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térature grecque, savent que ce dieu y est nommé Sichichthon (qui ébranle la terre). Cela nous reporte bien en arrière, puisque Pindare (518 à 442) emploie déjà ce surnom.

Quoi qu'il en soit, l'opinion sismico morale des Pères de l'Eglise, dont le plus brillant représentant fut St Jean Chrysostome dans ses fameuses homélies sur les tremblements de terre d'Antioche, se transforma chez les hagiographes. Ils firent de ces phénomènes des épisodes miraculeux, déchaînés surtout au moment du martyre de nombreux saints; pour eux, c'étaient là des faits démontrant en quelque sorte par l'observation l'opinion des Pères. Mais, pour les uns comme pour les autres, la théorie d'Aristote, la connussent-ils d'ailleurs, n'intervient en rien, et il faut arriver à St Ephrem de Syrie (commencement du Ive siècle) pour la voir mentionnée. Elle y est condamnée nommément (1), au nom de la théologie plutôt qu'au nom de la philosophie.

Avec les innombrables et crédules chroniqueurs du moyen âge, les tremblements de terre deviennent des prodiges. Ils sont en outre accompagnés d'autres prodiges variés, soit inventés par ces auteurs, soit trouvés par eux dans les traditions populaires de leur temps.

Il résulte de ces considérations que la culture grecque a laissé bien plus de traces dans l'histoire de la sismologie que la culture latine.

V. RELATIONS DES TREMBLEMENTS DE TERRE AVEC D'AUTRES PHENOMENES NATURELS

On a pu dire sans exagération que si l'on effaçait de l'immense littérature sismologique tout ce qui a été

(1) Opera. Edition de Venise, de Gaspard Gerardi. 1755. I. 342. Adversus qui dicunt terræmotus a terræ inflatione fieri, et non a Dei Providentia.

écrit des relations qui existeraient entre les tremblements de terre et les phénomènes naturels extérieurs à l'écorce terrestre, on en supprimerait une partie très considérable. C'est qu'en effet la croyance à une cause extra-terrestre remonte à la plus haute antiquité; elle est commune à tous les peuples et a traversé le cours des siècles. Les statistiques modernes faites à son sujet sont très contradictoires, ce qui est un puissant argument contre elles, et il faut avouer que, malgré tant de recherches, la science n'a fait aucun progrès dans celte voie décevante. D'autre part, cette connexion, faisant partie du folklore de tous les peuples des pays dont le sol est instable, se présente sous deux formes opposées, suivant que les phénomènes naturels en question sont considérés comme des effets, ou des pronostics de tremblements de terre. L'une et l'autre forme résultent de l'application irraisonnée du principe si dangereux : Post hoc, ergo propter hoc. Dans le domaine scientifique, les coincidences plus ou moins approchées entre deux ordres de phénomènes naturels, permettent de démontrer arbitrairement à peu près tout ce que l'on veut.

Le peuple rattache aux tremblements de terre une infinité de phénomènes des domaines de la météorologie, de l'astronomie, ou plutôt de l'astrologie dans le sens péjoratif du mot, et de la biologie. On les trouve déjà énumérés en détail dans un ouvrage sanscrit du vie siècle avant notre ère, le Bhrat Sanhita, ou traité d'astrologie naturelle, dù à Varaha Mihira (1). Cet astrologue n'a fait évidemment que réunir des croyances bien antérieures à lui, mais il serait très risqué de prétendre que toutes les fables mythologiques des Grecs qui touchent ce sujet proviennent de

(1) Traduit du sanscrit en anglais par le Dr H. Kern. Jl. asiat. Soc. of Great Britain and Ireland. N. S. t. V. London, 1871.

cette source, puisque, à propos des origines de la théorie aristotélicienne, nous avons déjà vu, au moins au temps d'Homère, un phénomène météorologique, le vent, jouer un rôle important dans la sismologie populaire. D'ailleurs, ces mêmes croyances ayant régné partout et dans tous les temps, il faut y voir un fait général et dénué d'origines particulières. Passer en revue ces croyances à travers les siècles n'aurait ici aucun intérêt. Il nous suffit, au point de vue historique, d'en avoir montré l'extrême antiquité. Il y a cependant quelques points sur lesquels il est intéressant d'attirer l'attention.

Il n'est aucun phénomène de l'atmosphère qui n'ait été mis en relation avec les tremblements de terre, comme pronostic, comme cause ou comme effet. Et il en est de même pour les phénomènes célestes.

