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le carnage, entrent en pourparlers. M. de Belzunce proteste de son innocence et offre de se rendre à l'hôtel de ville pour donner des preuves convaincantes.

Le régiment demande des otages: on les donne, et l'infortuné major se livre courageusement à la multitude. La garde nationale l'environne et le conduit à la citadelle, dans l'espoir de le sauver, Cependant M. d'Harcourt, cómmandant de la province, envoie ordre au régiment de sortir de la ville, persuadé que son départ pourra contribuer à ramener le calme.

La paix semblait renaître, et la bonne intelligence était tellement rétablie, que les otages de la bourgeoisie lui avaient été rendus. Mais le régiment était à peine hors de la ville, que la sédition éclate avec une nouvelle fureur. Le peuple, dans un de ces mouvements rapides contre lesquels la force et la prudence humaine sont impuissantes, se porte subitement à la citadelle, y pénètre, malgré les efforts de la garde nationale, s'empare de M. de Belzunce, le traîne sur la place de l'Hôtel-de-Ville, et le tue à coup de fusil. (Monit.)

A Poissy, il y eut un soulèvement contre un homme soupçonné d'accaparement. Il fut sauvé par une députation de l'assemblée nationale, et conduit dans les prisons de Versailles. Cette affaire occupa deux séances de l'assemblée.

A Saint-Germain-en-Laye, un meunier, nommé Sauvage, eut la tête tranchée.

A Pontoise, l'insurrection pour les grains fut arrêtée par la présence d'un régiment qui revenait de Paris.

A Rouen, il y eut un soulèvement dans lequel quelques personnes périrent. Tous les habitants coururent aux armes.

Au Havre, les habitants ayant appris que quatre cents hussards avaient été embarqués à Honfleur pour venir renforcer la garnison de la ville, attaquèrent l'arsenal de la marine, forcèrent les portes, s'armèrent, pointèrent des canons sur la jetée et forcèrent les vaisseaux, porteurs des hussards, à se retirer.

A Dijon, la fermentation fut extrême. Le commandant de la place fut un moment au pouvoir d'un rassemblement : il fut sauvé par la bourgeoisie qui avait pris les armes.

A Bordeaux, toute la population sortit sur la place, et prit les armes. Les électeurs se réunirent et prirent le commandement de la ville. Les clefs du château Trompette leur furent remises par l'officier qui le commandait. La garde nationale fut organisée. En Franche-Comté, plusieurs châteaux furent pillés. En Flandre, les bureaux de douanes furent renversés.

TOME I.

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A Strasbourg, on célébra par une illumination, dans la nuit du 19 au 20, les événements de Paris. Au milieu de la joie universelle, quelques attroupements menacèrent les hôtels des magistrats les plus détestés : ils furent dissipés par des détachements de la garnison.

Le lundi, 20, diverses députations de la bourgeoisie vinrent demander la remise des droits sur la viande, l'admission d'un comité de citoyens à l'hôtel de ville, la formation des districts et d'une milice urbaine, etc. Le commandant de la place appuyait ces demandes; mais le conseil de la ville les ajourna par des objections.

Le mardi, un rassemblement attaqua l'hôtel de ville, pilla les archives, et saccagea ce palais. Le même rassemblement attaqua divers hôtels, et les mit, dit-on, à contribution. La bourgeoisie s'était retirée de la place publique, et s'occupait à s'organiser. Cependant, le rassemblement fut facilement dissipé par les troupes, sans qu'il fût même tiré un seul coup de fusil.

Le mercredi, la bourgeoisie se trouva organisée et armée, et prit part au service de la place. Quatre cents malheureux furent arrêtés dans les rassemblements qui s'étaient formés de nouveau.

Quelques jours après, les soldats reçurent une gratification, destinée à les dédommager de leurs fatigues précédentes. Ils se mêlèrent avec le peuple dans les lieux publics, et allèrent de là briser les prisons où l'on avait enfermé ceux qui avaient été arrêtés le mercredi précédent. Pendant vingt-quatre heures, il ne fut pas possible aux officiers de ramener la discipline: les soldats étaient dans les rues, fraternisant avec le peuple. Quelques désordres furent commis, sans doute, dans l'ardeur de l'ivresse. Enfin cette ardeur se calma; le régiment de Darmstad fut seul puni; on l'envoya quelques jours camper hors des remparts.

