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pées des océans et emportées par les courants de l'atmosphère, revenir à leur source après un long voyage au cours duquel elles se sont condensées, de même les particules lancées par la masse des soleils en perpétuelle incandescence, se regrouperaient pour donner naissance aux nébuleuses des hautes latitudes, qui, à leur tour, se transformeraient en amas attirés de nouveau par la masse totale de la Galaxie.

Conjectures vaines et spéculations bien aventurées, répondra plus d'un lecteur. Peut-être, mais le désir de savoir n'est-il pas notre meilleure excuse?

<<< Il est impossible, disait Henri Poincaré au début de ses leçons sur les cosmogonies, de contempler le spectacle de l'Univers étoilé sans se demander comment il s'est formé; nous devrions peut-être attendre pour chercher une solution que nous en ayons patiemment rassemblé les éléments et que nous ayons acquis par là quelque espoir sérieux de la trouver; mais si nous étions si raisonnables, si nous étions curieux sans impatience, il est probable que nous n'aurions jamais créé la Science et que nous nous serions contentés de vivre notre petite vie. Notre esprit a donc réclamé impérieusement cette solution bien avant qu'elle fût mûre, et alors qu'il ne possédait que de vagues lueurs, lui permettant de la deviner plutôt que de l'atteindre» (1).

Depuis l'époque où ces lignes ont été écrites (1911), nos acquisitions sont évidemment en progrès, [mais c'est le propre de la science de nous ouvrir des horizons illimités.

Duclaux disait dans une, boutade: « C'est parce qu'elle n'est sûre de rien que la science avance toujours». Loin de souscrire à cette pensée, je crois au contraire que plus nous progressons, plus nous décou

(1) H. Poincaré Leçons sur les Hypothèses cosmogoniques. Préface Paris, 1912).

vrons l'étendue des champs ouverts à nos investigations et plus s'accumulent aussi les problèmes et les mystères dont sont parsemées les avenues de la nature dans toutes les directions de la connaissance.

Mais quoi que nous fassions, aussi loin que nous puissions pousser l'examen de la structure des êtres matériels, qu'il s'agisse de l'atome ou d'un système solaire ou même de l'Univers, une conclusion s'impose avec la même force; partout nous sentons apparaître derrière le voile transparent des phénomènes, le rôle de la Pensée créatrice, toujours agissante, qui fait tout avec poids et mesure, qui dispense inlassablement l'ordre et l'harmonie et qui préside à la naissance des nébuleuses comme à l'évolution des mondes.

Abbé Tн. MOREUX,

Directeur de l'Observatoire de Bourges.

Histoire de la Sismologie

I. LA SISMOLOGIE DES PRIMITIFS

Si les fouilles des archéologues ne nous avaient pas fait connaître l'industrie primitive de l'âge de la pierre, taillée ou polie, nous aurions pu, par l'étude des industries des peuples actuels, sauvages ou à demi civilisés, remonter le cours des temps au moyen d'une induction parfaitement légitime et reconstituer au moins partiellement le genre de vie de l'homme le plus primitif. Par un procédé tout à fait analogue, il nous est loisible de rechercher quelles ont été, au sujet des tremblements de terre, les idées des primitifs aux temps où leur intelligence se fut assez affinée pour éprouver le besoin d'expliquer les phénomènes naturels qui les entouraient, les faisaient souffrir ou les terrorisaient.

Il existe un folklore des tremblements de terre; et, si l'on en classe les croyances, qu'on peut qualifier de préscientifiques, par degrés de complication décroissante, on remontera, sans grand péril d'erreur, à la sismologie primitive, préhistorique peut-on dire.

Cette phase des théories sismologiques est très importante pour l'historien, mais elle ne saurait être étudiée ici en détail, car elle fournirait les éléments de tout un volume de sismologie folklorique, mythologique et religieuse. Il nous suffira de l'esquisser à très grands traits. D'ailleurs, dans plusieurs des articles composant le présent travail nous avons dû remonter à ce stade préscientifique.

