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On comprend l'utilité du volume de 300 pages, qui a été édité en 1920】par la Faculté et par la Société de médecine de Leopol. Outre des documents scientifiques nouveaux, il y est présenté une relation loyale des progrès successifs de 1894 à 1919, avec l'énumération nominale de 544 promotions au doctorat, qui favorisent de plus en plus la vitalité de la Société médicale.

Les Associations scientifiques forment cinq centres d'après la situation géographique. Cracovie fait fonc tion de centre pour toute la Pologne ; et les quatre autres villes sont les centres des divers pays : Leopol pour la Galicie, Varsovie pour la Pologne du Congrès, Wilno pour la Lithuanie et Poznan pour le grand-duché de Posnanie. On peut ussi considérer comme un sixième centre Torun avec son Association scientifique, moins riche que les autres, mais néanmoins fort active.

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Pour se rendre un compt exact du travail fourni par les Associations scientifiques de Pologne, il est indispensable de savoir dans quelles difficiles conditions elles ont été constituées et de quelles ressources elles doivent vivre.

En Galicie, où depuis 1860 le gouvernement n'a plus apporté d'entraves au développement scientifique polonais, le travail a fait des progrès extrêmement rapides.

Dans le royaume de Pologne (P. du Congrès), ce n'est qu'à partir de 1905 que la situation a commencé à devenir un peu moins défavorable. Dès que la légalité reconnut leur existence, les Associations scientifiques furent créées nombreuses et bientôt prospères.

Il n'est cependant pas permis d'oublier la longue liste des établissements scientifiques fermés ou non confirmés par le gouvernement russe. Même après 1905, toute institution scientifique polonaise, qui manifeste quelque activité créatrice, ou qui cherche à attirer un cercle

un peu étendu d'intellectuels, court le risque de voir fermer ses portes par le gouvernement.

A Varsovie, il y avait une association populaire pour l'avancement de la connaissance du pays. Elle avait préparé en 1913 une exposition de cartographie et une exposition Tatra. Quand vint le temps de les ouvrir, les fonctionnaires refusèrent les autorisations.

Dans toutes ces vexations on reconnaît l'influence allemande en Russie. Quand fut fondée la Société des Amis des Sciences à Poznan, le gouvernement interdit à tous les instituteurs et aux fonctionnaires d'en faire partie.

Pour entraver l'essor scientifique des Polonais, la fourberie prussienne fit davantage par l'Université de Leipzig. Un magnat polonais, le prince Jablonowski lui avait confié, en 1774, un fonds destiné à des buts scientifiques avec un règlement garanti par la Société scientifique du prince J. A. Jablonowski. Or, depuis 1846, ce fonds est détourné et affecté à des recherches étrangères à la fondation et incompatibles avec son règlement. L'Université de Leipzig va plus loin dans son improbité, elle exclut les savants polonais de cette Société et les sujets polonais de la liste des prix.

La nation polonaise demeure tenace quand même, dans l'intérêt qu'elle porte aux Sociétés scientifiques et dans l'appui qu'elle leur a prêté. C'est clairement démontré par le nombre considérable de membres que comptent les sociétés scientifiques, même très spécialisées. Le développement très rapide et la prospérité évidente de ces sociétés en témoignent éloquemment. Tout le monde voit que ces institutions étaient nécessaires et désirées.

A Varsovie même, ce n'est qu'en 1907 que la Société scientifique a pu être mise sur pied. Elle compte trois membres d'honneur et cent onze membres ordinaires

répartis en trois sections. Il suffit de quelques années pour en faire une institution puissante. Quatre Commissions y fonctionnent. Son budget pour 1913 était 338 000 francs et son bilan 1 210 000 francs. C'est de dons et de cotisations volontaires que provient tout l'avoir dont les Sociétés scientifiques disposent et auquel elles doivent leur développement. Pour la seule année 1913, les dons remis à la Société des Sciences de Varsovie ont atteint le total de 339 000 francs.

En Pologne, les Sociétés scientifiques ne reçoivent aucun subside du gouvernement. Le nombre des donations faites pendant la seule année 1913 à l'Académie des Sciences de Cracovie ou à la Société des Sciences de Varsovie montre l'intérêt et le dévouement du public polonais (1).

C'est une tradition. « En 1776, les écoles possédaient, en Pologne, une fortune indépendante » (2). Pour les institutions polonaises, qui s'occupent d'encourager matériellement les études et les recherches scientifiques, il y a des fonds; et ils ont été fournis exclusivement par l'initiative privée et grâce à l'esprit de dévouement de la nation.

