Sayfadaki görseller
PDF
ePub

égard, les textes sont positifs, le possesseur de douze manses devait marcher et avoir une armure complète. Il en était de même de ceux qui possédaient plus de trois manses. Mais celui qui ne possédait que trois manses devait se joindre à un concitoyen pour fournir un homme armé, etc., (1).

Il y avait cependant cette différence entre les bénéficiaires et les simples possesseurs : que les premiers, s'ils manquaient à l'appel, perdaient leurs bénéfices, tandis que les seconds étaient seulement frappés d'une amende (2).

Lorsque le ban était publié, tout homme devait marcher à l'ennemi avec des vivres pour toute la durée de la guerre, qui était au moins de quarante jours, et tout équipé, c'est-à-dire monté, couvert d'un bouclier et accompagné de la suite de serviteurs qui lui étaient nécessaires. C'était parmi les pauvres qu'on choisissait les hommes de pied. Ceux-ci étaient armés de l'épée, de l'arc, et portaient seulement pour arme défensive un bouclier. Pendant la route, et sans doute aussi dans le camp, les soldats étaient sous la direction et sous la surveillance de leurs seigneurs (3). Enfin, toute la troupe était commandée par le comte, le chef du comté, comitatus.

En temps de paix, les bénéficiaires, aussi bien que les citoyens appelés, par leur fortune, au service militaire, devaient subir chaque année, trois revues du comte ou des missi dominici. Dans le langage du temps, on disait qu'ils devaient se rendre tout armés aux plaids généraux du comté, qui avaient lieu trois fois par an. C'était le moment des admonitions, des plaintes et des actes de justice. Dans les cités, les juges siégeaient au moins une fois par semaine.

Dans l'esquisse que nous venons de présenter du système militaire en usage, sous Pépin, Charlemagne et Louis le Débonnaire, on devra remarquer, en même temps que des similitudes, de grandes différences avec ce qui existait sous les Romains et sous Clovis. L'armée n'est plus composée d'hommes d'origine militaire seulement, mais de tous les citoyens libres possesseurs des Gaules. Tous reçoivent, dans les chroniques, le nom de Franci, quoique certainement les descendants des Francs ou Germains de Clovis en forment le très-petit nombre.

Les conquêtes de Charlemagne firent une grande consommation d'hommes, non pas tant par suite des pertes faites sur les champs

(1) Capitul. Reg. franc. t. I, p. 458, 490, etc.

(2) Capitul. collect. ab Ansegivo. Ibid 3, 67 et seq.

(3) Cap. Lud. Pii, anno 822. Recueil des Bénédictins de Saint-Maur, t. VI, p. 433, art. XV.

de bataille, que par la nécessité d'établir un grand nombre de garnisons. En effet, ces garnisons, à cette époque, consistaient dans l'établissement de comtés de bénéficiaires, composés d'un certain nombre de bourgs. On avait puisé ces soldats dans la vieille France, et on en avait peuplé la Marche, c'est-à-dire la frontière d'Espagne; on en avait semé l'Italie, la Saxe, et même les bords du Danube. Les Capitulaires contiennent une ordonnance pour l'établissement d'un comté militaire en Saxe. Il arriva qu'après avoir fourni à tant de garnisons, la population militaire de France fut très-diminuée; alors, dans les pressants besoins, on appela à marcher même les colons (lidi) des bénéfices.

Le mode d'établissement des garnisons varia. Ainsi on voit Charlemagne assigner, en Saxe, à un évêque un certain nombre de cantons, non-seulement pour l'entretien de l'église, mais pour l'entretien d'un corps de troupes destiné à la garder.. Il fit la même chose pour la défense de plusieurs frontières.

Indépendamment de ces troupes, les rois avaient avec eux un corps de capitaines et de soldats attachés à leur personne, et vivant de leurs largesses; c'est ce qu'on appelait la scară. C'était parmi ceux-là qu'on choisissait les commandants de province. C'était pour eux qu'était établie l'école du Palais. Le titre de soldat, miles, caballerus, ne pouvait être acquis qu'après un certain apprentissage, dont les conditions rappellent l'usage suivi par les Romains dans leurs camps des frontières, et ce qu'on nomma plus tard chevalerie. Ainsi, comme chez les Romains, pour être reçu novice, tiro, il fallait prêter le serment militaire. Alors on avait le droit de porter le baudrier militaire. Ce n'était qu'après avoir fait ses preuves que l'on pouvait recevoir le titre de miles ou de chevalier, car c'est par ce dernier mot que l'on a traduit celui de miles, qui se trouve dans les chroniques latines des onzième et douzième siècles. Au reste, ainsi que les rois, les ducs et les comtes étaient accompagnés d'un certain nombre de ces novices d'armes. Il en existait, en effet, également dans les bourgs; aussi on trouve les mots erronei tirones, opposés à ceux de casati ti

rones.

