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était attroupée pour le voir entrer; elle y pénétra en grande partie avec les députés. Cette séance fut (rès-tumultueuse. On commença par donner la présidence à M. Leroux, doyen d'âge de l'assemblée, qui choisit six assistants.

M. Malouet. Je fais la proposition d'envoyer aux deux ordres privilégiés une députation pour les inviter à se réunir aux communes dans le lieu des assemblées générales.

M. Mounier. Je pense qu'une semblable démarche compromettrait l'intérêt des communes; qu'il n'y a point de danger à temporiser, que peut-être dans ce même moment, les ordres privilégiés délibèrent sur le même objet ; et qu'enfin on sera bientôt instruit du résultat de leurs délibérations.

L'avis qui l'emporte est : qu'attendu que les pouvoirs ne sont pas vérifiés, les députés ne doivent encore se regarder que comme une agrégation d'individus présentés pour les états généraux; individus qui peuvent conférer amicalement, mais qui n'ont aucun caractère pour agir.

Par respect pour ce principe, l'assemblée refuse d'ouvrir des lettres adressées au tiers état.

Vers deux heures et demie, un député du Dauphiné annonce qu'il vient d'être instruit que la vérification particulière des pouvoirs a été déterminée par les deux ordres privilégiès.

La séance est levée, et les membres des communes s'ajournent an lendemain neuf heures.

Clergé. Il est décidé à la majorité de 133 voix contre 114, que les pouvoirs seront vérifiés et légitimés dans l'ordre.

L'avis de la minorité est qu'ils ne peuvent l'être que dans l'as semblée générale, sur le rapport de commissaires pris dans les trois ordres.

Cet avis est particulièrement défendu par MM. les archevêques de Vienne et de Bordeaux.

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Noblesse. On fait deux motions: l'une pour la vérification faite par des commissaires pris dans l'ordre de la noblesse, t l'autre par des commissaires pris dans les trois ordres.

M. le vicomte de Castellane, le duc de Liancourt, le marquis de Lafayette, les députés du Dauphiné, ceux de la sénéchaussée d'Aix, en Provence, et le député d'Amont appuient ce dernier avis. Il n'obtient cependant que 47 voix contre 188.

Douze des plus âgés de l'assemblée sont nommés commissaires vérificateurs des pouvoirs.

SÉANCE DU JEUDI 7 MAI. Communes.

- M. Malouet renouvelle

la motion qu'il a faite la veille d'envoyer une députation vers les deux

premiers ordres, et de les engager à se réunir aux communes pour la vérification des pouvoirs.

M. le comte de Mirabeau combat cette opinion; il représente que les députés des communes ne peuvent faire aucune députation tant que leurs pouvoirs ne sont pas vérifiés ; il fait valoir les avantages d'une inactivité entière dans de pareilles circonstances. En conséquence, l'assemblée reste dans l'inertie qu'elle a montrée la veille. On ne prend point de délibération les six personnes les plus âgées sont chargées de maintenir l'ordre.

M. Mounier présente un parti mitoyen qui, sans compromettre les communes, peut faire connaître, quoique inofficiellement, les intentions des deux ordres privilégiés : il consiste à permettre à ceux qui le voudraient d'aller individuellement, et sans mission expresse de l'assemblée, vers le clergé et la noblesse, pour engager les membres de ces ordres à se réunir aux communes, conformément à l'invitation du roi, et pour les assurer que les communes attendront que cette réunion soit opérée, avant de se livrer à aucun travail.

Un membre appuie cette motion; il ajoute qu'un discours de M. l'archevêque de Vienne annonce que le clergé est déjà disposé à se réunir aux communes.

La motion de M. Mounier est adoptée à une très-grande majorité. Douze membres vont dans les chambres de la noblesse et du clergé. De retour, ils annoncent qu'ils n'ont trouvé dans la chambre de la noblesse que les commissaires que cet ordre a nommés pour la vérification de ses pouvoirs; que les commissaires les ont prévenus que les membres composant l'ordre de la noblesse s'assembleront le lundi 11.

Quant au clergé, l'orateur des douze membres des communes annonce que cet ordre est assemblé, et que le président a répondu que le clergé allait délibérer sur ce qui lui était proposé.

