Sayfadaki görseller
PDF
ePub

du pouvoir suprême; elle suffira pour donner une idée du désordre qui se répétait sur tous les degrés de la hiérarchie.

Nous avons dit qu'en 888 Eudes était roi en Neustrie; Rodolphe, dans la Bourgogne transjurane; Arnqul, empereur et roi de Germanie; que Guy et Bérenger se disputaient l'Italie; que Zuentibold se défendait en Moravie; ce fut lui qui appela les Bulgares. En 895 il y avait deux rois de plus; Charles le Simple à Laon, et un certain Louis à Arles.

En 898, Eudes laissa la couronne à Charles le Simple. Louis régnait toujours en Provence, Raoul dans la Bourgogne transjurane, l'empereur Arnoul en Germanie. Zuentibold était établi en Lorraine et Lambert en Italie.

En 900, Charles le Simple régnait en Neustrie; Louis, fils d'Arnoul, en Germanie; Raoul en Bourgogne, Louis en Provence; Lambert et Bérenger se disputaient l'Italie et le titre d'empereur.

En 911, Charles le Simple était encore en France et Louis à Arles. Mais, dans la Bourgogne transjurane, c'était Raoul II, en Italie Bérenger, et en Allemagne Courad, qui ne tenait à la race de Pépin que par sa femme. En 919, son beau-frère Henri l'Oiseleur, duc de Saxe, lui succéda.

En 922, Charles le Simple avait un rival en France : c'était Robert, comte de Paris, de la descendance d'Eudes. Il venait d'être sacré à Reims.

En 925, Robert ayant été tué sur un champ de bataille, Raoul, son frère, et déjà duc de Bourgogne, fut élu en sa place. Charles le Simple vivait encore. Henri l'Oiseleur régnait en Allemagne ; Raoul II, dans la Bourgogne transjurane; Louis, en Provence; Bérenger avait pris le titre d'empereur. En 926, Raoul de Transjurane avait chassé ce Bérenger d'Italie, et venait d'être chassé lui-même par Hugues d'Arles, qui prit le titre de roi d'Italie.

En 936, Charles le Simple et son compétiteur Raoul étaient morts. Hugues le Blanc, successeur de Robert dans les comtés de Paris et d'Orléans, prend le titre de duc de France, et fait monter sur le trône Louis d'Outre-mer, de la race de Pépin. Othon le Grand régnait en Germanie, Hugues et Lothaire son fils en Italie, Raoul II dans la Transjurane.

En 954, Louis d'Outre-mer étant mort, Hugues fit sacrer Lothaire son fils en sa place. Othon le Grand régnait en Germanie et en Lorraine; Conrad, à Arles et dans la Transjurane; Bérenger, en Italie.

En 986, Hugues Capet avait succédé à Hugues le Blanc, et il fit monter Louis le Fainéant sur le trône que la mort de son père

laissait vacant. En ce moment, Othon III régnait en Germanie; Conrad, à Arles et en Transjurane.

Louis V fut le dernier descendant de la race de Pépin. Hugues Capet lui succéda, et commença la troisième race, en 987.

Nous avons abrégé beaucoup cette énumération des noms qui furent revêtus de l'éclat de la couronne. Nous avions hâte de terminer une nomenclature aussi aride. Nous avons donc négligé ceux qui ne firent que passer. Mais, si l'on pense que chaque succession, à peu près, donna lieu à une guerre; que, nulle part, la possession du pouvoir ne fut tranquille, soit qu'il fallût combattre pour commander l'obéissance aux grands vassaux, soit qu'il fallût combattre pour la conserver, soit enfin qu'il fallût courir après quelques bandes des pirates de terre ou de mer, Normands Hongrois ou Sarrasins; l'on comprendra combien la société dut être profondément troublée. En effet, elle sortit de cette anarchie, entièrement changée et comme douée d'une destinée nouvelle.

Il est certain d'ailleurs que les' modifications profondes que nous allons trouver sous le règne de la troisième race n'occupaient encore que la surface de la société à la fin du neuvième siècle. Il parait qu'elles ne pénétrèrent dans les masses que pendant la durée du dixième. Nous possédons plusieurs actes législatifs, datés de 880 à 900, où l'on trouve cités tous les noms indicatifs des diverses positions sociales que nous avons énumérées au commencement de ce chapitre (1).

