Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Pour ces hommes d'élite, l'administration du chemin de fer de Vienne à Varsovie (qui possédait aussi, jusqu'à la frontière, la ligne de Varsovie vers Berlin), a été, pendant soixante ans, une ressource du plus haut prix. De 1848 à 1908, cette administration a conservé toutes ses libertés; et elle en a fait le plus bel usage en faveur des esprits de choix, qui demeuraient les serviteurs discrets, mais fidèles, de l'idéal polonais.

Parmi les employés, qui vivaient modestement de leurs fonctions administratives, il s'en est trouvé un bon nombre pour cultiver leur talent dans la littérature, dans la poésie, pour continuer leurs études scientifiques, pour faire fructifier leurs recherches antérieures. Leurs travaux désintéressés remplissent les publications des Académies et des Sociétés savantes et tout le monde proclame en Pologne, la salutaire influence de ses œuvres scientifiques et littéraires, même de portée abstraite, que les persécuteurs n'ont pas pu entraver.

Il faut bien le reconnaître, par des voies détournées et peu prévues, le travail, dans toutes les sciences, a maintenu les Polonais, même du plus haut rang, dans une activité psychique constante, dans une salutaire unité d'âme, dans une culture opiniâtre d'un idéal national. Le travail scientifique désintéressé a fourni sa part coordonnée pour ramener la Pologne à son rang de grande nation, indépendante et unifiée. Ce travail, qui semble théorique, a été mené par l'usage judicieux d'un simple reste de liberté. Il est instructif d'en connaître les phases mouvementées.

Dès 1816 ou 1817, les Polonais ont fondé, à Cracovie, une « Société des Amis des Sciences ». Son crédit était si bien acquis, qu'au xixe siècle, les savants de France et ceux de toute l'Europe s'honoraient d'en être membres correspondants. En 1868 elle fut transformée en « Académie des Sciences de Cracovie ». En 1873, elle fut définitivement l'active protectrice des sciences en Pologne,

l'organe centralisateur des études scientifiques; elle contribua efficacement au développement des études et des recherches de tout ordre; elle est devenue le couronnement de tout l'édifice de l'enseignement dans toute la Pologne historique. Cette Académie célèbre est partagée en trois classes: Histoire et philosophie; Philologie; Sciences mathématiques et naturelles. Son fonctionnement est préservé de bien des entraves; car il s'y trouve dix Commissions autonomes: 1) Histoire de la philosophie polonaise; 2) Jurisprudence; 3) Histoire ; 4) Histoire de l'art; 5) Anthropologie; 6) Littérature et instruction publique en Pologne; 7) Philologie ; 8) Linguistique; 9) Physiographie; 10) Histoire des Sciences.

En dehors du Bulletin mensuel, rédigé en quatre langues français, anglais, allemand, latin, l'Académie des Sciences de Cracovie a publié jusqu'en 1913 trois cent trois volumes de mémoires et Comptes rendus et cent quatre-vingt-huit volumes de Documents d'archives et de Monographies scientifiques. Elle possède des stations scientifiques à Paris, où elle a une bibliothèque de 100.000 volumes, à Rome, à Constantinople. L'admission à l'Académie des Sciences de Cracovie n'est accordée qu'aux auteurs d'importants travaux scientifiques; c'est pourquoi le nombre des membres est restreint.

De toute la Pologne on communique le résultat des recherches scientifiques à l'Académie des Sciences de Cracovie.

La Galicie est favorisée au point de vue scientifique. Autour de l'Académie des Sciences de Cracovie, elle possède deux Universités, l'une à Cracovie, l'autre à Leopol; une Académie d'agriculture à Dublany; deux Écoles supérieures vétérinaires; une École des beauxarts à Cracovie, des écoles de musique à Leopol et à IV. SÉRIE. T. I.

3

Cracovie; et un nombre considérable d'écoles spéciales et de Sociétés fondées au fur et à mesure des besoins au cours des cinquante dernières années.

La « Société des Amis des Sciences de Posnanie >> existe depuis 1857; elle n'a jamais cessé de travailler et de protéger la science polonaise. Elle publie ses «ANNALES », qui, en 1903, formaient 56 volumes, auxquels s'ajoutent d'importants recueils de documents historiques. Elle comporte cinq sections: 1) (depuis 1851), section d'histoire et de littérature; 2) section des sciences naturelles; 3) (depuis 1865), section de médecine; 4) (depuis 1908), section de droit et d'économie publique; 5) (depuis 1912), section technique. La première section a possédé de nombreuses Commissions à titre temporaire : Commission orthographique; Commission pour l'appréciation des œuvres populaires; Commission des antiquités; Commission d'archéologie, laquelle publie une revue spéciale, NOTICES ARCHÉOLOGIQUES. Les NOUVEAUTÉS MÉDICALES paraissent depuis 1889. Et l'ANNUAIRE avec dissertations scientifiques paraît depuis 1857.