Une heure après, MM. les évêques de Montpellier et d'Orange, et quatre autres ecclésiastiques entrent dans la salle.

M. l'évêque de Montpellier. Les députés du clergé ont pris en considération la demande que vous leur avez faite ; ils ont décidé qu'ils nommeraient incessamment des commissaires qui, réunis à ceux qui seraient élus dans la noblesse et les communes, pourront s'occuper de la question de savoir si les pouvoirs devront être vérifiés en commun.

La séance est levée.

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SEANCE DU MARDI 12 MAI. Du 7 au 11 mai les communes persistèrent dans leur inaction. Le 12, prévoyant que la conduite

des ordres privilégiés pourrait exiger bientôt quelques démarches de leur part, elles s'occupèrent à se préparer les moyens d'opiner et de délibérer régulièrement. Le doyen et les anciens furent chargés de se procurer la liste complète et nominale des députés, et, sur la proposition de Mounier, on nomma, pour huit jours, une personne par gouvernement « à l'effet de se réunir à M. le doyen pour mettre de l'ordre dans les conférences, compter les voix, étc..., en évitant tout ce qui pourrait faire supposer que les communes consentent à la séparation des ordres, et en leur conservant soigneusement le caractère d'une assemblée non constituée. »

La noblesse avait décidé, le 11 mai, à la majorité de 193 contre 31, que la chambre de la noblesse était légalement et suffisamment constituée. Le 12, elle arrêta qu'elle nommerait, conformément au vœu du clergé, des commissaires pour se concerter avec les deux autres ordres.

Le clergé avait suspendu la vérification des pouvoirs jusqu'à l'issue des conférences proposées.

SÉANCE DU 13 MAI. Communes. Une députation de la noblesse communique les arrêtés pris par la noblesse, le 6, le 11 et le 12 mai. Cette députation est suivie d'une autre de la part du clergé, à la tête de laquelle est M. l'évêque de Lydda. Elle annonce que le clergé a nommé des commissaires pour conférer avec ceux de la noblesse et des communes, et invite MM. des communes d'en nommer de leur côté, afin de pouvoir se concilier et parvenir à une réunion. M. Rabaud de Saint-Étienne. Je propose de nommer un certain nombre de personnes, auxquelles il sera permis de conférer avec les commissaires nommés par MM. les ecclésiastiques et les nobles, pour réunir tous les députés dans la salle nationale, sans pouvoir jamais se départir des principes de l'opinion par tête, et de l'indivisibilité des états généraux.

M. Chapelier. Je propose d'adopter et faire notifier au clergé et à la noblesse la déclaration suivante :

Les députés des communes de France, en vertu de la convocation du roi, de l'annonce faite par M. le garde des sceaux au nom de Sa Majesté et de la publication des hérauts d'armes, s'étant rendus le 6 mai dans la salle des états, où ils n'ont point trouvé les députés de l'Église et de la noblesse, ont appris avec étonnement que les députés de ces deux classes de citoyens, au lieu de s'unir avec les représentants des communes, se sont retirés dans des appartements particuliers; ils les ont vainement attendus pendant plusieurs heures et tous les jours suivants.

Quelques-uns des députés des communes, s'étant fait instruire du lieu où étaient les députés de l'Église et de la noblesse, ont été leur représenter que par leur retardement à se rendre dans la salle générale, ils suspendaient toutes les opérations que le peuple français attend des dépositaires de sa confiance; que les communes ont vu avec regret que les députés de l'Église et de la noblesse n'ont pas encore déféré à cet avertissement; que le clergé et la noblesse ont envoyé des députations au corps national auquel ils devaient se réunir, et sans lequel ils ne peuvent faire rien de légal; qu'ils ont nommé des commissaires pour aviser avec d'autres et délibérer entre eux; que les représentants du peuple ne doivent pas s'abandonner à des moyens conciliatoires qui ne peuvent être discutés et délibérés qu'en commun dans l'assemblée des états généraux ; que la noblesse a ouvert un registre particulier, pris des délibérations, vérifié des pouvoirs, établi des systèmes; que cette vérification partielle ne suffisait pas pour constater la régularité des procurations.

