Sayfadaki görseller
PDF
ePub

protéger la constitution nouvelle contre quiconque voudrait la renverser. L'Angleterre répond qu'elle armera une flotte plus considérable et que ses vais-seaux entreront dans la Baltique en même temps que les vaisseaux français; « de telle sorte, dit « l'ambassadeur, d'Angleterre au duc d'Aiguillon, « que notre flotte paralysera la présence de la vô<< tre, et que notre neutralité réciproque serait «< ce qui conviendrait le mieux à la Suède. — Mais «< ainsi, répondit avec chaleur le ministre de « Louis XV, un grand but ne sera pas atteint, << notre honneur ne sera pas sauvé; il ne peut l'ê« tre que si nous remplissons nos engagements, << en donnant au roi de Suède les secours dont il a « besoin. Je sais que l'issue de la guerre est incertaine; vous pouvez battre notre flotte, vos << marins peuvent être plus habiles que les nôtres; << mais si nous sommes fidèles à notre parole, l'hon« neur du roi et de ses ministres sera sauvé 1. »

"

Les circonstances n'ont pas exigé l'accomplissement de ces menaces réciproques, la Suède a pu conserver sans coup férir sa nouvelle constitution; néanmoins, en présence d'un tel colloque, dont le récit, emprunté aux dépêches d'un ambassadeur anglais, ne saurait être suspect, il faut bien admet

1 Voy. Raumer, 2 vol., p. 577 et suivantes.

Ces paroles du duc d'Aiguillon rappellent la réponse suivante du duc de Laval aux remontrances de lord Aberdeen, dans le moment où l'expédition d'Alger mettait à la voile « J'ignore ce que vous pouvez espérer, Mylord, de la générosité de la France, mais ce que je sais, c'est que vous n'en obtiendrez rien par les menaces. »>

tre que le duc d'Aiguillon était capable de soutenir les prétentions et les intérêts de la France; mais pourquoi tant de susceptibilité dans la question suédoise et tant d'indifférence dans la question polonaise? Ici l'histoire nous répond encore ce qu'elle a dit du duc de Choiseul.

« Le légat du Saint-Siége, venu à Paris en 1772 « pour appeler l'attention du cabinet de Versailles « sur le partage imminent de la Pologne, dit le « père Theiner 1, trouva le duc d'Aiguillon fasciné par l'esprit d'impiété, que propageaient alors les panégyristes vendus à Catherine et à Frédéric, et « le ministre de Louis XV, sollicité d'accueillir les «< instances du Souverain-Pontife en faveur de la << religion, se contenta de répondre : Le roi désire << venir au secours de la religion, dont il est le fils

"

་་

«

aîné; mais il ne convient pas à la situation de son « royaume de faire preuve d'un zèle religieux, qui « ne pourrait dans aucun cas se manifester selon « les vœux de la Pologne 2. »

N'était-ce pas dire assez clairement que le cabinet français condamnait les voeux et les prétentions des catholiques? n'était-ce pas confirmer la déclaration, que le prince Repnin avait faite à la diète polonaise, pendant le ministère de M. de Choiseul? n'était-ce pas révéler les tendances du cabinet français à sacrifier les intérêts nationaux et

↑ P. Theiner, Vicissitudes de l'Eglise catholique.

2 Vicende della chiesa, p. 306.

la religion nationale au triomphe de leurs ennemis?

Si ce n'était pas assez de ce concours de témoignages et de déclarations pour attester le mauvais vouloir du cabinet de Versailles vis-à-vis de la Pologne, il suffirait, pour lever tous les doutes, de jeter un coup d'oeil sur les rapports de la France avec l'Autriche: car c'est surtout dans ces rapports que se révèle la ferme intention du cabinet français de laisser triompher les dissidents polonais.

