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liste y est favorisée par le nombre prodigieux de corporations qui ont existé de tout temps au Japon. Elles offrent aux agitateurs des centres d'action et des ressources toutes prètes.

En 1898, le gouvernement s'est décidé à sévir contre les créateurs de l'agitation ouvrière. Chassés du pays, ils se sont établis à San Francisco, où ils ont créé le << Parti socialiste japonais d'Amérique », dont le but est de s'inspirer des doctrines européennes, pour les faire rayonner sur tous les groupements ouvriers du Japon. Cette association public un journal et édite des brochures qui sont portées au Japon par les missionnaires de la bonne parole. Les traductions du Looking Backward de Bellamy, celles de l'Évolution sociale de Kiddi ont trouvé un accueil très favorable dans les classes intellectuelles de l'Empire.

Beaucoup de jeunes penseurs, appartenant à la meilleure société, prétendent approfondir les doctrines socialistes. Encouragés par le succès de leurs efforts, ils s'étaient décidés à aborder le domaine pratique en s'organisant en un parti politique appelé Shakaï Menshu-to, ou parti social démocratique. Mais leur manifeste comprenait une si formidable liste de réformes politiques, sociales et économiques, d'un caractère si radical, que les autorités ont jugé nécessaire, non seulement d'en prohiber la publication, mais de dissoudre le nouveau parti, comme contraire aux lois du pays.

Le mal n'a donc pas échappé à l'oeil vigilant des hommes d'État nippons. Le 9 juin 1906, le Ministre de l'Instruction publique, M. Makino, adressait à tous les directeurs et professeurs des écoles de l'Empire, une circulaire où il disait :

Depuis quelque temps les publications qui exposent de dangereuses théories, des vues pessimistes ou décrivent des sentiments abjects, se sont multipliées au grand préjudice des étudiants. C'est pourquoi ceux qui

en ont la charge doivent apporter un grand soin à l'examen des livres qui leur conviennent, à ne Jeur mettre entre les mains que les publications qui peuvent leur faire du bien, et à proscrire, à l'intérieur des écoles, celles qui peuvent leur être nuisibles.

» Ces derniers temps aussi, nous voyons propager partout les théories extrêmes du socialisme; et nous avons entendu dire qu'on usait de toutes sortes de moyens pour égarer les esprits et des professeurs et des élèves; on ne peut songer sans frémir à ce que deviendrait le pays, si, par la diffusion dans les écoles de ces idées subversives de la société, on venait à ébranler les fondements mêmes sur lesquels repose notre éducation. Aussi, est-ce le devoir particulier des éducateurs de se montrer vigilants et zélés afin de rejeter ces erreurs et de prévenir l'infiltration du poison. »

Il est commun de parler de l'européanisation du Japon. Mais cette européanisation est toute factice. Le Japon n'a pris que le revêtement extérieur de notre civilisation; il nous a emprunté nos sciences, nos industries, notre organisation économique, mais l'élément moral de notre culture, ce qui en est l'âme, ce sans quoi elle n'est rien, il l'a laissé de côté. Le Japon souffre parce qu'il se trouve dans un état anormal. Les hommes d'Etat du Dai Nippon ont voulu - oeuvre impossible adapter à leur pays nos lois et nos institutions sans reconnaître nos idées morales (1). Les Japonais intelligents voient clairement le mal, mais ils divergent d'opinion sur les remèdes. Dans une étude très fouillée, intitulée La civilisation occidentale au Japon, le docteur Otsuka a posé nettement le problème : « Jusqu'où le Japon a-t-il été dans l'adoption de la civilisation européenne et jusqu'où, toutes choses considérées, est-il désirable qu'il aille dans cette direction? Quelles sont

(1) De la Mazeillière, Essai sur l'histoire du Japon, 457. Paris, 1904.

