore un acte de foi qu'un acte politique.

En 497, un an après ce baptême, Clovis invita les Armoriques à s'allier avec lui, et, par l'inspiration des évêques, elles le reconnurent pour administrateur de la chose militaire (1). Paris devint la capitale du nouveau royaume. Les troupes romaines qui étaient cantonnées vers la Loire et dans le Berri, ne voulant pas, disent les chroniques, se donner aux ariens, imitèrent les cités: elles se donnèrent aux Francs et aux Armoriques. Alors LA NATIONALITÉ FRANÇAISE FUT CONSTITUÉE.

Nous croyons qu'il résulte de la narration qui vient de finir, que l'établissement de la monarchie française ne fut pas le résultat d'une conquête; qu'elle fut appelée par la nécessité toute gauloise de fonder un centre de conservation nationale; enfin, que le principe d'union qui fit une société une de tant d'éléments hétérogènes, fut le principe catholique; en sorte que c'est avec raison que la loi salique déclare que la nationalité française a été instituée par Dieu, et que ce fut exactement vrai de dire que la France avait été construite par les évêques des Gaules. Il nous reste à savoir maintenant si l'établissement dont il s'agit apporta quelque changement dans l'organisation sociale et dans l'état. civil des Gaulois.

CHAPITRE III.

De l'état social des Gaules et de la France au cinquième siècle.

Nous avons vu dans le chapitre précédent en quoi consiste ce que presque tous nos historiens se sont obstinés à appeler la con

(1) Procope, de Bell. Goth., 1. I. Franc. Script., t. IV, p. 51.

Lettre de saint Remy à Clovis, dans Rer.

quête des Francs. Ce fut une véritable accession d'un corps de soldats à la foi chrétienne, et, par suite, l'élection de leur chef au commandement des forces militaires catholiques.

Dans cette confédération, dont nous nous sommes appliqués à décrire les éléments, et que nous avons appelée France, pour donner un nom nouveau à un but nouveau d'activité; dans cette confédération, l'union des parties ne fut établie et ne fut maintenue que par l'unité des croyances.

L'accession des Francs, sauf le nom même de France, n'apporta rien de neuf, ni dans l'organisation sociale, ni dans les noms même qui servaient à désigner les éléments divers dont elle se composait. Elle ne fit que régulariser et fixer le commandemenţ et la hiérarchie militaires. Pour s'assurer de ce fait, il suffit d'examiner l'état des Gaules au commencement et à la fin du cinquième siècle. Les matériaux sont nombreux, et si clair's qu'ils ne permettent ni discussion, ni doute : ils se composent, d'une part, du code théodosien, de la Notice de l'empire, et, de l'autre, des constitutions des rois francs, de la loi salique, du formulaire de Marculfe, etc. Nous en avons extrait le tableau qui va suivre.

Nous insistons sur toutes ces choses, moins pour combattre des préjugés répandus, que dans l'intérêt de l'usage que nous voulons en faire; car les institutions de cette époque forment le terrain de toutes les révolutions subies, dans la suite, par l'état social en France.

Au commencement du cinquième siècle, la population des Gaules était divisée en deux grandes classes: celle des hommes libres et celle des servi, esclaves ou serfs colons. Ceux-ci en formaient, dit-on, les deux tiers. Chacune de ces classes offrait une multitude de subdivisions dont nous allons examiner les principales. Commençons par étudier les divisions de la classe libre.

Celle-ci se divisait d'abord en deux ordres secondaires : les citoyens et les militaires.

Nous donnons ce dernier nom aux hommes qui avaient reçu, à titre de bénéfice et à charge d'un service militaire déterminé suivant les lieux, une certaine portion de terrain, avec une famille de serfs pour la cultiver et une maison. C'est ce qu'on appela plus tard un manoir. Ces hommes étaient nommés, d'après la nature de leur service, ripenses, riparenses, ou limitanei, lorsqu'ils étaient campés vers une frontière, comme celle du Rhin, par exemple; casati, pagenses, lorsqu'ils étaient fixés dans l'intérieur. On les nommait, par comparaison avec d'autres ingénus, immunes ou

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