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s'adressèrent à Charles. Dans le même temps on prêchait la guerre sainte en Espagne; une armée innombrable avait déjà dépassé Poitiers (1). Ce fut alors que Charles arriva avec ses Français, et leur livra, entre Tours et Poitiers, cette bataille sanglante et fameuse où il acquit le nom de Martel (octob. 732). Ce fut la première grande défaite que les Sarrasins éprouvèrent. Ce fut la première fois qu'ils reculèrent dans la carrière de victoires qu'ils poursuivaient depuis le fond de l'Arabie. Après ce grand et beau succès, Charles Martel rentra aussitôt dans l'œuvre de ramener la France à l'unité; il alla soumettre la Bourgogne, et, en 756, la mort de Eudes lui livra l'Aquitaine. Il se trouvait donc maire et duc de toute la France lorsque le roi dont le nom lui servait de prétexte vint à mourir. Il avait été élu en 722, sous le nom de Thierry, pour successeur de Chilpéric. Charles ne le remplaça point.

Afin d'assurer le pouvoir à ses enfants, lorsqu'il fut arrivé aux derniers mois de sa vie, il les associa au commandement en don nant à Carloman l'Austrasie, à Pépin la Neustrie, la Bourgogne, la Provence, etc., et à Grippon le pays de Laon. Il mourut en 741. Carloman et Pépin, qui étaient enfants du même lit, d'un commun accord dépossédèrent leur frère et appelèrent au trône le dernier rejeton de la race des Clovis, Chilpéric. Ils occupèrent les premières années de leur généralat à faire reconnaître leur suprématie et à ramener à l'obéissance les duc provinciaux qui cherchaient à échapper aux obligations de l'unité française. Ils portèrent ensuite la guerre en Allemagne avec une violence qui les rendit vainqueurs. L'obéissance n'était pas encore rétablie dans tous les lieux où les chefs de l'armée française avaient droit de commander, lorsque Carloman, fatigué d'un rôle aussi difficile et d'une position aussi disputée, abandonna son commandement à son frère, et alla en Italie se ranger parmi les cénobites du mont Cassin. Pépin resta seul maire du palais sous un roi imbécile. Il pensa à fonder une dynastie et résolut de l'appuyer sur la seule base solide à cette époque. Il envoya donc au pape Zacharie, qui répondit : « Que celui-là soit roi de nom, qui est roi de fait. » En conséquence, en 752, dans une assemblée réunie à Soissons et composée des principaux chefs de l'armée et des évêques les plus influents, Chilpéric fut dépossédé et envoyé dans un couvent; Pépin fut élu et sacré par Boniface, archevêque de Mayence. Trois ans après, le pape Étienne, venu à Paris pour demander du secours

(1) Raynaud, Invasion des Sarrasins,

contre les Lombards, le sacra de nouveau, ainsi que ses fils Carl et Carloman, en prononçant sur leur tête ces mots : Que nul ne touche à l'oint du Seigneur. Ainsi la France, qui avait reçu són nouveau nom et sa première race royale de la volonté de l'Église, reçut encore de ses mains la seconde dynastie de ses chefs.

En terminant cette esquisse de l'histoire de la race de Clovis, nous ferons remarquer qu'on y trouve une confirmation complète des principes que nous avons émis dans le chapitre premier de ce livre. Tous les événements furent tels qu'ils devaient se passer dans une armée, non-seulement quant au mode de succession des chefs, mais encore quant à leur influence relative, qui dépendait surtout de leur habileté militaire et des services qu'ils rendirent à la chose publique : l'autorité des maires du palais n'eut pas une autre source.

