Sayfadaki görseller
PDF
ePub

En fait, toutes ses notes, tous ses mémoires, tous ses écrits le ramenaient à cette question fondamentale; mais pour connaître ses hypothèses successives, les moyens mis en œuvre pour les vérifier ou les infirmer, pour jouir de la façon vive et alerte, dont il exposait ses idées, il faut parcourir les trente-neuf volumes des PHILOSOPHICAL TRANSACTIONS de la Royal Society de Londres. C'est là, dans plus de soixante-dix Mémoires, qu'il montre, en un style toujours vigoureux et ardent, les différentes théories qu'il imagine de 1780 à 1818 pour satisfaire les résultats de ses extraordinaires observations.

Ses premières conclusions furent publiées en juin 1784: La Voie lactée telle qu'elle nous apparaît ne serait qu'une projection d'un disque plat, de contour très irrégulier avec une profonde fissure, correspondant aux deux branches entre le Cygne et le Scorpion. C'était, sinon se rallier aux idées de Wright, du moins les appuyer à l'aide de la méthode expérimentale.

Mais bientôt Herschel revint sur ses propres conclusions; la fameuse « Théorie du disque plat » ne satisfaisait plus son esprit ; pour rendre compte des jauges stellaires et de la distribution apparente des étoiles, il fallait admettre que ces dernières étaient répandues plus ou moins uniformément à l'intérieur d'un volume immense, rappellant grossièrement une lentille bicon

vexe.

Quant à l'étendue de cette gigantesque formation, Herschel désespéra toujours de pouvoir la fixer approximativement: «Je ne puis avec mon télescope de vingt pieds, écrivait-il, sonder la profondeur de la Voie lactée. Notre Soleil, ainsi que toutes les étoiles visibles à l'œil nu, forment un amas central, profondément plongé dans la Voie lactée, dont il fait partie intégrante. Et si, en certains endroits, nous ne pouvons pas résoudre complètement cette formation, c'est qu'elle est réellement insondable, sans limite ».

En même temps l'attention d'Herschel avait été dirigée vers une autre partie de la question, celle qui concerne les amas et les nébuleuses. Faisaient-ils partie intégrante de notre système sidéral, de notre Univers en un mot?

Ici encore, Herschel semble s'être laissé aller à accepter les idées de Wright, de Kant et de Lambert, qui avaient cours à son époque.

L'auteur de la Théorie de l'Univers avait écrit, en effet, à propos de « nombreuses taches nuageuses tout juste perceptibles << celles-ci, selon toute vraisemblance, peuvent être une création extérieure, limitrophe de la création connue, trop éloignée pour être atteinte même par nos lunettes ».

Aussi, lorsqu'en 1785, après avoir prôné la Théorie du disque, William Herschel parle de ses découvertes de nébuleuses, il annonce qu'il a catalogué « quinze cents systèmes sidéraux complets, dont quelques-uns pourraient bien surpasser notre Voie lactée en grandeur ».

Telle fut, à vrai dire, l'origine de la fameuse hypo thèse des Univers-Iles qui devait tenir une place prépondérante dans la littérature astronomique pendant. près d'un siècle. Une idée aussi audacieuse, servie par un observateur aussi habile que l'était l'astronome hanovrien, était bien faite pour exciter l'imagination. des romanciers de la science, et ces derniers ne se firent pas faute de l'exploiter.

Au reste, même à la fin de sa vie, Herschel, malgré l'évolution de ses idées, caressait encore la théorie des Univers-Iles.

Celle-ci ne fit que prendre consistance au cours du XIXe siècle, lorsque les astronomes eurent en leur possession les formidables instruments modernes, le grand télescope de Lord Rosse ou les beaux réfracteurs américains. Les nébuleuses qu'on ne pouvait

résoudre en étoiles, furent jugées de la même nature que les autres; leur éloignement seul les rendait irrésolubles.

Entretemps, les catalogues célestes s'étaient complétés et les statisticiens n'avaient pas manqué de fournir des chiffres. Or, le premier résultat ne se montra pas du tout favorable à la fameuse théorie des Univers-Iles. Un examen attentif de la distribution des amas et des nébuleuses prouve, en effet, que si le nombre des premiers s'accroît en approchant de la Voie lactée, les nébuleuses au contraire semblent fuir les abords de cette vaste ceinture pour se presser vers les pôles galactiques (1).

Une telle disposition paraît bien de prime abord indiquer une sorte de parenté, sinon une véritable filiation, entre ces différents objets; étoiles, amas ou nébuleuses feraient donc partie d'un même ensemble et, dès lors, il ne saurait être question de galaxies extérieures (2).

