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posé de deux forts volumes, grand in-4°, imprimés avec luxe et enrichis de plusieurs belles gravures hors texte. Je sortirais du cadre de la REVUE si je voulais les analyser en entier, mais autre chose est d'y glaner quelques gerbes dans ce qu'ils nous apprennent sur Ricci géographe et sur Ricci réformateur de la mathématique chinoise: deux de ses titres de gloire.

I

Rien ne contribua plus à populariser le nom de Ricci dans les milieux chinois que la publication de sa Mappemonde, mais nous éprouvons aujourd'hui quelque peine à faire la bibliographie de cette ceuvre importante. Les nouvelles pièces de la Correspondance nous fournissent la clef de la difficulté. Le 10 mai 1605, par exemple, Mathieu Ricci écrivait de Péking à son père, Jean-Baptiste Ricci, que la Mappemonde avait déjà eu au moins dix éditions. Or, la plupart de ces éditions sont com

P. Tacchi Venturi les a subdivisés en numéros, avec sommaires du contenu, placés en tête de chaque chapitre et répétés au fur et à mesure dans les marges. Idée excellente, facilitant beaucoup les recherches.

Opere storiche del P. Malteo Ricci S. I... etc... Volume Secondo. Le Lettere dalla Cina. Macerata... 1913 Un volume grand in-4o de LXXII-570 pages et 4 planches hors texte.

La première partie du volume est consacrée aux lettres de Ricci lui-même ; la dernière contient des lettres, dont Ricci ne fut pas, il est vrai, le destinataire, mais qui le concernent et sont écrites par ses collaborateurs. Parmi ces lettres, il faut remarquer celles de Michel Ruggieri, premier compagnon de Ricci en Chine, et celles de Nicolas Longobardi, son successeur immédiat dans le gouvernement de la mission.

Ce second volume se termine par un Index alphabétique, très développé, des matières et des noms propres, qui me dispense de multiplier les références dans les notes du bas des pages.

Je dois signaler encore dans ce même volume, l'Appendice consacré par le docteur Giovanni Vacca à la bibliographie des écrits chinois de Ricci ; travail érudit, plein de renseignements curieux. Peut-être m'est-il permis de regretter que le docteur Vacca n'ait pas connu les Notices biographiques et bibliographiques de Pfister; oubli bien excusable, sans doute, car ces Notices, autographiées à Chang-hai, n'ont pas été mises dans le commerce, et elles sont rares en Europe, même dans les maisons de la Compagnie. Je leur ai fait plusieurs emprunts. En voici le titre complet: Notices biographiques et bibliographiques de tous les membres de la Compagnie de Jésus qui ont vicu en Chine pour y prêcher l'Évangile, depuis la mort de S. François Xavier jusqu'à la suppression de la Compagnie, par le R. P. Louis Pfister de la même Compagnie. Chang-hai, 1868-1875. Un fort volume in-8° de 1157 et xx pages.

plètement perdues. C'est à peine si en Europe on peut indiquer un exemplaire de l'une ou l'autre d'entre elles, et il n'est pas certain que l'on soit plus riche en Chine, car, en écrivant à Chang-Hai sa belle bibliographie des ouvrages chinois de Ricci, Pfister ne semble pas avoir eu la Mappemonde sous les yeux.

Quoi qu'il en soit, voici ce que l'auteur lui-même nous en apprend. C'était en 1584, à Siao-Tchin (1). Pour décorer un peu leur modeste résidence et faire valoir en même temps la civilisation européenne, les Pères avaient appendu aux murs de leurs chambres quelques tableaux peints à l'huile et de belles gravures, notamment une Mappemonde. Ricci ne nous dit pas à quel atlas elle était empruntée et aucun indice ne nous permet de le conjecturer. On sait d'ailleurs que dès lers il avait paru plusieurs Mappemondes en Europe. Cette Mappemonde intriguait les visiteurs dont elle contredisait toutes les idées sur la constitution de l'univers. Pour un lettré chinois de 1584, le monde était un immense carré dont les quinze provinces de la Chine occupaient le centre; de là le nom d'Empire du Milieu. Quant aux autres peuples, ils habitaient la périphérie de la terre dans de petites îles dont l'ensemble n'égalait pas une province de la Chine.