Nous possédons un très-petit nombre des actes législatifs de cette race. Outre la loi salique, celle des Ripuaires, celle des Allemands, des Bavarois, etc., il y eut divers décrets portés, soit dans ces assemblées, qu'on appelait placita ou plaids, soit dans les conciles, soit dans les synodes. La collection de Stephan Baluze rapporte le texte de huit décrets de ce genre. Le premier, signé de Childebert, a pour but l'abolition des restes de l'idolâtrie. Le second, porté sous Clotaire Ier, a un but plus général. Au milieu de plusieurs dispositions destinées à assurer l'ordre civil et moral, on remarque celle-ci : si un juge condamne quelqu'un contre la loi, que l'abus soit, en l'absence du roi, réprimé par l'évêque (art. vi). - La troisième pièce est un rescrit adressé par Gontran aux évêques et juges du royaume. Il se plaint d'abord de la fréquence des actes réprouvés par les canons et la loi; puis il ordonne que tout le peuple soit réuni à l'église le dimanche; que là, l'enseignement pastoral lui soit donné. Il recommande aux évêques d'appeler à eux tout ce qu'ils connaissent d'honnête et de respectable dans le clergé, les seigneurs, les juges, afin que la bonne parole soit répétée dans toutes les chaires; que si les méchants ne se corrigent pas, il les invite à veiller à ce qu'ils soient punis, soit canoniquement, soit légalement. La quatrième pièce est un pacte entre Childebert et Clotaire, qui contient diverses dispositions pénales contre les crimes particuliers. La cinquième pièce est un décret de Childebert relatif encore à des crimes particuliers. Ici les peines sont inverses de celles contenues dans la loi salique le Salique, Salicus, est taxé à une amende plus considérable que le Romain. - La sixième pièce est un décret du roi Clotaire II. Celui-ci, entre plusieurs dispositions, confirme le droit 5

TOME I.

d'asile aux églises; seulement, le serf qui s'y retirerait sera rendu ou racheté. La septième pièce est un édit du même Clotaire, porté dans le concile de Paris en 675. On peut y remarquer les dispositions suivantes : dans les affaires où un ecclésiastique est intéressé, le tribunal doit être composé du juge public et d'un élu de l'Église; nul affranchi ne peut être attaqué sur son droit à la liberté qu'en présence de l'évêque; tous les impôts, census, injustement ajoutés, et contre lesquels le peuple réclame, sont supprimés, etc. La huitième pièce est un rescrit du roi Sigebert, dans lequel il se plaint que l'Église tienne des synodes sans qu'il en soit instruit. Il ne prétend nullement attenter à la liberté des évêques; mais il ordonne qu'on lui fasse connaître le lieu et le but des synodes futurs, afin qu'il sache s'ils ont lieu dans l'intérêt de l'Église ou pour l'utilité de son règne.

On voit par ces exemples que l'époque que nous venons de parcourir ne fut pas moins occupée de l'éducation du peuple que de l'extension de l'empire. Les décrets et les édits de ce genre durent être fort nombreux, car les assemblées où l'on s'occupait nécessairement de questions de législation furent extrêmement fréquentes. Il y a près de cinquante conciles ou synodes cités en France sous la première race, sans compter les plaids généraux et particuliers.

L'union de l'Église aux magistratures civiles, dans les plaids et partout, est un fait constant pendant cet espace de temps, et il est facile d'en trouver la raison. L'obéissance ne pouvait être commandée que par la force ou par la foi. Or, la force des souverains était faible et sans influence partout où elle n'était pas présente, aussi bien dans les cités que dans les camps militaires. Il n'y avait donc que les commandements sanctionnés par l'Église qui pussent obtenir l'assentiment unanime des grands comme des petits.

C'est à ce pouvoir de la religion sur les esprits qu'il faut attribuer l'influence des femmes sur les hommes de la première race; elles furent leurs prêtres domestiques.

CHAPITRE III.

Histoire des Français sous la race de Pépin.

Lorsqu'on examine attentivement l'état de la France à l'époque du sacre de Pépin, on voit qu'elle renfermait et qu'elle manifestait déjà tous les germes dont le développement avait, deux siècles

auparavant, amené la fin de l'empire romain d'Occident. Partout, les généraux d'armée, les ducs provinciaux, les comtes même des cités et des cantons, cherchaient à se créer une indépendance et à rendre leur titre héréditaire; chacun se laissait aller à son ambition particulière et s'habituait à sacrifier l'intérêt social au sien propre. Les guerres entre les maires du palais, au milieu desquelles expira la descendance de Clovis, rappellent parfaitement ces guerres entre les chefs de la cour de Ravenne et ces disputes armées qui signalaient chaque succession impériale. Il est donc juste de dire que la foi catholique sauva la nationalité française; car, c'était parce que la religion était toute-puissante sur les esprits, que l'Église put, par l'imposition de ses mains, donner à la France un nouveau signe visible et durable de son unité, en lui donnant une nouvelle dynastie pour représentant.