Lorsque l'Europe entière s'émut à la nouvelle de l'attentat commis sur la personne du roi Stanislas, l'Autriche avait proposé de convoquer un congrès pour pacifier la Pologne. Les bases indiquées par le cabinet de Vienne étaient celles que pouvaient exiger les intérêts de la France et de l'Europe; elles plaçaient en première ligne l'intégrité du territoire de la république et son affranchissement de toute protection étrangère'. L'occasion était

1 Dans l'opinion de Marie Thérèse, les bases d'une pacification devaient être celles-ci :

4 Garantie de la couronne au roi ;

2. Intégrité du territoire de la république et défense à ses voisins d'en occuper une partie sous quelque prétexte que ce soit;

3 Abrogation du vote de la diète de 1766, qui place sous la garantie de la Russie les constitutions intérieures de la Pologne ;

4° Diminution des priviléges concédés aux dissidents; tolérance absolue, mais aucun droit de séance à la diète, aucune part à la législation;

5° Amnistie aux confédérés ;

6 En cas de vacances du trône, le choix du roi sera libre, aucune puissance étrangère ne pourra introduire des troupes en Pologne. 23 nov. (1774). Raumer.

on ne peut plus favorable pour traverser les entreprises de la Russie et de la Prusse.

Mais, en réponse à cette ouverture, le duc d'Aiguillon envoya à Vienne le prince de Rohan avec l'ordre de déclarer, c'était en novembre 1771, « que la France ne voulait intervenir, ni dans les << affaires de Pologne, ni dans la guerre entre les « Turcs et les Russes. >>

En 1772, il devint plus évident encore que le cabinet français était dominé par des considérations qui n'étaient pas celles que sa faiblesse pouvait lui suggérer car il refusa de prononcer une simple parole en faveur de la Pologne. L'Autriche, alarmée des progrès de la Russie, avait fait des armements considérables, et repoussé les ouvertures que Catherine et Frédéric lui adressaient pour l'entraîner dans un traité de partage. Dans cette situation, elle avait communiqué à la France ses projets de résistance, et lui avait demandé son concours dans les termes suivants : « Si vous vou<«<lez maintenir l'équilibre dans le Nord, contenir « l'ambition de la Prusse et de la Russie, je ne « vous demande ni argent ni secours, mais deux << mots seulement : insinuez, ou du moins faites « insinuer à l'ambassadeur de Prusse, que vous << avez promis de secourir l'Autriche en cas de << guerre, et ensuite reposez-vous sur moi'. » Il ne fallait pas assurément beaucoup de réso

1 Raumer.

lution pour donner à l'Autriche la coopération inoffensive qu'elle demandait : une simple insinuation ne pouvait pas devenir bien compromettante, ni même constituer un engagement réel. Cependant, au lieu de répondre à cette ouverture, le duc d'Aiguillon fait dire à la Prusse : « Si l'on attaque « les possessions de l'Autriche, la France mettra « 24,000 hommes à sa disposition, parce que les « traités l'obligent à prêter ce secours; s'il ne s'agit que de la Pologne, la France ne veut pas « s'en mêler 1. » Il résulta de cette déclaration que la Prusse, qui s'était alarmée des armements de l'Autriche, cessa d'en tenir compte, et poursuivit avec le cabinet russe ses préparatifs de conquête.

Nous terminerons cette digression en citant une dépêche d'un ambassadeur anglais, dont l'opinion résume et confirme les observations que nous venons de présenter. « Dans ma conviction, dit « lord*** au duc d'Aiguillon, la fausse politique de « votre prédécesseur, le duc de Choiseul, en favo« risant les divisions en Pologne, en secourant << maladroitement les confédérés, a préparé la << ruine de ce malheureux pays. Il a dépendu de « la France d'empêcher l'accession de l'Autriche « au traité de partage, mais, aujourd'hui, il est « trop lard'. »

1 Dépêche de l'ambassadeur d'Angleterre à Vienne, en date du 26 novembre 1772. Rapport d'une conversation avec le prince de Kaunitz. 2 Dépêche anglaise du 31 mars 1773. Ces divers témoignages prou

« ÖncekiDevam »