En voyant que les géographes barbares dessinaient le monde si grand et la Chine si petite, quelques visiteurs se fàchaient. D'autres, moins impatients, riaient sous cape, en se gaussant de la naïveté et de l'ignorance des prétendus savants d'Europe. Mais les plus intelligents et il semble bien que ce fut le grand nombre se montrèrent singulièrement intéressés par ce qu'ils avaient sous les yeux. Le gouverneur de Siao-Tchin y prit un plaisir extrème. Après s'être fait expliquer l'emploi des méridiens et des parallèles, il pria Ricci de lui dessiner une Mappemonde dans laquelle les noms des localités et toutes les légendes explicatives seraient écrites en chinois. Le Père s'exécuta de bonne grace. Dès que le gouverneur eut le dessin entre les mains, il en fut si charmé que, sans même prendre la peine d'en avertir l'auteur, il fit graver la carte, la fit imprimer, défendit de la mettre en vente et s'en réserva toute l'édition. Il y voyait l'occasion de faire à ses amis des présents qui seraient très appréciés. « Je vous envoie quelques exemplaires de cette pièce, écrivait, à la

(1) Soit dit une fois pour toutes, sauf quand il s'agit de noms par trop connus, je conserve, dans la transcription des noms propres, l'orthographe de Ricci.

date du 30 novembre 1584, le P. Ricci au P. Acquaviva (1). Vous y remarquerez des inexactitudes. Quelques-unes sont de ma faute, car j'ignorais l'usage qu'on se proposait de faire de mon travail; mais d'autres sont le fait des graveurs chinois. Cependant, à tout prendre, la carte prise dans son ensemble est infiniment plus correcte que tout ce que les Chinois ont publié jusqu'ici. » Le P. Tacchi Venturi a retrouvé un exemplaire de cette première édition à la Bibliothèque Ambrosienne de Milan, mais il ne le décrit pas. Jusqu'à meilleure information, je crois que ses dimensions ne dépassent guère celles des planches des Allas de Mercator ou d'Ortelius.

La Mappemonde de 1599, au contraire, ressemble plutôt aux grandes cartes murales en usage dans nos écoles. Quand il la dessina, Ricci était à Nanking. Le succès de la première édition, l'autorité et la considération qu'elle avait values à l'auteur dans le monde des lettrés, le décidèrent à refondre complètement son premier travail et à le rééditer sur une échelle beaucoup plus grande. Entre autres avantages, il y voyait le moyen de multiplier les indications géographiques, de développer l'étendue des légendes, et par là — car il avait surtout en vue un but de prosélytisme de donner indirectement aux Chinois grande opinion de la religion chrétienne. Le succès dépassa les espérances et fut encore plus grand que celui de la première édition.

En 1601, sur les instances d'un mandarin en vue, nommé par les Chinois Lingozuon (2) et plus tard par les chrétiens le docteur Léon, Ricci, qui habitait alors Péking, mit une troisième fois son œuvre sur le métier. Il fit graver les clichés en double exemplaire, mais avec de légères différences dans les légendes. Pourquoi? Il ne le dit pas clairement. Pour autant qu'il soit possible de le deviner, la cause en fut que l'un des deux clichés devait fournir des cartes destinées au palais, qui pourraient à l'occasion être mises sous les yeux de l'Empereur. C'est ce qui arriva effectivement, nous le verrons plus loin. L'autre cliché devait servir à l'impression des cartes offertes en vente au public. Chacun de ces clichés était composé de six grandes plaques ou tables rectangulaires. Le fonds Barberini de la Bibliothèque Vaticane, nous apprend le P. Tacchi Venturi, possède une

(1) Pour abréger, je traduis parfois Ricci un peu librement dans cette citation, comme dans plusieurs des suivantes.

(2) Pour transcrire les trois caractères chinois du nom propre de ce mandarin, M. Vacca écrit Li Ci-tsao (Opere storiche, t. II, p. 543); le P. Pfister, Li Che-tsao (p. 41).

Mappemonde Riccienne en six feuilles provenant peut-être de l'un des deux clichés. Chaque feuille mesure 0,69 mètre de large sur 1,79 de long. Une planche hors texte des Opere storiche représentant la Chine et l'Asie orientale nous en donne une idée suffisante. On montait la carte en juxtaposant les six feuilles sur soie ou sur toile, comme cela se pratique encore de nos jours. Parfois on en réunissait aussi les feuilles par des cordonnets.

La Mappemonde fut-elle officiellement présentée à Van-Li au nom de Ricci? Il ne semble pas. Pour tenter cette démarche, le missionnaire ne connaissait pas assez les sentiments intimes du monarque. Peut-être craignait-il que le souverain ne fût, lui aussi, de ces Chinois qui reprochaient aux géographes européens de faire le monde bien grand et la Chine bien petite. Quoi qu'il en soit, si Ricci en jugeait ainsi, il se trompait.