Or, l'Église avait à cette époque, plus que jamais, besoin d'un centre puissant de force matérielle. Elle était menacée par une invasion aussi redoutable qu'aucune de celles qui avaient signalé le cinquième siècle. Le mahométisme, maître d'une partie de l'Asie, de l'Égypte, de l'Espagne, venait faire des courses jusqu'aux portes de Rome. En Italie même, elle avait un ennemi non moins dangereux, le royaume des Lombards. Elle n'avait qu'un seul soldat à appeler contre tant d'assaillants, c'était la France. Serait-il donc étonnant que les évêques et les papes, Zacharie et Étienne, en plaçant Pépin sur le trône, aient travaillé à reconstituer l'unité française, seulement dans l'espérance des services que le catholicisme devait en effet retirer plus tard de son bras? Quant à nous, nous croyons que l'élection d'une nouvelle race royale, l'excommunication lancée contre ceux qui oseraient rompre sa succession et l'institution du sacre rétabli tout exprès à l'imitation de ce qui se faisait en Judée, enfin le titre donné au chef des Français, d'avocat et de défenseur de l'Église; nous croyons que toutes ces choses furent faites avec une intelligence complète et une prévision entière des conséquences qui devaient en résulter.

Pépin, en recevant l'onction, réunit en lui le double caractère de roi et de membre de l'Église. Il devint, en quelque sorte, selon l'expression de Mézerai, l'un des évêques du royaume. Il fut en effet du nombre des personnes sacrées dont le meurtre était frappé d'excommunication. Le peuple dut le considérer alors comme prince, également dans l'Église et dans l'armée. Il est probable que lui-même eut une pareille conviction; au moins la mit-il dans tous ses actes, et, en cela, il fut imité par ses successeurs :

ce furent, pendant longtemps, des chefs de soldats qui agirent en évêques.

Dès ce jour les rois prirent le titre. de rois par la grâce de Dieu. Voici quelques-unes des inscriptions qu'on trouve à la tête des capitulaires ou des lettres de Charlemagne Charles, par la grâce de Dieu, roi et directeur du royaume des Francs, dévoué défenseur de la sainte Église et défenseur universel du siége apostolique. Et cette autre Charles, sérénissime, auguste, couronné par Dieu, grand, pacifique et invincible empereur, gouvernant l'empire des Romains, et par la miséricorde de Dieu roi des Francs et des Lombards, salut en Notre-Seigneur, etc.

L'histoire de la race de Pépin se divise naturellement en quatre , périodes. La première d'accroissement, pleine de gloire et de magnificence: elle commence avec le règne de Pépin, en 752, et finit en 814; elle dura donc soixante-deux ans. La seconde est un temps de transition qui occupe tout le règne de Louis dit le Débonnaire. C'est là le terme où s'arrête la grandeur de la deuxième race, et c'est là aussi que commence et se prépare sa décadence, époque de passage comprise entre 814 et 840. La troisième période est celle de la décroissance; elle s'étend depuis 840 jusqu'en 888, époque où pour la première fois la succession de Pépin fut rompue et où l'on vit monter sur le trône, et commander royalement, un homme nouveau, étranger au sang de Charlemagne. La quatrième période est encore un temps de transition; elle s'étend depuis l'époque où Eudes fut nominé roi de France, jusqu'à l'intronisation définitive de la troisième race, c'est-à-dire jusqu'en 987 elle fut longue, mais aussi elle conclut à quelque chose de plus grand que l'avénement d'une race royale, car ce fut au milieu des désordres qui signalèrent sa durée, que se prépara la société nouvelle dont Hugues Capet fut le premier représentaut.

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Dans l'esquisse qui va suivre, nous nous servirons de cette division nous l'adoptons de préférence à celle que nous avons employée dans le chapitre précédent. Les méthodes d'exposition doivent être modifiées, non-seulement en raison du sujet, mais encore en raison du but. Or, l'histoire des Carlovingiens est autrement compliquée d'événements dynastiques et législatifs que celle dont nous nous sommes précédemment occupé. Il faut, pour qu'elle soit claire, qu'elle soit ramenée à une classification trèssimple. En outre, notre but n'est plus ici le même. Nous voulions montrer particulièrement, dans le chapitre précédent, comment se transinettait le pouvoir. Ici, au contraire, nous nous proposons principalement de faire voir comment l'organisation sociale fut

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