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le praticien croit pouvoir déduire la profondeur à laquelle se cache l'objet, et son importance, par exemple le débit approximatif de la veine liquide.

Le pendulisant, pour annoncer des éléments de même ordre, tient à la main, suspendu par un lien flexible, un objet de poids peu considérable, assez souvent sa montre tenue par l'extrémité de la chaîne.

L'étude scientifique de ces procédés, en vue d'en vérifier la réalité et d'élucider la nature des phénomènes de divination, s'est heurtée à de grosses difficultés.

Les physiciens, les premiers, devaient être amenés à rechercher la raison cachée des mouvements, à déterminer quelle influence naturelle pouvait faire tourner la baguette ou osciller le pendule au contact d'un sol recouvrant une veine liquide ou métallifère.

Il semble que la principale cause de leur embarras réside dans la nécessité d'intercaler un organisme vivant, le corps humain, dans le circuit. Malgré les hypothèses successivement étudiées, attribuant les faits de divination à l'électricité, au magnétisme, à la radio-activité, à la chaleur, etc., aucun instrument n'a pu jusqu'ici reproduire les phénomènes sans l'interposition de l'homme entre le sol et lui.

Or, toute personne ne paraît pas également apte à se servir de la baguette ou du pendule; leur emploi exigerait des sujets doués d'une sensibilité particulière, plus ou moins développée et d'allure capricieuse. S'il faut en croire les sourciers, cette sensibilité spéciale serait assez commune: sur 100 personnes, 20 à 25 en jouiraient sans le savoir.

Autre difficulté : ces influences, qu'on dirait émanées de certains objets ou réfléchies par eux, sont en général si faibles dans leur manifestation, que leur mise en évidence a besoin de l'instabilité du ressort d'une fourche élastique en équilibre, ou de celle d'un poids léger. La contraction nerveuse du corps humain serait imperceptible pour l'opérateur lui-même sans le secours d'instruments amplificateurs, baguette ou pendule.

Mais, toute supercherie mise à part, les travaux de Chevreul sur le pendule ont montré avec quelle facilité la volonté du sujet peut, à son insu, provoquer des réactions en tout semblables à celles qui indiqueraient le filon mystérieux.

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S'il faut discerner dans ces oscillations la part qui reviendrait à une cause extérieure de celle dont l'opérateur fait tous les frais, le problème sort du domaine de la physique pour entrer plutôt dans celui de la psychologie expérimentale. M. Mager et le docteur Marage nous rappellent en effet combien l'Institut de Psychologie Expérimentale de Paris s'intéresse à la question.

Parmi les psychologues, certains ont salué avec allégresse dans les baguettisants des médiums nouveaux, susceptibles d'apporter un précieux renfort aux théories fluidiques des occultistes et des magnétiseurs.

Le colonel de Rochas a été partisan des sourciers. M. Mager (Op. laud., pp. v-vi) admettra nettement que de tout objet émanent des lignes de force de nature inconnue. L'entrée dans un tel champ d'influence « provoque chez le sensitif une impression que l'instrument enregistre ». Enfin, oubliant un instant que « ab auctoritate argumentum infimum », il dit sa joie de voir ses convictions partagées par Gustave Le Bon.

C'en est assez pour éveiller bien des craintes dans un autre camp; subissant lui aussi une vraie réaction consciente ou inconsciente, maint philosophe s'est scnti porté à nier purement et simplement l'objectivité des phénomènes, et à tout mettre sur le compte de l'auto-suggestion.

M. le chanoine Gombault (1) développe vigoureusement cette fin de non-recevoir. « Vous croyez, dit-il, d'après vos idées en géologie, qu'il y a là une source, et cette persuasion vous la trahissez par des mouvements fibrillaires dont Chevreul a montré l'existence. Les o cillations de l'instrument existent donc indépendamment de la source d'eau ; elles sont dues à l'action de l'opérateur qui croit se trouver en présence de l'eau. De fait, quand il réussit à trouver l'eau, il le doit à son habileté à reconnaître le terrain. »

Voilà un débat lestement conclu. Cette solution radicale se prête mal à certaines des expériences relatées par M. Mager; elle ne semble pas cadrer absolument avec les recherches personnelles de notre ami, auquel il est temps de revenir, après ce long « Status quaestionis ».

(1) Chanoine Gombault, Sourciers et sorciers, dans la REVUE DE LILLE, XXVe année, mai 1914, P. 549 à 569.

Nous ne décrirons pas l'expérimentateur, un prêtre. Appelons-le, si vous le voulez bien, l'abbé Durand. Faire autour de son nom une publicité serait l'exposer aux sollicitations de tous les braves gens qui veulent refaire leur puits ou creuser dans leur prairie un abreuvoir. Monsieur Durand n'a rien du sourcier professionnel, et n'aspire pas à la célébrité.

Il s'est seulement posé cette question: Y a-t-il un problème des sourciers? La baguette tourne-t-elle? Dans l'affirmative, faut-il attribuer son mouvement à l'auto-suggestion seule ?

Pour le savoir, il a cueilli une fourche de bois vert, aux branches souples et bien égales; il l'a prise dans ses mains suivant le rite habituel, et s'est promené bravement au-dessus d'un petit ruisseau. Aucune sensation; mais la baguette s'est relevée vers sa poitrine ou inclinée vers le sol, suivant qu'il la tenait de telle ou telle façon. Des séminaristes veulent tenter la même expérience; beaucoup essaient en vain, mais quelques-uns obtiennent des résultats analogues.

