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ne saurions dire quel est le plus grand au point de vue religieux; mais, au point de vue social, nous n'hésitons pas à préférer la tendance qui favorise le schisme à celle qui favorise le rationalisme.

Au reste, l'opinion que nous exprimons ici en peu de mots a été éloquemment développée dans un écrit nouveau d'un de nos plus illustres évèques, et nous sommes trop heureux de nous appuyer sur ce témoignage imposant pour ne pas le reproduire ici:

à

« C'est par la suppression de toute religion « d'Etat, écrit Mgr de Langres, que ceux qui ont << constitué la France (en 1830) ont ôté tout à fait son gouvernement le signe du chrétien qu'il « portait sur son front depuis quatorze siècles. Ils << ont brisé les derniers liens qui rattachaient la « constitution française à l'ordre surnaturel de la « révélation, et l'ont fait descendre dans l'ordre purement naturel des choses d'ici-bas. Les trois grands pouvoirs qui gouvernent la France, ainsi " que l'innombrable hiérarchie de fonctionnaires, << sont, comme fonctionnaires et comme pouvoirs, « sortis alors du domaine de l'Eglise, non pas en « se jetant dans le schisme ou l'hérésie, mais en « allant beaucoup plus loin : en déclarant qu'ils se « constituaient en dehors de toute croyance religieuse quelle qu'elle fût.» (Des Gouvernements rationalistes, p. 16 et 17.)

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Les établissements ecclésiastiques d'instruction sont, en Russie et en France, sous des régimes qui

ont entre eux beaucoup d'analogie. Il existe dans l'empire russe des séminaires diocésains et des séminaires généraux. Les séminaires diocésains sont sous la direction des évêques, et la loi leur en recommande expressément la surveillance'. Il y a deux séminaires généraux, l'un à SaintPétersbourg 2, l'autre à Varsovie; on y donne un enseignement supérieur, et il faut y avoir étudié pour arriver aux fonctions élevées de l'Eglise. C'est l'autorité ecclésiastique supérieure qui est chargée de la surveillance de ces séminaires.

En France, les séminaires diocésains sont soumis, à peu près comme les séminaires russes, à la direction épiscopale.

Il n'y a plus, chez nous, de séminaires généraux ; la loi du 28 ventôse an XII, qui avait créé les séminaires métropolitains, est tombée en désuétude; mais, d'après cette loi, les priviléges et les droits accordés aux séminaires métropolitains étaient les mêmes que ceux qui ont été accordés aux séminaires généraux de Varsovie et de SaintPétersbourg3.

Enfin, les dépenses relatives aux établissements d'enseignement ecclésiastique sont réglées, en

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1 Ukase du 18 juillet 1803. Cet ukase a été confirmé depuis : car le règlement du 19 novembre 1843 porte, article 4: «Chaque séminaire diocésain est placé sous la surveillance immédiate de son évêque.» 2 Le séminaire général de Saint-Pétersbourg a été fondé pour rem

placer celui qui existait à Wilna et qui a été supprimé.

3 Voyez le rapport de M. Portalis, qui justifie le gouvernement de confier au magistrat politique la nomination des directeurs.

France et en Russie, par l'Etat sur des bases analogues, et le nombre même des élèves est à peu près proportionnel à la population dans les deux empires1.

1 Pour justifier cette assertion, nous donnons ici un tableau comparatif des académies et séminaires ecclésiastiques.

A Paris, pour l'entretien de 30 élèves, le gouvernement donne 800 fr. par tête.

Dans les autres séminaires de France, l'entretien monte à 400 fr. par tête.

De plus, chaque établissement reçoit une somme destinée à l'entretien des édifices qui lui appartiennent.

Le nombre des élèves entretenus par le gouvernement, dans toutes

A Saint-Pétersbourg, l'entretien de 40 élèves se monte à 489 roub. arg., ou 2,150 fr. par tête.

Dans les séminaires diocésains, on assigne 172 roub. arg., ou 700 fr. par chaque élève.

Chaque établissement reçoit unc somme supplémentaire pour l'entretien des édifices qui lui appartiennent, pour l'éclairage, le service, etc.

Le nombre des élèves entretenus par le gouvernement, dans toutes les écoles ci-dessus mentionnées, les écoles ci-dessus mentionnées se monte à 2,495, et par consé-est de 189; il est en rapport avec quent est en rapport avec la popu- la population comme 4 est à 14,285. lation catholique comme 1 est à

42,923.

CHAPITRE VI.

Propagation de la foi.

Nous avons promis de parler des lois qui empêchent la libre expansion du catholicisme en Russie. Nous allons en dire quelques mots, afin qu'on ne nous accuse pas de nous être arrêté devant la difficulté du sujet.

Nous rappellerons cependant que nous n'avons pas voulu faire un tableau complet de la législation russe en matière religieuse, mais seulement constater les tendances communes du pouvoir constitutionnel et du pouvoir absolu quand il s'agit de dominer l'Eglise; or nous croyons que les exemples rapportés ici suffisent pour faire passer cette conviction dans l'esprit de tout lecteur de bonne foi. Nous n'entendons pas cependant nous servir de cette fin de non-recevoir pour éluder la question. Nous jetterons un regard sur les lois qui ont soulevé la plus vive réprobation, pour montrer qu'elles ne sont pas aussi rigoureuses qu'on lecroit habituellement, et que notre réserve, sur ce point, en cache pas une pensée de partialité en faveur de la Russie.

On suppose généralement en France que le gouvernement russe confisque les biens des schisma

tiques qui se convertissent au catholicisme; telle n'est pas la portée de la loi. En Russie, le seigneur converti qui a des serfs dans ses possessions, perd le droit de les administrer et d'y résider, afin que son exemple ne puisse pas influer sur ses paysans. Une tutelle administre à la place du seigneur et lui tient compte du produit de ses biens 1. C'est une véritable tyrannie, mais ce n'est pas une confiscation. Quant aux peines personnelles, ce n'est pas à la Sibérie que le gouvernement russe les a demandées. Lorsqu'un schismatique se convertit, on lui envoie un pope grec chargé de le prêcher pour le ramener au bercail; l'insistance de ces prédicateurs est souvent importune, nous la considérerons même comme un véritable supplice, mais ce n'est pas la Sibérie.

Une loi plus sévère sans doute, c'est la loi relative aux mariages mixtes; car cette loi fait une violence intolérable aux convictions religieuses, et condamne au schisme tous les enfants dont le père ou la mère sont schismatiques. C'est une véritable déclaration de guerre qui révèle mieux que toute autre mesure la tendance du gouvernement à établir l'unité religieuse dans tout l'empire.

De telles lois n'existent pas en France, il est vrai; mais c'est la force des choses qui le veut ainsi et non la générosité et le libéralisme de nos législateurs.

1 Voyez Appendice (le texte de la loi), no 9.

2 Voyez Appendice, no 40.

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