On appelait encore bénéfices les terres de l'Église, et comme il avait été reconnu que celle-ci avait reçu en don, dans les temps de désordre, des terres qui appartenaient au domaine militaire, à cause de cela, il arriva que quelques églises et plusieurs couvents furent tenus de fournir un certain nombre d'hommes d'armes. Autrement, l'Église jouissait d'une grande indépendance et d'une grande richesse. Elle recevait la dîme; il est vrai qu'elle devait en

donner un quart aux pauvres et en consacrer un quart aux frais matériels du culte.

Ainsi, il y avait encore trois classes d'hommes libres : les habitants des cités, qui avaient leurs lois et leur justice à part; mais parmi eux, les possesseurs, c'est-à-dire les nobles et les curiales, faisaient de plus qu'autrefois le service militaire; les habitants des bourgs militaires soumis au service de guerre; les hommes de l'Église, divisés en prêtres et en clercs, qui étaient régis souverainement par les évêques et les canons. Il y avait encore deux classes de serfs les colons fermiers ou ouvriers de l'Église, du roi, ou des autres domaines; et les serfs de corps. Ceux-ci avaient déjà acquis quelque amélioration dans leur condition : car ce n'était déjà plus pour personne une mésalliance que le mariage avec un individu de condition servile.

L'ordre fut maintenu dans cette vaste machine par la régularité des plaids de tous les degrés. L'empereur tenait annuellement une assemblée générale, où devaient se rendre tous les grands officiers, les rois, les ducs, les comtes, les principaux évêques et ses missi dominici; en langue ecclésiastique, c'était un vrai concile. Dans toutes les divisions du territoire et sur tous les degrés de la hiérarchie sociale, les mêmes plaids devaient se répéter, et là on publiait les décisions prises dans l'assemblée générale. On appelait synodes les assemblées provinciales du clergé. Chaque député de l'empereur, en d'autres termes chaque missus dominicus se rendait annuellement de l'assemblée générale dans la division de territoire soumise à sa souveraine juridiction; il y faisait exécuter les règlements arrêtés dans ces assemblées, qu'on appelait capitulaires, parce qu'ils représentaient l'unité nationale; puis il revenait rapporter des extrémités au centre, les besoins, les exigences du peuple. Il faut dire que ces envoyés étaient le plus souvent des ecclésiastiques, et que, lorsqu'une mission était confiée à un laïque, on lui adjoignait toujours un homme d'Église.

Les habitants des cités ne pouvaient être jugés que par leurs pairs, les échevins; ceux des villes, par les juges préposés par le roi; ceux des bourgs militaires, par leurs centeniers, leurs comtes; les comtes, les ducs, ne pouvaient l'être que dans le plaid impérial, c'est-à-dire par leurs pairs.

Tél était, en abrégé, dans les premières années du règne de Louis le Débonnaire, l'état de l'empire français. Il nous eût été facile de nous étendre davantage, et, certainement, en ajoutant des détails à cet exposé, nous l'eussions rendu plus intéressant. Mais nous sommes renfermés dans des limites déterminées. Nous avons

