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Tels sont les témoignages nombreux et officiels qui nous ont conduit à voir, dans la politique du cabinet français, une indifférence systématique pour le sort de la Pologne, une résolution bien arrêtée de ne pas secourir les catholiques, et de favoriser les prétentions des dissidents, comme le voulait le parti philosophique. Sous ce rapport, la politique du duc de Choiseul et celle du duc d'Aiguillon semblent avoir concouru au même but, et avoir été inspirées par les mêmes considérations anticatholiques. Si le second a été témoin impassible du partage de la Pologne, le premier a laissé amonceler l'orage qui a éclaté en 1773 sur ce malheureux pays.

On sait que ce royaume des Jagellons survécut quelques années à ce premier démembrement; mais il n'exista plus que de nom cerné de tous côtés par les puissances qui avaient juré sa ruine, toute résistance lui fut inutile, et sa vie glorieuse s'éteignit dans les convulsions d'une pénible agonie. La Prusse et la Russie, qui avaient si bien utilisé le concours de la philosophie du xvi° siècle, pour effectuer le premier partage, ne laissèrent pas échapper l'occasion d'achever leur conquête, pendant que la France, déchirée elle-même par les expériences de cette philosophie, et obligée de veiller à sa propre indépendance, était incapable

vent qu'il est souverainement injuste de faire à l'Autriche les mêmes reproches qu'à la Russie et à la Prusse dans la question du partage de 1773.

de protéger celle de ses alliés. En 1790, un nouveau démembrement eut lieu. Enfin, par une coïncidence remarquable, le catholicisme a été vaincu en Pologne, pendant qu'il succombait en France, et les derniers débris du trône antique des Jagellons ont été renversés presque en même temps que ceux du trône de saint Louis.

Nous ne connaissons rien de plus éloquent que ces dates, et nous ne voyons pas ce qu'on pourrait ajouter de plus décisif pour prouver que c'est le faux libéralisme du xvII° siècle qui a donné des armes à l'ambition de la Prusse et de la Russie, qui a retenu le bras de la France de 1773 à 1795, et qui a permis que les dépouilles d'une nation catholique fussent jetées au sort entre ses ambitieux voisins.

Ainsi, soit que l'on considère la conduite des principaux cabinets de l'Europe, soit que l'on étudie les causes des discordes civiles en Pologne, on reconnaît que la lutte a été religieuse, que les désordres momentanés dont la constitution avait pu être la source, ont été aggravés et rendus permanents par l'intervention violente des principes philosophiques du XVIe siècle'; on peut même ajouter que ces principes ont creusé un abîme entre le passé et l'avenir, et entravé les rapprochements qui pouvaient mettre un terme à la

↑ Nous avons déjà cité des témoignages historiques à ce sujet, nous devons en reproduire ici un de plus : « L'établissement de la tolérance « fut regardé comme un prétexte de dicter des lois et d'entretenir des << troupes dans le royaume. » (Storia della guerra presente, t. X, p. 44.)

guerre intestine. Le roi Stanislas avait promis, en 1766, d'obtenir de la première diète le libre exercice du culte pour les dissidents, et de la seconde, l'admission faux emplois '; de son côté, le clergé, encouragé par le nonce du pape, s'était montré disposé à admettre les concessions qui pouvaient se concilier avec le maintien de l'indépendance nationale".

Mais, cette transaction a été repoussée par les exigences du parti philosophique, et par l'ambition de la Russie et de la Prusse: il n'y avait qu'une catastrophe qui pût satisfaire en même temps ceux qui voulaient pousser le principe de la liberté des cultes jusqu'à la ruine du catholicisme, et ceux qui voulaient rayer la Pologne de la liste des États européens. C'est ainsi, il faut bien le reconnaître, que le parti philosophique a concouru puissamment à la chute du royaume des Jagellons, et a secondé les efforts des puissances qui s'étaient associées pour le mettre en lambeaux.

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En traçant l'abrégé historique qu'on vient de lire, nous nous sommes laissé entraîner à des développements qu'il était difficile d'éviter il fallait remonter aux premières divisions religieuses, aux premières luttes de la Russie et de la Pologne; il fallait dire comment les intérêts religieux et nationaux s'étaient associés, pour apprécier la situation véritable des choses, et découvrir le principe des

1 Raumer, dépêche anglaise du mois de septembre 1766. 2 Id., dépêche du 8 avril 1767.

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luttes dont nous sommes aujourd'hui témoins. Il nous reste à préciser les droits que les catholiques de Pologne et de Russie ont à revendiquer, en présence des traités et des constitutions de l'empire russe. Nous ferons connaître en même temps les droits constitutionnels des catholiques français.

CHAPITRE IV.

Lois fondamentales de l'empire russe et principes constitutionnels de la France, en matière de religion.

Tous les peuples qui ont embrassé le christianisme, ont accordé pendant plusieurs siècles à l'Eglise une indépendance qui lui a permis de développer ses doctrines, d'exercer librement son culte, et d'acquérir une grande influence sur le gouvernement des Etats. Nous ne prétendons pas que cette influence ait toujours été exercée avec le même esprit dé justice, mais nous pouvons affirmer, avec tous les historiens impartiaux, qu'elle a servi à adoucir les lois et les coutumes barbares du moyen âge, à combattre les excès du pouvoir absolu, à ouvrir aux esclaves l'asile inviolable des églises et des monastères, et à imposer aux pouvoirs politiques l'émancipation de cette moitié du genre humain, que les plus grands citoyens de la Grèce et de l'Italie avaient laissée dans la plus dégradante servitude.

Cette indépendance de l'Eglise a été attaquée de tous temps par les faux prophètes et par les souverains absolus; mais elle avait toujours triomphé de ses ennemis jusqu'au jour où la réforme religieuse du xvr siècle est venue apporter au

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