La « Société des Amis des Sciences de Posnanie >> organise des concours, protège les monuments du passé et elle élève des statues aux hommes illustres. Depuis 1874, elle est logée dans un immeuble, qui lui appartient; et depuis 1908, elle est transférée dans un bâtiment neuf. Elle possède une bibliothèque comprenant 45 000 ouvrages formant 140 000 volumes et 800 manuscrits ; une galerie de 800 tableaux; une collection de trouvailles préhistoriques et archéologiques; une collection ethnographique; une collection de numismatique ; des collections de sciences naturelles et des séries de souvenirs.

La « Société des Amis des Sciences de Wilno »>, fondée en 1906, possède depuis 1907 un bâtiment à son usage,

et, depuis 1913, un autre entièrement nouveau. Cependant le milieu scientifique de Wilno a connu de dures éprouves, parce que le caractère demeurait polonais. En 1832, sa vénérable Université fut fermée et aussi les institutions scientifiques qui en dépendaient. Seule l'Association des Médecins fut autorisée à subsister; mais, à partir de 1874, la langue polonaise y fut supprimée la Société reçut l'ordre de ne plus employer que la langue russe dans ses délibérations et dans ses procès-verbaux. On daigna pourtant permettre aux médecins qui ne savaient pas le russe de parler en français, en allemand ou en anglais. Enfin, pour subsister à travers les tracasseries, l'Association médicale en fut réduite à être entièrement subordonnée aux autorités administratives.

Aussi l'émotion fut-elle intense lorsqu'on apprit que la Société des Amis des Sciences » était officiellement reconnue à Wilno. De toute la Lithuanie, on peut le dire littéralement, les donations affluèrent; il y eut des collections polonaises, des livres, des documents d'archives. On oublia des pillages, qui avaient naguère transporté en Russie des trésors de même sorte. En 1911, la « Société des Amis des Sciences de Wilno » comptait 400 membres, dont 353 ordinaires et 47 membres d'honneur, protecteurs, correspondants et membres à vie. Sa bibliothèque compte plus de 50 000 volumes. Ses archives sont importantes. Ses collections groupent 40 753 objets en onze sections.

A Leopol (Lwow), les zélateurs de la recherche scientifique n'ont pas cherché à rivaliser avec l'Académie des Sciences de Cracovie; aussi n'ont-ils pas fondé de Société scientifique générale. Par contre on y a créé, pour chaque branche de la science, des associations spéciales, de sorte qu'à cet égard, Leopol est la ville la plus richement dotée de toute la Pologne.

D'ailleurs, dans toute la portion soumise à la domination autrichienne, il y a longtemps que les autorités de l'État, du pays et des communes se partagent les services hospitaliers. La loi du 30 avril 1870 introduit, pour toute la Galicie, le principe de l'autonomie des services d'hygiène; et elle départage les compétences des différentes autorités qualifiées pour participer à leur administration. L'activité bienfaisante des hôpitaux réorganisés amena beaucoup d'autorités de districts galiciens, ne possédant aucun hôpital, à en fonder à leurs frais; elles ont ainsi procuré à la population l'avantage de soins médicaux compétents. Dans le même temps les hôpitaux de Cracovie et de Leopol ont bénéficié des généreux subsides, qui leur étaient attribués par la Diète de Galicie; ils se relevèrent de leur lamentable déchéance, furent modernisés et devinrent d'utiles écoles professionnelles de Médecine et des centres importants d'activité scientifique.

Constamment la Diète eut le souci d'ouvrir une Faculté de médecine à l'Université de Leopol. Longtemps le gouvernement y opposa un refus opiniâtre. Lorsque enfin fut décidée l'ouverture du premier semestre 18951896, la Galicie ne recula pas devant les sacrifices pécuniaires considérables, que nécessitait cette grande œuvre. On construisit deux bâtiments monumentaux, dont l'un fut consacré à la médecine interne, tandis que l'autre était affecté aux cliniques chirurgicale, obstétricale et gynécologique. Les cliniques de dermatologie et d'ophtalmologie furent établies dans des pavillons annexes bien adaptés à cet usage. Cependant la Diète de Galicie ne voulut considérer sa tâche comme achevée que lorsqu'elle eut obtenu du gouvernement autrichien la fondation d'une clinique psychiâtrique et d'une autre pour l'oto-rhino-laryngologie. Le Comité national, qui a toujours été pro-polonais, assuma la tâche difficile et épineuse d'administrer toutes ces Cliniques.

« ÖncekiDevam »