On était en 1608. Des amis que les Pères comptaient à l'intérieur du palais avaient fait suspendre la Mappemonde en guise d'ornement dans l'une des salles, espérant que l'empereur l'y remarquerait. Leur attente ne fut pas déçue. Van-Li s'arrêta devant la carte, se la fit expliquer, en fut si ravi qu'il en commanda surle-champ dix exemplaires pour les distribuer dans son entourage. Ce fut l'occasion d'un gros émoi.

Pour donner suite à l'ordre impérial, les mandarins du service intérieur, que la chose concernait, s'en furent trouver les Pères. Là ils apprirent qu'il était impossible de satisfaire immédiatement à leur désir. Lingozuon avait quitté Péking en emportant avec lui l'un des deux clichés de la Mappemonde; l'autre, et précisément celui qui avait servi à tirer les cartes du palais, était bien resté dans la capitale, mais une inondation terrible qui couvrit Péking de ruines avait renversé de fond en comble. l'imprimerie dans laquelle les plaques gravées se conservaient; elles étaient désormais inutilisables.

Que faire? Recourir aux planches de Lingozuon paraissait tout indiqué et les Pères proposèrent d'abord cette solution. Mais les mandarins se récrièrent aussitôt. Les légendes des deux cartes n'étaient pas identiques. L'empereur pourrait s'en apercevoir et s'irriter. On n'y pouvait songer.

Ricci offrit alors aux mandarins de faire de nouveau graver la Mappemonde à ses propres frais. Il pourrait la rendre plus élégante et, si cela plaisait à Sa Majesté, en retoucher les légendes. Il demandait un mois pour parfaire ce travail. L'offre fut acceptée par les mandarins, et un placet dans ce sens présenté à l'empereur. Cette fois, ce fut Van-Li qui refusa. Des graveurs

d'élite étaient attachés à son service dans l'intérieur du palais. Il voulait la Mappemonde sans modifications. On n'avait qu'à s'adresser à eux et à leur ordonner de la copier telle qu'elle était; ce qui fut fait.

Toutes ces démarches firent du bruit et contribuèrent puissamment à établir le crédit des Pères dans l'esprit public. Comment mépriser encore la géographie européenne quand l'empereur lui-même la tenait en si haute estime? Mais Ricci voyait les choses encore autrement et de plus haut: « Espérons, dit-il après avoir raconté cette aventure, que soit l'empereur régnant, soit l'un de ses successeurs, rentrera en lui-même après avoir lu les inscriptions de la carte, et qu'il cherchera à connaître la religion des principaux peuples qui entourent la Chine. »

Ces épisodes, curieux sans doute, out cependant un certain air de simple chronique anecdotique du palais. Ils n'expliquent pas la grande réputation de géographe que Ricci s'est acquise en Europe. Aussi, hàtons-nous de le dire, ses titres vraiment scientifiques sont différents et plus sérieux (1).

Dès son arrivée dans l'Extrême-Orient, il remarqua que les cartographes dessinaient fautivement les frontières de la Chine. Ensuite, il résolut l'un des problèmes géographiques les plus ardus de son temps: l'identification du Cathay de Marco Polo et de la Chine des Portugais.

Depuis longtemps la priorité de la découverte n'est plus contestée à Ricci, mais la publication de la Correspondance nous fournit quelques renseignements nouveaux sur le sujet. Ils font honneur à la perspicacité du savant. Dès 1596, il y voyait clair. « J'étonnerai fort Votre Révérence, écrivait-il de Nancian, le 13 octobre, au P. Acquaviva, mais je lui communique une pensée qui m'est venue au retour de mon récent voyage à Nanking. La Chine n'est autre que le Cathay de Marco Polo, et Nanking, jadis capitale de la Chine, est Cambalu, la ville aux milie ponts, capitale du Cathay. » Puis il donnait de sa conjecture des raisons qui prouvent la justesse de son coup d'œil.

(1) Il va sans dire que je suis incomplet. Un historien de la géographie trouverait dans les Opere storiche bien d'autres renseignements sur la Mappemonde et ses diverses éditions. Par exemple, Ricci parle encore d'une édition réduite publiée sous forme d'atlas (Mém. L. 4, C. 5, N. 6), ainsi que d'une autre édition agrandie au contraire. Cette dernière préparée par un chrétien chinois, mais revisée par les Pères, était en huit feuilles. (Mém. L. 4, C. 15, N. 4).

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