En Dauphiné, d'après une brochure qui a pour titre les Incendiaires du Dauphiné, ou les Ennemis des Grands, dans les premiers jours d'août, une ou plusieurs bandes parcouraient les campagnes et incendiaient les châteaux. A Mezin, le château fut.respecté, par ce que les brigands le trouvèrent habité par une dame au lit, et ses trois enfants; ils se bornèrent à brûler les archives féodales.

En Auvergne, dans le même temps, le bruit d'une pareille incursion fit prendre les armes à toutes les campagnes. (Lettre adressée au comité permanent ).

A Verdun, le 25 juillet, le peuple se transporta à la citadelle et alla demander des armes au gouverneur; cette demande fut vaine

ment réitérée le lendemain. Cependant le peuple soulevé alla brûler les barrières, et menaça diverses maisons où habitaient des gens prévenus d'accaparement des grains. Alors, le gouverneur invita la bourgeoisie à se former en milice urbaine, èt à travailler au retour de l'ordre. Le prix du pain fut baissé, et on arrêta deux individus désignés par la colère du peuple. M. le maréchal de Broglie, fuyant de Paris, tomba au milieu de cette effervescence. Ce fut avec peine, et grâce à un puissant déploiement de la garnison, qu'il échappa à la vindicte publique (Événements mémorables arrivés à Verdun, au sujet du maréchal Broglie, etc.)

A Châtelleraut en Poitou, le peuple s'empara de l'hôtel de ville, nomma des échevins, et arrêta les magistrats qui s'opposèrent à ses arrêts. On prescrivit aussitôt des mesures pour aller à la recherche des farines. Le pain fut fixé à 3 sous la livre pour les ouvriers, et à 5 sous pour les nobles.

Ainsi, en tous lieux, les Français se formèrent en gardes nationales; et presque partout aussi ils eurent des griefs à punir.

CHAP. III. Meurtres de Foulon et de Berthier.

sur les mesures à prendre.

Discussion dans l'assemblée Proclamation adressée au peuple.

Les troubles dont nous venons de parler retentirent promptement dans l'assemblée nationale. Lally-Tolendal fit une motion à ce sujet, dans la séance du 20 juillet. Il demanda que l'assemblée s'occupât de raffermir l'autorité publique, et lui soumit une proclamation au peuple, destinée à rappeler à celui-ci tout ce qu'avaient fait l'assemblée et le roi pour mériter sa confiance; on y invitait tous les bons citoyens au retour de l'ordre, à la répression des troubles et des exécutions arbitraires, et l'on autorisait la formation des milices bourgeoises sous la surveillance des municipalités. Cette motion fut longuement débattue, et enfin renvoyée aux bureaux. Parmi les orateurs qui prirent part à cette discussion, nous trouvons, pour la première fois, le nom de Robespierre. Voici les paroles qu'il prononça :

M. Robespierre. Il faut aimer la paix, mais aussi il faut aimer la liberté. Avant tout, analysons la motion de M. de Lally. Elle présente d'abord une disposition contre ceux qui ont défendu la liberté. Mais y a-t-il rien de plus légitime que de se soulever contre une conjuration horrible, formée pour perdre la nation? L'émeute a été occasionnée à Poissy, sous prétexte d'accaparements; mais la Bretagne est en paix, les provinces sont tranquilles, la proclamation y répandrait l'alarme, et ferait perdre la confiance. Ne faisons rien

avec précipitation. Qui nous a dit que les ennemis de l'État soient à jamais dégoûtés de l'intrigue?

La nouvelle sinistre de la mort de Foulon et Berthier devait donner, le surlendemain, un intérêt pressant à ces débats.

Paris, 22 juillet. Vers cinq heures du matin, on amène M. Foulon, qui avait été arrêté près de Fontainebleau, à Viry, par les habitants du lieu. Cet homme sans doute se croyait bien coupable envers le peuple, puisqu'il avait fait répandre le bruit de sa mort; et, pour le confirmer, il avait fait enterrer pompeusement un de ses domestiques, sous son nom. Il s'était ensuite caché dans une terre de M. de Sartines, où il fut aperçu et saisi.