les parties de cette civilisation qu'il s'est déjà assimilées, et quelle influence cette introduction a-t-elle eue sur le peuple et sur le pays? » et à la question de savoir si sa patrie doit aller de l'avant dans son assimilation de l'idéal occidental, le sociologue japonais répond : « Les hommes politiques ne se sont pas encore prononcés nettement, mais les éducateurs, les savants et les moralistes ont choisi; ils se séparent en deux camps opposés. Partout de graves questions sont soumises à notre examen devons-nous conserver nos coutumes, nos traditions; ou devons-nous imiter les Européens? Le foyer occidental sera-t-il notre modèle, ou garderonsnous, comme un dépôt précieux, nos anciennes mœurs, notre antique vie domestique? Quelle position allonsnous faire à la femme? Sera-ce celle des Américaines, celle de la Française, de l'Allemande, de l'Anglaise? Ou bien prendrions-nous les modèles de vertu et de charme féminins dans notre histoire nationale? En éducation, en morale, en esthétique, les Orientaux ont un idéal différent de celui des Occidentaux. Les deux principes sont opposés et inconciliables. Nos penseurs, malgrė eux, combattent pour l'un ou pour l'autre. »

Certains des grands penseurs du Nippon vont plus loin et ils mettent, selon nous, le doigt sur la plaie. Sagaces observateurs, ils écartent les questions de détail, ils distinguent l'essentiel de l'accessoire et ils affirment hardiment que la crise dont souffre le Japon est une crise religieuse. C'est M. Sawayanagi, viceministre de l'Instruction publique, qui déclare dans ses écrits comme dans ses discours que « l'éducation doit avoir pour base la religion ». C'est M. Tanimoto Monu, professeur à l'université de Kyoto, qui écrit que « sans le frein religieux, l'homme ne peut rien ». C'est M.Yamaji Aisan qui, dans un ouvrage remarquable que nous venons de parcourir et dans lequel il décrit la situation faite au christianisme au Japon depuis la restauration,

déclare « qu'un tel état de choses amènera les Japonais à embrasser la foi chrétienne, qui a été celle de tous les peuples civilisés. » Et puis, ajoute-t-il, « nous fonderons des églises indépendantes des missionnaires étrangers. Déjà, de bons résultats ont été obtenus dans cette voie, plusieurs églises n'admettent plus les secours pécunaires des sociétés évangéliques de l'étranger, d'autres jouissent déjà d'une entière autonomie, purement japonaise. Quand toutes en seront là, la question de savoir si nous aurons un christianisme japonais sera résolue. Que tous ceux qui ont à coeur un succès qui honore le pays se mettent résolument à l'œuvre ». C'est encore le GIJI SHIMPO, le grand organe japonais, qui, dans son numéro du 5 avril 1908, écrit que « le christianisme, grâce à l'aide fournie par une association puissante, pourra, nous l'espérons, mieux que par les efforts isolés du passé, faire briller au Japon dans les œuvres de bienfaisance son idéal de charité et faire apprécier sa doctrine ».

La solution de la question de l'enseignement au Japon est solidaire de la solution du problème moral.

TH. GOLLIER.

LES PORTS

ET LEUR FONCTION ÉCONOMIQUE (

XXIII

BREME

De tous les ports de la mer du Nord, Brême est celui qui a eu le plus à lutter pour maintenir son existence et accroître son chiffre d'affaires. La vieille ville du Weser ne peut prétendre égaler les places de commerce de premier rang comme Londres et Hambourg; elle n'en offre pas non plus l'agitation et le mouvement. Sa population dépasse à peine 215 000 habitants; le calme de ses rues, l'antiquité de ses monuments, la façade ouvragée de son Rathaus, la Bourse et le grand Dom roman qui encadrent son étroite et paisible grand'place rappellent plutôt les souvenirs de la cité hanséatique du XIIIe siècle. Mais, sous cet extérieur reposé et indifférent, Brême a gardé la ténacité de la race saxonne, l'amour des choses de la mer et l'esprit mercantile des vieux hanséates.

Malgré ses trois rivaux, Hambourg, Anvers et Rot

(1) Voir la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, 3o série, t. IX, avril 1906, p. 357; t. X, juillet 1906, p. 110; t. XI, avril 1907, p. 494 ; t. XII, juillet 1907, p. 86; t. XIII, avril 1908, p. 461 ; t. XIV, juillet 1908, p. 55; octobre 1908, p. 475; t. XV, janvier 1909, p. 92.

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