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qui était religieux, dans tout ce qui était sacrement, dans le baptême, le mariage, etc.; ce qu'elle possédait, hors des bénéfices militaires, était soumis à la loi civile de l'héritage et de l'impôt, etc. Les cités ne commencèrent à être ramenées sous la domination royale que sous la deuxième race. Sous la première, on trouve, au contraire, de très-nombreuses preuves de leur indépendance. Ainsi, Paris a été plusieurs fois le théâtre d'événements qui montrent que le commandement militaire de la cité n'était pas en la possession du roi, mais dans celle de ses habitants; on vit des cités se faire la guerre, etc.

La foi, qui servait de sanction et de lien à tous les devoirs, était d'ailleurs universelle et toute-puissante, plus développée peut-être chez les grands que chez les petits. Et ce n'était point seulement une grossière superstition; elle était éclairée et féconde. Nous devons juger des motifs qui portèrent les rois de nos premières races, et les seigneurs militaires et civils, à créer tant de couvents et d'églises, par ceux qui leur dictèrent plusieurs actes où l'humanité était seule intéressée. Ainsi, parce que plusieurs fois ils sacrifièrent à Dieu leurs revenus, en supprimant les impôts qui pesaient sur le pauvre, ou en affranchissant des esclaves, nous devons dire qu'ils fondèrent des couvents pour ouvrir des asiles à la science et des églises pour constituer des centres d'enseignement et de population; au moins nous ne devons pas croire que ces pensées leur fussent absolument étrangères. Enfin, grâce à la croyance religieuse, les évêques furent appelés jusque dans les plaids militaires; ils purent intervenir dans la politique, tantôt pour mettre fin à des discussions de famille, et tantôt pour déterminer des invasions sur le territoire étranger.

C'est par ces causes que la France resta pendant quatre siècles un centre militaire qui fit rayonner la conquête sur toute sa circonférence et qui porta sur tous ses rayons le système qu'elle avait adopté elle-même; et ce système était complétement romain, c'està-dire tel que l'avait fait l'empereur Constantin, ainsi que nous l'avons vu. Aussi arriva-t-il que la France engendra en Allemagne un empire qui prétendit imiter les usages de la cour de Ravenne. En effet, notre nation n'étendit pas seulement autour d'elle une organisation militaire et civile d'origine romaine; elle répandit aussi un esprit qui était resté aussi romain que l'avait permis le catholicisme. Elle propagea l'usage de la langue et de la littérature latines. Dans les arts, nous fûmes pendant quatre siècles imitateurs des artistes de Rome chrétienne, et l'Europe les imita avec nous. Toutes nos églises furent bâties dans ce qu'on appelle aujourd'hui le

style byzantin, c'est-à-dire dans le premier style chrétien. Le style catholique, proprement dit, ne fut créé en France que dans le onzième siècle; enfin nous reçûmes des Romains nos arts, nos sciences, nos armes, nos lois, et nous donnâmes aux autres ce que nous avions reçu.

Telle est l'idée générale de la société française du cinquième au dixième siècle; tel est le germe des révolutions de toute espèce qui se préparèrent et s'achevèrent plus tard; et c'est en liant ainsi cet avenir, du dixième au dix-huitième siècle, aux années qui les ont précédées, que l'on aperçoit clairement comment c'est en France que se trouve le lien qui unit la civilisation moderne à la civilisation antique. Pour achever l'objet spécial de ce chapitre, il nous reste à donner les différences principales qui signalèrent le règne de la première et de la seconde race.

Au point de vue catholique, l'avénement de la première race répondit à la nécessité de combattre l'arianisme, et elle s'éteignit presque en même temps que lui. La seconde race vint pour combattre le mahométisme et pour mettre fin au paganisme du Nord. Si elle ne parvint pas à opérer la destruction de ces deux doctrines, au moins est-il vrai de dire qu'elle en brisa les forces et qu'elle leur créa des ennemis qui furent plus tard suffisants pour les anéantir.