-

M. Foulon fut conduit à l'hôtel de ville, où on le fit attendre. Vers neuf heures, le comité assemblé décida qu'il serait enfermé à l'Abbaye. On chercha M. Lafayette, pour qu'il fit exécuter cet ordre. Il était à parcourir les districts; on ne le trouva point. Pendant ce temps, un rassemblement se formait sur la place, et demandait à voir Foulon. Il était midi. M. Bailly descendit; on l'écouta parler, mais on persista. Enfin, le peuple pénétra dans la grande salle de l'hôtel de ville; il voulut voir Foulon, qu'on cherchait, disait-il, à dérober à la justice. On le lui présenta. Alors commença ce remarquable dialogue. M. de la Poize, électeur. Messieurs, tout coupable doit être jugé. — Oui, répondit-on, jugé de suite et pendu. Messieurs, dit M. Osselin, pour juger il faut des juges; renvoyons donc M. Foulon aux tribunaux. - Non, non, répliqua-t-on, jugez de suite. Puisque vous ne voulez pas des juges ordinaires, continua M. Osselin, il est indispensable d'en nommer d'autres. bien! jugez vous-mêmes. Nous n'avons le droit ni de juger, ni de créer des juges; nommez-les vous-mêmes. Eh bien! cria le peuple, M. le curé de Saint-Étienne-du-Mont, M. le curé de SaintAndré-des-Arts. - Deux juges ne suffisent pas, s'écria M. Osselin, il en faut sept. Alors le peuple nomma MM. Quatremère, Varangue, etc. Voilà bien sept juges, dit alors M. Osselin; il faut maintenant un greffier. Que ce soit vous-même. - Un procureur du roi. Que ce soit M. Duveyrier. — De quel crime accuse-t-on M. Foulon? dit M. Duveyrier. Il a voulu vexer le peuple... Il a dit qu'il lui ferait manger de l'herbe... Il était dans le projet (1)... Il a voulu faire la banqueroute... Il a accaparé des

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(1) Foulon avait présenté deux plans à la cour: l'un où il conseillait au roi de se mettre à la tête de la révolution; l'autre proposait des mesures violentes, l'arrestation du duc d'Orléans et de plusieurs autres députés. (Mémoires de madame de Campan.)

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blés. - Alors les deux prêtres se levèrent, et déclarèrent qu'ils se récusaient, attendu que les lois de l'Église défendent de verser du sang. - Ils ont raison, disaient les uns; ils nous amusent, disaient les autres, et le prisonnier s'échappe. A ces mots, un tumulte effroyable s'éleva dans la salle. Messieurs, dit un électeur, nommez quatre d'entre vous pour le garder. En effet, quatre hommes entrèrent dans une pièce voisine où l'on avait retenu Foulon. Mais jugez donc! criait-on alors. Messieurs, il nous manque deux juges, dit un électeur. Nous nommons MM. Bailly et Lafayette. Mais M. Lafayette est absent, répondit-on, il faut ou l'attendre, ou nommer quelqu'un à sa place. Eh bien! nommez vite, et nommez vous-même.

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Enfin les électeurs se déterminèrent à procéder au jugement; on fit revenir M. Foulon. Des hommes du peuple entrelacèrent leurs bras, et formèrent une chaîne épaisse de plusieurs rangs, au milieu de laquelle fut reçu le coupable. En ce moment, M. Lafayette entra, et alla se placer au bureau parmi les électeurs ; il adressa au peuple un discours sur lequel diffèrent l'Ami du Roi et le procès-verbal de la commune, dont nous extrayons ces récits. « Messieurs, dit-il (suivant la version de l'Ami du Roi), messieurs, certes je ne puis blâmer votre colère et votre indignation contre cet homme; je ne l'ai jamais estimé; je l'ai toujours regardé comme un grand scélérat, et il n'est aucun supplice trop rigoureux pour lui. Vous voulez qu'il soit puni, nous le voulons aussi, et il le sera; mais il a des complices, il faut que nous les connaissions. Je vais le faire conduire à l'Abbaye: là, nous instruirons son procès, et il sera condamné, selon les lois, à la mort infamante qu'il n'a que trop méritée. »> Suivant le procès-verbal, M. Lafayette dit : « Je suis connu de vous tous; vous m'avez nommé votre général, et ce choix qui m'honore m'impose le devoir de vous parler avec la liberté et la franchise qui sont la base de mon caractère. Vous voulez faire périr sans jugement cet homme qui est là devant vous c'est une injustice qui vous déshonorerait, qui me flétrirait moi-même... Ce que je dis en faveur des formes de la loi ne doit pas être interprété en faveur de M. Foulon. Je ne suis pas suspect à son égard, et peut-être même la manière dont je me suis exprimé sur son compte en plusieurs occasions suffirait seule pour m'empêcher de le juger. Mais plus il est coupable, plus il est important que les formes s'observent à son égard, soit pour rendre sa punition plus éclatante, soit pour avoir de sa bouche la révélation de ses complices. Ainsi, je vais le faire conduire à l'Abbaye. » (Ces deux versions s'accordent cependant dans un fait important, c'est que M. Lafayette empêcha le jugement

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