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conservation finira toujours par l'emporter chez lui sur l'instinct social, c'est-à-dire, sur l'esprit de famille et sur le dévouement à la chose publique.

L'instinct soumis aux variations de la raison, n'est plus, comme chez l'animal, irrésistiblement entraîné vers le but qui est la conservation de l'espèce.

Au contraire, le déshérité de la vie, instruit des lois implacables de l'Évolution doit s'insurger fatalement contre la société. Substituer dans son esprit les incertitudes ou les négations de la science aux espérances de la religion, c'est le pousser à la révolte et au désespoir : voilà ce que paraissent ne pas comprendre les philosophes et les politiques à courte vue. Aussi voyons-nous tous les jours la science rationaliste développer des germes effrayants de démoralisation. Elle a beau le renier, le socialisme est son enfant naturel, et la révolution est la seule conclusion possible et logique des prémisses posées par le scepticisme scientifique. A. PROOST.

LÉON FOUCAULT,

SA VIE

ET SON ŒUVRE SCIENTIFIQUE

Recueil des travaux scientifiques de Léon Foucault, publié par Madame veuve Foucault sa mère, mis en ordre par C. M. Gariel. Deux vol. in-4", Paris, Gauthier-Villars, 1878.

Les hommes de la génération présente n'ont pas oublié la vive impression que ressentit le monde savant lorsqu'un jeune physicien, dont le nom était resté jusqu'alors assez obscur, se plaça tout d'un coup au premier rang par trois ou quatre expériences portant sur les points les plus délicats de l'optique et de la mécanique, conçues et exécutées avec une hardiesse et un bonheur dont on avait vu peu d'exemples. Ils se rappellent encore la succession rapide de découvertes, toutes marquées au même coin d'originalité dans la pensée et de précision dans l'exécution, qui maintint à un niveau si élevé une renommée si rapidement conquise; et enfin le regret sympathique et douloureux qui s'empara de tous lorsque cette féconde intelligence, atteinte subitement par un mal sans espoir, s'éteignit dans les souffrances à l'heure où la France attendait son plein épanouissement.

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Le jour où Léon Foucault, âgé de quarante-neuf ans, disparaissait ainsi de la scène, n'était pas encore celui où il pouvait être impartialement jugé et placé par le suffrage de ses confrères au rang qu'il occupera définitivement dans la science. Les oppositions, les jalousies peut-être qu'il avait trouvées devant lui, les discussions soulevées par le caractère un peu étrange de ses méthodes et que ses éclatants succès avaient seuls comprimées, toutes ces agitations n'étaient pas suffisamment apaisées. Plusieurs travaux inachevés, des progrès entrevus mais non réalisés, des méthodes assurées mais tenues en réserve, attendaient encore l'épreuve de la publicité. Il fallait, pour juger équitablement une carrière scientifique si rapidement parcourue et si tristement brisée, que le public compétent eût sous les yeux l'ensemble des mémoires publiés, des recherches inėdites, des découvertes achevées ou seulement ébauchées de Foucault. Mais un projet de publication de ces travaux, conçu par Napoléon III, et dont la réalisation devait être confiée à quelques-uns des meilleurs amis de l'illustre physicien, fut emporté avec bien d'autres choses par les désastres de 1870. Peut-être certaines contestations, au sujet d'une portion de l'héritage scientifique de Léon Foucault, en retardèrent-elles aussi l'exécution. Enfin, dans cette lutte agitée du travail scientifique, si les découvertes des hommes éminents restent, les hommes eux-mêmes s'oublient vite, et chacun, empressé au soin de sa propre renommée, trouve difficilement le temps et l'abnégation de recueillir les titres d'un combattant disparu.