Nous avons déjà parlé des conceptions sismologiques relatives aux supports de la terre et qui rentrent dans la catégorie des « contes pour expliquer », tandis que les tremblements de terre ayant accompagné la création de notre planète, ou celle de l'homme, ou devant signaler la fin du monde et le jugement dernier, en un mot les tremblements de terre apocalyptiques, n'ont qu'un caractère épisodique.

Dans l'astrologie occidentale, Saturne est la planète préposée aux fléaux, aux catastrophes et aux tremblements de terre, jusque dans les almanachs espagnols du XVIIIe siècle.

Varaha Mihira, déjà cité, s'étend longuement sur les astérismes, ou constellations, préposés au déchaînement des tremblements de terre, mais il ne signale point les conjonctions d'astres, qui jouent un rôle si considérable, même de nos jours encore, pour prédire les commotions terrestres, bien entendu sans aucun succès. C'est là une croyance purement astrologique, venue des Babyloniens, nous a déjà dit Pline. Au III SÉRIE. T. XXIX.

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milieu du ive siècle Grégoire de Nysse (1) la condamnait, non pas au nom de la religion ou de la théologie, comme on pourrait le croire, mais au nom de la saine philosophie. C'est un fait assez étrange et digne d'être signalé que les astrologues de profession n'ont jamais mentionné les tremblements de terre comme causes de mort dans les horoscopes qu'ils tiraient à la naissance des princes (2), tandis que ces phénomènes ont très fréquemment servi, après coup bien entendu, de présages de la mort des grands personnages.

A cause de leur caractère effrayant, les comètes et les éclipses ont longtemps passé comme déchaînant ou présageant les tremblements de terre. Cela jusqu'à Képler lui-même pour l'éclipse de soleil du 25 février 1598 (v. st.). Et, conformément à l'opinion courante de son temps, il faisait dépendre de cette éclipse une petite secousse en Thuringe conjointement avec tous les événements politiques de l'année (3).

Les influences infiniment variées attribuées à la Lune sur tous les phénomènes de la nature et de la vie des plantes, des animaux, des hommes, voire même des peuples, par ses phases et ses passages au méridien, sont innombrables, et naturellement les tremblements de terre n'ont point échappé à ces influences. Ces superstitions ont même déteint sur la science, et les statistiques modernes ne sont pas encore parvenues à les extirper des préoccupations de certains sismologues.

Les anciens chroniqueurs mentionnent une foule d'épidémies, de pestes, de maladies individuelles et d'épizooties causées par les tremblements de terre. Ce thème est longuement développé dans l'ouvrage de Varaha Mihira, ce qui en démontre la très grande

(1) Contra Fatum, seu Disputatio cum Ethnico philosopho.

(2) H. Selva. Traité théorique et pratique d'astrologie généthliaque, 186, 271. Paris, 1887.

(3) Opera omnia. Ed. de Fritsch. T. XIII, p. 15. Francofurti a. M., 1870.

antiquité. Quant aux écrivains de culture latine, le document le plus ancien que nous possédions à cet égard est le passage dans lequel Sénèque rapporte et explique longuement l'asphyxie de 600 moutons, au grand tremblement de terre de la Campanie, en l'an 63 de notre ère. Lui et Aristote ont disserté sur l'analogie qu'ils trouvent entre les tremblements de terre et la fièvre chez l'homme, ce qui rappelle certaines croyances de folklore, d'après lesquelles la Terre personnifiée tremble parce qu'elle est atteinte de cette affection, ou parce qu'elle a froid. D'ailleurs la personnification de notre planète a été l'occasion de nombreux mythes sismiques.

Une autre opinion dans ce domaine biologico-sismique et qui, répandue même de nos jours, se rencontre dans les travaux de quelques sismologues estimables, est que les tremblements de terre exercent une influence sur les récoltes et la végétation dans un sens favorable ou défavorable. Mercalli (1) lui-même n'a pas craint d'en suggérer une explication électrique possible, mais sans dire explicitement s'il croit à cette influence. Cela nous conduit maintenant à parler des théories électriques et magnétiques des tremblements de terre, qui tiennent encore, mais bien indûment à notre avis, une grande place dans les travaux de quelques sismologues.

Les théories électriques des tremblements de terre sont en fait antérieures à la découverte de l'électricité, car, si l'on en croit Pline (2), elles remontent à l'antiquité babylonienne et il n'y a pas de raison pour douter de l'assertion du vieux naturaliste. Elles étaient alors, il est vrai, entachées d'astrologie, mais l'alliance des tremblements de terre, de l'éclair et de la foudre n'en constitue pas moins une véritable théorie électrique.

(1) Vulcani e fenomeni vulcanici, 347. Milan, 1880.

(2) Liv. II, Chap. LXXXI.

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