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tion posée expressément sous laquelle les troupes marcheraient en cas de besoin. La Gouvernante comment osait-elle donner une telle promesse? Il est évident qu'on ne s'attendait pas à des difficultés contre l'envoi de ce secours; les documents démontrent qu'au début les envoyés français, de Bonnac et d'Affry, n'y faisaient aucune objection (p. 9, 27), par conséquent on croyait être sûr du consentement des Etats de Hollande et des Etats Généraux. Cependant au dernier moment le conseiller-pensionnaire Steyn, qui n'était pas du tout de taille à diriger les Etats de Hollande et qui, au contraire, avait plutôt peur d'indisposer les régents des villes principales, surtout les bourgmestres d'Amsterdam, refusait de collaborer aux mesures concertées pour faire consentir les Etats sans trop de délai à la demande de Yorke. Ainsi quand celui-ci s'était adressé le 13 février aux EtatsGénéraux pour demander les six mille hommes annonçant en même temps l'arrivée prochaine des vaisseaux de transport, le conseiller-pensionnaire protesta, au nom de la Hollande, contre la résolution prise à la majorité, qui tendait à faire examiner quels ordres on pourrait donner provisionnellement pour être prêt en cas que les provinces consentissent au secours. Ces objections ne restant pas cachées aux envoyés français, ceux-ci en inféraient avec raison que les régents hollandais avaient peur de froisser le roi de France, et se dédisant de leurs déclarations antérieures ils commençaient à s'opposer à l'envoi des six mille hommes. Entretemps les vaisseaux

anglais avaient mis à la voile mais à leur arrivée à Hellevoetsluis, le 1 mars, ils n'y trouvaient pas les troupes demandées, et les délibérations prolongées dans la République offrant peu d'espérance qu'une résolution favorable fût prise, le gouvernement anglais les rappela.

Je ne m'étends pas sur les délibérations ultérieures relatives aux réponses à donner aux mémoires de Yorke et de d'Affry; on lira avec intérêt les notes prises par W. Bentinck sur les discussions auxquelles les rapports de la République avec l'Angleterre et la France donnaient lieu (p. 90, 116, 308 etc.). J'insiste pourtant un moment sur le désarroi croissant dans le gouvernement de la République qui en fut la conséquence. C'est assez curieux de voir que le défenseur zélé du régime stadhoudérien W. Bentinck, à cause du manque de direction qui se fait sentir partout, est amené à louer l'époque antérieure où il n'y eut pas de stadhouder (p. 319). Alors du moins il y avait dans les villes principales de Hollande un chef qui pouvait répondre de sa ville, qui la menait et en disposait de sorte qu'on savait à qui s'adresser, si l'on désirait obtenir quelque chose; alors aussi la Hollande septentrionale fut conduite par l'influence de ces villes principales qui avaient dans les magistratures des petites villes leurs parents, leurs amis, leurs clients; alors le conseiller-pensionnaire agissant de concert avec le corps des nobles, bien qu'il ne reussît pas toujours, savait diriger tant bien que mal l'assemblée des Etats de Hollande.

Et, à l'avis de Bentinck, rien ne serait plus facile que de diriger, en général et à la longue, l'assemblée de Hollande, pourvu qu'on eût l'aide d'un stadhouder qui eût la moindre idée de direction et la plus légère connaissance des formes de la République. Quoi qu'il en soit de ces assertions de Bentinck, il est certain que toutes les conditions requises pour un gouvernement un peu ferme faisaient défaut. La Gouvernante manquait non pas de pénétration et de perspicacité mais de sens politique et d'application. Ce qui etait pire encore, c'est que les personnes dont la collaboration était indispensable à la bonne marche des affaires s'entendaient de moins en moins. Entre la Gouvernante et W. Bentinck, qui occupait la première place après la Gouvernante dans le corps des nobles et par conséquent dans les Gecommitteerde Raden, les relations restaient toujours assez froides et sans confiance. La conduite du conseiller-pensionnaire Steyn dans l'affaire du secours demandé par l'Angleterre et dans les délibérations qui suivirent pendant l'année 1756 mécontentait fortement la Gouvernante; une réelle aversion et une méfiance profonde réciproques rendaient les rapports entre eux de plus en plus difficiles. La conduite de Steyn fut très mal prise aussi par Bentinck (on remarquera le conflit entre les fonctions doubles de Steyn, d'un côté celle de conseiller-pensionnaire des Etats de Hollande, de l'autre celle de pensionnaire du corps des nobles), et cela gâta les relations excellentes qui avaient existé entre eux jusque-là. Ainsi il y avait manque

de confiance et de coopération entre les trois personnes officielles les plus considérables en Hollande.

Les réunions de la Conférence (voyez la préface au tome II) perdaient peu à peu leur importance parce que la Gouvernante n'en faisait que peu de cas. On y lisait les dépêches des ministres néerlandais auprès des cours étrangers, lecture qui manquait trop souvent d'intérêt, car ni Berkenrode à Paris, ni Hop à Londres, ni Burmania à Vienne, ni Gronsfeld à Berlin n'étaient des diplomates de talent; mais la Conférence n'était nullement le conseil privé et intime de la Gouvernante. Elle ne voulait pas d'un tel conseil, elle ne suivait que sa tête ou les avis de conseillers secrets et de ses serviteurs à elle. La faveur et l'influence de Larrey (cf. t. II, p. XVI) grandissaient toujours, mais malheureusement il n'était en bonne intelligence ni avec Bentinck ni avec le conseiller-pensionnaire; le rôle du secrétaire de Back au contraire allait s'amoindrissant, et après que les lettres interceptées de d'Affry avaient fait connaître ses relations avec celui-ci, il perdit tout crédit; en 1758 il fut destitué de ses fonctions et Larrey prit sa place de secrétaire (p. 160, 560). Le grand-écuyer Grovestins était aussi très bien en cour, mais à côté de Larrey, et peut-être encore plus que lui, le conseiller à la cour de Hollande A. van der Mieden avait la confiance de la Gouvernante, au grand mécontentement du conseiller-pensionnaire et des régents de quelques grandes villes, qui attribuaient à son influence

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préponderante la conduite de la Gouvernante envers eux; nos documents prouvent d'ailleurs qu'il fut consulté sur l'élection des membres des régences et qu'il fut pour beaucoup dans le conflit entre la Gouvernante et la ville de Haarlem, plus tard dans l'affaire de l'augmentation de l'armée.

Dans les provinces où les pouvoirs stadhoudériens étaient plus étendus qu'ailleurs, la Gouvernante était à même d'influer considérablement sur les résolutions des Etats et d'avoir des hommes à elle nommés députés aux Etats-Généraux et au Conseil d'Etat, mais faute de consistance dans la direction elle ne les avait pas en main aussi solidement qu'il aurait été possible; on ne voit pas qu'il y eût alors un système de directeurs comme celui qu'on trouve plus tard. Abstraction faite de Grovestins, les seigneurs frisons qui auparavant s'étaient flattés d'occuper la première place à la cour stadhoudérienne et dans la faveur de la Gouvernante avaient été déçus; les rapports entre eux s'étaient peu à peu refroidis, et justement au moment critique de la délibération sur le secours demandé par l'Angleterre, la Frise se montrait rebelle à la direction de la Gouvernante (p. 57), qui ne parvenait pas à la regagner; dorénavant cette province allait de concert avec la Hollande pour s'opposer aux propositions de la Gouvernante, de même que la Zélande, où celle-ci n'était pas assez puissante pour y faire mener les affaires à sa volonté. Cependant au bout du compte l'opposition de telle autre province eût été sans conséquence,

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