Les dernières années du dixième siècle furent moins agitées que les premières, parce que les nouveaux centres de force et de commandement commençaient à se former. En outre, la plus grande partie des pirates normands fut acquise, en 912, par l'Église, et devint vassale du royaume de France par le don de la province qu'on appela, de leur nom, Normandie. Il ne sera pas inutile de nous occuper un instant de ce fait. Il donne une idée de la manière de procéder de l'Église dans ses conquêtes, et, en même temps, de la manière dont les faibles rois de ce temps achetaient des fidèles.

S'il y avait eu unité et force dans l'empire, on eût été éteindre le foyer de la piraterie sur le sol même d'où elle sortait; on eût exterminé ou soumis les païens du Nord. Mais lorsque chaque contrée eut été abandonnée à elle-même, on ne pensa plus qu'à

(1) Voyez tome XI de la Collection des Bénédictins de Saint-Maur, p. 309 à 342, passim. Richerii Hist.

fermer aux pirates l'entrée des fleuves et à couper le cours des rivières; car c'étaient là leurs voies militaires, les seules d'ailleurs par lesquelles ces bandes pussent se guider dans un pays inconnu et emporter leurs charges de butin, unique et grossier motif de ces expéditions barbares. On essaya de les arrêter par des fortifications; on construisit aussi plusieurs ponts de pierre. Mais Paris seul sut résister par le courage de ses prélats, de ses citoyens et de ses comtes. Les autres points fortifiés furent enlevés par la force, rendus par la crainte, livrés par la trahison, ou laissèrent le passage. Ainsi, Rouen fut pris; Nantes, livrée par un comte français; Bordeaux, par les juifs, etc. On recourut donc à un autre moyen de défense. On livra aux chefs de pirates, des territoires à l'entrée des fleuves, afin qu'ils les défendissent euxmêmes. Une seule condition leur était imposée, la seule sans laquelle, dans ce temps de foi, il n'y avait pas de traité possible: c'était d'accepter le christianisme. Ainsi on leur donna des terres en Frise, en Bretagne, etc. L'établissement des Normands sur les bords de la Seine fut sans doute un effet du même calcul.

Il est probable que Rollon lui-même, en entrant dans la Seine, avait l'intention de former un établissement fixe. Les chroniques racontent que Francon, archevêque de Rouen, voyant que la ville était hors d'état de se défendre, au lieu de quitter son siége, prit le parti d'attendre les pirates et que Rollon reçut la ville à composition. Dès ce moment on voit Francon jouer le rôle d'intermédiaire entre le chef barbare d'une part, Charles le Simple et Robert, comte de Paris, de l'autre. Néanmoins, les Normands entrèrent dans le sein de la France, en suivant, selon leur coutume, le cours de la rivière. Mais ils eurent de faibles succès et éprouvèrent de nombreux revers. Leurs incursions, fâcheuses pour le pays, furent stériles pour eux: car pas une fois ils ne se retirèrent avec leur butin. Francon profita de ces événements, auprès de Rollon, et sut s'emparer de son esprit. Il était autorisé, d'ailleurs, à offrir au chef norvégien tout ce qui pouvait flatter sa vanité barbare: pour femme, Gisla, la fille de Charles le Simple, et pour parrain, Robert, le redoutable comte de Paris. En 912, sept ans après sa descente, Rollon fut baptisé par Francon et reçut le nom de Robert; une grande partie de son armée suivit l'exemple de son duc. Après avoir prêté le serment de vassalité, il s'occupa tout de suite de convertir sa nation à des mœurs meilleures, en leur donnant un nouveau code de lois, imité des coutumes françaises.