Ce fut bien autre chose lorsqu'en 1864, Huggins et les spectroscopistes qui le suivirent, montrèrent que bon nombre de nébuleuses ne sont que de vastes amas de gaz et non des entassements d'étoiles analogues à notre Voie lactée.

L'opinion astronomique de cette époque est fort bien résumée par ces lignes que Proctor écrivait en 1872: «Toutes les nébuleuses découvertes jusqu'ici, gazeuses ou stellaires, irrégulières, planétaires, en forme d'anneau ou elliptiques, existent dans les limites du système sidéral. Elles sont toutes parties et portions de ce merveilleux système, dont les plages, plus rapprochées et plus brillantes, constituent la gloire de nos cieux

nocturnes >>.

(1) Cf. PUB. OF ASTR. SOC. OF PACIFIC. (Ap. 1918, art. de Curtis).

(2) Le terme Galaxie est souvent employé pour désigner la Voie lactée ou un objet analogue, s'il en existe dans le ciel,

Ainsi. peu peu, s'évanouissaient les vues hypothétiques des précurseurs; nous habitions un Univers bien délimité et qui renfermait tous les objets célestes accessibles à nos instruments: telles étaient les conclusions souvent citées des plus hautes autorités en la matière, Gore et Newcomb par exemple (1).

Les vues du vieil Herschel n'étaient pas complètement infirmées quant à la structure même de notre Univers, mais des évaluations grossières et à peine approximatives avaient suffi, semble-t-il, pour montrer que plusieurs nébuleuses parmi les plus belles, étaient à des distances moindres que les plus lointaines étoiles de la Voie lactée. Tel était le cas, par exemple, de la nébuleuse d'Andromède, qui n'était située, disait-on, qu'à une vingtaine d'années-lumière

En résumé, l'ensemble des travaux de la fin du XIXe siècle et de la première décade du xx, nous amenait aux conclusions suivantes :

1o Notre Univers comprenait des étoiles, des amas stellaires et des nébuleuses.

2o Le tout était renfermé dans un volume à peu près sphérique et dont les parties équatoriales étaient réservées aux étoiles proprement dites; cette sorte de disque devait avoir une assez grande épaisseur, mais la densité, à son intérieur, était loin d'être homogène : presque nulle au centre, c'est-à-dire dans les régions où vogue notre Soleil, elle s'accroissait très vite vers les bords. Il en résultait que la partie la plus dense des étoiles nous apparaissait comme une sorte d'anneau, dont le plus grand rayon touchait aux confins de la Voie lactée. Celle-ci, comme dans la théorie d'Herschel, était donc bien due à une accumulation d'étoiles vers un plan médian de l'Univers, celui sur lequel se déroulait le tore, dont nous avons parlė.

(1) La question est admirablement résumée dans The System of the Stars de Miss Clerke, publié en 1905.

Quant aux dimensions absolues du système galactique, on en était évidemment réduit à des conjectures, puisque nous n'avions aucun moyen direct d'évaluer la parallaxe, donc la distance, des plus lointaines étoiles. Toutefois, des savants travaux de Newcomb, on avait déduit un diamètre d'environ 6000 annéeslumière (1). En 1914, Eddington, par des vues qu'on jugeait audacieuses à l'époque, était allé jusqu'à 14 000 années-lumière (2). Comme notre soleil occupe une position quasi centrale, on pouvait conclure. que les plus faibles étoiles de la Voie lactée étaient éloignées de nous d'environ six ou sept mille annéeslumière.

3° Quant aux amas stellaires, on avait constaté depuis longtemps qu'ils avaient tendance à se grouper aux abords de la Voie lactée, mais au-dessus et au-dessous de son plan principal. La Galaxie elle-même n'en renfermait pas et le fameux amas solaire imaginé par Gould (3), Sulton (4) et Stratonof (5), s'était évanoui en fumée sous la critique dissolvante de Kapteyn en 1901.

4° En ce qui concerne les nébuleuses, il y a lieu de faire une distinction très nette suivant les types. Les nébuleuses dites planétaires, sortes d'objets énigmatiques, toutes probablement gazeuses et de peu d'étendue, semblent s'apparenter aux amas dans leur distribution sur la sphère céleste; comme eux, elles paraissent rechercher les abords de la Galaxie. Il n'en va plus de même des autres nébuleuses parmi lesquelles le type spiral est de beaucoup le plus prédominant.

(1) S. Newcomb : The Stars, p. 319 (London, 1902).

(2) Eddington: Stellar movements and Structure of the Universe, p. 32 (London, 1914).

(3) Cf Newcomb, op. j. cit., p. 243.

(4) V. KNOWLEDGE, July 1891.

(5) V. BULL. Soc. ASTR. FR, 1904, p. 357.

« ÖncekiDevam »