Au point de vue de la vie intérieure, la première race différa de la seconde en ce que, sous son règne, l'organisation sociale resta la même que nous l'avons vue au cinquième siècle; elle fut seulement étendue à toutes les Gaules. Sous la seconde, les plaids militaires furent convertis en conciles généraux, où les évêques venaient représenter leurs diocèses, et les généraux, leurs armées. Ainsi le droit de légiférer au civil fut réuni au droit de réglementer pour la milice. L'Église acquit, non pas une prépondérance plus considérable, mais une influence plus grande. Ainsi presque tous ces missi dominici, ces envoyés qui allaient dans les provinces pour réformer et l'administration et la justice, furent des membres du clergé les listes que nous possédons en font foi. Il dut résulter de là que l'esprit chrétien pénétra plus profondément, non pas les consciences, mais les lois, les habitudes et fit naître les devoirs et le sentiment de l'égalité; il dut en résulter encore que les différences qui séparaient le gouvernement des villes de celui des camps furent diminuées; etc.

Les révolutions intérieures restèrent cependant encore principalement militaires. En effet, sous la dynastie de Pépin, comme sous celle de Clovis, l'œuvre française fut surtout l'extension et la défense des doctrines de l'Église romaine.

Mais, dira-t-on, l'activité militaire des Français pendant ces cinq siècles fut-elle utile et civilisatrice? Pour résoudre la question, suffit d'examiner les doctrines contre lesquelles elle s'exerça.

il

Nous avons déjà fait connaître l'arianisme. Il nous reste à dire quelques mots des deux autres ennemis contre lesquels nous verrons les Français lutter avec un acharnement qui leur valut enfin la victoire. Nous pouvons reconnaître aujourd'hui si ce fut un bonheur pour l'humanité : nous pouvons voir quels fruits a portés le mahométisme, là même où son développement a été complétement libre, en Perse, en Arabie, à Maroc et à Fez. Quant aux barbares * du Nord, il suffit de posséder quelques généralités sur leurs doctrines sociales, pour décider si leur destruction fut un bienfait. Toutes ces religions du Nord, quel qu'en fût le nom, admettaient qu'il existait deux races d'hommes, l'une venue du bien, l'autre du mal; la première d'origine divine, ayant une âme immortelle; la seconde n'ayant, ainsi que les animaux, qu'une âme mortelle comme les corps. Les prêtres et les guerriers étaient de la première, c'étaient des dieux mortels; les esclaves, et presque toujours les ennemis, étaient de la seconde. Aussi, tout ce qui venait de la naissance était juste: le pouvoir et le bien pour les uns; la misère et le mal pour les autres. Or, comme il y a toujours lufte entre le bien et le mal, la guerre était un état normal. C'était aux guerriers qu'appartenait particulièrement cette fonction du combat. Pour avoir droit aux récompenses éternelles, ils devaient périr les armes à la main; celui qui mourait en lâche, autrement que par le glaive, était puni dans l'autre vie. La sévérité du culte répondait à la férocité des doctrines, car c'était par des sacrifices humains qu'on attirait la protection des dieux. Plus le sang de la victime était précieux, plus le sacrifice avait de puissance. D'ailleurs, rien qui ressemblât à ce que dans la société romaine on appelait arts, sciences, industrie. Leur art, c'était ce culte barbare et tous ces mystères sombres et redoutables dont on pourra lire le détail dans l'histoire des Celtes et des Scandinaves; leur science, c'était la magie; leur industrie, la guerre. C'est comme un reste, comme une émanation de ces doctrines, que nous sont venues toutes ces superstitions contre lesquelles l'Église n'a cessé de lutter dans les premiers siècles ces croyances aux sorciers, aux présages, aux magiciens, etc.

Le mahométisme, né en 622, époque où commence l'hégire, n'était pas moins redoutable pour la civilisation. On peut juger de ce que l'Europe devait en attendre par ce qu'il a donné dans l'Orient. Ses fruits sont le despotisme, l'ignorance, la férocité, la dépopula

tion et la peste. Le mahométisme est fils de l'arianisme. Parce que Arius avait enseigné que Jésus n'était qu'un prophète, Mahomet vint dire qu'il était, lui, le dernier prophète, et il fut cru des populations où l'arianisme avait séjourné et où il l'avait en quelque sorte annoncé.