La foi, en effet, n'avait rien perdu de sa vigueur dans le neu

vième siècle; seulement elle s'était souillée de superstition; elle avait pris le caractère du temps: elle s'était faite égoïste. On oubliait les devoirs sociaux, pour ne penser qu'à son salut personnel, et l'on croyait le gagner par des actes d'une dévotion minutieuse. Aussi on voit encore de très-fréquentes donations aux églises et de nombreux actes de cette piété étroite, superstitieuse, personnelle, que nous rencontrons si souvent aujourd'hui. On croyait ainsi pouvoir racheter des crimes, ou se sauver soi-même au milieu du naufrage général. Il nous reste presque un demivolume de diplômes dressés en faveur des Églises. Le clergé avait donc une grande autorité. Ainsi, nous avons les actes d'un concile tenu à Arles, 879, qui décerne la couronne de roi à Boson; et ceux d'un autre de 890, qui la transmet à Louis, son fils, pour le salut commun des provinces méridionales, lesquelles avaient été, peu de temps auparavant, saccagées par les Sarrasins. L'Église seule comprenait encore les devoirs sociaux imposés par le christianisme et travaillait au salut de tous. Pour confirmer cette assertion, il suffirait de rappeler la conduite du clergé dans les divers siéges que Paris eut à soutenir contre les Normands et celle de Francon à Rouen. Mais nous possédons des actes qui parlent plus haut et prouvent plus que ces dévouements particuliers. Dans un synode tenu aux environs de Reims en 881, les évêques adressent au roi une supplique qui mériterait d'être traduite pour l'enseignement des puissants de ce jour. Ils l'invitent à s'entourer d'un conseil composé d'ecclésiastiques et de militaires, afin de pourvoir aux besoins de tous. « Que ce pauvre peuple, disent-ils, qui, depuis tant d'années, souffre des pillages de toutes sortes, et supporte les exactions des Normands, soit enfin soulagé. » Enfin, Charles le Gros, dans un capitulaire, s'adresse aux évêques pour veiller au salut public. En effet, il nous reste des traces positives qui prouvent que le clergé, dans ces synodes, chercha à faire tout ce que les rois négligeaient dans l'intérêt général. Ce n'est pas à dire qu'il n'y eût des prêtres indignes; mais il est remarquable qu'ils furent en nombre très-petit, moindre même que dans des temps plus heureux. L'Église d'ailleurs savait et pouvait punir; d'après les lois, elle avait droit absolu de justice dans son sein. Nous avons quelques textes de jugements rendus contre des membres du clergé. Nous ne comptons point comme une faute reprochable, surtout dans notre siècle, le fait de porter les armes. Il y eut des évêques, des abbés et des moines qui se distinguèrent dans cette guerre de tous les jours contre les païens normands, hongrois ou sarrasins; car bien souvent les villes, abandonnées

ou trahies par leurs comtes, furent défendues par leur clergé : au moins il savait périr avec elles.

Ainsi, les derniers mots, les derniers actes publics qui nous sont restés du neuvième siècle sont encore des preuves de l'activité de l'Église pour le salut de la France. Nous la retrouvons encore, ainsi qu'au cinquième, construisant les provinces, agglomérant les peuplades, formant, en un mot, la nation. De même, dans l'ordre temporel, en France la condition d'existence du pouvoir est toujours l'activité militaire. C'est encore l'utilité militaire qui crée les chefs et les rois. La race de Pépin finit pour avoir manqué à l'œuvre de courage et d'habileté où elle avait trouvé sa fortune. C'est un duc de France, un nouveau maire, un soldat, qui commence la nouvelle dynastie.

LIVRE III.

HISTOIRE DE LA FRANCE SOUS LA TROISIÈME RACE.

CHAPITRE PREMIER.

Considérations générales sur les révolutions de la société française du dixième au dix-huitième siècle.

La société sortit du dixième siècle pourvue d'institutions et de destinées toutes nouvelles. La loi de la vassalité héréditaire avait remplacé la loi de la vassalité par élection. La population se trouvait partagée en plusieurs groupes qui commencèrent à vivre séparément et qui n'eurent plus de français que leur origine. Chaque point du grand empire de Charlemagne, bien que doué d'une impulsion qui le poussait à un résultat commun, poursuivit sa tendance avec les formes de son individualité particulière, et devint une nation. L'Italie fut divisée en petites seigneuries féodales; l'Allemagne fut partagée en sept grandes seigneuries. Elle maintint son unité, en conservant un empereur pour la représenter. Mais celui-ci devint électif, et les électeurs furent les sept grands seigneurs féodaux dont la réunion formait le plaid général de la nation germanique. En France, le pouvoir royal devint héréditaire, et le royaume fut gouverné comme un grand fief. Ainsi, le point de départ et le but furent les mêmes pour tous les peuples;

« ÖncekiDevam »