Ces œuvres sont d'ailleurs loin de représenter toute l'activité sociale dans cette direction. On rencontre de nombreuses marques de l'encouragement efficace, fourni aux sciences, dans l'activité déployée par une quantité d'Associations historiques, artistiques et autres, qui, fréquemment, éditent de nombreuses publications.

Certains chiffres ont une particulière éloquence. Pendant l'année 1913 et le premier trimestre de 1914, la statistique enregistre 76 dons et legs, exclusivement en espèces, d'au moins 13 000 francs chacun, formant un total d'environ 12 863 000 francs. Ces dons étaient affec

(1) La Pologne ; p. 718.

(2) K. Walizewski, La Pologne inconnue ; pages d'histoire et d'actualité. Paris, Colin, 1919; p. 97.

tés à des buts sociaux, philanthropiques, éducatifs et scientifiques.

Trente-deux d'entre eux, du montant d'environ 6 760 000 francs, étaient destinés à des œuvres d'éducation, ou à des œuvres scientifiques, à savoir environ deux millions de francs pour l'instruction publique générale, 1 200 000 francs pour des bourses et 2 850 000 frs. pour des œuvres scientifiques et artistiques. Dans ces chiffres sont compris des dons affectés à une destination déterminée, par exemple 220 000 francs pour l'achat d'œuvres d'art pour le Musée national de Cracovie et 130 000 francs pour favoriser les études et les recherches de Polonais, qui travaillent dans le domaine de la biologie et de la médecine expérimentale.

Durant cette période, il fut fait, sans parler des immeubles, qui avaient été construits pour d'autres destinations, sept grands legs considérables, consistant en collections scientifiques et artistiques et en bibliothèques. Quelques-uns de ces legs étaient de très grande valeur, notamment les collections du fameux historien de l'Art et des mœurs polonaises, Wladislaw Lozinski (1).

Il ne faut cependant rien exagérer. En Pologne, la religion dominante est le Catholicisme. Le clergé catholique a parfois été assez riche pour posséder les deux tiers des terres; mais la coexistence des cultes dissidents est la preuve de la loyale disposition des Polonais à l'égard de la liberté des autres. Parmi les dissidents, il y a des Luthériens, des Sociniens, des Grecs non unis soi-disant Orthodoxes russes, et surtout beaucoup de Juifs aussi a-t-on surnommé la Pologne « le paradis des Juifs ».

Il ne faut pas s'étonner de la part très large que les Polonais ont toujours réservée à l'enseignement et au

(1) La Pologne. 1918; p. 723.

travail scientifique en vue d'aboutir à la restitutión de leurs libertés nationales.

Pour ces hommes de foi profonde et de loyale sincérité, il n'est pas douteux que l'enseignement à tous ses degrés notifie et propage la vérité; il est certain que le travail scientifique précise et élargit le domaine de la vérité; et que Dieu fait fructifier l'un et l'autre par les voies qu'Il se réserve.

Fermement convaincus de ces principes, les Polonais ont compris la scélératesse des procédés de leurs ennemis. En effet, porter atteinte aux libertés de la science, c'est commettre un attentat contre ce qu'il y a de plus élevé dans les attributs de l'homme c'est frapper son caractère le plus sublime, celui par lequel il domine la nature entière, le seul, vraiment, qui fasse de l'homme, être périssable, une image de Dieu même.

Devant l'idéalisme polonais c'est là une aberration. Pour commettre un pareil acte de déraison, il faut que l'ennemi ait subi la griserie de l'orgueil avec sa conséquence, la folle confiance dans sa propre force «< comme si omnipotence impliquait omniscience » (1). Quiconque est au service de la Vérité doit résister à une pareille prétention. Le devoir a pu être dur pour les Polonais; mais ils ont noblement défendu leur pays sur ce terrain ardu et onéreux ; ils ont su se maintenir à la hauteur de leur noble tâche.

Il faut donc le reconnaître à la Pologne autant qu'à la Belgique s'applique la parole célèbre : « Un pays qui se défend s'impose au respect de tous. Ce pays ne périt pas » (2).

Dr GUERMONPREZ, Professeur à l'Université catholique de Lille.

(1) Legendre, Tour d'horizon mondial. Paris, 1920; p. 170. (2) Albert Ier, Manifeste royal: août 1914.

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