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que, sauf peut-être quelques lambeaux surplombants, toute trace de couloir voûté avait disparu.

De plus, William Harris nous laisse entendre que les parois de la caverne, bien avant les travaux miniers, avaient, à l'intérieur même du kopje, cédé sur de très grandes longueurs, amenant une dépression du sol en surface et un affaissement général, une déformation importante du tracé primitif de la galerie (1). Le diagramme qui accompagne ces explications nous montre une entrée de la caverne s'ouvrant latéralement au niveau de la plaine. Quand on songe que d'après Kennell i devait y avoir une seconde issue en forme de cheminée plus ou moins oblique vers le sommet du kopje, on arrive à se demander s'il sera jamais possible de préciser la position stratigraphique du crâne de Broken Hill. Même situé à la base des dépôts, qui encombrent le centre du kopje no 1, il pourrait encore être plus récent que ceux-ci. En effet, les couloirs partiellement superposés, les salles à plusieurs étages, ne sont pas choses rares dans les grottes. En Belgique nous en avons de nombreux exemples il suffit de mentionner Spy ou Montaigle ou Goyet. Le remplissage des cavités inférieures peut avoir été plus récent que celui des couloirs qui les surmontent; mais au cas où les plafonds viendraient à se désagréger et à céder totalement, ce sont ces niveaux inférieurs qui, en stratification, apparaîtront comme les plus anciens.

Tout ce qu'on est en droit de dire, c'est que le crâne de Broken Hill est antérieur à la catastrophe mystérieuse qui a, brusquement ou progressivement, écrasé la galerie.

La faune d'accompagnement est, elle aussi, toule moderne. Sur ce point tous les témoignages concordent.

On nous dit que, tout près du crâne, se trouvaient

(1) Loc. cit. : « At 40 to 50 feet the walls have disappeared altogether, and the bones are surrounded with a soft, friable, leadcarbonate ore », et plus loin, il parle de « general subsidence ».

des outils de pierre, une meule et un broyeur, « semblables à ceux dont les indigènes se servent encore aujourd'hui ». Sans vouloir imposer au Sud Africain les classifications du quaternaire d'Europe, on peut cependant faire remarquer que les broyeurs et les meules appartiennent à l'horizon néolithique beaucoup plus qu'au pleistocène. Il faudrait des preuves bien convaincantes, une stratigraphic incontestable, pour qu'on en vînt à modifier sur ce point des conclusions, établies par des milliers et des milliers d'observations concordantes. La meule est même inconnue des Boschimans. Si le broyeur se comprend quand il s'agit de piler des matières colorantes, la meule suppose des céréales et donc au moins quelque rudiment d'agriculture. Les Boschimans ignorent complètement l'art de cultiver la terre.

Le crâne lui-même n'est pas le moins du monde fossilisé. Smith Woodward le dit expressément. Il est peutêtre dangereux alors de parler tout aussitôt du crâne fossile de la Rhodésie. Le public risque de ne pas comprendre. Et nous-même, nous ne sommes pas sûr d'interpréter correctement la pensée du savant conservateur du Musée de South Kensington, en disant que le crâne a gardé sa gélatine dans son tissu organique. et qu'il est tout simplement incrusté, c'est-à-dire revêtu d'une couche externe de dépôts minéraux. Ce détail est extrêmement important. Il doit d'autant plus faire conclure à l'âge relativement récent du crâne que les ossements de la caverne sont presque tous entièrement fossilisés. La gélatine a si bien été remplacée par le phosphate de zinc que les ossements servent eux-mêmes de minerais. et sont jetés par tonnes dans les fourneaux de l'exploitation. Qu'un pareil travail de fossilisation ne soit pas même commencé pour le crâne, alors qu'il est en contact immédiat et complet avec des sels minéraux très actifs, est une particularité bien inquiétante. On sait qu'aujourd'hui encore les Boschimans habitent occa

sionnellement des cavernes, et la question revient toujours, sans réponse bien nette de quelle époque date le crâne de l'Homo Rhodesiensis?

Examinons les ossements humains qui l'accompagnaient. On ne nous parle pas de la clavicule, de l'omoplate, de la mâchoire inférieure, etc... que William Harris déclare avoir été trouvées au même endroit.

Le tibia est long et mince, d'un type entièrement moderne. Les deux extrémités de fémur sont en tout semblables au fémur d'un homme actuel, grand et vigoureux. Du sacrum nous ne savons rien. Il est vraisemblable, puisqu'on ne le décrit pas, qu'il n'a rien de très significatif. Chacun sait et la magistrale monographie de M. Boule sur l'homme de la Corrèze l'a péremptoirement établi - combien le tibia et le fémur des Néanderthaliens sont typiques, et qu'il est impossible de les confondre, non seulement avec les pièces correspondantes d'un squelette moderne, mais même avec les os des chasseurs de rennes de la race de Cro-Magnon.