Monsieur Durand a répété fréquemment depuis deux ans sa tentative sur des cours d'eau visibles, sur des courants cachés et couverts, et sa baguette réagit toujours. Un confrère va le mettre à l'épreuve. Dans les vastes sous-sols d'un monastère ancien, uniformément dallés de larges blocs de schiste, épais de plusieurs centimètres, deux sources ou infiltrations sont captée afin de protéger 1 s fodations. Dans ces salles voût'es et partout humides, aucun signe extérieur ne les révèle au regard le plus perspicace; l'autosuggestion sera réduite à la probabilité de pile ou face, une chance sur deux de réussite. Mais la baguette de l'abbé Durand lui permet d'indiquer avec précision les deux emplacements. Dans un jardin voisin, un puits fut autrefois condamné parce que l'eau en était douteuse. Il est maintenant recouvert, masqué sous une épaisseur d'un mètre de terre, et la verdure des massifs le dissimule; les deux témoins de la recherche ne sont pas d'accord sur sa position, et ne peuvent suggestionner l'opérateur. Là encore le jardinier viendra constater que la baguette a dit vrai.

Un curé des environs entend parler de la baguette; comme par hasard, il désirerait un bassin dans le petit

enclos du presbytère. L'abbé Durand le parcourt lentement. « Si les procédés rapportés dans les livres sont exacts, dit-il, un petit filet d'eau traverse votre potager à environ 1,50 m. sous terre; voici le tracé de son parcours. Mais, répond M. le curé, votre tracé aboutit à la cave de la ferme voisine, cave souvent inondée... » Ce détail imprévu décide à tenter l'aventure, et l'eau apparaît entre 1,50 et 2 mètres. Au cours d'un voyage de vacances, Monsieur Du and visite une propriété dans le Midi de la France. Le maître de céans est inquiet de la sécheresse, son puits baisse ; aura-t-il de l'eau jusqu'au retour des pluies? Un géologue a été appelé, car l'exploitation agricole est importante. En attendant sa venue, l'abbé Durand a machinalement cueilli une baguette dans la haie la plus proche. « Votre puits est bien placé, dit-il, mais cependant je crois qu'il y a plus d'eau à quelques mètres vers la droite de l'excavation. » L'expert déclare que le puits est à l'endroit apparemment le meilleur, sur l'unique nappe de quelque importance possible sur cette hauteur isolée, où l'eau se rencontre dans une poche sableuse séparée du massif calcaire par une mince couche d'argile feuilletée. A quelque temps de là, le châtelain écrit: « Vous souvient-il que lors de notre promenade, baguette en main, vous disiez qu'à votre avis le grand puits du potager était un peu excentrique au courant souterrain, que vous présumiez passer à côté ? (Du côté droit en regardant la ferme). Eh bien! nous avons curé ce puits, l'eau ayant beaucoup baissé. Or nous avons constaté que, en ce moment, l'eau vient à peu près exclusivement de ce côté droit >>.

Enfin, il faut se borner, la maison de campagne d'un séminaire se trouvait démunie à l'époque des vacances scolaires, la sécheresse ayant tari les puits. Sur ce plateau à pente très faible, où l'eau de surface se rencontre un peu partout au niveau de l'argile yprésienne, la géologie est un médiocre secours, puisqu'en trois endroits d'un espace restreint la nappe semble épuisée. Pourtant la baguette réagit encore, comme si un petit ruisselet souterrain, qu'elle suit de part et d'autre de l'enclos sur plusieurs centaines de mètres, donnait quelque espoir. Cela semble une gageure, cai le point choisi pour la fouille est à vingt mètres à peine d'un

puits desséché. Les séminaristes veulent en avoir le cœur net; ils empruntent une sonde de puisatier. Leur forage, qui n'est même pas tubé, s'éboule au niveau des sables aquifères. Une pompe placée dans le trou de vingt centimètres de diamètre, donne chaque jour deux cents litres d'eau pendant les deux semaines des vacances.

Évidemment tout cela est peu de chose: peut-on cependant l'expliquer uniquement par le flair géologique guidant l'auto-suggestion ?

Signalons, en terminant ce simple exposé, une remarque assez curieuse de Monsieur Durand. Lorsqu'il prospecte les environs immédiats d'un courant coulant à l'air libre ou sous la terre, sa baguette ne réagit pas seulement dans une zone centrale à l'aplomb du ruisseau. Mais, de part et d'autre, elle traverse d'ordinaire trois, quatre, et quelquefois cinq zones symétriques par rapport à l'axe du courant, où des phénomènes de même ordre se reproduisent, comme si, parallèlement au lit, il existait trois, quatre, cinq bandes d'influence séparées par autant de bandes de silence. L'analogie paraîtra singulière avec ce que nous savons des mouvements vibratoires, des interférences d'ondes électriques, sonores, lumineuses... Coïncidence peut-être, mais qui valait d'être notée.

Que conclure? Notre ami Durand garde sa conviction que le problème des sourciers n'est pas résolu a priori par une fin de non-recevoir, et que l'auto-suggestion, souvent constatée, toujours difficile à éviter complètement, ne donne pas de tous ces faits une explication adéquate.

CHARLES POISSON.

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