Dans toutes les contrées, l'homme primitif a attri

bué aux animaux une certaine supériorité il ne les combattait pas toujours avec succès et souvent il avait à déjouer les ruses des bêtes féroces auxquelles il donnait la chasse pour s'en nourrir. Beaucoup échappaient à sa poursuite en se réfugiant dans leurs terriers; son intelligence fruste en vint aisément à conclure à l'existence de tout un monde souterrain. Comme d'autre part son grossier bon sens lui faisait penser que le tremblement de terre, ébranlant uniquement le sol, ne pouvait être qu'un phénomène produit sous terre, il s'imagina que des animaux souterrains, d'espèces réelles, ou imaginaires, secouaient la terre. Ce genre de croyances est extrêmement répandu dans le folklore du monde entier et nous n'en retiendrons qu'un seul cas, du reste le plus curieux, celui du Mammouth chez les Chinois de Kiachta (1). La découverte des cadavres gelés et parfaitement conservés de ces animaux géants semblait fournir à cette croyance une incontestable confirmation de fait.

A un stade postérieur, mais beaucoup plus avancé, l'homme a compris que la Terre était un corps isolé et indépendant du ciel, qu'il voyait tourner autour d'elle. Il devait donc lui trouver un support; et ainsi s'est forgée la fable que la Terre reposait sur des êtres vivants dont les mouvements suffisaient à l'ébranler. Ce furent des animaux divers et parmi eux le plus fréquemment cité est le buffle, qui supporte la planète sur une de ses cornes. La Terre tremble, lorsque, fatigué, il la fait passer d'une corne sur l'autre pour se reposer. Cette idée a dû naître après la domestication du boeuf et du cheval, quand l'homme, s'en servant comme de bêtes de somme, a vu osciller et se mouvoir les fardeaux dont il les chargeait

(1) A. E. Nordenskjöld. Voyage de la Véga autour de l'Asie et deļl'Europe, p. 362, Paris, 1883.

Parmi les animaux supports de la Terre se rencontrent encore fréquemment des poissons, ce qui nous amène à une autre conception des mouvements de la Terre la planète serait ébranlée parce qu'elle vogue sur le fleuve Océan. Cette théorie sismique est venue de l'Inde et fut adoptée par certains philosophes grecs, par exemple, par Thalès de Milet. Cette explication dénote déjà une certaine pénétration d'esprit. D'ailleurs l'assimilation du mouvement sismique à celui qu'impriment à un navire les flots de la mer, a une portée pratique inattendue on peut, en effet, étudier les effets des tremblements de terre sur les édifices, en se reportant aux chocs des vagues sur les flancs d'un vaisseau (1).

Plus tard, l'homme se sera aperçu qu'il y avait peu de bon sens à faire supporter l'immense poids de la Terre par des animaux. Pour faire disparaître cette flagrante disproportion entre l'effet et la cause, il a recouru à des êtres surnaturels imaginaires, qu'il lui était loisible de doter de toute la puissance nécessaire. Ce furent des géants, des héros, des génies plus ou moins divinisés, des dieux enfin. Puis l'idée même de supporter la Terre disparut, elle aussi. C'est à une pléiade d'êtres du même genre que fut alors attribué le rôle de déchaîner les tremblements de terre, à Neptune, par exemple, dans la mythologie classique, ce vaste domaine où se sont en quelque sorte épurées les fictions antérieures plus grossières.

A ce qui a été dit précédemment ne se borne pas le rôle des animaux dans la sismologie primitive. Il faut y ajouter le pouvoir qu'on leur attribua de pressentir les tremblements de terre, vieille et persistante erreur qu'on a voulu expliquer de bien des manières, mais

(1) Cortes y Agulló. Los terremotos; sus efectos en las edificaciones y medios prácticos para remediarlos en lo posible. Manila, 1881.

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