Si nous passons à l'inspection du crâne lui-même, nous sommes frappés par toute une série de caractères bien modernes eux aussi. Les dents sont cariées, profondément, les alvéoles elles-mêmes étant attaquées par endroits. La carie dentaire est inconnue des paléolithiques européens. Le trou occipital n'est pas du tout placé en arrière, comme chez l'homme de la Chapelleaux-Saints; il est parfaitement situé, à la moderne, de façon à assurer la position d'équilibre de la tête, bien droite sur le tronc, sans projection antérieure. La troisième molaire est en régression, comme chez l'homme actuel, notablement plus petite que la deuxième. Celle-ci est carrée, mesurant 13,5 mm. de diamètre ; la dent de sagesse au contraire, n'a que 9,5 mm. de longueur, sur 12,5 de largeur. Jusqu'à présent les mâchoires primitives nous avaient montré des molaires allant en grandissant de la première à la troisième. L'épaisseur des os crâ

niens n'est pas différente de ce qu'elle est chez un Européen d'aujourd'hui. Il n'y a donc pas à songer à des rapprochements avec l'homme de Piltdown, cet homme dont la boîte crânienne était solide comme un marteau.

Brisé sur le pariétal droit, le crâne de Broken Hill se prête mal aux mesures de capacité. Toutefois il ne semble pas que celle-ci soit inférieure à ce qu'on a constaté sur d'autres crânes humains; elle est nettement au-dessus du minimum.

Le palais est très grand, parfaitement voûté, entièrement humain et fort bien adapté au langage articulé. Ce détail, joint à la régression de la troisième molaire, régression qui facilite le jeu de la langue beaucoup plus qu'on ne le croirait d'abord éloigne encore l'homme de Broken Hill des types primitifs connus jusqu'à présent, et le fait rentrer dans les groupes modernes.

Il est incontestable pourtant qu'au point de vue morphologique deux caractères au moins sont très singuliers dans le crâne que M. Smith Woodward a présenté.

C'est d'abord le front fuyant. Il faudrait presque dire l'absence de front. L'énorme bourrelet qui surmonte les orbites se continue en arrière suivant une ligne presque horizontale, qui remonte ensuite en pente très douce. Cette remontée commence plus près des orbites chez l'homme de la Chapelle-aux-Saints. Il semble bien que l'homme de Broken Hill aurait pu placer une noisette au-dessus de ses arcades sourcilières et l'y garder aisément en parfait équilibre. La pente du front, qui est à pic chez nous, qui est très atténuée chez les Néanderthaliens, est ici presque nulle; ou, si on préfère, le front ne commence que fort en arrière et monte à peine. (Voir figure, page suivante.)

Ce caractère étant très visible et donnant à la face une physionomie très bestiale, on serait peut-être porté à exagérer son importance au point de vue strictement

anthropologique (1). Le crâne de Broken Hill va certainement ramener l'attention sur l'anatomie des Boschimans, encore assez mal connue. L'Université de Louvain possède une collection de crânes africains, provenant de l'hôpital d'Elisabethville, dans le Katanga. Broken Hill situé dans la Rhodésie, tout au Nord, est relative

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FIG. 1. Crâne de Broken Hill. FIG. 2. Crâne de la Chapelle-auxSaints. FIG. 3. Crâne de Français moderne.

ment proche. Les malades décédés à l'hôpital en question venaient de tous les coins de l'horizon à une époque où le portage obligatoire sévissait comme un fléau. Parmi ces cranes, plusieurs sont très singuliers. L'avancée

(1) Le développement énorme des arcades sourcilières chez l'homme de Néanderthal pour ait peut-être s'expliquer par le mécanisme de la mastication. On a essayé cette hypothèse : Cf. Otto Görke Beitrag zur funktionellen Gestaltung des Schädels bei den Anthropomorphen und Menschen (ARCH. F. ANTIR., Bd. I, 1904, p. 91). Otto Roerig: Der Gesichtsteil des menschlichen Schädels (ARCH. F. ENTW. Mech. d. Org., Bd. XXX, 1910, p. 461). C. Toldt : Brauenwülste, tori supraorbitales... und ihre mechanische Bedeutung (MITT. DER ANTHROP. GESELLSCH. IN WIEN, Bd. XXXXIV, 1914, p. 310).

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