Heureusement pour les intérêts de la science, il est des dévouements que le temps même ne refroidit pas. Non contente d'entourer d'une pieuse tendresse le souvenir de ce fils dont les triomphes avaient réjoui sa vie, la mère de Léon Foucault, restée debout près de cette tombe où dormaient son orgueil et ses joies, a voulu y dresser de ses mains un monument impérissable. Grâce à elle et au concours d'un ami, les écrits de Foucault ont été réunis et coor

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donnés, les rares pages inédites où il avait jeté la première ébauche de ses inspirations ou tracé la forme définitive de ses pensées ont été recueillies précieusement, et de ce travail est résulté un livre vraiment attachant, dans lequel la génération nouvelle viendra lire l'œuvre d'un maître, et dans lequel je voudrais rechercher, avec la série complète des découvertes de Foucault, l'empreinte si nettement marquée de son génie inventif et original.

Telle a été l'origine et l'occasion des pages qu'on va lire.

I

Léon Foucault (1) était né à Paris le 19 septembre 1819. Son enfance n'annonça guère l'illustration à laquelle il devait atteindre un jour. Faible de constitution, timide de caractère, lent au travail intellectuel, écolier médiocre à plusieurs égards, il ne put supporter la vie du collège et termina tardivement, sous les yeux de sa mère, des études d'humanités probablement assez incomplètes. Aussi l'assistance d'un répétiteur lui fut-elle nécessaire pour conquérir le diplôme de bachelier.

Ce passage franchi, Foucault essaya d'aborder l'étude de la médecine et surtout de la chirurgie; mais sa voie n'était pas là non plus; sa nature impressionnable s'accommodait mal de la vue du sang et du visage contracté des patients. Toutefois, pendant cette période d'études médicales, un heureux hasard le mit en rapport avec le Dr Donné, chargé du cours de microscopie à la clinique de l'École de médecine; devenu le préparateur de ce praticien distinguė, il commença de montrer cette alliance d'une main habile et d'un esprit ingénieux qui devait faire plus tard sa fortune

(1) Les principaux éléments de cette esquisse biographique sont empruntés à la notice intéressante et émue de M. Lissajous, qui ouvre le second volume de l'ouvrage.

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scientifique. Dès sa grande jeunesse, en effet, Léon Foucault avait révélé une aptitude rare à comprendre le fonctionnement d'un mécanisme et à le reproduire de ses mains enfantines: une petite machine à vapeur, dont l'exécution manifeste, en même temps que son inexpérience, sa précoce habileté à disposer des appareils dans un but déterminé, est conservée encore aujourd'hui dans sa famille. Dans le service du Dr Donné, il perfectionna quelques-uns des procédés de la photographie, et, cherchant à rendre projectives les démonstrations du professeur, il fit faire à la régularisation de la lumière électrique un premier pas, prélude d'un autre beaucoup plus décisif qu'il réussit à obtenir dans la suite. C'est à la même époque, de 1845 à 1849, que Léon Foucault, pleinement entré dans le domaine de la physique expérimentale, s'associa avec M. Fizeau Fizeau pour diverses recherches délicates sur la théorie de la lumière. Une semblable association d'esprits éminents ne pouvait manquer d'être fructueuse : leurs travaux sur l'action daguerrienne des rayons les moins réfrangibles du spectre solaire, sur les interférences des ondes lumineuses dans le cas de grandes différences de marche, sur les interférences des rayons de chaleur, recherches dont une partie voit pour la première fois le jour, sous une forme complète, dans l'ouvrage que nous examinons; ces travaux, dis-je, ont marqué dans la science à l'époque de leur apparition. Mais une telle collaboration, on le sait, n'est jamais de longue durée entre savants: il est rare qu'un homme supérieur n'ait pas ses vues et ses inspirations propres dont il désire poursuivre la réalisation, plus rare encore qu'il consente à les sacrifier aux idées d'autrui. MM. Fizeau et Foucault se séparèrent donc, fortifiés par ce contact de plusieurs années, pour marcher chacun de leur côté, avec un remarquable succès, dans la voie où ils se sentaient attirés.

A partir de cet instant, Foucault allait conquérir rapidement une renommée éclatante. Dès 1850, abordant une question capitale sur laquelle son rival venait de s'essayer

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