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tait et éduquait, en l'instruisant, la jeunesse, qui lui venai t de Posnanie, en même temps que de toute la Pologne royale et même des « neuf gouvernements de l'Ouest », comme on dit en Russie. En dépit des difficultés spéciales à l'enseignement secondaire, les progrès ont été de telle importance qu'en soixante ans les chiffres ont été décuplés. Les termes de la comparaison sont 1850 et 1910. Le nombre des écoles, filles et garçons, s'est élevé de 14 à 100; celui des membres du corps enseignant est passé de 174 à 1892; et le nombre des élèves est monté de 4.644 à 40.000.

Sur ce terrain de l'enseignement secondaire, il y a eu d'heureuses initiatives pour organiser des écoles techniques et pour les soutenir par un régime de liberté professionnelle dans une légalité sans bienveillance. Dans ces innovations, il est permis de voir une réserve de valeurs scientifiques et compétentes, qui rendent d'incomparables services pour la période de reconstitution de la Pologne plusieurs fois dévastée.

Dans la Pologne du Congrès, les vexations machinées par les fonctionnaires russes agitèrent les écoles secondaires.

En 1901, les collégiens et lycéens formèrent des cercles secrets; ils organisèrent entre eux l'enseignement mutuel de la langue polonaise; et ils s'adonnèrent à la lecture clandestine des historiens et des poètes polonais, ce qui leur était interdit par la police scolaire.

Au gymnase de Biala Podlaska, l'administration prétendit faire donner l'enseignement religieux en langue russe. Connaissant l'exemple des écoliers de Wrzesmia, en Posnanie, le 20 mai précédent, les collégiens firent une protestation solidaire et se virent poursuivis devant le tribunal de cette petite ville de Siedlce (ou Siedlec), qui est célèbre dans l'histoire de Pologne parce que, pendant l'insurrection de 1831, elle fut bien des fois IVe SÉRIE, T. I.

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prise et reprise par les Russes et par les Polonais. Les collégiens de 1901 semblaient, pour leur résistance au tsarisme, se rattacher aux héros légendaires de la fameuse insurretion de 1831. Eux aussi avaient hardiment voulu l'indépendance de la Pologne.

Quatre ans plus tard, le même conflit s'étendit au pays tout entier; car partout il y avait un égal sentiment d'amertume aux dépens du fonctionnarisme moscovite. En janvier 1905, à titre de manifestation, tous les élèves polonais quittèrent les écoles officielles. Ce geste de solidarité, effectué par dix mille élèves (d'autres ont dit vingt mille), surprit même la population indigène. On ne savait pas, dans le public, que, dans tous les gymnases ou collèges de la Po ogne du Congrès, les élèves avaient constitué entre eux des comités de grève, qui s'étaient mis en rapport les uns avec les autres. En opposition avec les fonctionnaires, qui prétendaient les «russifier », ils avaient arrêté un programme de « polonisation des écoles ».

Au jour fixé, les délégués des élèves remirent aux professeurs, dans chaque collège ou école, un écrit formulant les revendications scolaires. Puis tous les élèves, dans le calme et en ordre, quitièrent les classes.

Le 19 février 1905, les parents des collégiens grévistes tinrent une assemblée. En présence du curateur scolaire russe Schwartz, ils déclarèrent qu'ils approuvaient les revendications de leurs enfants. Ils décidèrent, en outre, que le retour au collège leur était interdit avant l'admission de leurs revendications (1).

Au lieu d'y faire droit, le gouvernement russe fit appliquer la loi du 19 juin 1905, loi restrictive de toutes les revendications polonaises.

Elle est révélatrice, cette loi russe du 19 juin 1905; car elle dénote l'influence allemande dans les sphères du

(1) La Pologne. Paris et Lausanne, Payot, 1918; p. 679.

pouvoir en Russie. Elle autorise simplement les propriétaires des écoles particulières, c'est-à-dire libres, à employer, s'ils le désirent, le polonais comme langue d'enseignement. Mais il y a une amère dérision dans le mot « autorise »; car les écoles où on enseigne en polonais sont prévenues que leurs élèves perdent les droits afférents aux collèges officiels droit d'admission aux universités, faculté d'obtenir des postes de fonctionnaires, facilités pour le service militaire, etc. Par la même loi, l'inspection des collèges libres est soustraite à toute influence polonaise; et elle passe aux directions russes de l'instruction publique de chacun des gouvernements. Enfin la même légalité du 19 juin 1905 impose aux collèges libres l'obligation de faire donner des leçons de langue russe, d'histoire et de géographie russes, leçons durant lesquelles l'usage de la langue russe était imposé (1).