Le vice capital qui rendit le mahométisme antiprogressif, fut d'avoir confondu dans les mêmes mains les deux pouvoirs, le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, et par suite d'avoir établi en principe que la justice et la raison étaient là où résidait la force. Chez les chrétiens, au contraire, on enseignait que la justice et la raison résidaient là où était le dévouement. Le mahométisme professait une doctrine sur la Providence, telle, qu'il en résultait que les choses sociales étaient gouvernées par un fatalisme absolu. Chez les chrétiens, au contraire, on disait qu'on acquérait, par la foi, la grâce, c'est-à-dire la liberté de choisir entre le bien et le mal. Aussi les destinées des deux sociétés furent bien différentes. Les musulmans ne purent avancer dans la carrière de la civilisation que par la volonté du pouvoir; ils se sont dépravés aussitôt que le pouvoir lui-meme s'est corrompu ; les chrétiens, au contraire, n'ont cessé de marcher, même malgré le pouvoir.

Or, de ces trois doctrines sociales que la nationalité française rencontra, elle en anéantit deux; elle battit et repoussa l'autre. L'arianisme et le paganisme furent conduits à leur destruction; le mahométisme fut chassé et vaincu.

CHAPITRE II.

Histoire des Français sous la première race.

La ligne politique des rois français était écrite dans cette prière qui termine le prologue de la loi salique : « Vive Christ! il aime les Francs qu'il conserve le royaume ; qu'il remplisse ses magistrats des lumières de sa grâce; qu'il protége l'armée; qu'il nous donne le mérite de prouver notre foi; qu'il nous accorde les joies et la félicité de la paix ! que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous accorde des chefs pieux! car nous sommes cette nation brave et forte qui secoua de sa tête le dur joug des Romains, et qui, après avoir reçu le baptême, orna somptueusement d'or et de pierres précieuses les corps des saints martyrs que les Romains avaient brûlés par le feu, massacrés et mutilés par le fer et fait déchirer par les bêtes. »

Clovis devenu, en 497, roi des forces catholiques des contrées situées entre la Meuse et la Loire, se hâta de prouver quelle était sa loi politique. Il marcha d'abord contre les ariens de Bourgogne et les soumit au tribut. Il laissa sur leur territoire un camp de cinq mille Francs. Ensuite, dit Grégoire de Tours, il dit encore une fois aux siens : « Il m'est triste de voir ces Goths ariens posséder une partie des Gaules. Allons, avec l'aide de Dien, allons vaincre et soumettons-nous cette terre. » Il attaqua en effet les Visigoths, il ressaisit l'Auvergne et le Poitou, et poussa même ses armées jusqu'au pied des Pyrénées. Mais ces conquêtes ne furent point solides; et son pouvoir resta incertain et disputé dans presque toutes les provinces. En effet, il n'y avait alors qu'un moyen de s'assurer une contrée, c'était d'y asseoir un camp et d'y fonder un corps de bénéfices militaires. Or, il n'y avait pas alors en France assez d'hommes de guerre pour fournir à d'aussi nombreuses garnisons. Aussi ce ne fut que plus tard que la Bourgogne fut réellement soumise et les Visigoths définitivement chassés. Il ne lui resta pour le moment que les contrées où le peuple des cités était assez nombreux pour pouvoir se garder lui-même. Il paraît en effet que, partout, les catholiques des villes avaient appelé la domination de Clovis, et l'on doit penser qu'ils firent tous leurs efforts pour se conserver sous sa protection.

Ce fut, sans doute, en grande partie parce qu'il manquait d'hommes de guerre, que Clovis se défit des rois de Cambrai, de Cologne, d'un certain Cararic qui commandait, à ce qu'il paraît, du côté de Verdun, et qu'il s'acquit par ses négociations l'obéissance des Francs qui leur étaient soumis. Le corps le plus considérable des feudataires dont il conquit la possession par ce moyen, fut celui des soldats nommés plus particulièrement ripuaires. Il était composé d'une population militaire instituée par les Romains pour défendre la frontière du Rhin. Il occupait le triangle formé par le cours de ce fleuve, et ceux de la Moselle et de la Meuse. Ce vaste camp avait été formé primitivement de troupes romaines et recruté d'hommes de toutes nations. Il s'était révolté et s'était donné des chefs indépendants, lors des grandes invasions du commencement du siècle. Il était donc, par son origine et ses habitudes militaires, tout formé à la discipline de l'armée de Clovis; il était de la même race militaire que celle répandue dans le reste des Gaules, dont ce roi avait été proclamé le chef, c'est-à-dire, en partie romain, en partie gaulois et en partie franc.

Nous ne nous arrêterons pas davantage sur les actes de Clovis. En effet, nous ne nous sommes pas proposé d'écrire une histoire,

TOME I.

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