Les députés des communes déclarent qu'ils ne reconnaîtront pour représentants légaux que ceux dont les pouvoirs auront été examinés par des commissaires nommés dans l'assemblée générale par tous ceux appelés à la composer, parce qu'il importe au corps de la nation, comme aux corps privilégiés, de connaître et de juger la validité des procurations des députés qui se présentent, chaque député appartenant à l'assemblée nationale, et la délibération commune pouvant seule l'établir, ils ne consentiront pas que, par des arrêtés particuliers des chambres séparées, on porte atteinte au grand principe qu'un député n'est plus, après l'ouverture des états généraux, le député d'un ordre ou d'une province, mais qu'ils sont les représentants de la nation; principe qui doit être accueilli avec enthousiasme par les députés des classes privilégiées, puisqu'il agrandit leurs fonctions.

Les députés des communes invitent donc et interpellent les députés de l'Église et de la noblesse à se réunir dans la salle des états, où ils sont attendus depuis huit jours, et à se former en états généraux pour vérifier les pouvoirs de tous les représentants de la nation. Ils invitent ceux qui ont reçu l'ordre spécial de délibérer en commun, et ceux qui, libres de suivre cette patriotique opinion, l'ont déjà manifestée, à donner l'exemple à leurs collègues et à venir prendre la place qui leur est destinée; c'est dans cette réunion de tous les sentiments, de toutes les opinions que sont fixés, sur les principes de la raison et de l'équité, les droits de tous les citoyens. İl en coûte à tous les députés des communes de penser que, depuis dix jours, on n'a pas encore commencé les travaux qui assurercnt

le bonheur public et la splendeur de l'État; qu'on n'a pu porter à un roi bienfaisant le tribut d'hommages et de reconnaissance que lui méritent l'amour qu'il a témoigné pour ses sujets et la justice qu'il leur a rendue; que ceux qui pourraient retarder l'accomplissement de devoirs si importants en sont comptables envers la nation.

Les députés des communes arrêtent que la présente déclaration sera remise aux députés de l'Église et de la noblesse, pour leur rappeler les obligations que leur impose leur qualité de représentants des intérêts nationaux.

Ces deux motions furent discutées dans les séances du 13 au 18 mai. La plupart des orateurs trouvaient la proposition de Chapelier prématurée, et demandaient qu'on attendît l'effet des conférences. Un fait qui se passa à la séance du clergé influença sans dcute sur la suite de la discussion.

SÉANCE DU SAMEDI 16 MAI. Clergé. Plusieurs curés lisent et déposent sur le bureau une déclaration signée d'eux, contenant qu'ils ne se croient pas liés par la résolution relative à la rédaction des cahiers prise par des individus qui ne représentaient point les états généraux; que leurs pouvoirs les chargeaient de remettre les cahiers dont ils sont porteurs aux états généraux; qu'ils s'y étaient obligés par la religion du serment, et qu'ils s'y conformeraient. Cette conduite excite du murmure; elle est ouvertement désapprouvée par un évêque, et publiquement applaudie par un autre et beaucoup de pasteurs. Plusieurs évêques ne peuvent obtenir, par leurs sollicitations, que la déclaration soit retirée ; et comme on allait procéder à la rédaction des cahiers, les opposants sortent de l'assemblée.

SEANCE DU LUNDI 18 MAI. Communes - On discute la motion de M. Rabaud de Saint-Étienne.

M. de Mirabeau l'aîné. Messieurs, les sentiments très-estimables, les principes en général très-purs, qui caractérisent les deux motions dont nous sommes occupés, n'ont pas suffi pour me ranger entièrement aux propositions de MM. Rabaud de Saint-Étienne et Chapelier. Je désirerais qu'un avis mitoyen tempérât, ou plutôt réunît ces deux opinions.

M. Rabaud de Saint-Étienne demande que nous autorisions messieurs du bureau à conférer avec les commissaires du clergé et de la noblesse, pour obtenir la réunion des membres qui doivent former les états généraux.

M. Chapelier désire que, dans une déclaration très-formelle, nous

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