hâte d'arriver à l'histoire qui est le but spécial de cet ouvrage. Nous devons cependant dire encore quelques mots sur le caractère général de toute cette législation: autrement, nous ne laisserions à nos lecteurs qu'une idée incomplète de l'œuvre du pouvoir à cette époque. Ces capitulaires nombreux, dont la collection forme plus d'un volume in-folio de notre temps, et nous n'en possédons pas la collection complète, ces capitulaires sont, dans la plus grande partie de leurs dispositions, relatifs à la police des mœurs. Il est évident que leurs auteurs travaillaient, avec pleine conscience de leur œuvre, à l'éducation et à la moralisation des masses. Il est évident que le pouvoir était alors en avant de la société. Aussi le plus grand nom des temps modernes parmi les rois est, à juste titre, celui de Charlemagne. On s'est complu, dans ces derniers temps, à considérer Charlemagne comme une sorte de génie barbare et comme le représentant le plus pur de l'élément germanique dans la civilisation moderne. Les historiens vulgaires de l'autre côté du Rhin, et de ce côté-ci, M. Aug. Thierry et quelques autres, ont adopté cette version avec enthousiasme. Rien, cependant, n'est plus faux sous tous les rapports. C'est une assertion si contraire aux faits et aux pièces, que l'on ne la comprend ni comme une erreur, ni comme un mensonge. Charlemagne fut, en fait, le plus parfait représentant de la religion et de la civilisation chrétienne. De naissance même, il n'avait rien de Germain. Par les hommes, les Carlovingiens descendaient d'une famille sénatoriale gauloise. Les monuments les plus positifs attestent ce fait. Ils n'avaient de sang franc dans les veines que ce qu'ils en avaient pris dans leurs mariages avec des femmes franques. Si Charlemagne peut être pris pour le type d'un phénomène social quelconque, ce serait seulement pour le représentant d'une fusion entre les populations d'origines diverses qui occupaient le sol des Gaules. Au reste, je reviendrai sur toutes ces choses dans le volume des préfaces et des dissertations historiques qui doit faire partie de la collection de l'Histoire parlementaire.

III. — Pour rentrer de suite dans la narration des événements, interrompue par cette longue et nécessaire déviation, il nous suffit de rappeler la charte de la division de l'empire entre Lothaire, Louis et Pépin, que nous avons citée. C'est à la violation de cette chartė qu'il faut rapporter la décadence de l'empire. Ce fut Louis le Débonnaire lui-même qui rompit un pacte qu'il avait juré et fait jurer à tous, à la face des autels, et avec toutes les circonstances qui, à cette époque, rendaient un contrat inviolable et irrévocable. Louis voulut mener les affaires de l'empire comme une affaire de fa

TOME I.

6

.

mille; il voulut régler des choses d'intérêt général avec les idées qu'un bourgeois porte dans l'administration de son intérieur. Un nouveau mariage lui donna un nouveau fils, Charles, qu'il aima comme les vieillards aiment leur dernier enfant. Alors il fit un nouveau partage de l'empire, afin de lui donner un domaine. Toutes les consciences furent révoltées de cet oubli des serments et des devoirs. Ce fut un scandale inouï pour les ecclésiastiques, les officiers, et pour tout le peuple qui était admis à prêter serment. En outre on disait, et cela était vrai, que ce faible vieillard était conduit par sa jeune femme et par un favori. On ajoutait qu'il était indignement trompé par l'un et par l'autre, et que le dernier prétendait jouer de nouveau le rôle des anciens maires du palais. L'Église fit des représentations; les fils y ajoutèrent les leurs, qu'ils apportèrent à la tête d'une armée ou plaid de tout le peuple. Le pape Grégoire IV lui-même intervint; il accourut de Rome en France. Ce fut en vain; le vieillard persista. On sait comment il fut déposé; puis, comment il reprit de nouveau le pouvoir et donna à Charles une royauté. Plusieurs historiens ont vu dans ces événements une lutte de race. En vérité, il est impossible d'admettre cette explication. Il est évident qu'il s'y manifesta seulement la lutte entre les intérêts généraux et un égoïsme de famille. Il est très-remarquable que les appuis de Louis, dans son entreprise contre l'unité nationale, furent les nouveaux sujets de l'empire, les peuplades d'Allemagne. Il eut contre lui tout ce que I'Église offrait de plus respectable et de plus instruit. Il trouva tout le monde, lorsqu'il fut dans l'adversité, bienveillant et crédule à ses promesses; intraitable, lorsqu'il redevint tout-puissant, même devant les menaces et la persécution.

Il est un fait qu'on saisit au milieu des désordres de cette cour et que nous croyons utile à noter, parce qu'il explique la grande influence des princesses impériales et royales de ces temps. La femme de l'empereur était chargée de l'administration des revenus du domaine impérial, c'est-à-dire du ministère que nous appelons aujourd'hui ministère des finances.

Louis le Débonnaire mourut en 840. Les germes de dissolution qu'il avait semés fructifièrent largement. Il s'agissait de savoir si les rois seraient vassaux de l'empire, c'est-à-dire s'il y aurait véritablement un empereur. Or, il y avait un roi qui ne pouvait reconnaître l'empereur : c'était Charles, dit le Chauve, qui était alors en possession de l'Aquitaine. Loin de là, à la mort de son père, il se jeta sur les terres qui avaient été réservées au domaine spécial de l'empereur. Il entra en Neustrie, où il ne trouva que des ré

« ÖncekiDevam »