Pour tirer parti des innovations fallacieuses hérissées de restrictions décevantes, il y eut une nouvelle hardiesse dans les initiatives des Polonais, une transformation réelle des études secondaires dans la Pologne du Congrès. La population polonaise organisa elle-même ses écoles secondaires. Malgré les obstacles dressés par le gouvernement russe, malgré les difficultés techniques, malgré les charges financières, elle obtint rapidement de très grands résultats. On l'a vu en 1918 lorsque, de toutes les parties du monde, on a pu pénétrer en Pologne. Ce qui distingue les écoles secondaires libres, c'est le zèle ardent avec lequel les maîtres exercent leurs fonctions; c'est la confiance réciproque, qui unit professeurs et élèves, la bonne intelligence qui règne entre eux; et c'est aussi le niveau élevé de l'enseignement. Il s'est trouvé, tout naturellement, que les élèves sortant des collèges libres de Pologne, bien que n'ayant pas le droit

(1) La Pologne ; p. 680.

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d'être admis dans les Universités russes, ont été admis comme étudiants réguliers, non seulement dans les Universités de Galicie, mais aussi dans celles de toute l'Autriche, de la France, de la Suisse et des autres grands pays (1). Ces étudiants, inscrits comme russes, ont développé leur esprit polonais au cours de leurs études supérieures. Le travail patient et clandestin a préparé une solution, que les études régulières ont consolidée, malgré les difficultés et les privations; parce que toutes les forces de résistance étaient constamment tenues en éveil.

Qu'on ne se trompe pas, le mouvement scolaire de 1905 est un (( boycottage» de l'école officielle russe, pour aboutir à l'école polonaise. On a fait une erreur en l'appelant une « grève scolaire ». Ce fut, au contraire, une entreprise disciplinée pour apprendre davantage et plus complètement ce qui convenait à la « polonisation de la vie ». Et ce mouvement appartient à l'initiative des élèves; il a été une protestation de la jeunesse polonaise contre la russification de l'enseignement de la religion. Ce fut la grande force et le grand honneur de ce mouvement libérateur pour tout l'enseignement secondaire. Il ne faut pas laisser dire que ce fut « une croisade des enfants ». Ce sont les adolescents des classes élevées qui ont commencé ; et leur action fut, non pas négative, mais positive (2). Rejetant la tutelle officielle, avec l'assentiment complet des parents, les écoliers surent se soumettre à une discipline nouvelle. Ils ont fait preuve, avec ceux qui les soutenaient, d'une faculté d'organisation toute spontanée et d'une souplesse de féconde initiative, qui sait préparer un avenir réparateur. Tels sont les caractères de cet épisode mouvementé de la lutte des Polonais pour leur droit national.

(1) La Pologne ; p. 680.

(2) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 28.

Enseignement technique

Dès le début de leur formation, toutes les sociétés polonaises professionnelles réclamèrent l'introduction de la langue polonaise dans leur vie administrative. Il en fut de même pour les sociétés d'assistance et pour les institutions économiques entre Polonais. Les paysans, appuyés sur leurs organisations clandestines, demandèrent davantage. Malgré les sourdes menées de s commissaires du gouvernement, ils demandèrent l'introduction de la langue polonaise dans l'administration des communes, des justices de paix et des écoles.

Il ne saurait être question de reprocher aux groupements professionnels une sorte d'ingérence dans les affaires scolaires. Il y a longtemps que la plus grande partie des écoles libres de Pologne se trouve sous la protection des institutions sociales, qui leur garantissent l'existence matérielle : Société d'agriculteurs, Société des Ingénieurs. Conjointement il y a des organisations spécialement fondées dans le but de faire fonctionner les écoles libres. Sur ces bases il y eut des progrès, qu'il ne faut ni méconnaître, ni exagérer.

En 1905, vingt mille élèves environ fréquentaient les écoles officielles de la Pologne du Congrès. Le « boycottage »>, qui toucha surtout les classes supérieures, leur en enleva plus de sept mille.

En 1913, l'école polonaise s'était organisée sur des bases nouvelles. Le succès lui est tellement venu, que le chiffre des élèves est monté à quarante mille pour les écoles libres, tandis que celui des écoles officielles n'a pas pu dépasser le retour au chiffre de vingt mille. . A la même époque, le nombre des écoles officielles était 69; celui des écoles libres 158 (1).

(1) REVUE HEBDOMADAIRE, 9 juillet 1914; p. 158.

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